Alfred BARBIER1862 - 1951
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1989
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1892 - 1901 (Hanoi)
- 1901 - 1932 (Phat Diêm)
- 1932 - 1951 (Thanh Hoa)
Biographie
Alfred, Eugène BARBIER naquit le 23 octobre 1862, à Paris, paroisse Saint Paul - Saint Louis, diocèse de Paris, alors département de la Seine.
Le 14 septembre 1887, il entra laïque, au séminaire des Missions Etrangères. Tonsuré le 22 septembre 1888, minoré le 21 septembre 1889, sous-diacre le 28 septembre 1890, diacre le 21 février 1891, ordonné prêtre le 27 septembre 1891, il reçut sa destination pour le vicariat apostolique du Tonkin Occidental (Hanoï), qu'il partit rejoindre le 9 décembre 1891.
Le 12 décembre 1894, M.Barbier assista aux funérailles de M.Henri Bon, décédé à Ké-Ben dans le district de Thanh-hoa. Le 15 avril 1901, fut érigé le nouveau vicariat apostolique du Tonkin maritime, comprenant les provinces du Thanh-hoa et de Ninh-Binh avec les régions Chau-laotiennes adjacentes. Il fut confié à Mgr. Jean-Pierre Marcou,qui en prit officiellement possession le 8 février 1902. M. Barbier fit partie du personnel de ce nouveau vicariat. A cette date, il était à Phong-Y, curé de la paroisse limitrophe du district Chau-lao, "debout, le visage tourné vers ces immenses régions muong.."
En 1904, année où le choléra fit de grands ravages, il signalait tout le bien accompli par le petit hôpital de Phong-Y, tenu par des religieuses autochtones. Cette même année il remit son poste entre les mains de M. Jean-Baptiste Degeorge, pour aller travailler à Phat-Diêm où il resta une quinzaine d'années.
En 1919, nommé titulaire du poste de Huu-Le, il se donna à l'évangélisation des "Muong". Il dota l'hospice de l'endroit, d'un magnifique pavillon, puis construisit un bâtiment "marqué au coin du bon goût et du sens pratique" pour y installer la nouvelle école de catéchistes laotiens dont la direction fut confiée à M. Jean-Pierre Rey, au commencement de l'année 1923. M. Barbier revint alors à Phat-Diêm reprendre ses anciennes fonctions de directeur des Ecoles et secrétaire de l'Evêché.
En 1927, MM. Lury et. Alfred Barbier bien connu pour ses talents cartographiques, reçurent du Saint Père le brevet et la médaille "Bene Merenti" en raison de leur contribution à l'Exposition Vaticane, à Rome, lors de l'année sainte 1925. En janvier 1928, par décision du Gouverneur Général de l'Indochine, avec l'agrément de Mgr Marcou, et après un stage passé à l'Obervatoire Central de Phu-Liên, M. Barbier fut nommé directeur de la station climatologique installée à Phat-Diêm. Cette dernière succédait à la station pluviométrique dont s'occupait gracieusement la mission de Phat-Diem, depuis sept ans. Le 31 janvier 1930, il s'embarqua à Tourane pour refaire en France sa santé ébranlée.
Par décret du Saint Siège signé à Rome le 21 juin 1932, Mgr. Louis de Cooman fut nommé vicaire apostolique de Thanh-Hoa, nouvelle mission crée par la division du vicariat de Phat-Diem décidée le 26 avril 1932. Le 20 septembre 1932, M.Barbier quitta la mission de Phat-Diem pour celle de Thanh-Hoa, où il exerça les fonctions de secrétaire de Mgr. Louis de Cooman, tout en assurant l'aumônerie de diverses communautés religieuses.
Le 15 novembre 1932, lors de la visite à Thanh-hoa de S.M Bao-Dai, il eût l'honneur de lui être présenté spécialement, en raison de sa double qualité de chef de la station météorologique de Thanh-Hoa, et de plus ancien européen de la province. Le 11 novembre 1939, lui fut remise par son Excellence le Mandarin chef de la province de Thanh-hoa, la haute distinction du "Kim-Khanh". Le 27 septembre 1941, il célébra ses noces d'or sacerdotales et fêta en même temps, ses quatre vingts ans d'âge.
Le 23 septembre 1945, eut lieu au stade de Thanh-hoa, une grande manifestation patriotique des catholiques . Elle fut suivie, après la messe, d'un défilé dans les rues de la ville et devant l'Evêché. La jeunesse se mit à vociférer ses revendications d'indépendance religieuse exigeant la démission du vicaire apostolique, de son procureur, et du directeur de l'école des catéchistes. Mgr.de Cooman blama cette attitude indigne et rappela avec fermeté que son autorité venant directement du Pape, il ne pouvait la remettre qu'au Saint Père. À partir de ce moment là, les missionnaires furent tous confinés à l'évêché.
Lors des accords de Fontainebleau du 10 octobre 1946, une détente apparente se manifesta dans les relations avec le Viêtminh. Mgr. de Cooman fit des démarches auprès du responsable provincial viêtminh chargé des étrangers. Ce dernier rappelant le récent assassinat de M. Augustin Canilhac, refusa d'accorder aux missionnaires l'autorisation de rentrer chez eux. Ils restèrent donc en résidence surveillée, à l'évêché.
Le 26 décembre 1946, les autorités "viêtminh" amenèrent en captivité à Vinh, treize des quinze missionnaires de Thanh-hoa, qui se trouvaient confinés à l'évêché. Seuls, Mgr. de Cooman de nationalité belge, et M. Alfred Barbier, âgé de 86 ans et totalement aveugle furent gardés à l'évêché de Thanh-hoa.
Dans la soirée du 18 janvier 1951, Mgr. de Cooman donna les derniers sacrements à M. Alfred Barbier qui décéda le lendemain. Il fut enterré avec beaucoup de solennité à Thanh-hoa, le dimanche 21 janvier 1951.
Nécrologie
[1989] BARBIER Alfred (1862-1951)
Notice nécrologique
Le 4 octobre dernier, lisons-nous dans le numéro des Echos et Nouvelles du Cercle des Francs-Bourgeois du 25 octobre 1891, les Membres du Cercle assistaient à l’une des premières messes de l’un des leurs, M. l’abbé Barbier, récemment ordonné prêtre chez les Pères des Missions étrangères de la rue du Bac, et qui allait consacrer sa première campagne apostolique aux malheureuses populations du Tonkin.
Au soir de cette belle journée, ses amis se réunissaient au Salon doré, pour saluer une dernière fois leur ancien compagnon, et lui offrir un magnifique calice, acquis par souscription. En quelques mots émus, répondant à leurs souhaits et aux épanchements de leur amitié, l’abbé Barbier manifesta, une fois de plus, les trésors de dévouement dont son âme débordait ; et, comme M. l’abbé Le Mée, à la veille du même lointain voyage, avec la même éloquence d’un cœur qui se détache de la terre, le vaillant jeune prêtre leur donnait rendez-vous au Ciel... »
Le Bon Dieu accepta le sacrifice du généreux apôtre, et 60 ans plus tard, les amis — devenus bien rares — qu’il comptait encore ici-bas, apprenaient la mort, à l’âge de 90 ans, du missionnaire vieilli dans les travaux apostoliques, et qui jamais n’avait revu ni la France sa patrie, ni sa famille, ni ses anciens camarades.
Le Père Barbier était cependant resté un des membres les plus fidèles de l’Amicale et n’avait jamais perdu contact avec sa chère Maison des Francs-Bourgeois, d’où il était sorti, comme élève, en 1879, et qu’il avait continué à fréquenter, comme membre du Cercle, jusqu’à son départ pour le Séminaire, en 1886.
Pendant plus de 50 ans, il entretint une correspondance régulière et suivie avec ses principaux amis, surtout avec Paul Lapérouze et Henri Boulard. Les nombreuses lettres qu’il échangea avec eux et dans lesquelles il ne manquait jamais de parler de l’Ecole, du Cercle, de l’Œuvre tout entière, constituent un volumineux dossier réuni par M. Lapérouze, qui a bien voulu nous le communiquer, et qui suffirait à lui seul pour écrire une belle et édifiante notice sur la vie et les travaux apostoliques de notre camarade.
Par les quelques extraits que nous allons en citer, on y verra, — exprimés dans un style alerte, non dépourvu d’humour et parfois de gaieté, — toute l’affection et tout l’intérêt qu’il portait à son Ecole, à ses anciens Maîtres, à sa parenté.
Il écrit, en 1930, à H. Boulard : Par l’ Echo des F.-B. , je me rends compte de la difficulté croissante qu’il y a à grouper les élèves sortis... et aussi un peu de l’abandon des vieux. Tout est aux sports, au scoutisme, etc. Où sont le F. Joseph, le F. Amédée, le F. Henri ? — Faut-il croire que l’œuvre a fait son temps et qu’elle doit laisser la place à une autre, rajeunie ? Et celle-ci sera-t-elle plus parfaite et fera-t-elle le bien qu’a fait l’ancienne ?
En novembre 1937 : Il paraît que, non seulement l’uniforme a disparu, mais même le petit képi bleu !... Alors, comment s’habillent les élèves ?... Cette nouvelle m’a chagriné... Qu’a-t-on mis à la place du képi ? le casque Adrian ?... » (coiffure adoptée pour les combattants de la guerre de 1914)
En 1925, il félicite son ami Lapérouze de la décoration de la Légion d’Honneur qui vient de lui être conférée ; en 1938, il le remercie affectueusement des condoléances qu’il a reçues de lui, à l’occasion de la mort de sa vénérée mère.
Il écrit en 1933, de Than-Hoa (Annam) :
« Je suis déjà un vieux missionnaire de 72 ans, qui sert Dieu et la France depuis 42 ans. »
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« Je n’ai jamais perdu le caractère que tous mes amis m’ont connu : avec le secours de la Providence, on n’a besoin de rien... »
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Il est reconnaissant à ses amis d’aller visiter sa sœur, Mlle Barbier, qui habite encore actuellement à Paris, dans le voisinage des Francs-¬Bourgeois. « J’apprends toujours avec un particulier plaisir des nouvelles de ma bien-aimée sœur : elle est mon plus grand amour sur la terre... »
Le P. Barbier parle quelquefois, mais avec discrétion, de ses travaux apostoliques : «Si je t’envoyais les photos de tous ceux que j’ai amenés ou ramenés à Dieu, il me faudrait un album. Dire ce que tout cela me coûte... en soucis et en finances, je te le laisse supposer ; mais tout cela est enregistré dans la comptabilité du Bon Dieu, où il n’y a jamais d’erreur. »
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« Je suis en train de « grignoter » la famille d’un mandarin décédé. Sur 8 enfants, j’en ai déjà baptisé 4 ; les autres étudient la doctrine.
Je désespère pour la mère : je n’y arriverais certainement pas sans la grâce de Dieu...
« Il faut te dire qu’elle a voulu marier sa fille baptisée à un païen, sous prétexte que ce païen paierait les 300 francs de dettes de la mère... Ce qu’apprenant, j’ai fait irruption dans la cagna et lui ai dit : « On vend des cochons et des bœufs pour payer ses dettes, mais pas sa fille ! » Les fiançailles furent rompues, et le fiancé a été trouver ailleurs chaussures à ses pattes dans un milieu démoniaque. »
Vers 1937, il a été chargé par son évêque d’établir une œuvre de « Madeleines ». — « Il en vient de tous côtés et de situations navrantes... » — Deux photographies sont jointes à sa lettre. Dans l’une, on le voit au milieu d’un groupe d’une dizaine de ces pauvres créatures, qu’il vient de recevoir. Elles sont vêtues misérablement, leur tenue est équivoque, leur visage fermé, leur regard douteux et fuyant. Dans l’autre, prise quelque temps après et dans les mêmes conditions, ce sont les mêmes personnes, mais à présent leur tenue est décente et correcte, leurs traits sont déjà transfigurés, leur regard est devenu plus clair et plus franc : on sent que la grâce divine a passé par là, et que l’Esprit-Saint a commencé son œuvre ; plusieurs de ces pauvres filles deviendront des femmes chrétiennes qui feront honneur à la Mission.
Terminons par ce récit dramatique et émouvant, daté du 12 juillet 1937 :
« Ecoute cette histoire. — Un enfant qui étudiait à l’école de la Mission me demandait depuis longtemps de le baptiser. Il a 12 ans ; je l’ai interrogé : il savait parfaitement son catéchisme et ses prières. Je lui dis de demander à son père la permission, par écrit, d’être baptisé, ce qui fut fait. Ces temps derniers, réunion plénière dans sa maison « pour adorer les tablettes des ancêtres ». Quand arrive son tour, l’enfant résiste éperdument ; on le force : « Ça ne compte pas ! » dit-il.
Son père, furieux, lui enlève alors ses vêtements, le ligote à une colonne de la vérandah, et à tour de rôle, hommes, femmes et enfants, s’approchant de lui, le maudissent dans les termes les plus répugnants, lui crachent au visage.., gifles... coups de pied... en fin de compte ils le frappent à bras raccourcis, avec des branches d’arbres entassées là. Pendant tout ce supplice, l’enfant criait tant qu’il pouvait : « Tha chêt, mâ châng, tha to tan ! » « Je préfère mourir que de renier ! » Couvert de sang, la peau déchirée, sa tête retombe sur sa poitrine... il va mourir ; prévenu, j’arrive sur ces entrefaites : tous ses bourreaux se sauvent, non sans avoir subi mes reproches indignés et véhéments.
Je relève l’enfant : « O père bien-aimé, vous-voilà, me dit-il, je suis content !... je vais mourir.., j’ai soif !... » « Souffres-tu ? » — « Non ! plus maintenant... » Je le délie, le charge sur mes épaules et le passe à des chrétiens qui le confient aux Sœurs de notre hôpital pour essayer de le sauver !... »
Le P. Barbier avait reçu, en mai 1938, la distinction pontificale « Bene Merenti » et la décoration civile du Kim-Khanh, légion d’honneur annamite.
La vieillesse, une cécité presque complète, les événements de la guerre de 1939-44 et ses suites, avaient interrompu ses relations épistolaires avec ses amis ; ceux-ci apprirent indirectement sa mort peu avant les vacances dernières.
Le P. Barbier est allé recevoir au ciel la récompense de sa longue vie d’apostolat lointain : il y aura sûrement retrouvé tous ceux qu’il a connus et aimés ici-bas.
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Bluette cueillie dans les jardins de la revue « Saint-Labre »
du mois d’octobre 1951 :
PAS POSSIBLE !
mais pourtant tout ce qu’il y a de plus véridique ! Le petit-fils d’un de nos anciens, tout juste âgé de sept ans (le petit-fils, bien sûr)! déclara un jour tout bonnement à ses camarades de l’école des Frères, qui lui exposaient leurs projets d’avenir :
— « Oh ! moi, j’avais bien songé un moment à me faire évêque ; mais je crois que finalement je me ferai missionnaire... »
… Que faut-il le plus admirer, ou de cette grâce surabondante qui, d’un seul coup, place un chrétien de sept ans au-dessus d’un évêque (car il faut, semble-t-il, pour nommer un évêque être déjà au-dessus) ; ou de cette humilité foncière qui fait renoncer aux plus hautes dignités pour se consacrer à des tâches infiniment moins reluisantes ; . . . ou encore de l’école capable de former, en si peu de mois, de tels ?
C’EST LE MÊME ÉLÈVE
qui, à la veille de sa première communion privée et au moment d’aller se confesser —considérant, pensons-nous, que l’ensemble de ses péchés formait une liste vraiment insignifiante et insuffisante — posait à sa mère cette innocente ( ? ) question :
— Maman, faudra-t-il que j’accuse aussi tous les péchés de ma petite sœur ?...
Références
[1989] BARBIER Alfred (1862-1951)
Notes bio-bibliographiques
AME 92P437
C.R. 91P240/93P183.356/94P411/02.178.183/03P163.164/04P174.175/06P353/47P65/50P72+/51P183
B.ME. 23P56/26P498A/27P320/28P180/29P695/30P185.378.499/32P60.786.864/33P65.458/34P579/35P133.280/36P374/37P363.733.87/39P280.872/41P488.692.765/48P101.245/49P380/50P129/51P182.203
Ec.RBac. 452.492+ NS.6P190
Ec.Miss. 48P58
APF 26p243A
Miss.Cath. 23P125