Henri COSTENOBLE1876 - 1961
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2515
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1900 - 1952
Biographie
[2515] COSTENOBLE Henri, Désiré, est né le 5 avril 1876 à Steenwerck, diocèse de Cambrai (act. Lille (Nord). Il fit ses études primaires dans sa paroisse et à La Crèche, puis ses études secondaires au Petit Séminaire d'Hazebrouck. Il entra au Grand Séminaire de Cambrai, et fut admis au Séminaire des Missions Étrangères le 14 septembre 1895. Il fut ordonné prêtre le 24 juin 1900 et partit pour le Kouangsi le 14 août suivant.
Son évêque, Mgr. Chouzy, lui demanda d'apprendre la langue cantonaise. Il l'apprit si bien qu'il finit par la posséder à la perfection.
Son premier poste fut Langchow, sur la frontière du Tonkin. Il fut aidé par deux Religieuses de St Paul de Chartres, mais il n'y avait en ville que peu de chrétiens. À part quelques conversions de païens dans un village situé à mi-chemin entre Langchow et Langson, il passera dans ce poste les dix premières années de sa vie missionnaire sans grandes consolations.
En 1913, Mgr. Ducoeur succédant à Mgr. Lavest, l'appela à Nanning, auprès de lui et lui demanda de faire fonction de procureur de la mission. Il dut relever les finances de la mission, ce qu'il fit avec compétence. En plus de cette charge, on le nomma curé de la cathédrale et aumônier d'un Couvent de trois Religieuses de St Paul de Chartres, qui formaient les Soeurs chinoises de leur Congrégation.
À côté de la cathédrale se trouvait l'imprimerie de la mission, qui occupait une vingtaine d'ouvriers, tous chrétiens, qui furent le noyau de la chrétienté de la ville.
Le propréfet de la mission, en résidence à Kweiling vint à mourir, et Mgr. Ducoeur nomma le Père Costenoble propréfet à sa place. Voici donc dessiné le cadre de sa vie, désormais vice-supérieur de la mission, procureur, curé de la cathédrale, aumônier des Religieuses et supérieur du noviciat des Soeurs chinoises.
Mgr. Ducoeur mourut, et Mgr. Albouy lui succéda, qui s'empressa de confirmer le Père Costenoble dans son titre de provicaire, et quand la hiérarchie fut instaurée, de le nommer vicaire général. En 1953, Mgr. Albouy s'en alla en Europe et le Père Costenoble dut prendre la direction de la mission. Le pays était devenu assez calme, mais certaines hostilités antichrétiennes ne désarmaient pas dans les hautes sphères de la société. Le Père Costenoble dû aider son confrère de Linchow, qui avait acheté un grand terrain pour y établir un poste et ses annexes, mais qui se butta à l'opposition du préfet de l'endroit. Le Père Costenoble alla trouver le gouverneur de Nanning et, après un entretien cordial, il reçut l'autorisation désirée, ce qui permit d'ouvrir ce grand district.
Comme procureur, le Père Costenoble remplit ce poste à la perfection. Homme d'ordre, très méticuleux, il remit à flot les finances de la mission, et s'occupa des comptes des confrères avec netteté et précision.
Comme curé de la cathédrale, il organisa de belles cérémonies toujours très bien exécutées avec le chant grégorien. Il fit quelques conversions et ouvrit une chapelle de secours dans les faubourgs. Autour de cette chapelle, il construisit une petite cité composée d'une dizaine de familles.
Comme aumônier de religieuses, il fut la cheville ouvrière et l'âme de l'oeuvre magnifique des Soeurs chinoises, qui prirent le nom de Congrégation de la Ste Famille" et dont Mgr. Albouy dota définitivement la mission. Chaque district fut pourvu de deux Soeurs chinoises au moins, pour enseigner le catéchisme, travailler comme infirmières ou comme maîtresses d'école ou baptiseuses.
Enfin, comme homme et comme prêtre, le Père Costenoble fut édifiant par sa vie eucharistique et mariale. Il appartenait à une association de prêtres du Sacré Coeur, qui l'aida à faire ses exercices de piété avec assiduité. Il fut l'homme de bon conseil et un charmant confrère.
Ce ne fut qu'après que M. Albouy fut expulsé de Chine, qu'il consentit à s'en aller, lui aussi, fin septembre 1952. Après un congé dans sa famille en France, il assura une aumônerie dans la Valais suisse, et mourut le 23 juillet 1961.
Nécrologie
In memoriam
Le Père Henri Costenoble *
Le Père Costenoble participait encore, au début de juillet 1961, à Bièvres, à la retraite générale des confrères, et rien ne laissait présager, malgré son âge, la mort du grand vieillard qui fut pendant près de quarante ans successivement pro-préfet, provicaire, supérieur intérimaire et vicaire général de la mission du Kwangsi.
Il arriva au Kwangsi en 1900. A cette époque la préfecture apostolique comprenait toute la province civile, partagée dans toute sa longueur du nord-ouest au sud-est par le fleuve Si Kiang. Toute la partie nord du fleuve était de langue mandarine ; l’autre, au sud, de langue cantonaise. Le P. Costenoble fut destiné par son évêque, Mgr Chouzy, à l’étude de la langue cantonaise. Il devait la posséder à un rare degré de perfection : les Chinois du sud ne distinguaient pas son langage de celui des leurs de la meilleure société.
Son premier poste fut Lungchow, sur la frontière du Tonkin. Le noyau de fidèles y était fort restreint. Deux religieuses de St-Paul de Chartres y avaient la direction d’un petit couvent et subvenaient au soin matériel du Père. Mais il n’y avait en ville que peu de chrétiens.
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* COSTENOBLE Henri-Désiré, né le 5 avril 1876 à Steenwerck (Nord), diocèse de Lille. Etudes primaires au pays natal et à la Crèche, secondaires au petit séminaire de Hazebrouck, puis au petit séminaire de Cambrai. Entré aux M.-E. le 15 septembre 1895. Sous-diacre en juin 1899, diacre en mars et prêtre le 24 juin 1900. Parti pour la mission de Nanning le 1er août de la même année. Pro-préfet en 1913, provicaire en 1920, vicaire général en 1916. Sorti de Chine en 1952. Décédé en France, à Steenwerck, le 23 juillet 1961.
Le Père chercha dans la campagne à augmenter son pusillus grex. Il amena quelques conversions de païens dans un village situé à peu près à mi-chemin entre Lungchow et Langson. Il ne réussit pas autant qu’il l’avait désiré. En 1928, rentrant avec un confrère d’un congé en France, le Père lui montra sur la gauche, au fond d’une étroite vallée et au pied d’une petite montagne ce village qui fut son unique chrétienté ; et, ajoutait-il mélancoliquement, cette chrétienté ne lui avait pas donné de bien grandes consolations. Il gardera cependant un souvenir vivant des dix premières années de sa vie apostolique car il y reviendra souvent au cours de ses conversations.
En 1913, Monseigneur Ducœur, succédant à Mgr Lavest, appela le Père auprès de lui, à Nanning, et lui confia d’abord la charge bien délicate de relever les finances de la mission, qui laissaient fort à désirer. Il s’acquitta admirablement de cette fonction de procureur. C’était vraiment “the right man in the right place”. Mais se doutait-il alors qu’il allait y passer quarante ans de sa vie ?
A cette charge de procureur vinrent d’ailleurs s’adjoindre bientôt celles de curé de la cathédrale et d’aumônier d’un couvent de trois religieuses de St-Paul de Chartres, chargées de la formation des Sœurs chinoises.
A côté de la cathédrale se trouvait l’imprimerie de la mission qui occupait une vingtaine d’ouvriers, tous chrétiens, qui furent le noyau de la chrétienté de la ville.
Le Père était à peine installé dans ses nouvelles fonctions quand le pro-préfet de la mission, en résidence à Kweilin, vint à mourir. Mgr Ducœur resserra encore plus fortement les liens qui l’unissaient à son procureur en le nommant pro-préfet. Nous avons désormais et jusqu’à la fin de an carrière apostolique le cadre de sa vie : vice-supérieur de la mission, procureur, curé de la cathédrale, aumônier des religieuses et supérieur du noviciat des Sœurs chinoises.
Vice-supérieur de la mission. — Telle était en effet l’intention de Mgr Ducœur en le nommant pro-préfet, titre qui, en soi, n’habilite celui qui en est revêtu qu’à une succession intérimaire, comme cela aura lieu à la mort de Mgr Ducœur, en attendant la nomination d’un successeur. En fait le Père était considéré par tous les missionnaires, et par son évêque lui-même, comme le vice-supérieur de la mission. Il s’y sentait à l’aise, mieux qu’à l’étage au- dessus ; homme de bon conseil, il préférait pour l’action s’appuyer sur les décimons de son supérieur.
Dès sa prise de pouvoir, Mgr Albouy, successeur de Mgr Ducœur, s’empressa de confirmer le P. Costonoble dans son titre de provicaire, donc toujours de vice-supérieur, et quand la hiérarchie fut instituée, de le nommer vicaire général. C’était reconnaître toutes les qualités de celui que, comme son prédécesseur, il attachait ainsi à sa personne.
Assez timide et discret, comme dit plus haut, le Père savait toutefois s’imposer quand c’était nécessaire, témoin ce petit fait qui se situe vers 1932. Il était allé prendre un ou deux mois de repos dans notre établissement de Béthanie à Hongkong, quand un jour, il reçut la visite d’un attaché d’ambassade français de Pékin. Distingué, comme il convient, celui-ci, après s’être présenté, le prit tout de suite de haut, reprochant aux missionnaires de Nanning de n’être pas de bons Français et à leur évêque de vouloir fonder “des œuvres italiennes” au lieu d’œuvres françaises. Alors le Père, sans se départir de son calme, montra la porte au visiteur en lui disant qu’il n’était pas habitué à accueillir des gens, quels qu’ils fussent, venus pour l’insulter, ou salir, même sans s’en douter, la réputation du catholicisme...
En 1953 Mgr Albouy dut aller en Europe. Une fois de plus P. le Costenoble reprit la direction de la mission qui s’épanouissait peu à peu, avec des finances mieux assises et des missionnaires un peu plus nombreux depuis la division en trois circonscriptions ecclésiastiques. La guerre civile des années précédentes paraissait terminée et les ouvriers apostoliques profitaient du calme pour étendre davantage l’action du catholicisme. Tout allait donc bien de ce côté. Mais certaines hostilités antichrétiennes ne désarmaient pas, surtout dans les hautes sphères de la société. A Liuchow, ville du centre de la province, un grand emplacement venait d’être acheté pour v bâtir un poste et ses annexes : tolle général à la sous-préfecture, missionnaire menacé dans sa vie et sa réputation, campagne de presse avec les pires calomnies à la clef. Bref, il fallait couper court à une telle opposition en agissant rapidement Le P. Costenoble, en tant que supérieur ecclésiastique, avait à intervenir auprès du gouverneur et cela lui coûtait un peu. Cependant, après quelques heures de réflexion, il était décidé : accompagné du missionnaire chargé de Liuchow, il se rendit chez le gouverneur de Nanning, fut bien reçu et gagna la partie. L’opposition fut supprimée, avec autorisation officielle le titulaire de Liuchow put regagner son poste, et un grand district catholique fut ouvert dans cette région.
Procureur. — L’humilité du Père ne manifestait guère le vice-supérieur ou le vicaire général de la mission. Nous le connaissions surtout comme procureur. C’était pourrait-on dire sa vocation. Il lui arrivait de se désigner en souriant comme “le plus petit banquier d’Extrême-Orient”, par allusion à un illustre procureur — et qui ne s’arrêta pas là — dont on disait qu’il était le plus grand banquier d’Extrême-Orient. Ne chicanons pas sur les tailles respectives des procureurs ; sachons reconnaître que le Père le fut à la perfection. Homme d’ordre, très méticuleux, il remit à flot les finances de la mission. Avec les confrères les comptes étaient nets : pas d’ambiguïté, un style bref et, les affaires réglées, une petite note d’humour, dont il avait le privilège, pour terminer.
Curé de la cathédrale. — Le gros de ses paroissiens était constitué, le dimanche, par les ouvriers de l’imprimerie et leurs familles, auxquels vinrent s’adjoindre bientôt des convertis de la ville. Plus tard une chapelle de secours s’ouvrira clans les faubourgs et la mission y construira même une cité composée d’une dizaine de familles. A la cathédrale les cérémonies avec chant grégorien étaient admirablement exécutées et le Père en était très fier. Il fut d’ailleurs à maintes reprises assisté, voire remplacé dans ses fonctions de curé par d’autres prêtres, confrères étrangers ou chinois, mais, en somme, il assurait à chaque intérim la continuité de la fonction. Il faudra arriver à la reprise en mains des œuvres après la guerre sino-japonaise, pour que les fonctions de curé de la cathédrale soient nettement séparées de celles de procureur.
Aumônier des religieuses et supérieur du noviciat des Sœurs chinoises. — Parmi ces tâches celle à laquelle le Père s’est le plus cordialement livré est sans aucun doute celle d’aumônier des religieuses.
Aux Sœurs de St-Paul de Chartres avaient succédé très tôt les Sœurs canadiennes de N.-D. des Anges. La communauté de Nanning avait la responsabilité de la formation des novices chinoises. Elles dirigeaient aussi un dispensaire très fréquenté. Programme des études, cours de religion, direction spirituelle, administration matérielle, le Père assurait tout cela ou, dans la mesure où il avait des collaborateurs, supervisait le tout.
Le P. Costenoble fut la cheville ouvrière et l’âme de l’œuvre magnifique des Sœurs chinoises qui avait nom “Congrégation de la Sainte Famille” et dont Mgr Albouy, après divers essais antérieurs, dota enfin définitivement la mission. Chaque district, que le titulaire fût un missionnaire ou un prêtre chinois, était pourvu de deux Sœurs chinoises au moins, souvent plus : catéchistes, maîtresses d’école, infirmières, baptiseuses, autant de charges et j’en passe, qu’elles accomplissaient à la satisfaction générale.
L’homme. — Au physique le P. Costenohle était un bel homme : grand, droit, impeccablement habillé quoique sans recherche ; comme signes distinctifs il portait la barrette et, aux pieds, des chaussures de dimensions respectables qui le faisaient toujours souffrir ; il souffrait aussi de migraines continuelles, ce qui l’obligeait à des précautions légendaires concernant la lumière, le bruit, etc...
Homme du nord, s’il était sensible, et il l’était excessivement, c’était sous des dehors froids faits de timidité et de réserve et non d’indifférence. Il écoutait sans impatience, répondait brièvement et sans élever la voix : le contraire de l’homme passionné.
Le côté profondément sensible de son être se manifestait par les lettres très fréquentes qu’il écrivait à sa famille et aussi, bien sûr, par sa vie de piété eucharistique et mariale. Il avait donné son nom à une association de prêtres du Sacré-Cœur qui contrôlait son assiduité aux exercices de piété, et il exerçait ce même contrôle à l’égard des prêtres de la mission qui faisaient partie de cette association.
Il aimait les bons mots, seule manière dont il égratignait parfois les confrères. Il les collectionnait, les agrémentant souvent d’humour et d’accent anglais qui les rendaient irrésistibles.
Au demeurant c’était un confrère charmant : fin, réservé, sensible sans le paraître, pieux, d’une originalité certaine qui faisait sa personnalité. Il était l’homme de bon conseil mais non celui de la décision qu’il laissait au supérieur. Il a souffert chaque fois qu’il a dû prendre les rênes du gouvernement ou même quand des circonstances exceptionnelles venaient rompre la monotonie des jours : guerre, bombardements, occupation japonaise, etc...
Au moment de la “libération” communiste son âge le classait parmi ceux des confrères qui pouvaient légitimement se retirer à Hongkong. Il resta près de son archevêque à Nanning. En 1950 la mission put encore solenniser ses noces d’or sacerdotales, en retraçant dans la piété et dans l’humour les étapes de sa longue carrière.
Mais quand Mgr Albouy, après un jugement populaire fut expulsé de Chine, le P. Costenoble, qu’aucune responsabilité ne retenait plus dans la mission, demanda et obtint sa sortie de Chine, avec les honneurs et les dernières marques de sympathie et de respect de toute la chrétienté de Nanning, fin septembre 1952.
Après un congé dans an famille, il assura une aumônerie à Sierre dans le Valais suisse. Il s’apprêtait à rejoindre son poste quand le Seigneur le rappela subitement à Lui.
“Bon et fidèle serviteur...”, n’est-ce pas de cette manière que Dieu l’aura reçu dans son paradis ?
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Références
[2515] COSTENOBLE Henri (1876-1961)
Références bibliographiques
AME 1900 p. 252. 1907 p. 327. 1931 p. 27 (art). 170 (art). 1935 p. 88. 1939 p. 239. 1940 p. 92. CR 1900 p. 264. 1901 p. 137. 1902 p. 150. 1903 p. 134. 1904 p. 149. 150. 1905 p. 125. 126. 1906 p. 135. 1908 p. 132. 1909 p. 142. 1911 p. 123. 124. 1913 p. 173. 1924 p. 73. 1925 p. 85. 1929 p. 121. 1930 p. 137. 1931 p. 133. 1933 p. 117. 1934 p. 112. 1937 p. 109. 1940 p. 66. 1947 p. 176. 309. 318. 1951 p. 29. BME 1922 p. 47 (art). 678. 1923 p. 55. 259. 1925 p. 305. 1926 p. 708. 709. 1928 p. 242. 1929 p. 50. 370. 1930 p. 812. 1931 p. 68. 867. 1932 p. 620. 643. 1933 p. 784. photo p. 16. 1934 p. 641. 872. 1936 p. 367. 1937 photo p. 40. 1938 p. 258. 661 (art). 693. 1939 p. 126. 722. 1941 p. 624. 1948 p. 49. 343. 1949 p. 646. 1950 p. 263. 505. 1952 p. 55. 704. 772. 1954 p. 16. 17. 19. 21. 1961 p. 715. 877. EC1 N° 118. 130. 135. 140. 145. 163.526. 678. 70