Petrus MARMONIER1876 - 1933
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2493
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1900 - 1933 (Osaka)
Biographie
[2493] MARMONIER Petrus, Charles, Henri, est né le 30 août 1878 à Lyon (Rhône), place St Pothin. Son père était industriel : il eut neuf fils et Petrus fut l'avant dernier. Dès sa tendre enfance, il fut envoyé au pensionnat de St Genis-Laval, tenu par les Petits Frères de Marie". Il y fit sa première communion à l'âge de 11 ans. De là, il entra au Petit Séminaire de Sainte Foy-Largentière. Le 15 septembre 1895, il entra laïque au Séminaire des Missions Étrangères. Tonsuré le 26 septembre 1896, il reçut les ordres mineurs le 26 septembre 1897. Sous-diacre le 23 septembre 1899, diacre le 10 mars 1900, il fut ordonné prêtre le 24 juin suivant. Destiné à la mission d'Osaka, il s'embarqua le 25 juillet.
Après quelques mois passés à l'évêché, il fut envoyé comme socius du Père Duthu, à Okayama. En 1904, rappelé à Osaka, il fut nommé à Tamatsukuri pour prendre en charge l'orphelinat de la Sainte Enfance. Il resta quinze années à la direction de cet orphelinat : il y établit une imprimerie contribuant ainsi au développement de la presse dans le diocèse. Nommé à Maizuru en 1919, il y remit à neuf l'installation du poste en reconstruisant l'église, la résidence, la salle de réunion et la maison d'habitation du personnel. En 1928, le Supérieur général le nomma directeur de la Maison de Nazareth à Hongkong. Il y alla par obéissance, mais il ne put s'acclimater et demanda à revenir au Japon. Il retrouva en 1930 son poste de Maizuru. Vers la fin de 1931, un nouveau poste fut fondé à Kôri, entre Osaka et Kyoto. Le Père Marmonier y fut envoyé. Tout était à faire. Ses aptitudes pour la musique, son goût pour le dessin, la peinture, les arts mécaniques lui furent toujours de précieux secours dans ses entreprises. C'est pendant son ministère à Kôri qu'il publia deux brochures d'apologétique : la première "L'Ami des malades" et la seconde "Credo". Malheureusement, la maladie eut raison de lui : le 16 avril 1933, le jour de Pâques, le Père Marmonier fut frappé d'une congestion cérébrale, et expira sans reprendre connaissance. Il est inhumé dans le cimetière catholique d'Osaka.
Nécrologie
M. MARMONIER
MISSIONNAIRE D’OSAKA
M. MARMONIER (Petrus) né le 30 août 1876 à Lyon (Lyon, Rhône). Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 15 septembre 1895. Prêtre le 24 juin 1900. Parti le 25 juillet 1900 pour la Mission d’Osaka. Mort à Kôri le 16 avril 1933.
Petrus Marmonier, l’avant-dernier des neuf fils qui devaient orner le foyer d’un industriel lyonnais, naquit le 30 août 1876. Pendant que son père, tout entier à ses occupations et à ses affaires, négligeait quelque peu ses devoirs religieux, sa mère, par contre, montrait une piété exemplaire. Désireuse de voir l’un de ses enfants se consacrer au service des autels, elle était allée jusqu’à désigner son élu à elle ; ce n’était point Petrus, qui ne tarda pas à s’apercevoir que les préférences maternelles n’allaient pas de son côté ; mais il avait l’âme trop élevée pour en être chagriné, et voua à sa mère un culte qui devait durer autant que sa vie.
Dès l’âge de sept ou huit ans, il est envoyé avec trois de ses frères dans le pensionnat de Saint-Genis-Laval, tenu par les petits Frères de Marie. De cette époque datent ses premières leçons de violon, instrument qu’il mania dans la suite avec une habileté et un art qui le firent apprécier par les connaisseurs d’Okayama.
Ce fut également dans cette institution qu’il fit sa première communion à l’âge de onze ans ; jour mémorable où il entendit le premier appel du Divin Maître au sacerdoce et à l’apostolat. Ne le vit-on pas en effet au sortir d’une action de grâces, faite dans des sentiments que l’on peut deviner, se précipiter au cou de sa mère en lui disant : « Maman, je serai prêtre, je serai missionnaire. » Et la mère, au milieu de larmes arrachées par la joie et l’émotion, d’acquiescer à la demande extraordinaire de son enfant. Un mois plus tard c’est la confirmation, reçue des mains de Monseigneur Lamaze, Vicaire Apostolique en Océanie, circonstance qui ne pouvait qu’aviver cette vocation naissante.
Saint-Genis-Laval ne devait être qu’une étape dans l’enfance de Petrus. L’enseignement du latin ne figurant pas au programme des études de cette Maison, il ne pouvait être question, pour un aspirant au sacerdoce, d’y prolonger son séjour trop longtemps. Le jeune étudiant manifestant le désir d’entrer dans un petit séminaire, on lui laissa le choix entre celui de Lyon, à portée de sa famille, et celui de Sainte-Foy-Largentière, à quarante kilomètres de la ville. Cette dernière institution, par le fait même de son éloi¬gnement, obtint ses préférences ; c’était, pensait-il, un acheminement, une préparation aux séparations définitives qu’il devrait s’imposer plus tard.
A Largentière, Petrus ne fut pas précisément un sujet brillant. Sa mémoire défectueuse ne lui permit pas l’accès des premières places, et il se classa parmi les élèves moyens ; mais il est à croire que sa modestie n’en souffrit pas beaucoup. En revanche ses progrès dans la piété furent tels, qu’il gagna l’admiration et l’estime de ceux qui l’approchaient.
Son désir d’orienter sa vie vers l’apostolat dans les pays païens, au lieu de s’atténuer avec le temps ne fit que s’accentuer, au point que ses camarades de classe ne l’appelaient plus que « le petit missionnaire ».
En septembre 1895, le jeune Marmonier voyait ses rêves se réaliser par son admission au Séminaire des Missions-Étrangères. Tous les confrères qui l’ont connu alors, soit à Bel-Air, soit à la rue du Bac, ont gardé de lui le souvenir d’un aspirant foncièrement pieux, affable et scrupuleux observateur de la règle jusque dans ses moindres détails. C’est d’ailleurs sous ce jour qu’il paraîtra et restera au cours de sa carrière de missionnaire.
Ordonné prêtre le 24 juin 1900, il s’embarqua en juillet pour Osaka, où il arriva au mois de septembre de la même année. Il passa quelques mois à l’évêché, et reçut du Père Nagata les premières notions de japonais ; mais c’est à Okayama qu’il doit se rendre pour se former à la vie apostolique, sous la direction de M. Duthu. Son stage accompli, il revient à Osaka, pour diriger l’œuvre de la Sainte-Enfance, établie à Tamatsukuri ; il y reste quinze ans (1904-1919), se dépensant sans compter aux enfants dont on lui a confié la formation chrétienne. La bonté et la douceur, ses qualités distinctives, s’alliaient fort bien avec la fermeté nécessaire à la bonne marche d’un établissement de ce genre ; à l’heure présente, ces jeunes gens disséminés de divers côtés, et devenus chefs de famille, songent encore avec émotion à celui qui consacra les plus belles années de sa vie à leur éducation chrétienne.
C’est pendant cette période qu’il établit une imprimerie et contribua au développement de l’œuvre de la Presse dans le diocèse d’Osaka, et même dans tout le Japon. Ses aptitudes pour la mu¬sique, son goût pour le dessin, l’architecture, la peinture et même les arts mécaniques, lui furent d’un précieux secours dans ses entreprises ; de même que ses ressources personnelles lui permirent de donner à l’ornementation de son église et aux cérémonies du culte, un éclat rarement atteint en pays de mission. Il y a vraiment lieu de s’étonner en voyant le timide M. Marmonier faire ¬preuve de tant d’activité, se lancer dans tant d’œuvres diverses et les diriger de main de maître.
Cependant tout a une fin ; malgré sa bonne volonté et en dépit de son énergie, vint le jour où ses forces firent défaut ; sa santé, toujours plus ou moins précaire, exigea pour se rétablir un repos prolongé. C’est à la Trappe du Hokkaïdo qu’il voulut le prendre au printemps de l’année 1919.
Son rôle à Tamatsukuri a pris fin ; il n’y rentrera que pour faire ses malles et les transporter à Maizuru, port militaire sur la côte-ouest. Moins absorbant que la direction d’une Sainte-Enfance, son nouveau champ d’action est encore assez vaste pour qu’il puisse donner libre cours à son zèle ardent, et travailler autant que ses forces le lui permettent. M. Marmonier, aidé par des catéchistes tout dévoués, y forma d’abord une chrétienté exemplaire. En même temps il s’occupa très activement des affaires matérielles du poste, et peu à peu remit complètement à neuf l’installation de Maizuru, en reconstruisant la chapelle, la résidence, la salle de réunion et la maison d’habitation de son personnel. Pour parer à toutes ces dépenses, il reçut un secours de la Mission, mais surtout il dépensa largement son propre argent, et le fit avec une générosité si simple et si délicate qu’il n’y eut guère que le bon Dieu et son évêque à le savoir. Par ses soins également, un jardin bien entre¬tenu étala ses parterres de jolies fleurs à l’entrée de son enclos, ce qui contribua à amener beaucoup de visiteurs à la Mission.
C’est que pour attirer les âmes et les conduire à Notre-Seigneur, il ne dédaignait aucun des moyens qui s’offraient à lui. Visites à domicile, conférences avec projections, cinéma et lanterne magique, diffusion de livres et de brochures, cours de religion, rien ne l’arrêtait quand la cause de Notre-Seigneur était en jeu. Il usait de toutes les ressources mises à sa disposition pour faire œuvre d’évangélisation ; tout en étant un modèle de vie intérieure, M. Marmonier fut un grand semeur et un modèle de vie apostolique.
En 1921, la mort de son père, et le règlement des affaires de succession lui donnèrent l’occasion de revoir la France. Il y retrouva sa sainte mère, et eut la consolation de lui fermer les yeux avant de regagner le Japon où son cœur demeurait attaché.
Il se trouvait encore à Maizuru quand Mgr le Supérieur Général de la Société le nomma directeur à la Maison de Nazareth. M. Marmonier comprit tout de suite qu’à cause du mauvais état de sa sauté, il ne pourrait pas tenir longtemps à Hong-kong, ni y rendre tous les services qu’on attendait de lui. Il se fit un devoir de l’exposer en toute franchise à qui de droit, en ajoutant que finalement il s’en remettait à la décision de ses Supérieurs, la considérant comme l’expression de la volonté de Dieu. En conséquence, M. Marmonier partit pour la Maison de Nazareth, à titre d’essai, en février 1928, avec cette réserve que, si sa santé en souffrait, il aurait toute liberté pour rentrer dans sa Mission. L’essai fut donc tenté avec toute la bonne volonté et toute la générosité dont notre confrère était capable. Mais devant les difficultés éprouvées pour se faire au climat de Hong-kong, il fut, après deux années d’absence, contraint de regagner sa chère Mission d’Osaka. Il ne put rentrer à Maizuru qu’en octobre 1930, après avoir pris un repos nécessaire de 6 mois chez son ami, M. Bousquet.
Vers la fin de 1931, un nouveau poste est fondé à mi-chemin entre Kyôto et Osaka, dans la localité de Kôri, où les Sœurs de Nevers viennent de construire une grande école pour jeunes filles ; M. Marmonier est nommé titulaire de cette nouvelle station. Là, comme toujours, il se met au travail sans tarder, ne compte point les dépenses, car il s’agit d’installer un nouveau poste ; puis fonde une école enfantine, moyen des plus efficace pour entrer en relations avec les mamans d’alentour. Moins de 18 mois de séjour avaient suffi à M. Marmonier pour établir magnifiquement le poste de Kôri, y organiser sérieusement le travail d’évangélisation et gagner la sympathie des nombreuses familles païennes qui résident aux environs de la Mission catholique.
En se dépensant ainsi sans mesure au développement des postes qui lui furent successivement confiés, notre confrère n’était cependant pas de ceux dont le champ visuel s’arrête aux limites de leur paroisse. Sa pensée comme ses prières volaient vers ces multitudes qui habitent le Japon, car il aurait voulu les amener toutes à la connaissance de la Vérité. Dans le but d’atteindre les plus déshérités, il publia « L’ami des malades », et le « Credo », ouvrages d’apologétique, qu’il distribua de divers côtés. Puis, dans le but de propager le culte du Sacré-Cœur au sein des familles catholiques, il fit reproduire une gravure qu’il donna à tous ceux qui la désiraient.
Nous arrivons ainsi à la fête de Pâques du 16 avril 1933, qui devait marquer la date de son départ pour le ciel. Suivant son habitude, M. Marmonier s’était levé ce jour-là à quatre heures du matin, et était allé ensuite à la chapelle pour y faire sa méditation, la plume à la main, comme l’attestent les notes trouvées après sort décès.
Un prêtre japonais, le Père Yamanaka, se trouvant à Kôri, notre confrère avait profité de la circonstance pour célébrer la sainte Messe à 7 heures chez les Religieuses de Nevers, et, après son déjeuner, était revenu à la chapelle pour administrer quelques baptêmes d’adultes. Rentré à la sacristie, et encore revêtu du surplis, il repassait une dernière fois le sermon qu’il devait prêcher à la Grand’Messe, quand on le vit s’appuyer sur le meuble pour éviter de tomber. Il venait d’être frappé d’une attaque d’apoplexie foudroyante.
A ce moment, le Père Yamanaka, qui allait revêtir les ornements pour chanter la Messe, prit M. Marmonier dans ses bras, et l’étendit sur le plancher ; puis, pendant qu’un médecin et une sœur infirmière prodiguaient leurs soins au malade, il lui donna une dernière absolution, l’Extrême-Onction et l’indulgence plénière.
Deux docteurs de la Faculté de médecine de Kyôto, dont l’un était lié d’amitié avec M. Marmonier, furent aussitôt appelés par téléphone ; ils arrivèrent en automobile et firent l’impossible pour sauver notre confrère. Tout fut inutile ; le missionnaire expira deux heures plus tard sans avoir repris connaissance.
M. Marmonier était apprécié de tous ceux qui le connaissaient, et qui étaient unanimes à dire : « Un saint vient de mourir, nous comptons un protecteur de plus au Ciel ». Il est certain que, sous tous les rapports, le cher défunt a toujours été un ouvrier apostolique exemplaire et, à un tel point, qu’il est réellement difficile de trouver chez lui quelque défaut.
Modeste, cherchant sans cesse à s’effacer, passant la plus grande partie de ses journées, soit devant le Saint-Sacrement, soit penché sur des livres de spiritualité, il donnait l’impression d’un religieux voué à la vie contemplative.
Ses funérailles eurent lieu le mardi de Pâques dans la chapelle de Kôri, présidées par Monseigneur l’évêque d’Osaka, en présence des missionnaires, des Religieuses, des Frères de Marie et d’un grand nombre de chrétiens, voire même de païens.
En attendant la résurrection glorieuse, M. Marmonier repose au cimetière catholique d’Osaka, à côté de l’évêque qui l’accueillit au moment de son arrivée au Japon, de son ancien curé d’Okayama, et auprès de plusieurs confrères avec qui il a travaillé dans la plus grande fraternité, union et charité à l’extension du règne de Notre-Seigneur sur les âmes japonaises.
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Références
[2493] MARMONIER Petrus (1878-1933)
Références biographiques
AME 1900 p. 251. 1924 p. 108. 1933 p. 151. CR 1900 p. 263. 1907 p. 28. 1908 p. 20. 1910 p. 25. 1911 p. 25. 1912 p. 36. 1913 p. 42. 1914 p. 13. 171. 1915 p. 28. 1920 p. 11. 1923 p. 12. 1924 p. 10. 1926 p. 12. 1927 p. 11. 165. 1928 p. 18. 1929 p. 22. 1930 p. 18. 1931 p. 25. 1932 p. 31. 1933 p. 256. 338. 1934 p. 24. 1948 p. 7. BME 1922 p. 165. 367. 1925 p. 769. photo p. 63. 1927 p. 247. 1928 p. 163. 1930 p. 318. 367. 428. 1931 p. 53. 1932 p. 194. 845. 1933 p. 437. 1936 p. 268. 1957 p. 668. 1960 p. 714. EC1 N° 8. 10. 43. 266.