Henri DELESTRE1867 - 1897
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1973
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1892 - 1897 (Pondichéry)
Biographie
Né à Ste-Gemmes-d’Andigné (Maine-et-Loire) le 24 mars 1867, admis au Séminaire des M.-E. le 15 septembre 1887, prêtre le 27 septembre 1891, partit le 11 novembre suivant pour Pondichéry. En 1892, il fut professeur au petit séminaire de Karikal ; en 1894, professeur de sciences au Collège colonial à Pondichéry ; en 1895 et 1896, curé de Couroumbagaram. Atteint de phtisie, il mourut à Karikal le 19 avril 1897. prénom : signature photo : Henri
Nécrologie
M. DELESTRE
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE PONDICHÉRY
Né le 24 mars 1867.
Parti le 11 novembre 1891.
Mort le 19 avril 1897.
Le lundi de Pâques, 19 avril 1897, vers deux heures de l’après-midi, Dieu rappelait à lui, après six ans de travaux, le cher M. Henri Delestre.
Il était né, en 1867, à Sainte-Gemmes d’Andigné, au diocèse d’Angers. Dès ses plus jeunes années, il fut remarqué pour sa piété et son intelligence, entre les enfants de son âge, par le curé de sa paroisse. Celui-ci le confia bientôt à M. Claude, supérieur du collège de Combrée, enfant, lui aussi, de Sainte-Gemmes. Depuis lors, M. Claude devint pour le jeune Henri comme un second père ; neuf ans durant, jusqu’à la fin de ses études, il le conserva près de lui au collège. Ses études terminées, les examens du baccalauréat heureu¬sement subis, H. Delestre entra au Séminaire des Missions, où il fut ordonné prêtre en 1891 et destiné aux missions de l’Inde.
Le bon M. Delestre s’en est allé tout doucement et bien préparé, après de longs mois pendant lesquels il a souffert, comme souffrent ceux que ronge la phtisie pulmonaire. Depuis longtemps déjà, cette maladie le minait ; c’est elle qui avait ébranlé sa santé, dès sa deuxième année de séminaire à Meudon ; elle qui l’avait mis bien près de la tombe, après ses deux premières années dans l’Inde ; elle encore qui, en mai 1895, lui faisait quitter le collège colonial où il était profes¬seur de sciences. Depuis ce temps, il n’a pas eu trois mois consécu¬tifs de bonne santé. Un séjour prolongé sur les montagnes l’avait un peu remis ; mais lui, nature ardente et laborieuse, était incapable de supporter l’inaction qui le tuait aussi sûrement que sa pénible maladie ; il demanda un poste à Mgr l’archevêque de Pondichéry.
On lui confia alors l’administration de la petite chrétienté de Corombagaram, à six milles de Karikal. Au bout de quelques mois, le mal reparaissait implacable et domptait cette énergique nature. Il dut résigner ses fonctions et renoncer au saint ministère. Ce fut la plus grande épreuve de sa vie.
Il a passé les huit derniers mois, tantôt sur les montagnes, tantôt à Pondichéry, mais le plus souvent à Karikal, où il était allé vers le mois de septembre 1895 pour n’en plus sortir. On l’a vu, pendant tout ce temps, endurer son mal sans se plaindre, joyeux toujours et avec tous, et se préparer sérieusement à la mort, car il se rendait bien compte de sa situation.
Le 22 février dernier, sa trop grande faiblesse l’obligea de renoncer à célébrer le Saint-Sacrifice ; on lui portait le Saint-Viatique trois ou quatre fois par semaine ; c’est là qu’il puisait sa force. « Je ne regrette pas l’épreuve, écrivait-il à MM. Toublanc et Gastineau, ses « compatriotes et condisciples de collège, au contraire. On voit les choses de tout autre « couleur, quand on côtoie la tombe. Je suis aux mains de Dieu et heureux. »
Ce sont là probablement les dernières lignes écrites de sa main et ajoutées à dessein par lui à une longue lettre qu’il venait de dicter à M. Giraud chargé de le veiller. « Je mets aussi un « peu de mon écri¬ture ; ce n’est pas riche, j’ai la fièvre et je tremble. Ces quelques lignes « seulement m’ont beaucoup fatigué, mais j’y tenais pour prouver mon amitié. » C’est ainsi qu’il a su toujours lutter contre son mal, rester joyeux quand même, se conformer à ce qu’il écrivait de Karikal quelque temps après son arrivée dans l’Inde. « Dans certaines autres « missions, on a une vague espérance du martyre ; les missionnaires qui viennent dans l’Inde, « vont à un martyre de détail dont ils peuvent être assurés. » (3 mai 1892).
Ce martyre de détail, il l’a connu et plus que tout autre. Il s’y était bien préparé, il est vrai, et Dieu l’avait formé aux épreuves. Quelle épreuve, en effet, que celle de partir sans la bénédiction de son père, de vivre des années sans recevoir un mot de lui ! Aussi quelle joie, quand enfin ce mot, cette bénédiction arrivent ! Dieu avait frappé à la porte du cœur de son père ; une mission paroissiale avait produit ses fruits ; les épreuves, les souffrances du fils étaient retombées en pluie de grâces sur le père.
Épreuve encore pour lui de ne pouvoir se consacrer tout entier à la conversion des âmes. Sa vie de missionnaire, en effet, s’est passée presque entière, soit au collège de Karikal où il fut nommé professeur à son arrivée en 1891, soit au collège de Pondichéry. A Karikal, parmi ses nombreux élèves, il avait des païens ; il essayait de les attirer à notre foi, il leur parlait de Dieu, leur faisait lire le catéchisme, et dans ses lettres, il avait toujours une demande de prières pour leur conversion : « Cela me fait tant de peine de les voir ainsi ! écrivait-il sans cesse.
L’éducation n’est pas seulement pour former les intelligences, elle veut surtout la formation du cœur, et tel a été l’apostolat de M. Delestre.
Vers la fin, on avait mis le comble à ses vœux en le nommant à Corombagaram, comme il a été dit plus haut, mais Dieu n’a pas voulu l’y laisser longtemps.
Ainsi s’est écoulée la vie apostolique du bon M. H. Delestre. Homme de règle avant tout, il a toujours donné l’exemple d’une régularité parfaite dans l’Inde, à Paris, au collège de Combrée. Au séminaire des Missions comme à Combrée, on l’avait bien jugé ainsi, et cette qualité lui valut en l’un et l’autre endroit la charge de régle¬mentaire. Cette régularité ne l’empêcha jamais d’être d’une société très agréable, non plus que ses souffrances qu’il s’efforçait de cacher. Alors que la maladie était revenue pendant l’année scolaire 1894-95, il ne voulut pas abandonner ses classes et M. Toublanc, venu pour l’aider et le remplacer, dut lui laisser encore deux ou trois cours par semaine. On l’aimait à cause de toutes ces qualités, mais on l’aimait surtout pour son esprit droit, sa franchise qui ne connaissait point de détours, pour sa discrétion et sa réserve dans toutes ses paroles où il craignait tant de blesser la charité.
Dieu lui a donné le temps de se préparer ; il lui a accordé un soir de vie calme comme ces soirs d’été en France, qu’on ne voit point finir et qui portent naturellement au recueillement et à Dieu.
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Références
[1973] DELESTRE Henri (1867-1897)
Notes bio-bibliographiques. - Sem. rel. Angers, 1893, p. 420. - Bull. Assoc. Combrée, 1897, p. 29. Une myst. de nos jours, p. 12.