Camille PAILHASSE1868 - 1903
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2077
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Corée
- Région missionnaire :
- 1893 - 1901
Biographie
[2077]. PAILHASSE, Camille-Cyprien-Pierre, né dans la paroisse d'Ols, commune d'Ols-et-Rignodes (Aveyron), le 19 septembre 1868, entra laïque au Séminaire des M.-E. le 12 septembre 1889, reçut le sacerdoce le 2 juillet 1893, et partit le 6 décembre suivant pour la Corée. Son premier poste fut Sin-na-mou-kol, le second Ka-sil, dans la province de Kyeng-syang, 1894-1898. Il passa ensuite à Tou-seup-i dans la province de Hoang-hai, où il convertit un certain nombre de païens et fonda plusieurs stations. Il éleva une chapelle à Tou-seup-i. Miné par la phtisie, il revint en France en 1901, et mourut au sanatorium Saint-Raphaël, à Montbeton (Tarn-et-Garonne), le 9 mars 1903.
Nécrologie
M. PAILHASSE
MISSIONNAIPE APOSTOLIQUE DE LA CORÉE
Né le 19 septembre 1868
Parti le 6 décembre 1893
Mort le 9 mars 1903
M. Camille-Cyprien Pailhasse naquit à Ols, canton de Villeneuve (Rodez, Aveyron). Il puisa dans les traditions du pays natal et dans les exemples d’une famille foncièrement religieuse, les germes de la vocation apostolique. Son frère, prêtre du diocèse, lui avait montré que le dévouement pour les âmes était la vraie expression de la foi. Camille voulut, lui aussi, devenir prêtre, mais prêtre missionnaire. On essaya de le détourner de sa vocation en la lui représentant, tantôt comme au-dessus de ses forces, tantôt comme inspirée par un enthousiasme de jeunesse qui ne durerait pas. Il prouva que les difficultés ne lui faisaient pas peur et que sa résolution était sérieusement mûrie.
Entré laïque au séminaire des Missions-Étrangères le 12 décembre 1889, il fut ordonné prêtre le 2 juillet 1893. La joie du missionnaire fut à son comble quand il apprit qu’il était destiné à la Corée. Parti de Paris le 6 décembre 1893, il arriva à Séoul le 1er février suivant.
Après trois mois de séjour à la capitale, il fut placé auprès d’un missionnaire déjà ancien qui devait l’initier aux us et coutumes de la Corée et guider ses premiers pas dans la carrière apostolique. La guerre sino-japonaise le trouva dans ce premier poste. Grâce à la pré¬sence des soldats du mikado, notre confrère n’eut aucunement à souffrir des troubles que la rébellion des Tong-hak déchaîna dans certaines provinces, et il put continuer en paix l’administration des chrétiens. Quand il eut appris la langue coréenne et acquis l’expé¬rience voulue, Mgr Mutel jugea bon de lui confier un poste plus diffi¬cile et l’envoya au Hoang-hai.to. Cette province offrait alors un champ magnifique au zèle des ouvriers apostoliques : les catéchu-mènes affluaient ; des stations nouvelles s’ouvraient de tous côtés, et les mis-sionnaires suffisaient à peine pour répondre à l’appel de toutes les âmes de bonne volonté.
Grande fut l’allégresse de M. Pailhasse quand il vit la belle part qui lui était échue. Il quittait, il est vrai, le sud de la Corée pour le nord ; des chrétiens aimés pour des catéchumènes inconnus ; une résidence très convenable pour une misérable hutte en quelque coin ignoré des montagnes. Mais ces sacrifices lui paraissaient légers, comparés au bonheur de voir l’œuvre de Dieu prospérer et les catéchumènes se presser de plus en plus nombreux autour des fonts baptismaux. Le seul regret qu’on l’ait jamais entendu exprimer au sujet de son changement fut que la pauvreté de son district ne lui permît pas de garder un cheval à son service. Sans être fort cavalier, il avait apporté de l’Aveyron le goût des voyages à cheval, et diverses mésaventures, que ce goût lui avait attirées, n’avaient pas réussi à le lui enlever. L’amour de ses chrétiens put seul le faire renoncer à sa monture favo¬rite. Pour être à même de les secourir et leur rendre en même temps ses visites moins onéreuses, il vendit son cheval et acheta un âne. C’est sur cette monture « évangélique » qu’il fera désormais toutes ses courses apostoliques.
L’esprit de pauvreté, qui l’avait guidé en cette circonstance, se manifestait aussi dans sa maison, ses habits, son régime. Son ordinaire était tellement simple que bien des Coréens n’eussent pu s’en accommoder. Un bol de riz préparé par un marmiton crasseux, un bouillon d’algues marines cuites à l’eau et un peu de saumure de haricots, tel était le menu dont il se contentait, lorsqu’il était seul et auquel, pour fêter la visite d’un confrère, il ajoutait tout simplement deux œufs avec quelques navets salés. Non, en vérité, pour faire des péchés de gourmandise, il ne fallait pas aller à Tou-¬hyep-i. D’ailleurs, le missionnaire n’accordait à sa table qu’une atten¬tion très distraite : il la bénissait, comme au hasard, les yeux fermés, se remettait à causer, rebénissait et, pour peu qu’un chrétien vînt lui parler, il oubliait de manger jusqu’à ce que, se ravisant enfin, il avalât son riz tant de fois bénit.., et refroidi. A ce régime M. Pailhasse perdait ses forces. Les confrères voisins lui en faisaient de charitables remontrances qu’il recevait fort bien, tout en s’y conformant très mal. Que lui importait d’être bien nourri, pourvu qu’il n’eût pas à s’occuper de sa cuisine et qu’il pût causer ! Pour lui, vivre, c’était causer. Déjà, dans ses résolutions de retraite au séminaire, il avait senti le besoin de s’armer contre la tentation d’aller faire la causette aux portes des chambres. S’il a tenu cette résolution, il a eu certainement beaucoup de mérite.
Ce besoin de parler et de s’épancher le suivit en mission et ne lui fut pas inutile. Il l’aida à franchir les étapes ordinairement laborieuses de l’étude de la langue, et le fit entrer plus facilement en contact avec ses chrétiens. Là, en effet, était sa force et le secret de son action ; il aimait à converser avec les pauvres gens, leur témoignait de la con¬fiance, les laissait raconter leurs interminables petites histoires, leur permettait d’user et d’abuser de son temps et de sa patience, tout en ayant l’air d’être leur obligé. La seule peine qu’on pût lui faire, c’était de lui recommander d’être un peu moins crédule avec les importuns et de se défier de certaines promesses de conversion qui semblaient trop intéressées. Il lui était infiniment moins pénible d’être trompé une fois ou l’autre que d’avoir à se mettre en garde contre tout le monde. Sa porte, constamment ouverte, laissait entrer tous les visiteurs, que sa frugalité édifiait autant que sa simplicité les attirait. Bientôt les chrétiens accoururent auprès de lui de toutes parts, lui amenant des païens en foule. Le mouvement s’étendit ainsi à tout le pays. La ville voisine de Tjyang-yen se laissa gagner elle-même par la contagion de l’exemple : elle envoya à Tou-hyep-i un nombre considérable de païens, qui, venus en simples curieux, ne tardèrent pas à demander le catéchuménat et sont aujourd’hui d’ex-cellents chrétiens. Par cette méthode si simple, son accès facile et les visites fréquentes qu’il faisait dans ses chrétientés. M. Pailhasse obtint des résultats considérables. Les baptêmes d’adultes se multiplièrent et de nouvelles stations furent fondées. De jour en jour, l’action du mis¬sionnaire s’étendait et paraissait de plus en plus indispensable. C’est à ce moment même que Dieu lui envoya la maladie qui devait nous l’enlever.
Ma dernière visite à notre regretté confrère date du 19 septembre 1900, jour anniversaire de sa naissance. Les chrétiens avaient voulu que ce fût un jour de joie et de triomphe. En fêtant leur Père, ils célébraient aussi l’inauguration de la résidence et de la chapelle qu’ils avaient élevées au prix des plus grands sacrifices. Toute la ville, chrétiens et païens, était massée devant la maison du missionnaire pour la circonstance. Le sous-préfet lui-même s’était joint à la manifestation publique. Hélas ! le héros de la fête me parut changé et défait. La phtisie avait déjà altéré ses traits. Sur mes instances et celles des autres confrères, il consentit à se rendre à Séoul pour y suivre un traitement. De Séoul il fut envoyé à Hong-kong, d’où il partit pour la France en 1901. Nous ne le revîmes plus. Les chrétiens de Tou-hyep-i demandaient à chaque missionnaire qu’ils rencontraient des nouvelles de leur Père ; ils priaient pour sa guérison et attendaient impatiemment son retour, quand la nouvelle de sa mort arriva. Leurs regrets ont été aussi justes que sincères : ils savaient que M. Pailhasse les aimait, et ils lui rendaient fidèlement amour pour amour.
« M. Pailhasse revint au sanatorium de Montbeton, le 23 janvier 1903, écrit M. Sibers. Il « venait de passer toute une année au sanatorium d’Aubrac, et il voulut continuer d’appliquer « ici les principes thérapeutiques qu’on lui avait indiqués, particulièrement la vie au grand air. « Il descendait au parc et y passait une grande partie de la journée sur une chaise longue.
« Malheureusement pour lui, nous avons eu, cet hiver, quelques journées très froides et « d’autres remplies d’humides brouillards. Nous faisions observer au cher malade que la vie « au grand air dans de si mauvaises conditions était plutôt nuisible qu’utile à sa santé ; mais il « tenait à son principe et s’il remontait dans sa chambre, il en laissait les fenêtres ouvertes.
« Au commencement du mois de février, une épidémie de grippe courait dans le pays ; M. « Pailhasse en fut atteint. Il eut un peu de fièvre, perdit l’appétit et s’alita. Malgré tous les soins qui lui furent prodigués, le dégoût de toute nourriture augmenta sa faiblesse de jour en jour, au point de nous donner des inquiétudes sur une issue pro¬chaine.
« Il reçut les derniers sacrements dans la nuit du 6 mars, avec une admirable piété, bien disposé à accepter toutes choses comme le bon Dieu voudrait. Il fit même, pour sa mission qu’il aimait tant, le sacrifice de sa vie et se plaça dès lors en face de l’éternité.
« Son frère, curé dans le diocèse de Rodez, fut prévenu par dépêche et arriva le lendemain. Les dispositions de fervente piété que manifestait le cher malade l’édifièrent beaucoup, et l’hypothèse de la mort, dans des circonstances aussi favorables, était considérée par l’un et l’autre comme une grâce précieuse du bon Dieu.
« Lundi soir, 9 mars, vers neuf heures et demie, M. Pailhasse se trouva plus mal. M. Rêmes jugeant que c’était la fin, lui donna l’indulgence plénière in articulo mortis, et l’exhorta à mettre son âme entre les mains du bon Dieu et à s’unir d’intention aux prières des agonisants que nous allions commencer pour lui.
« Il avait encore sa pleine connaissance et nous remercia de la peine que nous prenions pour lui. Nous finissions les prières vers dix heures un quart, lorsque, après une nouvelle absolution, notre bon confrère rendit le dernier soupir. Requiescat in pace. »
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Références
[2077] PAILHASSE Camille (1868-1903)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1895, p. 36 ; 1896, p. 23 ; 1897, p. 30 ; 1899, p. 57 ; 1900, p. 45 ; 1901, p. 56. - A. M.-E., 1911, p. 212.
Notice nécrologique. - C.-R., 1903, p. 369.