Paul CHINCHOLE1873 - 1930
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2380
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1899 - 1930 (Yibin [Suifu])
Biographie
[2380] CHINCHOLE Paul, Auguste, est né le 17 janvier 1873 à Castanet, diocèse de Rodez (Aveyron). Il commença ses études au collège de Graves et les acheva au Petit Séminaire St Pierre à Rodez. Après une année au Grand Séminaire de Rodez, il entra aux Missions Étrangères, le 17 septembre 1893. Ordonné prêtre le 26 juin 1898, il reçut sa destination pour le Setchuen méridional, la mission de Suifu. Il s'embarqua le 3 août, et arriva à Shanghai. Il apprit que la route du Setchuen était fermée, à cause des brigands qui semaient la terreur; ils avaient même pris le Père Fleury en otage. Le Père Chinchole dut rester 4 mois à Shanghai.
Vint enfin le long voyage sur le Fleuve Bleu. Il le fit dans une barque bien étroite et peu confortable, et arriva à Suifu le 19 mars 1899, plus de 7 mois après son départ de Marseille. Il fut nommé à Suifu même, dans une paroisse du faubourg de l'ouest, pour y étudier le chinois. Dès le mois de novembre de la même année, il fut envoyé à Kong-Hien comme vicaire de M. Renault, avec qui il fit du bon travail.
En 1900, il fut nommé professeur au Séminaire de Ho-ti-keou, où il enseigna la philosophie, qu'il présentait à ses élèves dans un latin impeccable. Cette année de 1900 vit l'insurrection des Boxeurs. Le mouvement boxeur, après avoir détruit la belle station de Tse-Lieou-Tsin, se porta contre Ho-ti-keou, mais en vain; la population refusa de suivre. Grâce aux précautions prises par les missionnaires, le Séminaire était sauvé. M. Chinchole, par son courage, avait contribué à ce succès.
De 1901 à 1921, le Père Chinchole devint missionnaire de brousse, faisant de nombreuses conversions et de nombreux baptêmes. À la fin de 1921, il fut nommé supérieur du Grand Séminaire, transféré à Tiao-Houang-Leou, près de Suifu. Après avoir pris du repos à Hongkong, il prit charge du Séminaire et fit profiter les séminaristes de ses vastes connaissances, tant en théologie, qu'en Écriture Sainte et en Liturgie. Au mois de mars 1929, il sentit ses forces diminuer. Cependant, il resta à son poste jusqu'en juillet. Il s'en alla alors se faire soigner à Chungking.
En mai 1930, il connut un léger mieux, mais fin septembre, il retomba dans des crises douloureuses. Le dimanche 2 novembre, le pouls devint très faible. Le 4 novembre 1930, il expira tout doucement. Sa mort eut lieu à Béthanie, de Hongkong, où il était venu pour ses derniers jours. Il fut inhumé après le chant d'une Messe de Requiem.
Nécrologie
[2380] CHINCHOLE Paul (1873-1930)
Notice nécrologique
M. CHINCHOLE (Paul-Auguste), né le 17 janvier 1873 à Sever, commune de Castanet (Rodez, Aveyron). Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères, le 17 Septembre 1893. Prêtre le 26 juin 1898. Parti pour le Sutchuen Méridional, le 3 août 1898. Mort à Hongkong le 4 novembre 1930.
Le désir le plus cher du missionnaire est de peupler le ciel de nombreux élus qui loueront Dieu pendant l’éternité ; et quand, à son tour, il est appelé à la récompense, ses amis devraient uniquement, semble-t-il, prendre part à sa joie et à son bonheur. Mais ceux qu’il laisse dans l’arène, à la vue de tant d’âmes qui les attendent pour entrer dans la voie du salut, sentent le poids du labeur de plus en plus lourd, et ils regrettent celui qui travaillait si bien à leurs côtés : tels sont les sentiments que nous inspire la mort prématurée de notre cher M. Chinchole.
Paul-Auguste Chinchole naquit dans la paroisse de Castanet, au diocèse de Rodez, le 17 janvier 1873 ; il était le dixième de 13 enfants, et comme les trois derniers moururent au berceau, il était censé le plus jeune de la famille. Ce qu’était cette famille vraiment patriarcale, nous le savons par une Revue du pays relatant en 1898 une scène sublime, où un beau vieillard de 82 ans contemplait radieux son plus jeune fils assisté à l’autel par ses frères, prêtres comme lui ; et l’on vit couler plus d’une larme, ajoute le narrateur, lorsqu’une voix mâle, mais sympathique, entonna le cantique du départ : on savait que le jeune prêtre allait s’embarquer bientôt pour le Setchoan Méridional tout au fond de la Chine, pour y continuer l’œuvre des Apôtres. Sa mère, enlevée de bonne heure à l’affection de ses enfants, le contemplait du haut du ciel et recevait en ce moment une nouvelle récompense pour avoir donné à Jésus-Christ un continuateur de son œuvre parmi les hommes.¬
Notre confrère commença ses études au collège de Graves et les acheva au Petit Séminaire de Saint-Pierre à Rodez ; après une année au Grand Séminaire, il entra laïque au Séminaire des Mis¬sions-Etrangères le 17 septembre 1893. Un de ses condisciples de Paris, qui fut aussi son compagnon de voyage au Setchoan, nous fait de lui un portrait que nous estimons fidèle après avoir vécu longtemps avec lui en Mission : Quand on parle des rudes enfants du Rouergue, on ne peut s’empêcher de leur appliquer le mot du Cardinal Bourret les comparant « au granit de leurs montagnes ». Ils en ont la solidité et souvent aussi 1’âpreté. Au physique et au moral, M. Chinchole semblait vraiment avoir été taillé dans le roc ; chez lui tout paraissait raide et anguleux, et pourtant il savait, à force de vertu, se montrer aimable et toujours serviable. Au Séminaire, il portait dans sa conduite, dans ses études, dans ses exercices de piété et dans ses relations avec ses confrères, une gravité, un sérieux, une ponctualité et en même temps une aménité, qui lui gagnaient l’estime et l’affection de tous. Ne se contentant pas des leçons vues dans ses cours, il compulsait volontiers le gros in-folio, les textes des Pères ; aussi pouvait-il déjà, comme plus tard en mission, répondre aux difficultés parfois sérieuses qu’on lui soumettait.
Ordonné prêtre le 26 juin 1898, il reçut sa destination pour le Setchoan Méridional, aujourd’hui Mission de Suifu. Le départ de Paris eut lieu le 3 août, celui de Marseille le 7 Durant la traversée, alors que le terrible roulis bouleverse les estomacs et aussi les caractères, M. Chinchole, toujours maître de lui-même semblait oublier ses propres indispositions pour tâcher de soulager ses confrères.
Une dure épreuve attendait nos voyageurs à leur arrivée à Shanghaï : la route du Setchoan leur était fermée, au moins provisoirement le fameux Yu-Man Tse, chef de brigands qui semait la terreur dans plusieurs sous-préfectures, s’était emparé de M. Fleury, missionnaire de Chungking, et le retenait comme otage ; toute la province était dans l’agitation, la prudence conseillait de remettre à plus tard le départ des jeunes missionnaires pour l’intérieur ; ils durent attendre à Shanghai quatre mois bien longs. Ils en profitèrent pour visiter à loisir les Concessions, la ville chinoise et ses environs ; M. Chinchole, prudent comme il l’était, savait éviter à tous les aventures fâcheuses. Vint enfin le long voyage sur le Fleuve Bleu. La réclusion dans une barque étroite et peu confortable exposait souvent certains tempéraments à des sorties dangereuses : tel qui s’était aventuré trop loin des bords du fleuve faillit être assommé par un Chinois, tel autre se perd dans les terres ¬et couche à l’hôtel de la « Belle-Etoile « ; plus d’une fois, sans offenser personne, M. Chinchole fait entendre la voix de sa prudence accoutumée.
On arriva enfin à Suifu le 19 mars 1899, plus de sept mois après le départ de Marseille .M. Chinchole s’était arrêté à La-Ky, où pendant deux mois il tint compagnie à M. Chareyre, alors malade. Puis il fut placé à Suifu même, dans la paroisse du faubourg de l’ouest, pour y étudier la langue. Et dès le mois de novembre de la même année, il était envoyé à Kong-Hien comme vicaire de Renault ; celui-ci, missionnaire ardent, sinologue d’avenir, forma plusieurs jeunes missionnaires, et de bonne manière ; M. Chinchole fut son premier disciple ; ayant les mêmes goûts, aimant le travail et la règle, ils firent à eux deux d’excellente besogne.
En 1900, M. Chinchole fut nommé professeur au Séminaire de Ho-ti-keou. Notre jeune missionnaire était apte à cette fonction aussi bien qu’à toute autre : caractère bien trempé, intelligence supérieure, application constante et méthodique, avec une main peut-être un peu trop ferme, mais que l’expérience et le temps finiraient par adoucir, tout faisait pressentir en lui le parfait supérieur d’un séminaire. Il fut chargé du cours de philosophie ; l’auteur que l’on suivait alors ne donnait, dans un latin concis, que la quintessence de cette science déjà si ardue en elle-même ; le Supérieur fut étonné de voir son jeune collabotateur se mouvoir avec
aisance au milieu des notions les plus abstraitses.
Cette année 1900, on s’en souvient, la Chine chrétiennne vécut l’horrible tragédiedes Boxeurs : la vieille impératrice douairière, et ses haineux conseillers se promettaient d’anéantir tous les étrangers avec leurs adeptes les chrétiens. Perdus au fond de la Chine, sans espoir de secours, nous devions être tous massacrés ; mais la divine Providence déjoue souvent de manière inattendue les projets des hommes : les Vices-Rois des provinces de la vallée du Fleuve Bleu, plus avisés, refusèrent de se lancer dans une équipée dont ils prévoyaient les conséquences désastreuses pour leur pays en attendant, la province du Setchoan s’agitait ; Mgr Chattagnon, se rendant compte du danger, crut nécessaire de faire la part du feu : il fit descendre à Shanghai un certain nombre de ses missionnaires ; ceux qui restaient sur la brèche, confiants en Dieu, attendirent les événements. Le Séminaire de Ho-ti-keou, détruit par la persécution de 1895, avait été reconstruit ; en 1898, on avait dû l’évacuer par crainte des bandes de Yu-Man-Tse ; réoccupé de nouveau, il avait été mis en état de défense par les soins du Supérieur, qui pressentait de nouvelles alertes ; le mouvement boxeur, après avoir détruit la belle station de Tse-Lieou-Tsin se porta contre Ho-Ti-Keou, mais en vain ; la population refusa de suivre : grâce aux précautions prises par les mission-
naires, le Séminaire était sauvé. M. Chinchole, dans la circontance, avait payé de sa personne et s’était affirmé l’âme de l’établissement menacé ; plus d’une fois au cours des trente années écoulées depuis, il se trouvera exposé aux mêmes dangers, et toujours il les regarda bien en face avec le même calme, et la même confiance en Dieu.
De 1901 à 1921, M. Chinchole occupa plusieurs postes de missionnaire « missionnant ». Partout il se dépensa consciencieusement ; son esprit d’ordre et sa nature droite ne pouvaient supporter les abus ; aussi ses successeurs avaient-ils la besogne facile, souvent il apportait une des plus belles gerbes de baptêmes au compte rendu annuel. A la fin de 1921, il fut nommé Supérieur du Grand Séminaire transféré à Tiao-Houang-Leou, près de Suifu, dans de beaux bâtiments élevés par M. Puech ; mais, avant d’en¬trer dans ses nouvelles fonctions, il demanda quelques mois de congé de repos ; il les passa à Hongkong, et profita de ce loisir pour s’instruire sur l’organisation et la direction des Séminaires en Chine.
Plus de vingt ans de ministère actif lui avaient donné une expérience consommée, et, quant aux vrais principes, il les connaissait à merveille, la théologie, le droit canon, les sciences ecclésiastiques, n’ayant pour ainsi dire plus de secrets pour lui ; même dans le dédale des rubriques, il ne s’égarait jamais, et c’était un plaisir de l’entendre donner, sans hésitation comme sans pédantisme, une solution claire aux questions les plus embrouillées.
Ces dernières années, les étudiants chinois étaient devenus fort turbulents, voire bolchevisants. Les jeunes lévites eux-mêmes n’avaient pu se défendre tout à fait de l’envahissement de l’esprit nouveau. Avec M. Chinchole, dont la vie exemplaire et la dignité extérieure inspiraient le respect et dont la main ferme prévenait tout écart, le meilleur esprit régna toujours dans notre Séminaire ; cette maison, était son élément, et il y serait encore si la maladie n’était venue l’en arracher pour le conduire au tombeau.
Au mois de mars 1929, il sentit ses forces diminuer ; il resta pourtant à son poste jusqu’aux vacances de juillet. Il descendit alors à Chungking, persuadé que le médecin le remettrait vite sur pied et qu’il pourrait être de retour à la reprise des cours. Il était bien tard, le mal avait fait déjà de grands ravages ! Il fut obligé de se rendre à Hongkong ; il n’y trouva pas de soulagement espéré, et le mal ne fit qu’empirer : l’albuminurie l’épuisant, le cœur sur¬tout fonctionnait mal, il s’affaiblissait rapidement ; des étouffements survinrent, si violents qu’on dut lui administrer l’Extrême-Onction. Il parvint cependant à surmonter la crise et, très lentement il est vrai, se sentit revenir à la vie. Depuis la fin de mai 1930, il avait retrouvé l’appétit et le sommeil ; l’amaigrissement se réduisait peu à peu ; enfin le 5 août, il reprenait la célébration de la sainte messe, si bien qu’il put se faire illusion et espéra pouvoir s’embarquer pour la France, où l’air natal et Notre-Dame de Lourdes lui rendraient certainement la santé...
Tout alla bien jusqu’à la fin de septembre ; soudain la malaise reparut et, malgré les soins, malgré les remèdes, ne fit qu’empirer. Notre malade demanda à recevoir de nouveau l’Extrême-Onction, elle lui fut donnée le 25 octobre, après qu’il eût reçu le saint Viatique. M. Marie l’assista constamment et nous donna plus tard tous les détails concernant les derniers jours et la mort de notre confrère :
« Le 31, nous écrit-il, le docteur le vit pour la dernière fois et me dit qu’il n’y avait plus rien à faire, sauf lui continuer les injections d’huile camphrée pour soulager l’oppression des poumons. A partir du 1er novembre, le Père n’avait plus guère sa connais¬sance que d’une façon intermittente et ne prenait plus qu’un peu d’eau sucrée. Il ne pouvait plus parler, et cependant il essayait encore de faire des signes de croix en multipliant les oraisons jaculatoires.
« Le dimanche 2 novembre, vers 10 heures du matin, le pouls devint très faible. Je fis venir les ccnfrères présents à Béthanie et tous ensemble nous récitâmes les prières des agonisants. La crise fut courte. Le 3, après notre visite au cimetière, les confrères de Nazareth, avec Mgr Deswazières, vinrent le visiter. Il les reconnut tous et leur sourit ; puis, mettant un doigt sur ses lèvres, il leur signifia qu’il ne pouvait plus parler.
« Rien de spécial dans la nuit du 3 au 4, ni dans la matinée du 4, sauf qu’il ne pouvait plus expectorer que difficilement. Dans l’après-midi, la respiration devint plus pénible et, dans la soirée, il gémissait plus fort que les jours précédents. A 9 heures du soir, la respiration était plus fréquente, mais le pouls se maintenait assez bon. Je m’étendis sur le canapé, ne pensant pas que la fin fût si proche. Vers 10 h. 25, je me rendis compte qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Je me levai immédiatement, et je vis que le Père se mourait. Je lui donnai une dernière absolution et je récitai les prières de l’expiration ; à 10 heures et demie, tout était fini, au moins extérieurement. Notre confrère est mort très doucement, comme quelqu’un qui s’endort, sans secousse aucune, et même sans avoir éprouvé la sueur qui couvre ordinairement le corps des mourants.
« L’inhumation a eu lieu le 6 dans la matinée, après la récitation des Matines et des Laudes et le chant de la messe de Requiem. Le célébrant fut son compatriote M. Joseph Esquirol, assisté de M. Bober, de la même ordination que lui, comme diacre, et de M. Lucas, de la Mission de Taikou, comme sous-diacre. Deux pères Dominicains, quatre Sœurs de Saint-Paul, deux Sœurs de Maryknoll, et un grand nombre de chrétiens du Vieux-Nazareth, assistaient à la cérémonie. Le sacre du nouvel Evêque de Chaokouan, successeur de Mgr Versaglia, par Mgr Costantini, avait empêché les Pères italiens et Salésiens de se joindre à nous.
« Le long séjour de M. Chinchole à Béthanie a été vraiment une magnifique préparation à la mort. Il a supporté toutes ses souffrances et ses nombreuses infirmités avec beaucoup de patience et de générosité. Au plus fort de la maladie, je ne l’ai pas vu man¬quer de patience ni se plaindre, il était très facile à soigner, point exigeant du tout. Espérons que tout cela lui aura valu de faire son purgatoire en ce monde, et que dès maintenant il jouit du bonheur des Bienheureux. »
Ce dernier détail est bien consolant ; mais, ce que le bon M. Marie ne dit pas, c’est le dévouement inlassable avec lequel, pendant plus d’un an, il a prodigué à notre cher malade les soins continuels que réclamait son état toujours grave. Ses mérites sont inscrits au Livre de vie, mais nous sommes heureux de lui exprimer ici toute notre reconnaissance.
Références
[2380] CHINCHOLE Paul (1873-1930)
Références bibliographiques
AME 1898 p. 233. 1899 p. 96. 1909 p. 36. 37. 1931 p. 45. CR 1898 p. 272. 1902 p. 109. 1903 p. 99. 1904 p. 109. 1905 p. 70. 1906 p. 89. 1908 p. 88. 1917 p. 48. 1918 p. 33. 34. 184. 1922 p. 48. 1923 p. 64. 1924 p. 45. 1925 p. 53. 1927 p. 51. 1929 p. 72. 1930 p. 333. BME 1924 photo p. 798. 1929 p. 621. 680. 1931 p. 145. EC1 N° 209.