Léon GUIGNARD1867 - 1914
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1970
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Thaïlande
- Région missionnaire :
- 1892 - 1913
Biographie
GUIGNARD Léon, Joseph, est né le 8 mars 1869 à Villers-sur-Saulnot (Haute-Saône), au diocèse de Besançon. Il fait ses études secondaires d'abord à la Maîtrise de Besançon puis à l'Ecole Apostolique des Pères Jésuites à Avignon. Il entre laïc au Séminaire des Missions Etrangères le 11 août 1887. Ordonné prêtre le 27 septembre 1891, il est destiné à la Mission du Siam pour laquelle il part le 11 novembre suivant.
Il étudie la langue à Banpheng de 1892 à 1894. Mgr. Vey le nomme alors auxiliaire du procureur de la Mission. Dans cette fonction, il se fera remarquer par son dévouement et une patience admirables. En 1904, le Père Guignard est nommé curé de la Paroisse de l'Immaculée Conception à Bangkok, fondée autrefois par Mgr. Laneau. La plupart de ses paroissiens étaient des descendants de Portugais chassés de Macassar par les Hollandais au cours du XVIIème siècle. Il y aura fort à faire pour que les droits de propriété de ses paroissiens soient reconnus mais il aura la satisfaction d'y parvenir. En 1913, fatigué, il va se reposer au Sanatorium de Béthanie à Hong-Kong. Mais son état de santé ne s'améliorera guère.
Revenu parmi ses paroissiens en janvier 1914, il doit entrer à l'hôpital le 12 avril suivant et malgré tous les soins qui lui sont prodigués, il rend son âme à Dieu le 4 août 1914. Sa dépouille mortelle est ensevelie dans l'église de l'Immaculée Conception.
Nécrologie
M. GUIGNARD
MISSIONNAIRE DU SIAM
Né le 8 mars 1867
Parti le 11 novembre 1891
Mort le 4 août 1914
Léon Guignard naquit à Villers-sur-Saulnot (Besançon, Haute-Saône), le 8 mars 1867. Il était le plus jeune enfant d’une famille d’honnêtes cultivateurs. La modeste aisance du foyer paternel se trouva diminuée par les désastres de l’année terrible, et Léon dut, de bonne heure, appor¬ter sa petite part au travail commun. Sa pieuse mère lui donna une éducation vraiment chrétienne, et les exemples de Marie, sa sœur aînée, qui était un ange de piété, lui furent très utiles pour corriger sa nature trop turbulente. Fier, emporté, colère, légèrement soupçonneux, le petit Léon était difficile à manier, mais son cœur valait mieux que sa tête, et on pouvait toujours faire appel à sa bonne volonté en le prenant par le sentiment.
Il avait 11 ans, quand le vicaire de la paroisse crut distinguer en lui une vocation naissante, à cause de sa force de volonté et de sa piété déjà éclairée. Un enfant qui veut se corriger de ses défauts est apte à la vertu. Léon étudia les premiers éléments du latin au presbytère, sous la direction de l’abbé et, à 13 ans, il entrait en cinquième à la maîtrise de Besançon. Il quitta cet établissement après sa quatrième pour entrer à l’Ecole Apostolique des Pères Jésuites à Avignon. En août 1887, nous le retrouvons au Séminaire des Missions-Etrangères, d’où, quatre ans plus tard, ses études théologiques terminées, il fut destiné à la mission du Siam. Il partit de Paris le 11 novembre 1891 et arriva à Bangkok le 15 décembre en compagnie de M. Peyrical. Le vicaire apostolique l’en¬voya à Banpeng, pour y apprendre la langue et se former à la vie apos¬tolique auprès d’un ancien missionnaire. On crut un instant qu’il ne pourrait supporter le climat des pays chauds, et il fut obligé de retour¬ner à Bangkok, où il reçut tous les soins que réclamait sa santé. En 1894, Mgr Vey le désigna comme auxiliaire du procureur de la mission. Dans cette fonction, qui le mettait en relation non seulement avec tous ses confrères, mais encore avec un bon nombre de résidants européens, il fit preuve d’un dévouement et d’une patience admirables.
En parlant des procureurs de mission, un confrère leur appliquait un jour le mot de saint Bernard à propos des anges gardiens : Non domini nostri sed ministri nostri. M. Guignard fut vraiment le servi¬teur des missionnaires, auxquels il rendit tous les services possibles. Il fut le serviteur de son évêque, qui ne fit jamais inutilement appel à sa bonne volonté, soit pour prêcher des retraites dans les communautés soit pour accepter la direction spirituelle des religieuses.
En 1904, M. Fauque, curé de l’Immaculée-Conception à Bangkok, accablé par l’âge et les infirmités, se retira du saint ministère, et M. Gui¬gnard fut placé à la tête de cette paroisse, fondée autrefois par Mgr La¬neau. Les fidèles sont des descendants de ces Portugais que les Hollan¬dais chassèrent de Macassar vers le XVIIe siècle, et dont une partie émigra au Siam, où le roi leur concéda un terrain au-dessus de son palais. La plupart des paroissiens de l’Immaculée-Conception, malgré les noms pompeux qu’ils portent et qu’ils tiennent de leurs ancêtres, les de Rosa¬rio, de Castro, de Alvario, sont aujourd’hui pauvres et vivent dans la misère.
C’est au milieu d’eux que M. Guignard passa les dix dernières années de sa vie. Il avait été tout dévoué à ses confrères comme procureur, il le fut à ses chrétiens comme curé. Il les aida de ses conseils, de sa bourse, et leur distribua abondamment le pain de la parole divine. En un mot, il les aima et en fut aimé. Volontiers il eût dit avec l’oiseau de Lafontaine : « Mes petits sont mignons, beaux, bien faits, jolis sur tous leurs compagnons...» Les autres missionnaires ne partageaient pas toujours sa manière de voir au sujet de ses paroissiens, et d’aucuns se permettaient de le taquiner sur ce qu’ils appelaient son aveuglement. Le curé riait avec eux, et ne se formalisait pas de ces petites plaisante¬ries qui ne diminuaient en rien son dévouement à son troupeau.
En 1909, lorsque fut réglée la question des terrains appartenant à la mission, et que le gouvernement siamois reconnut aux églises le droit de posséder, une exception était stipulée pour les terrains dits « conces¬sions royales », au nombre desquelles se trouvaient l’église annamite et sa voisine, l’église de l’Immaculée-Conception. M. Guignard soutint avec énergie les droits de ses chrétiens, et, à la veille de sa mort, il eut la satisfaction de les voir reconnus par le gouvernement.
M. Guignard, comme tous les fils d’Adam, avait son côté faible ; il ne savait rien refuser, il était trop bon, au dire de plusieurs. Il faut bien reconnaître que le reproche était fondé, mais c’est le cas ou jamais d’ajouter : mieux vaut pécher par excès que par défaut.
La santé de notre confrère avait été toujours assez précaire. Souffrant de l’estomac, il usait, sans assez de discernement, de médecines, de po¬tions et de pilules. Il fit de fréquents séjours à l’hôpital Saint-Louis. En 1913, il se sentit plus fatigué que d’ordinaire, et l’évêque lui con¬seilla d’aller se reposer au sanatorium de Béthanie. Le climat plus frais de Hong-Kong ne lui procura pas l’amélioration qu’on avait espérée. Notre confrère revint en janvier 1914 au milieu de ses chrétiens qui lui firent fête. Hélas ! leur joie de le posséder devait être de courte durée. Le 12 avril de la même année, le curé de l’Immaculée-Conception entrait à l’hôpital Saint-Louis pour ne plus en sortir. Les soins dévoués des religieuses et du docteur de l’hôpital ne purent enrayer le mal dont il était atteint. C’est alors, surtout, que l’on vit combien notre confrère était aimé ! Pendant sa longue maladie, ses chrétiens veillèrent jour et nuit à son chevet. L’évêque, qui avait été son condisciple, vint souvent s’asseoir près de son lit et lui faire entendre des paroles de consolation. Vers la fin de juillet, l’état du malade ne laissant plus aucun espoir, il reçut l’extrême-onction et communia plusieurs fois en viatique. Et lorsqu’il fut sur le point d’expirer, c’est encore l’évêque qui récita pour lui les belles paroles du Rituel : « Seigneur Jésus, ayez pitié de l’âme de votre serviteur, et introduisez-la « dans votre paradis, séjour délicieux et toujours fleuri des âmes justes. »
Quand sa dépouille mortelle eut été livrée à ses chrétiens pour être ensevelie dans cette église de l’Immaculée-Conception qu’il avait tant aimée, ce fut comme une explosion. de douleur. La douleur des Orien¬taux éclate comme l’orage en gémissements prolongés et en cris aigus, mais elle dure généralement peu, et le sourire reparaît sur les lèvres aussi promptement que le soleil au milieu des nuages après la tempête. Néanmoins, la douleur des chrétiens de M. Guignard ne fut ni feinte, ni passagère, et, aujourd’hui encore, ils pleurent leur Père si vénéré et si aimé.
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Références
[1970] GUIGNARD Léon (1869-1914)
Références biographiques
AME 1892 p. 436. 1913 p. 95. 96. 99. CR 1891 p. 240. 1915 p. 119. 200.
Notice nécrologique
CR 1915 pp. 200-202.