Félix CLÉMENT1874 - 1935
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2441
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1899 - 1915 (Pondichéry)
- 1919 - 1933 (Pondichéry)
Biographie
[2441] CLÉMENT Félix, naquit le 24 décembre 1874 à Lyon. Il fit ses études secondaires au Petit Séminaire St Jean. Il alla ensuite au Grand Séminaire de Philosophie. Après avoir reçu la tonsure, il entra au Séminaire des Missions Étrangères, le 9 octobre 1895. Il fut ordonné prêtre le 25 juin 1899, et partit le 26 juillet suivant pour la mission de Pondichéry.
Le 1er août 1899, il débarqua à Pondichéry. On le nomma au Grand Séminaire pour enseigner le dogme, mais il ne resta là que quelques mois. Il désirait travailler en paroisse. Son évêque, Mgr. Gandy, le nomma à Tindivanam, vicaire du Père Combes, sous la direction duquel il continua à apprendre le tamoul. Grammaire et dictionnaire tamouls ne quittèrent jamais ses mains. Après une conversation tamoule du Père Combes avec les gens, il s'empressait de noter les mots et les expressions qu'il ne comprenait pas. Mais sa mémoire plutôt défectueuse ne lui facilitait pas l'étude de cette langue compliquée. Néanmoins, il acquit une connaissance suffisante du tamoul pour voler de ses propres ailes.
Le district de Tindivanam fut divisé et un nouveau centre fut fondé à Minnur, à 22 km de Tindivanam. C'est là que fut envoyé M. Clément et que s'écoula toute sa vie missionnaire. Il trouva là un presbytère bien misérable, et une petite église. Il écrivit en France et obtint d'abord une bicyclette, nécessaire pour parcourir sa vaste paroisse. Puis il fit bâtir, comme église, une grande salle rectangulaire. À l'intérieur, il mit un autel, un chemin de croix et une statue reçue de France.
Après ces préoccupations matérielles, il s'occupa de ses pauvres Parias, nouvellement baptisés. Il les catéchisa et les amena peu à peu aux sacrements. C'est surtout sur les enfants que se portait sa sollicitude. Il avait aussi des catéchumènes. Il donnait des instructions à tous, un peu à la manière du curé d'Ars. Il expliquait le catéchisme par des images, répétait les mêmes choses plusieurs fois sous des formes variées, les interrogeait et agrémentait ses explications d'histoires tirées de la vie des Saints, d'exemples pris dans la nature. Les résultats de cette excellente pédagogie furent remarquables.
À 3 heures du matin, il était debout. Il célébrait la messe et repartait pour les villages chrétiens de sa paroisse. Il allait donner les derniers sacrements aux chrétiens souffrant de l'épidémie du choléra. Malheureusement, il contracta cette maladie, fut pris de diarrhée et de vomissements. Le docteur lui prodigua des soins et put arrêter diarrhée et vomissements. À l'évêché de Pondichéry, il passa une nuit calme, mais dès le lendemain matin, il repartit sur sa bicyclette, disant à un confrère qui voulait le retenir qu'il était possible que de nouveaux cas de choléra se soient déclarés au village et qu'il devait aller faire son devoir.
La grande guerre éclata en 1914. Il fut mobilisé en 1915 et versé comme infirmier dans les services auxiliaires. Il partit au front comme brancardier. Il donna, dans les Vosges, l'exemple d'une grande bravoure. Puis dès qu'il put, il revint en Inde et retrouva son poste de Minnur. Les dernières années de sa vie furent attristées par de dures épreuves. Un insecte venimeux le piqua de nuit pendant son sommeil. Ce furent alors des démangeaisons, puis des ulcérations sur tout le corps. Les médicaments finirent par faire disparaître la maladie. Mais il fut bientôt affligé d'une maladie plus grave : une tumeur cancéreuse du bulbe rachidien.
En avril 1933, il partit pour la France. Envoyé à Montbeton, il fut l'objet des plus grands soins, mais le mal empira et il mourut le 22 juin 1935.
Nécrologie
M. CLÉMENT
MISSIONNAIRE DE PONDICHÉRY
M. CLÉMENT (Félix), né le 24 décembre 1874 à Lyon (Rhône). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 9 octobre 1896. Prêtre le 25 juin 1899. Parti pour Pondichéry le 26 juillet 1899. Mort à Montbeton le 22 juin 1935.
M. Félix Clément naquit à Lyon le 24 décembre 1874. Son père était de vieille souche lyonnaise et ferme sur les principes ; il semble bien qu’il ne croyait qu’à la correction corporelle comme moyen de formation. Aussi l’enfance de notre futur missionnaire fut sévère et cette formation première le marqua pour la vie ; son âme se replia sur elle-même et il vécut d’une vie concentrée.
Ayant manifesté à ses parents le désir de devenir prêtre, il fut envoyé par eux au petit séminaire de Saint-Jean. Nous n’avons point de détails sur les neuf ou dix années qu’il y passa. Au Séminaire des Missions-Étrangères, il fut un aspirant régulier, laborieux, paraissant timide, tenace néanmoins dans les idées qu’il croyait justes. Il ne s’ouvrait qu’à quelques intimes, et ceux-ci furent les seuls à pouvoir apprécier en lui un fonds sérieux de piété et de franche cordialité qui se cachait sous des apparences plutôt froides et réservées. Ce caractère, il l’apporta en mission et le conserva toute sa vie.
Le 18 août 1899, il débarquait à Pondichéry. Dès son arrivée, il fut chargé du cours de dogme au grand séminaire, et en même temps d’une partie de la classe du brevet au petit séminaire-collège situé dans le même enclos. Il ne devait pas y faire un long stage ; ses désirs le poussaient ailleurs, et au bout de quelques mois ses vœux étaient exaucés. Mgr Gandy l’envoyait à Tindivanam, grand district de 5.000 nouveaux chrétiens dont M. Combes était chargé. Il se mit aussitôt à l’étude du tamoul. En dehors de son bréviaire qu’il disait à heure fixe et de ses exercices de piété qu’il accomplit toute sa vie avec la fidélité et l’exactitude d’un religieux, son unique occupation fut l’étude de la langue. Grammaire et dictionnaire tamouls ne quittaient pour ainsi dire pas ses mains ; il demandait souvent à son curé les explications que celui-ci s’empressait de lui donner. Il ne manquait jamais d’assister aux conversations de M. Combes avec ses chrétiens ; un crayon et un papier à la main, il notait les mots et les expressions dont il ne comprenait pas le sens. La conversation terminée, il cherchait mots et expressions dans son dictionnaire, et s’il ne les trouvait pas, il s’approchait de son confrère et ne se retirait qu’après avoir obtenu tous les éclaircissements désirés. Il aimait à causer avec le catéchiste ou avec les chrétiens, toujours son crayon et son papier à la main, mais sa mémoire plutôt défectueuse ne lui facilitait pas l’étude de la langue. Néanmoins, au bout d’une dizaine de mois, il avait acquis une connaissance suffisante du tamoul pour voler de ses propres ailes.
Le district de Tindivanam fut divisé et un nouveau centre de chrétiens fut fondé à Minnur, à vingt-deux kilomètres de Tindivanam. C’est là que fut envoyé M. Clément et que s’écoula toute sa vie de missionnaire. Il y trouva un presbytère bien modeste, une chapelle dont les murs étaient en terre et le toit en feuilles de palmier. Le chef de district ne se plaignit pas de sa misérable installation. Sa première visite aux chrétiens lui fit constater que pour bien s’acquitter de sa mission d’apôtre, il lui manquait trois choses : une bicyclette pour franchir les distances, une tente pour résider dans les villages sans pied-à-terre, et une église plus grande et plus décente que la pauvre étable de Bethléem qu’il avait à Minnur.
M. Clément était homme d’exécution. Il écrivit donc en France, et deux mois après, une « Hirondelle » avec pneus pleins arrivait à Minnur ; son heureux propriétaire l’essayait par une course à Tindivanam. Sourd aux avis de ses confrères, il ne voulut jamais changer son vieux « clou ». « Cela développe les jarrets, disait-il, et mate le corps qui a toujours besoin d’être châtié ; et puis on est sûr d’arriver. » La tente fut achetée d’occasion et l’église vint ensuite. Rien de somptueux ; une grande salle rectangulaire bien éclairée, tout à fait suffisante pour son troupeau. A côté de l’autel se trouvait une table sur laquelle était sa malle de partant avec tout le nécessaire pour la sainte Messe. Tel était avec les images du Chemin de la Croix et une statue reçue de France, tout l’ameublement de l’église de Minnur, et tel il resta jusqu’au départ de M. Clément.
Les soucis matériels ne lui faisaient pas oublier le plus important : le soin de ses néophytes. Presque tous étaient de pauvres parias récemment baptisés. Parmi eux, point d’anciens chrétiens pour leur donner l’exemple et les entraîner. Aussi, la vie spirituelle était-elle chez la plupart à l’état embryonnaire. Il fallait donc aller chercher les néophytes et les amener à l’église afin qu’ils assistent aux instructions catéchistiques, se confessent, entendent la messe et communient ce qui n’était pas toujours facile. Plusieurs villages semblaient irréductibles. Peu importe, il s’y rendait, plantait sa tente dans le voisinage, à l’ombre de quelque grand arbre et faisait appeler les néophytes. S’ils ne venaient pas à lui volontiers, il allait à eux et ne les quittait qu’après les avoir dûment catéchisés et réconciliés avec le bon Dieu. C’est surtout sur les enfants que se portait sa sollicitude et son dévouement. Il voyait en eux, et à bon droit, l’avenir du district, ce qui ne l’empêchait pas de prendre aussi un soin particulier de ses catéchumènes. Un de ses amis nous écrivait à ce sujet : « Les catéchismes de M. Clément, la préparation des enfants à la première communion et des catéchumènes au baptême, me rappelaient les instructions du St Curé d’Ars. C’était vraiment étonnant et édifiant de le voir se faire si bien écouter, si parfaitement comprendre de ces petites intelligences et de ces pauvres gens à la cervelle fruste ; il leur expliquait le catéchisme par des images, répétait les mêmes choses plusieurs fois sous des formes variées, les interrogeait et agrémentait ses explications d’histoires tirées de la vie des Saints, d’exemples pris dans la nature. Il parvenait ainsi non seulement à soutenir leur attention, mais à exciter leur intérêt. »
D’une énergie extraordinaire, il parcourait son district sur son vieux « clou » par tous les temps. L’appelait-on dans un village pour une Extrême-Onction ? Il s’y rendait immédiatement, et si la station était éloignée, il profitait de l’occasion pour rassembler les chrétiens de l’endroit ; il leur faisait une courte instruction préparatoire à la réception des sacrements et entendait les confessions jusqu’à une heure avancée de la nuit. Il s’étendait ensuite sur une natte, l’estomac lesté d’un maigre brouet que lui avaient préparé ses pauvres parias. A 4 heures du matin il était debout, célébrait la messe, communiait ses chrétiens et repartait. Le choléra éclata un jour dans l’un de ses villages. Il alla s’y établir aussitôt et y resta jusqu’à ce que l’épidémie eût cessé. Croyant le fléau disparu, il vint à l’évêché pour se confesser, ne se doutant pas qu’il portait en lui les germes de la terrible maladie. Le lendemain matin, le Procureur de la Mission rencontre son confrère marchant péniblement en s’appuyant aux murs. « Quoi, lui dit-il, vous avez l’air bien fatigué ? » – « Oui, je crois que c’est fini »», répondit-il. Le médecin fut appelé immédiatement ; mais avant son arrivée, une médication appropriée avait arrêté diarrhée et vomissements et atténué la violence des crampes. M. Clément resta au lit la soirée encore tout prostré par la secousse ; le lendemain, il put se lever et marcher un peu, mais il était très faible. Le jour suivant, le Procureur revenant de célébrer la messe apprit avec stupeur que l’intrépide apôtre était reparti sur sa vieille bicyclette, disant à un confrère qui voulait le retenir : « Il faut absolument que je parte, car il est fort possible que de nouveaux cas de choléra aient éclaté dans le village. » Or, cette chrétienté était à 32 kilomètres et les chemins pour s’y rendre des plus primitifs.
On discernait en lui une vie intérieure intense. Quand j’avais eu l’heureuse fortune de passer trois ou quatre jours avec lui, je m’en retournais chez moi animé de dispositions pareilles à celles que j’aurais puisées dans une retraite. Longtemps l’idée de se faire Trappiste avait hanté son esprit, et son directeur de conscience eut bien de la peine à lui faire abandonner ce projet. Désappointé, il se tourna quelque temps vers la Chartreuse, mais de peur que ce même directeur ne vint de nouveau mettre obstacle à ses desseins, il ne lui en souffla mot et écrivit directement au R. P. Prieur d’un monastère, qui lui répondit : « Votre vocation est belle et bonne, demeurez-lui fidèle et ne songez pas à nous. » Il n’insista pas, mais ses aspirations vers une vie de prière et de pénitence sont toujours restées vivaces en son âme. « Quel malheur, me disait-il, que je n’aie pas connu le Père de Foucault plus tôt, je serais certainement allé le rejoindre. »
Mobilisé en 1915, il fut versé comme infirmier dans les services auxiliaires, et peu de temps après, il partait au front comme brancardier. Sa compagnie se battait au Lingekopf dans les Vosges. L’unique fontaine qui existait dans les environs se trouvait à quelque 200 mètres et avait été repérée par l’ennemi qui l’arrosait copieusement d’obus et de jour et de nuit. Personne ne s’empressait d’aller à la corvée d’eau ; mais le brancardier Clément était toujours prêt à s’offrir pour remplacer les camarades qu’il voyait hésitants à l’appel de leur nom.
Dès qu’il le put, il s’empressa de revenir à son cher Minnur, et reprit avec une sollicitude et une ardeur nouvelles l’administration de ses néophytes et la conversion des païens. Les dernières années de sa vie furent attristées par de dures épreuves. Un insecte venimeux, comme il en est tant dans l’Inde, le piqua une nuit pendant son sommeil. Il s’éveilla aussitôt, éprouvant partout des démangeaisons insupportables. Des ulcérations apparurent sur tout le corps ; les unes et les autres disparaissaient ou se cicatrisaient pour faire place à d’autres. Il eut recours d’abord à des médecins indiens puis à des médecins européens. Leurs médicaments lui procurèrent d’abord quelque soulagement et le mal finit par disparaître. Mais bientôt M. Clément fut affligé d’une autre maladie plus grave : une tumeur au bulbe rachidien se révéla à l’examen radiographique. Aucune médication ne pouvait être efficace, et aucune opération n’était possible.
En avril 1933, il partait en France et était envoyé à notre sanatorium de Montbeton. Le mal empira. Il n’eut pas besoin d’entrer ni à la Trappe ni à la Chartreuse pour pratiquer la pénitence ; le bon Dieu avait largement exaucé ses désirs. Ses forces déclinèrent lentement jusqu’au moment ou l’Ange du Seigneur vint chercher son âme pour les demeures éternelles le 22 juin 1935.
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Références
2441 CLÉMENT Félix (1874-1935)
Références bibliographiques
AME 1899 p. 231. 1902 p. 140 (art). 1935 p. 238. CR 1899 p. 294. 1901 p. 240. 241. 1902 p. 258. 1903 p. 259. 1904 p. 250. 1905 p. 250. 1906 p. 237. 1917 p. 131. 132. 1918 p. 115. 1920 p. 75. 1922 p. 145. 1930 p. 313. 1935 p. 242. 340. BME 1931 p. 922. 1932 p. 305. 559. 1933 p. 314. 389. 472. 1935 p. 214. 605. EC1 N° 225. 236. 264. 279. 303. 317.