Camille LEPAROUX1867 - 1933
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1900
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1890 - 1920
- 1921 - 1933
- 1920 - 1921 (Hong Kong)
Biographie
LEPAROUX Camille, Delphin, Étienne, est né le 27 mars 1867 à Ligugé, diocèse de Poitiers (Vienne). Il fit ses études primaires dans sa paroisse natale et ses études secondaires à Poitiers. Il entra au Grand Séminaire diocésain et fut ordonné diacre le 15 juin 1889. Il entra aux Missions Étrangères le 10 septembre 1889 et fut ordonné prêtre le 31 mai 1890. Il partit pour la mission du Yunnan le 29 octobre de la même année.
Il fit le voyage jusqu'à Hanoi, et de là jusqu'à Laokai, où il rencontra Mgr Fenouil, vicaire apostolique du Yunnan, venu à sa rencontre. Après un court séjour dans la résidence épiscopale, il fut nommé au poste difficile de Machang-klieou-in pin, qui avait été victime de la persécution. Pendant 22 ans, tant que sa santé le lui permit, jusqu'en 1913, il exerça dans cette région un ministère des plus fructueux. En 1914, une fièvre paratyphoïde mit ses jours en danger. Il guérit assez vite. Par son tact, sa condescendance, il réussit à réconcilier les coeurs des païens honnêtes. il s'efforça toujours de calmer les rancunes des chrétiens contre leurs persécuteurs. Il alla s'établir ensuite à Kieou-in pin, où il travailla à apaiser les esprits.
Son district était très étendu. Il ne fallait pas moins de 8 jours pour le parcourir d'une extrémité à l'autre. Il passait peu de temps dans sa résidence, car il tenait à aller visiter ses chrétiens. Une fois il fut attaqué par les brigands, qui le dépouillèrent de tout, même de ses vêtements. Il fut sauvé par le sous-préfet, qui fut averti et envoya aussitôt habits et palanquin à 4 porteurs pour le ramener à bon port.
En 1900, il reçut la nouvelle que les deux évêques et les missionnaires de Yunnanfu s'étaient réfugiés au Tonkin. Les Boxers avaient envahi le nord de la Chine, M. Leparoux et ses confrères firent leurs préparatifs et se dirigèrent vers le Laos, en ayant bien soin d'éviter les grandes routes. Ils finirent par arriver à Hongkong. L'année suivante, ils purent revenir dans leur mission.
En 1906, il eut la consolation d'ouvrir à l'évangélisation la ville de Yun-pe, à 4 jours de Kieou-in pin. Il y construisit une belle résidence et des écoles et eut de nombreuses conversions.
En avril 1911, il revint à Yunnanfu, mais sa santé décline. Bien qu'imparfaitement rétabli, il revint à Machang, où en pleine période de révolution et de persécution il s'efforce de soutenir et de protéger ses ouailles.
En août 1913, il alla à Hongkong pour y subir une petite opération. Il revint dans sa mission en novembre, et fut obligé de se faire hospitaliser à Yunnanfu pendant une dizaine de jours. Puis, en raison de son état de santé, il alla demeurer à l'évêché. Là, il se rend utile en disant la messe à la petite communauté de Saint Paul. Il s'intéressa à leurs oeuvres et promit de les aider dans leurs projets d'apostolat. Survint la grande guerre en 1914. Pendant plus de 5 ans, il aida son évêque en remplissant la fonction de procureur de la mission, tout en continuant à s'occuper des Religieuses.
En mai 1920, il alla de nouveau à Hongkong pour faire un stage à notre maison de Nazareth. Puis, à son retour en juillet 1921, il s'adonna à un ministère tout nouveau qu'il exercera jusqu'à la fin de sa vie : la voie ferrée de Haiphong à Yunnanfu est depuis 10 ans en pleine exploitation. Les agents de la Compagnie se plaignent d'être privés de tout secours religieux. Après accord entre le vicaire apostolique et les directeurs de la Compagnie, le Père Leparoux accepte le poste et s'installe à Amitchéou. Plus tard, il s'installera à Mong-tse, ville où se trouvent quelques familles européennes et quelques ménages chinois chrétiens. Il garda ce ministère de 1921 à 1931, mais après 10 ans, les familles européennes et les familles chinoises auront toutes disparues.
Alors M. Leparoux décida d'aider les Religieuses à réaliser leur plan de développement. Il restait beaucoup à faire : c'est-à-dire à bâtir un dispensaire, l'hôpital, la crèche, l'église... Quand, fin octobre 1932 les bâtisses furent terminées, grâce aux fonds que le Père récolta par ses quêtes au Tonkin, il ne se doutait pas que, cinq mois plus tard, il allait occuper, lui, européen, une chambre dans cet hôpital qu'il venait de construire.
En effet, il tomba malade et fut hospitalisé le 14 mars 1933 à Amitchéou. On diagnostiqua un cancer. Les docteurs suggérèrent un transfert à la clinique Saint Paul de Hanoi. On le transporta là-bas le 20 avril. Le 26 juillet 1933, il eut une syncope et il accepta de recevoir les derniers sacrements. Il rendit son âme à Dieu le 28 juillet 1933 dans le plus grand calme. Le lendemain eurent lieu les funérailles et il fut enterré dans le cimetière de la mission. Il consacra les 43 ans de sa vie missionnaire au salut des âmes en Chine. Il est entré maintenant dans la joie de son Maître.
Nécrologie
M. LEPAROUX
MISSIONNAIRE DE YUNNANFU
M. LEPAROUX (Camille-Delphin-Etienne), né à Ligugé (Poitiers, Vienne), le 27 mars 1867. Entré diacre au Séminaire des Missions-Étrangères le 10 septembre 1889. Prêtre le 31 mai 1890. Parti pour le Yunnan le 29 octobre 1890. Mort à Hanoi le 28 juillet 1933.
Nous n’avons aucun détail sur l’enfance et la jeunesse de ce cher confrère.
En 1890 destinés au Yunnan, M. Leparoux et son compagnon M. Piton furent dirigés sur Hanoï et non plus sur Changhai comme leurs devanciers : la voie du Fleuve Rouge sera désormais substituée à celle du Fleuve Bleu. Le haut Tonkin était alors assez pacifié pour que l’on pût, avec des précautions, y passer sans courir de trop grands risques.
Mgr Fenouil appelait de tous ses vœux le jour où la voie du Yang-tsé-kiang, longue et coûteuse, pourrait être abandonnée. Le moment paraissant arrivé, il voulut se rendre compte par lui-même de la nouvelle route, dans le but de pouvoir ainsi par la suite prendre ses dispositions pour assurer des communications régulières entre sa Mission et le Tonkin. Il descendit jusqu’à Laokai ; ce qui valut aux voyageurs l’honneur d’être introduits au Yunnan par leur Vicaire Apostolique en personne.
Comme de coutume les arrivants prirent quelque repos à leur arrivée à la résidence épiscopale. Mgr Fenouil comprit de suite tout le parti qu’il pourrait tirer de M. Leparoux. Il lui fallait pourvoir d’un titulaire un district difficile entre tous : Ma-chang et Kieou-ia-pin. Quelques années auparavant une persécution sanglante avait exercé ses ravages dans ces deux chrétientés, dans la seconde, surtout : plus de 40 victimes, pertes matérielles considérables, chrétiens dispersés. Des démarches avaient été faites au Yunnan et à Pékin. Pour que justice fût rendue aux fidèles lésés, mais elles étaient restées sans résultat. Ce déni de justice rendait les païens plus arrogants et tout naturellement exaspérait les chrétiens. Mgr pensa trouver en M. Leparoux les qualités requises pour occuper ce poste en des circonstances aussi délicates.
Notre confrère répondit pleinement à l’attente de son évêque. Pendant 22 ans, tant que sa santé le lui permit, jusqu’en 1913, il exerça dans cette région un ministère des plus fructueux. Doué d’une mémoire remarquable, il apprit facilement la langue. En 1894 une fièvre paratyphoïde mit ses jours en danger. Il reçut même les derniers sacrements. Son confrère voisin, M. Masson, qui les lui administra, contracta à son chevet le germe de la maladie, et deux jours après être rentré chez lui, il s’alitait, pour ne plus se relever. M. Leparoux, à peine convalescent, se fit transporter chez lui ; à son tour, lui administra les derniers sacrements et eut la douleur de lui fermer les yeux.
Ce que fut la vie de notre confrère pendant ces vingt-deux années, quelques mots suffiront à l’exprimer : il se donna tout à tous. Nouvel arrivé dans le pays, n’ayant pris aucune part aux événements antérieurs, les païens honnêtes, ceux qui ne nourrissaient aucune haine contre la religion du Christ, n’avaient aucune raison de lui refuser leur estime. Par son tact, sa condescendance, il sut se concilier leurs cœurs. D’autre part, il s’efforça de calmer les rancunes de ses chrétiens à l’égard de leurs persécuteurs. Ainsi, à la longue, l’animosité perdit de son acuité d’un côté comme de l’autre. Il avait établi sa résidence habituelle à Ma-chang, mais il lui fallut du temps avant de pouvoir se montrer à Kieou-ia-pin ; plus tard seulement cette chrétienté put être visitée, et encore, la première fois, à la dérobée par le vicaire chinois qui lui avait été adjoint. Dans la suite, il s’y rendit en personne, s’y établit même, et réussit à y apaiser aussi les esprits.
M. Leparoux rendit à ses chrétiens, et même aux païens qui s’adressaient à lui de précieux services. Que de fois on lui demanda de régler des différends ! On avait confiance en lui, et ses décisions étaient généralement acceptées. Son district était fort étendu ; il ne fallait pas moins de 8 jours pour le parcourir d’une extrémité à l’autre. Quand il avait un vicaire, il en éprouvait, un soulagement sérieux, mais il n’eut pas toujours cet avantage. En général, il passait peu de temps dans sa résidence principale, était souvent en courses, peinait beaucoup, mais en éprouvait une joie bien douce.
Dans une de ses randonnées il lui arriva une mésaventure que ses confrères n’ont pas oubliée. Il venait de visiter une de ses chrétientés, et, chevauchant tranquillement sur sa mule, il se disposait à rentrer en ville de Kieou-ia-pin, quand survinrent des brigands. Ceux-ci n’en voulaient pas à sa vie, mais simplement s’approprier l’argent que cet européen était censé avoir sur lui. Grande fut leur déception, quand après l’avoir fouillé, ils ne trouvèrent rien. Furieux, ils s’emparèrent alors de ses habits, ne lui laissant pour tout vêtement que son scapulaire et ses bottes chinoises. Son palefrenier qui n’avait pas été inquiété, lui prêta de bonne grâce son pantalon. En cet état notre confrère attendit patiemment les événements. Le sous-préfet averti de l’incident envoya immédiatement à notre confrère habits et palanquin à 4 porteurs, ce qui lui permit de rentrer en ville d’une façon honorable.
De crainte que pareille aventure ne se renouvelât, les autorités attachèrent à sa personne une garde de 10 soldats. Dès lors il ne voyagea plus qu’accompagné de cette escorte. Il y trouvait bien parfois quelques inconvénients, mais par contre en retira aussi des avantages appréciables.
En 1900 M. Leparoux vaquait tranquillement à son ministère ordinaire quand il fut informé que les deux Evêques et les missionnaires de Yunnanfu s’étaient réfugiés au Tonkin, et que les autres confrères étaient priés de passer au plus tôt la frontière. M. Leparoux et son voisin, M. Duffau, avaient bien entendu parler des événements du nord de la Chine, où les Boxers étaient en train d’acquérir une triste célébrité ; ils étaient moins bien renseignés sur ce qui s’était passé à Yunnanfu. N’ayant personne à qui s’adresser pour obtenir des précisions, et puis l’ordre étant formel, ils ne pouvaient attendre. Ils pensèrent d’abord se rendre à Tali et voyager en compagnie de M. Le Guilcher et des autres confrères qui, à leur avis, prendraient sûrement la voie de la Birmanie. Mais ces derniers n’étaient-ils pas déjà en route ? Et puis, était-ce prudent de tenter de les rejoindre ? Ils firent donc leurs préparatifs en toute hâte, et prirent la direction du Laos, en ayant bien soin d’éviter les grandes routes. Ils ne nous ont laissés ni l’un ni l’autre, le récit de ce voyage, mais quand plus tard ils y faisaient allusion, ils avouaient avoir eu beaucoup à souffrir. Ils finirent par arriver à Hong-kong, et l’année suivante, quand le retour fut possible, ils s’empressèrent de venir retrouver leurs chrétiens.
Quelques années après, en 1906, M. Leparoux eut la consolation d’ouvrir à l’évangéli-sation la ville de Iun-pe. C’était un peu loin, à 4 jours de Kieou-ia-pin. Les conversions promettaient d’être sincères et nombreuses. Il construisit une vaste résidence avec écoles. M. Mérigot en fut nommé titulaire en 1908 et y périt massacré en décembre 1910.
En avril 1911 M. Leparoux vient à Yunnanfu, y apporte les habits ensanglantés de M. Mérigot, et dès les premiers jours de mai regagne son district. Sa santé commence à donner des inquiétudes, et au mois d’octobre il reprend la route de la capitale. Il arrive la veille du jour où éclata la révolution. Fort inquiet pour son district, il redoute les agissements des païens, et dès le 11 décembre, bien qu’imparfaitement rétabli, il regagne Ma-chang. Pendant toute l’année il soutient ses ouailles. Mgr fait la visite de cette partie de sa Mission, et le ramène avec lui dans les premiers mois de 1913. En août, notre confrère gagne Hong-kong, y subit une petite opération. Dès la fin de novembre, il est de retour mais sa santé laisse fort à désirer, il est même en février 1914, obligé de se faire hospitaliser à Yunnanfu pendant une dizaine de jours. Il sent qu’il ne pourra plus, s’il ne reprend des forces, supporter les fatigues du ministère actif en district. Il va passer quelques mois à Mong-tse : grâce au climat plus chaud, et à l’altitude moins élevée, il éprouve une amélioration sensible, insuffisante cependant. Il demeure donc à l’évêché, et se rend utile en disant la messe chaque matin à la petite communauté des Sœurs de Saint-Paul. Ces Religieuses, établies à Yunnanfu depuis 3 ans seulement, en sont encore à leurs débuts, et les débuts sont toujours pénibles. Dans ce contact quotidien avec elles il prend intérêt à leurs œuvres, et voit tout le bien qu’elles pourraient faire. Hélas ! elles ne sont pas encore connues, et surtout les ressources font défaut. Il se promet de les aider de tout son pouvoir, mais pour l’instant il ne peut pas grand chose.
Survient la grande guerre. Pendant plus de 3 ans il prête son concours à Mgr qui a pris sur lui de gérer la procure pendant l’absence du titulaire mobilisé. La guerre terminée, il quitte la Procure et continue à s’occuper des Religieuses. Quelques ressources sont arrivées ; il ajoute une aile à leur bâtiment central, le rez-de-chaussée servira de salle de classe aux élèves de l’école française, et l’étage, de dortoir aux jeunes filles du Tonkin qui viennent chaque année respirer deux ou trois mois l’air frais du Yunnan.
En mai 1920, notre confrère va faire un stage à Nazareth. Il revient en juillet 1921, pour s’adonner à un ministère tout nouveau, qu’il exercera jusqu’à la fin de sa vie. La voie ferrée de Haiphong à Yunnanfu est depuis 10 ans en pleine exploitation. Les agents de la Compagnie, certains d’entre eux du moins, sur le parcours du Yunnan, se plaignent d’être privés de tout secours religieux. Des pourparlers sont engagés et l’entente s’établit entre le Vicaire Apostolique et les directeurs de la Compagnie. Une maison est mise provisoirement à la disposition d’un missionnaire à la station d’Amitcheou. En principe il est entendu que la Compagnie remplacera bientôt cette maison par une résidence et une chapelle, mais les années se passeront sans que le projet soit jamais mis à exécution.
Quoi qu’il en soit, M. Leparoux pressenti accepte ce ministère, et à la mi-octobre 1921 il s’installe à Amitcheou. Moins de 18 mois après, cette maison lui est retirée ; la Compagnie en a besoin pour loger ses agents. Juste à ce moment, M. H. Maire, âgé de 73 ans, quitte Mong-tse, dont il est curé, pour aller se reposer à Hong-kong, et M. Leparoux va occuper cette résidence devenue disponible. Mong-tse n’est pas sur la ligne, mais elle y est reliée par un petit tramway. Il pourra donc facilement donner le secours de son ministère à qui le lui demandera. En ville, se trouvent quelques familles européennes et même quelques ménages chinois chrétiens. Cette installation lui semble préférable à la précédente : il se trouve davantage chez lui, en outre les dimanches et jours de fête il a la consolation d’avoir une petite assistance à sa messe. Malheureusement, cette modeste assistance va toujours aller en diminuant, et quand, après 10 ans, il quittera Mong-tse, ces chrétiens européens et chinois auront à peu près complètement disparu.
Pendant ce temps, il va à deux reprises quêter au Tonkin au profit des Religieuses. En 1929, au mois de juillet, plusieurs tonnes de poudre, imprudemment déposées en pleine ville de Yunnanfu, firent explosion. Les dégâts furent considérables. Les Sœurs n’eurent pas à déplorer de victime parmi leur personnel, mais leurs habitations, vieilles masures pour la plupart, furent bien lézardées. Sur l’initiative du Consul de France, le Gouverneur Général de l’Indochine autorisa une quête en leur faveur au Tonkin. M. Leparoux était plus à même que personne de mener à bien cette ¬entreprise. Il descendit donc au Tonkin, multiplia les visites pour intéresser les dames influentes à cette bonne œuvre, n’épargna pas sa peine, et eut la consolation de recueillir des fonds suffisants pour construire un ouvroir et un vaste dortoir pour les orphelins.
Il restait cependant beaucoup à faire, c’est-à-dire à bâtir un dispensaire, l’hôpital, la crèche, l’église : les plans étaient tout préparés, mais les ressources étaient épuisées. Sur ces entrefaites un nouveau consul fut nommé à Yunnanfu : émerveillé des résultats déjà obtenus par les Religieuses, il voulut contribuer lui aussi au développement de leurs œuvres. Il renouvela la démarche qu’avait faite son prédécesseur. L’autorisation du Gouverneur Général obtenue, M. Leparoux recommença en 1931 les démarches qu’il avait précédemment faites au Tonkin. Cette fois, ce fut plus pénible : d’autres œuvres sollicitaient déjà des secours, les bourses s’ouvraient bien quand même, mais la crise avait commencé à sévir, et la générosité en subissait naturellement le contrecoup. Toutefois, avec les ressources ainsi obtenues, il construisit le dispensaire et l’hôpital. Quand, fin octobre 1932, les bâtisses terminées, il regagna Mong-tse, il ne se doutait pas que cinq mois après il allait lui, premier européen, occuper une chambre dans cet hôpital qu’il venait de construire.
Le dimanche 19 février notre confrère se sentit indisposé, mais il se raidit contre le mal. Averti que Mgr Gorostarzu se rendait à Haiphong afin de s’embarquer pour la France, il vint le 11 mars saluer Son Excellence dans son wagon ; la fatigue l’empêcha d’aller au-delà de la seconde gare. Le 14, après avoir célébré la sainte messe, qui devait être la dernière, il est hospitalisé à Amitcheou. Le docteur n’eut pas de peine à diagnostiquer un ictère ; comme il devait s’absenter et ne voulait pas laisser son malade seul, il l’amena le 20 mars à Yunnanfu. Les Sœurs, cela va sans dire, mirent tout leur cœur à le bien soigner. Le docteur, comme son collègue d’Amitcheou, ne cacha pas ses appréhensions, surtout étant donné l’âge du malade. Il conseilla un stage à la clinique Saint-Paul à Hanoï : là des médecins pourraient par la radiographie connaître exactement la nature du mal et employer les remèdes appropriés. Un agent de la Compagnie, grand ami de notre confrère, se rendait lui aussi à la clinique Saint-Paul ; comme il avait à sa disposition une voiture réservée, il s’offrit à le prendre avec lui. Grâce à cette circonstance toute providentielle le malade supporta assez bien le voyage. Il nous quittait ainsi le 20 avril ; nous ne devions plus le revoir.
A son arrivée à Hanoï, les docteurs l’examinèrent attentivement sans se prononcer. Ils lui dirent bien qu’une opération chirurgicale s’imposait, mais pour l’entreprendre avec chance de succès, ajoutaient-ils, il lui fallait reprendre des forces, et elle ne pourrait avoir lieu qu’après les grosses chaleurs, c’est-à-dire au mois de septembre. Il attendit donc, tout en trouvant que le mois de septembre était bien lent à venir. Le malade n’éprouvait pas de douleurs aiguës, mais il lui était pénible de rester longtemps couché ou assis ; de plus, il s’alimentait à peine. Pour tous il était évident qu’il allait s’éteindre doucement, mais lui conservait quand même bon espoir, avec le désir de terminer son œuvre de prédilection à Yunnanfu. C’est ainsi qu’il atteignit le 26 juillet 1933, sans que sa patience se soit démentie un seul instant. Ce jour-là il éprouva une syncope ; on attira son attention sur la gravité de son état. Il accepta alors de recevoir les derniers sacrements, mais comptait toujours guérir, car il dit à une religieuse : « J’ai été administré jadis, on n’en meurt pas ». Il finit cependant par sentir que ]a mort approchait ; le 28, sur les 5 h. du soir, il dit : « Prévenez le Carmel, je sens que je vais entrer en agonie ». Comme il éprouvait des vomissements abondants, on voulut lui administrer quelque calmant : « Non, dit-il, laissez-moi mourir en paix ». Le soir même à 10 heures sans souffrance et en pleine connaissance, M. Leparoux rendit son âme à Dieu dans le plus grand calme. Le lendemain eurent lieu les funérailles. Etant bien connu à Hanoï, une assistance nombreuse conduisit notre regretté confrère à sa dernière demeure ; on remarquait en particulier un certain nombre d’agents de la Compagnie du chemin de fer du Yunnan. Sa tombe, au cimetière de la mission, n’est pas éloignée de celle de M. Salvat.
Nous conservons pieusement le souvenir de ces deux vaillants. Ils ont peiné et bien travaillé, l’heure de la récompense a sonné pour eux ; du haut du ciel ils continuent certainement à s’intéresser aux âmes pour lesquelles ils se sont tant sacrifiés, et cette pensée est pour leurs compagnons d’armes le plus doux des réconforts et le plus précieux, des encouragements.
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Références
[1900] LEPAROUX Camille (1867-1933)
Références bio-bibliographiques
AME 1891 p. 292. 1906 p. 189. 1911 p. 102. 1913 p. 206. 1933 p. 236. CR 1890 p. 219. 1891 p. 108. 1893 p. 129. 1894 p. 147. 1895 p. 153. 1905 p. 92. 93. 1906 p. 105. 1907 p. 136. 1909 p. 140. 1910 p. 111. 1912 p. 141. 1913 p. 139. 142. 1923 p. 75. 1924 p. 55. 1926 p. 67. 1932 p. 110. 1933 p. 84. 256. 362. 378. BME 1922 p. 172. 238. 315. 1923 p. 315. 442. 1929 p. 748. 749. photo p. 496. 1930 p. 48. 306. 372. 494. 1930 p. 445. 574. 1931 p. 290. 597. 674. 902. 1932 p. 290. 1933 p. 534. 617. 694. 1934 p. 143. 1936 p. 166. 241. 1948 p. 348. MC 1948 p. 10. 12. EC1 N° 272.