Amans GRIALOU1867 - 1898
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1905
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1890 - 1898 (Chengdu)
Biographie
GRIALOU Amans (1867-1898) Né le 24 mars 1867 à Noailhac (Aveyron). Il entre au séminaire des M.-E. en 1886. Il est ordonné prêtre le 28 septembre 1890 et part le 29 octobre suivant pour le Se-tchoan occidental. Il passe quelques mois dans le district de Gan-io, puis en 1892 il est chargé du district de Yang-tao-ki. Après la persécution de 1895, il établit un poste à Tong-tchouan, un autre à Chee-hong et fixe sa résidence à Tay-ho-tchang. En 1898, alors qu’il s’est réfugié à Tchen-tou à cause de la persécution, il tombe gravement malade. Il meurt le 7 novembre de la même année. prénom : Amans
Nécrologie
Amans-Louis-Auguste Grialou naquit, en 1867, à Noailhac, canton de Conques, au diocèse de Rodez. Son père qui exerçait les fonctions d’instituteur, frappé de l’intelligence précoce de son enfant, mit tous ses soins à favoriser les heureuses dispositions qu’il remarquait en lui. Bientôt même, témoin des progrès, de jour en jour plus sensibles, de son cher Amans, il se résolut à lui faire commencer ses études de latin. Il songea, tout d’abord, à l’envoyer au lycée de Rodez où il était parvenu à lui obtenir une bourse. Mais la Providence qui avait des vues particulières sur cet enfant, se chargea de renverser ce projet et de diriger le futur missionnaire vers une maison où sa vocation pouvait se conserver et se développer plus sûrement. Voici comment la chose eut lieu.
Quelques jours avant la date fixée pour la rentrée, se célébraient à Conques, en l’honneur de sainte Foy, des solennités présidées par Mgr Bourret. Notre futur lycéen s’y rendit, en compagnie de son père ; par suite de je ne sais quelles circonstances, il fut présenté au prélat. Ce dernier, ayant appris que l’enfant se disposait à entrer au lycée, fut assez heureux pour persuader au père de l’envoyer plutôt au petit séminaire de Saint-Pierre.
Arrivé dans cette maison, le jeune Amans ne tarda pas à réaliser les espérances que son père avait conçues. Dès le début, il occupa, d’emblée, le premier rang dans son cours ; et ce rang, il le conserva constamment jusqu’à la fin de ses humanités, qui furent couronnées par l’obtention du diplôme de bachelier. Au reste, tous ces brillants succès étaient rehaussés, chez notre petit séminariste, par la plus aimable modestie et par la plus solide piété. Autant aimé de ses condisciples qu’il était estimé de ses maîtres, il a laissé le meilleur souvenir parmi tous ceux qui l’ont connu alors.
C’est au petit séminaire que M. Grialou entendit, pour la première fois, au fond de son cœur, la voix du bon Dieu qui le pressait de se consacrer à l’apostolat. D’abord rares et confus, les appels du divin Maître se firent plus fréquents et plus pressants, à mesure qu’il approchait du terme de ses humanités. Désireux de correspondre à la grâce qui le sollicitait, il s’ouvrit de ses aspirations à son directeur ; et, c’est sur l’avis de ce dernier que, vers la fin de sa rhétorique, il faisait sa demande d’admission au séminaire des Missions-Étrangères. Quelques jours après, il était tout à la joie de lire l’heureuse nouvelle que venait de lui apporter une lettre au timbre de la rue du Bac ; sa demande d’admission avait été agréée, et désormais, il pouvait se compter au nombre des aspirants-missionnaires.
M. Grialou arriva au séminaire des Missions-Étrangères le 12 septembre 1886. Quatre ans après, le 28 septembre 1890, il était ordonné prêtre et recevait sa destination pour la Mission du Su-tchen occidental. Embarqué à Marseille le 2 novembre suivant, il n’arrivait à Tchen-tou que le 16 mars 1891. Au bout de quatre à cinq mois, Mgr Pinchou lui assignait le district de Gan-io-hien, où du reste il ne fit guère que passer.
En 1892, par suite de divers changements, le poste de Yang-tao-ky se trouvait vacant. Ce district est formé surtout de nouveaux chrétiens dispersés sur les territoires de deux ou trois sous-préfectures. Il fallait, pour le diriger, un missionnaire à la fois zélé et prudent. Le choix de M. Dunand, alors supérieur de la Mission, se porta sur M. Grialou.
A peine arrivé à Yang-tao-ky, le missionnaire se mit aussitôt à l’œuvre, instruire ses chrétiens, pour la plupart néophytes, et les initier aux diverses pratiques de notre sainte religion ; tâcher en même temps d’attirer les païens à lui pour les évangéliser : tel fut le double but auquel tendirent ses efforts. Du côté des infidèles, il faut bien le dire, il n’eut pas, tout d’abord du moins, de bien grands succès ; il se heurta à l’apathie et à l’indifférence, parfois même à l’hostilité de ces pauvres égarés. Sans se laisser rebuter par cet insuccès, M. Grialou reporta son zèle d’un autre côté et fonda, avec l’autorisation de son vicaire apostolique, un asile où il recueillit de pauvres orphelines dans sa résidence de Yang-tao-ky. Dès lors, ces petites filles de païens, jusque-là abandonnées, devinrent l’objet de ses plus tendres et de ses plus attentives sollicitudes. Le fait suivant prouvera, mieux que tout ce que l’on pourrait écrire, l’affection que M. Grialou portait à ces enfants.
L’an dernier, la récolte avait été mauvaise dans la partie nord de notre Mission ; le riz se vendait à un prix exagéré ; l’allocation de la Sainte-Enfance avec laquelle, en temps ordinaire, il était facile de subvenir à l’entretien de l’orphelinat, était devenue complètement insuffisante, par suite de la cherté des vivres. Que faire donc ? Renvoyer quelques-unes de ces enfants ? Son cœur ne lui permit même pas de songer à cet expédient. Il prit quelques-uns de ses meilleurs habits d’hiver et les fit vendre pour subvenir aux nécessités les plus urgentes de ses orphelines.
Au reste, il ne faudrait pas croire que les soins donnés à ces pauvres petites filles abandonnées lui fissent négliger ses autres devoirs du ministère. Attentif aux besoins spirituels de ses chrétiens, il ne perdait nulle occasion de les exhorter, de les instruire, en un mot de leur faire tout le bien possible. D’un autre côté, il était toujours à épier le moment propice pour entamer l’élément païen. Ce moment sembla venu après la persécution que notre Mission eut à subir en 1895.
Frappés de la promptitude avec laquelle justice nous avait été rendue, en maints endroits les païens manifestèrent le désir de s’instruire de notre sainte religion. Dans le district de Yang-tao-ky, en particulier, ce mouvement était assez prononcé. En apprenant ces heureuses nouvelles, la joie de M. Grialou fut bien vive, et il se réjouit à la pensée de voir bientôt s’augmenter le nombre de ses chrétiens.
Pour seconder les heureuses dispositions des infidèles, le zélé missionnaire semble alors se multiplier : il invite des prédicateurs pour annoncer la vérité à ces âmes de bonne volonté ; il va lui-même visiter ces nouveaux adorateurs ; il les exhorte et les encourage ; il fonde des écoles ; et pour étendre encore ce mouvement de conversion, il cherche à établir de nouveaux centres, d’où il pourra rayonner dans les environs. C’est ainsi qu’il achète une maison au chef-lieu de la préfecture de Tong-tchouan-fon, mais non sans éprouver bien des ennuis.
Au bruit que les Européens cherchent à s’installer dans leur ville, les païens se rassemblent, et jurent leurs grands dieux qu’il n’en ira pas ainsi. Les têtes s’échauffent, et le mandarin qui, par aventure, se trouve bien disposé à l’égard du missionnaire, juge prudent de lui conseiller de sortir de la ville, pour un temps, afin de laisser passer l’orage. M. Grialou se rend à son avis ; mais bientôt il est de retour, et cette fois, le succès couronne ses efforts ; il a même la satisfaction d’entendre les notables de la ville, dans un repas donné par lui en leur honneur, consentir publiquement à son installation au milieu d’eux. Un peu plus tard, c’est dans la ville de Chee-hong-hien qu’il parvient à s’établir, au prix toujours de bien des déboires. Avec Yang-tao-ky et Tay-ho-tchen où se trouve sa résidence habituelle, il compte quatre centres principaux, d’où il espère bien s’étendre davantage encore.
Et c’est au milieu de tous ces beaux desseins qu’il formait, que le bon Dieu nous a enlevé le cher M. Grialou. Tout récemment, dans les premiers jours d’octobre, à l’occasion de notre retraite, il avait entretenu Mgr Dunand de ses espérances, et Sa Grandeur avait été tout heureuse d’approuver et de bénir ses projets : « J’ai eu l’occasion, m’écrivait Monseigneur en m’annonçant la nouvelle de sa mort, de le voir tout spécialement à la retraite. Avec le plus grand plaisir, j’avais approuvé ses plans pour augmenter le nombre de ses néophytes. Dieu s’est contenté de sa bonne volonté. »
Muni donc de l’approbation de son Vicaire apostolique et fortifié par sa bénédiction, M. Grialou, une fois la retraite finie, avait repris le chemin de son district, en compagnie de M. Gremaud. En route, le cher Père prit froid. Dans toute autre circonstance, il est probable qu’une fois arrivé chez lui, en prenant quelques précautions, il aurait eu facilement raison de cette légère indisposition. Malheureusement, les incidents qui suivirent aggravèrent notamment son état jusqu’à amener le dénouement fatal.
Arrivés à Tong-tchouan, les missionnaires trouvèrent toutes les têtes échauffées par le récit des récentes persécutions subies par les chrétiens de Ta-tsiou, Gan-io, etc. Les bruits les plus sinistres se répandaient de tous côtés contre les missionnaires et les chrétiens ; MM. Gremaud et Grialou jugèrent à propos de se retirer à Chee-hong, où la position n’était guère meilleure. Au bout de quelques jours, M. Grialou apprit la nouvelle de la destruction de son oratoire de Tay-ho-tchen et du pillage de tout son mobilier. Dès lors, la ville de Chee-hong même n’offrait pas un asile sûr aux deux missionnaires ; et, bien que malade, M. Grialou dut se résigner à prendre le chemin de Tchen-tou.
« Nous sommes partis ensemble de Chee-hong pour la capitale, m’écrivait M. Gremaud à la date du 3 novembre, le lendemain de la destruction de l’oratoire de Tay-ho-tchen, c’est-à-dire le 16 octobre. Les jours précédents, M. Grialou était déjà très fatigué ; la veille de notre départ, il est même resté couché presque toute la journée. La destruction de Tay-ho-tchen, un voyage forcé de trois jours et demi agrémenté de toutes sortes d’outrages de la part des païens, et d’autres émotions que son état l’empêchait de pouvoir supporter, lui ont causé une grave maladie que les médecins ont de la peine à enrayer. Peu de temps après notre arrivée à Tchen-tou, il a eu pendant toute une journée un délire très violent. Grâce à Dieu, il va mieux, mais il est encore d’une faiblesse excessive. Nous avons encore quelque espoir de le sauver ; cependant la maladie ne peut plus s’aggraver sans amener la mort. »
Hélas ! ce dénouement que M. Gremaud redoutait, n’arriva que trop vite. Le 8 novembre, en effet, ce même confrère m’écrivait : « Le sacrifice est accompli ! le bon Dieu s’est choisi une victime, et l’âme de votre cher compatriote, Amans Grialou, s’est envolée vers un monde meilleur. C’est hier soir, à dix heures un quart, que j’ai reçu son dernier soupir, en compagnie de MM. Legardien et Piel... Vers le milieu du jour, Monseigneur lui avait donné l’extrême-onction et l’indulgence in articulo mortis. »
C’est donc le 7 novembre, dans l’octave de la fête de saint Amans, son patron, auquel il était très dévot, que le bon Dieu a rappelé à Lui notre cher P. Grialou. Quelques jours auparavant, ayant appris son retour à Tchen-tou, mais ignorant la gravité de son état, je lui avais envoyé un petit billet pour lui offrir mes vœux de bonne fête. J’étais loin de soupçonner que ces vœux — les derniers, hélas ! que je devais lui adresser ici-bas — par lesquels je lui exprimais mon désir de le voir de plus en plus uni à son saint patron, auraient un accomplissement si soudain et d’une façon que, certes, je ne soupçonnais pas.
Il y a quelques mois à peine, nous avions eu le malheur de perdre M. Kircher, mort de la fièvre typhoïde, contractée au chevet des malades ; aujourd’hui, nous pleurons M. Grialou qui a succombé, on peut le dire, victime de la persécution. Ces deux chers confrères étaient partis ensemble du Séminaire de Paris ; ils étaient jeunes tous les deux ; tous les deux ils étaient parvenus à un âge où le missionnaire, connaissant bien la langue et mettant à profit l’expérience acquise, peut faire, au service du bon Dieu et des âmes, une bonne et utile besogne. Et c’est juste à ce moment que le Seigneur les appelle à Lui ! Adorons les desseins de la Providence, et courbons le front sous la main qui nous frappe. Daigne seulement le divin Maître, à la demande de nos chers défunts, avoir pitié de notre pauvre Mission du Su-tchuen occidental, et lui accorder enfin, après tant et de si cruelles épreuves qui viennent de s’abattre sur elle, un peu de paix et de tranquillité !
A. COUDERC,
Missionnaire apostolique.
« Laus Deo , pax vivis , requies defunctis . »
Références
[1905] GRIALOU Amans (1867-1898)
Notes bio-bibliographiques. - Rev. rel. Rodez et Mende, 1899, Notice, p. 13. - Sem. rel. Tulle, 1899, p. 290. - Annuair. petit sém. Saint-Pierre, 1884-85, p. 145 ; 1885-86, pp. 116, 155 ; 1898-99, Notice, p. 161.
Notice nécrologique. - C.-R., 1898, p. 363.