Jean-Baptiste DEGEORGE1874 - 1926
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2409
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1898 - 1926 (Hanoi)
Biographie
[2409] Jean-Baptiste DEGEORGE naquit le 9 mars 1874, à Lyon, paroisse St. Polycarpe, rue Vieille Monnaie, département du Rhône, diocèse de Lyon. Il commença ses études de latin à l'école cléricale de St. Polycarpe, continua ses études secondaires au petit séminaire de Verrières, puis passa au grand séminaire St. Irénée de Lyon où il reçut le sous-diaconat le 12 juin 1897.
Le 17 septembre 1897, il entra au séminaire des Missions Etrangères. Diacre le 26 juin 1898, il fut ordonné prêtre le 24 septembre 1898, reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique du Tonkin Occidental (Hanoï) qu'il partit rejoindre le 23 novembre 1898.
Après s'être initié à la langue viêtnamienne, Il fut envoyé comme vicaire chez M. JM.Martin, lequel, avec ses compagnons, était arrivé à Phong-Y, le 3 décembre 1898. Phong-Y, village muong, situé dans la sous-préfecture de Câm-Thuy, était ,à cette époque, le centre de tout le district Châu-Laos; les viêtnamiens y tenaient un gros marché, centre d'échange et de rencontre important entre ces derniers et les habitants des montagnes. M.Degeorge passa dans le Vicariat Apostolique du Tonkin Maritime (Phat-Diêm), lors de la création de ce dernier, le 15 avril 1901. En 1902, MM. Martin, Rey, Bourlet, Degeorge et Thuet travaillaient dans ce district du Châu-Laos.
Dans le courant de l'année 1905, M. Degeorge fut chargé du district de Yen-Khuong (Muong-Deng), en remplacement de M. Patuel obligé d'aller refaire sa santé d'abord au sanatorium de Hong-Kong, puis en France. De 1895 à 1902, Muong-Deng était resté sans missionnaire, car toute la région sortait d'une longue période de troubles et de massacres,dont celui de M. Verbier le 10 février 1895.
Dès son arrivée, depuis Muong-Deng, M.Degeorge visita son vaste district: Muong-Ha,Ban-Sum, Ban-Chieng vers le Nord-Ouest, Nhan-Ky à une journée de marche à l'est, et Lang-Chanh, puis vers le sud Muong-Jin. De Muong-Jin, franchissant en un jour et demi Muong-Mot et Muong-Kan, terres laotiennes, on parvient à Ban-Sang abandonné depuis le massacre de MM. Séguret et Antoine, puis à Ban-Hang. Il trouva quelques 120 chrétiens dispersés. En 1908, il notait dans son compte-rendu: Grâce à l'installation définitive des missionnaires à Muong-Deng, la confiance renait dans la population...Les villages se repeuplent. Les familles, chassées par les troubles antérieurs, reviennent au pays natal..." Cette même année, Il envoya à Phat-Diêm, puis au petit séminaire de Phuc-Nhac, dans l'espoir du sacerdoce, Kiem, enfant de ces montagnes, qui mourut au moment où il allait rentrer en quatrième.
M.Degeorge fut un correspondant apprécié des revues d'Ethnologie et de linguistique. Il donna, dans l"Anthropos de savantes études sur les moeurs, les coutumes et légendes Tây. Dans son ouvrage " A la conquête du Châu-Laos", sorti en 1925, et re-édité en 1927,il relata les difficultés, les efforts héroïques, et les sacrifices consentis par les missionnaires pour implanter la foi dans cette région.
Homme d'une profonde bonté, d'une constante énergie, M.Degeorge passa une vingtaine d'années parmi les Tays de la région de Muong-Deng, menant une vie laborieuse, discrète et effacée. Mais en 1924, sa santé étant gravement compromise, il se vit dans l'obligation de faire un séjour au sanatorium de Hong-Kong. Il profita de ce repos forcé pour mettre la dernière main à son livre "A la Conquête du Chau-Laos" .
Au cours de 1925, une opération chirurgicale révéla un cancer de l'estomac. Il écrivait alors: " Le Bon Dieu m'a fait deux grâces: celle de n'être pas du tout ému par ma condamnation à mort...et celle de pouvoir remonter dans ma forêt. Je lui en demande encore une: celle de finir mes jours parmi mes enfants d'adoption, et pour cela, de m'épargner de trop fortes douleurs finales ..." et le 20 avril 1926, dix jours avant sa mort, à des amis de France auxquels il demandait "de ne pas le laisser griller en Purgatoire": " Depuis le lundi de Pâques, écrivait-il, je file en grande vitesse vers l'Eternité.."
Le 2 mai 1926, à cinq heures et demie du matin, M. Degeorge s'éteignit doucement. à Muong-Deng (Yen-Khuong). Ses funérailles furent imposantes, tant par le concours empressé de la population que par la présence de ses chefs et celle de cinq missionnaires accourus malgré les distances.
Nécrologie
M. DEGEORGE
MISSIONNAIRE DE PHATDIEM ( TONKIN )
M. DEGEORGE (Jean-Baptiste) né à Lyon ( Lyon, Rhône ) le 9 mars 1874. Entré sous-diacre au Séminaire des Missions-Etrangères le 17 septembre 1897. Prêtre le 24 septembre 1898. Parti pour le Tonkin Occidental ( Hanoï ) le 23 novembre 1898. Au Tonkin maritime ( Phatdiem ) lors de la création de ce Vicariat apostolique en 1901. Mort à Muongdong le 2 mai 1926.
Le 2 mai 1926, à cinq heures et demie du matin, mourait un enfant de Lyon et de la paroisse Saint-Polycarpe, le R. P. Degeorge. C’était loin d’ici, dans la haute brousse des montagnes de l’Annam, à deux jours du poste français le plus rapproché, Baythuong, et au sein d’une tribu Tay, qu’il évangélisait sans désemparer depuis vingt ans, sa chère Tribu Rouge, au salut de laquelle il s’était donné corps et âme. Mais cette âme était assez grande et assez constante dans ses affections pour se vouer tout entière à sa patrie d’adoption et ne rien oublier de sa patrie d’origine ; il était resté nôtre de cœur. Aussi est-ce pour nous un devoir – bien doux, il est vrai – de sauver d’un total oubli cette modeste et belle figure de missionnaire lyonnais.
Né le 9 mars 1874, à Saint-Polycarpe, rue Vieille-Monnaie, baptisé le surlendemain, Joannès Degeorge reçut d’une mère profondément chrétienne l’empreinte dont elle marqua tous ses enfants : une indomptable énergie mise toute au service du devoir, de Dieu, mais voilée sous des dehors de douceur et de discrétion allant jusqu’au silence et à l’effacement.
Qui le vit, jeune latiniste, à l’école cléricale de Saint-Polycarpe, au petit séminaire de Verrières, ou au grand séminaire de Saint-Irénée le reconnaîtrait facilement, malgré les années, dans ses différentes photographies de missionnaire, à son regard clair et franc, et surtout à ce demi-sourire qui errait constamment sur ses lèvres, mais qui donnait quelquefois à penser à qui ne le connaissait pas. « On dirait toujours que ce petit monsieur se moque de son professeur », prononçait un de ses maîtres, trompé par les apparences.
C’est, je crois, après son sous-diaconat, le 12 juin 1897, qu’il partit au séminaire de la rue du Bac. Diacre le 27 juin 1898 et prêtre le 24 septembre de la même année, il revint à Lyon « dire adieu pour cette vie » à sa mère, à sa sœur, à ses anciens condisciples qui étaient tous et restèrent ses amis très fidèles. Belle réunion où l’éclat qui brillait dans les yeux venait moins de quelque larme furtive que d’une admiration contenue chez les uns, et d’une joyeuse fierté chez le partant. Il s’embarquait, sans espoir de retour, pour la Mission du Tonkin maritime.
Il fut d’abord envoyé à Phongy comme vicaire du Père Martin, un compatriote et ami très cher. Sous cette paternelle direction, il s’initia rapidement à la langue et aux mœurs annamites. Passé maître, il fut envoyé à Muongdeng, stations en ruines, où il devait consumer ses forces et sa vie.
Son œuvre de missionnaire ? Un de ses confrères lui a consacré ; dans l’Avenir du Tonkin, un article dont voici quelques passages : « Arrivant à Muongdeng en 1906, le P. Degeorge y trouvait 120 chrétiens rescapés des massacres de 1884. En 1926, il en laisse près d’un millier. Œuvre de pionnier, résultat admirable en ce coin reculé de la haute brousse. » Ses moyens de conquête ? « La bonté rayonnait de toute la physionomie du P. Degeorge : elle passait dans ses paroles, dans ses jugements, dans ses procédés. Il y avait bonté, absolue bonté, non ingénuité. La perspicacité qui, en lui, s’alliait si bien, en face du devoir, à une constante énergie, était un autre trait dominant de sa nature. Toute sa vie s’écoula effacée, laborieuse parmi les Tay de la région de Muongdeng. Seules la retraite annuelle ou une convalescence imposée par les fièvres lui étaient une occasion de saluer au passage des confrères aimés. Tous étaient charmés par la vivacité de son esprit – il en avait et du meilleur – par la pondération de son jugement, la délicatesse de son commerce. »
« Correspondant apprécié de revues d’ethnologie et de linguistique, il donna, dans l’Anthropos, de savantes études sur les mœurs, les coutumes et légendes Tay. Son dernier ouvrage : « A la conquête du Chau-Laos, sorti des presses en 1925, est une relation émouvante des difficultés qu’eurent à vaincre, des sacrifices sanglants que surent consentir les missionnaires (24 y périrent, dont le dernier, le P. Verbier, en 1895) pour implanter la foi dans ces contrées déshéritées. »
« De 1895 à 1902, Muongdong resta sans missionnaire. L’ayant pris en mains en 1906, au sortir d’une longue période de troubles, ayant dû lui-même subir les effets d’une haine persistante et vu deux fois sa résidence incendiée, le P. Degeorge fut bien, par son effort inlassé, le véritable artisan de la transformation morale de la Tribu Rouge. »
A la retraite de janvier 1924, on trouva le P. Degeorge bien pâle ; lui se sentait bien faible. Un séjour prolongé au sanatorium de Hongkong n’améliora par sa santé : mais il en profita pour mettre la dernière main à son livre, et pour se longer jusqu’au cou dans les lectures et les pratiques de l’ascétisme. Et déjà le terrible cancer de l’estomac tenait sa victime. Une opération chirurgicale, au cours de 1925, découvrit le mal, ne permit aucun espoir, mais procura au père une rémission de six mois et la joie de pouvoir retouner dans sa Tribu Rouge dont il avait la nostalgie. « Le bon Dieu m’a fait deux grâces, écrivait-il, celle de n’être pas du tout ému par ma condamnation à mort ( je m’attendais à quelque chose de ce gence ) et celle de pouvoir remonter dans ma forêt. Je lui en demande encore une : celle de finir mes jours parmi mes enfants d’adoption et, pour cela, de m’épargner de trop fortes douleurs finales, ou du moins de me donner le courage de les supporter sans redescendre dans la plaine pour y chercher le secours des calmants. »
Il fut exaucé. La dernière lettre qu’il écrivit en France est du 20 avril, dix jours avant sa mort. Il y annonce sa fin imminente avec une belle sérénité et, dans le style familier qui lui servait à masquer son émotion, il demande à ses amis « de ne pas le laisser griller en purgatoire »
« Depuis le lundi de Pâques, je file en grande vitesse vers l’Eternité, vomissements continus, alimentation nulle. On a demandé un miracle à la petite Sœur Thérèse. Il paraît que ce n’est pas ce qu’il me faut. Fiat ! Je ne vois plus sur la terre que comme le voyageur, emporté par un express, voit le paysage. Je souhaite surtout de ne pas dérailler, de traverser au plus vite le tunnel du purgatoire pour arriver à la gare finale. Je viens de recevoir la visite des Pères Canilhac et Varengue et me suis fait administrer l’Extrême-Onction par des mains françaises. Et maintenant, allons-y. Vive Dieu ! et au revoir au ciel. »
Il conserva son sourire, semble-t-il, jusqu’au dernier souffle : « Le Père n’a pas trop souffert », écrivait son fidèle serviteur, témoin de ses derniers moments. Il s’éteignit doucement. J’imagine que son âme s’éveilla tout aussitôt, souriante au sein de la miséricorde divine. Ses restes mortels eurent des funérailles imposantes, tant par le concours empressé de la population que par la présence du chef de la tribu et celle des cinq missionnaires accourus malgré les distances. Mgr Marcou écrit à la sœur du cher défunt : « Les fruits de son ministère ne se termineront pas à sa mort. Le bon Dieu sera toujours honoré et glorifié sur cette Terre Rouge au milieu de laquelle rayonne la tombe de son meilleur apôtre. » Et à un autre correspondant : « Le P. Degeorge laisse le souvenir d’un prêtre pieux, zélé, tenace dans son effort, modeste et un peu timide. Il laisse dans la paroisse qu’il a fondée des chrétiens très instruits et à la foi solide. Il préférait au travail en étendue le travail en profondeur. Sa méthode est la vraie. Dieu veuille que nous possédions beaucoup de prêtres de sa valeur. »
A la paroisse de Pauline Jaricot, au diocèse qui vit naître l’œuvre de la Propagation de la Foi, de répondre magnifiquement à ce vœu d’apôtre et de soutenir leur vieille gloire. – (Semaine Religieuse de Lyon, du 17 septembre 1926.)
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Références
[2409] DEGEORGE Jean-Baptiste (1874-1926)
Bibliograhie
"A la Conquête du Chau-Laos", 25O page, Nazareth 1925.
in 8-°, 232 pages, 2ème édition 1927
"Légendes des Tây" dans Anthropos 1921 à 1928
"Proverbes, Maximes & Sentences des Thais" dans Anthropos 1927-28
Notes bio-bibliographiques
Missions Catholiques 27 p.335
DEGEORGE
Jean-Baptiste
(1874 - 1926)
[2409]
DEGEORGE Jean-Baptiste.
Références biographiques
AME 1899 p. 40. 1902 p. 322 (art.). 1906 p. 190. 1910 p. 211 (art.). 235 (art.). 239. 1912 p. 152 (art.). 1926-27 p. 160. 1929 p. 82 (art.). 1931 p. 88. 1936 p. 22. 104. CR 1898 p. 273. 1902 p. 180. 184. 1904 p. 175. 1905 p. 150. 1906 p. 160. 1907 p. 192. 1908 p. 170 sq. 1910 p. 169. 170. 1911 p. 158. 1912 p. 196. 1913 p. 208. 209. 1914 p. 80. 1915 p. 100. 1917 p. 88. 1918 p. 72. 74. 179. 1919 p. 74. 1921 p. 78. 79. 80. 1925 p. 95. 97. 1925 p. 105. 238. 1927 p. 173. 1928 p. 191. 1934 p. 140. 1937 p. 135. BME 1922 p. 172. 436. 705. 1926 p. 388. 1935 p. 318. MC 1927 p. 335. EC1 N° 108.
Bibliographie
"A la conquête du Chau Laos". 250 pages. Ed. Nazareth.
"Légendes des Tay". Anthropos. 1921 à 1928.
"Proverbes, Maximes et Sentences des Thais". Anthropos 1927-1928.
Mars 1995
Mémorial DEGEORGE Jean-Baptiste page