Grégoire LEBOURDAIS1877 - 1950
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2517
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1900 - 1950 (Hanoi)
Biographie
[2517] Grégoire, Louis, André LEBOURDAIS naquit le 7 février 1877, à Paris, paroisse de la Trinité, diocèse de Paris, mais il passa son enfance et sa jeunesse chez ses grands parents, dans la région de Vitré en Bretagne, au diocèse de Rennes, département de l'Ille et Vilaine. Il fit ses études secondaires au petit séminaire de Rennes, passa ensuite au grand séminaire de ce diocèse où il reçut la tonsure le 29 mai 1895.
Le 16 septembre 1896, il entra au Séminaire des Missions Etrangères. Minoré le 26 septembre 1897, sous-diacre le 23 septembre 1899, diacre le 10 mars 1900, il fut ordonné prêtre à Paris par Mgr.Gendreau le 24 juin 1900, et reçut sa destination pour le Su-tchuen, mais en raison de la guerre des Boxers, il fut envoyé au Tonkin Occidental (Hanoï) qu'il partit rejoindre le 1 août 1900.
Après un temps d'initiation à la langue viêtnamienne, il fut nommé professeur au petit séminaire de Hoàng-Nguyên où il continua à se perfectionner en viêtnamien tout en enseignant. Apprécié de son supérieur, M Doumecq, iI s'y montra excellent professeur, s'efforçant d'inculquer à ses élèves l'amour de la culture littéraire. Il composa en viêtnamien, un manuel de géographie. Son caractère enjoué et sympathique, son sourire, sa douceur et sa patience, sa compétence lui acquirent une grande estime de la part de tous.
En 1923, il fut nommé directeur du nouveau journal des Missions du Tonkin, qui parut en viêtnamien sous le titre Trung-Hoa". Devenu maitre dans les subtilités de la langue savante viêtnamienne, il était tout désigné pour cette charge. Avant de prendre ses nouvelles fonctions, il alla passer quelques semaines à Hong-Kong. M. Huctin lui fut adjoint. En 1928, il reconstruisit et aménagea la nouvelle imprimerie-librairie de la Mission aidé par M.Cador Arsène, puis par M.Fournier. Le 9-10 mars 1936, en tant que directeur du journal "Trung-Hoa", il assista à Hué, au sacrifice solennel du "Nam-Giao" offert au Ciel par l'empereur, tous les trois ans.
Homme régulier, discret, d'humeur toujours égale, il assura en même temps l'aumônerie de l'Institution Ste Marie à Hanoï, dirigée par les Soeurs de St. Paul de Chartres. Directeur des Editions de la Mission, il fut en relation suivie avec plusieurs membres de l'élite intellectuelle viêtnamienne et française. D'un jugement très sûr, pondéré, il fut un excellent conseiller pour les dirigeants du vicariat. Directeur diocésain de l'enseignement primaire, il s'occupa de groupes de Jeunesse Catholique, et fut invité à prêcher des retraites sacerdotales aux prêtres viêtnamiens.
En juillet 1937, il rentra en France pour refaire sa santé. M. Vuillard, Pss, assura l'interim durant son absence. De retour dans sa mission, en novembre 1938, M. Lebourdais reprit son poste à la direction de l'imprimerie et de son journal. En août 1939, Mgr. Chaize le nomma directeur diocésain des oeuvres générales d'Action Catholique.
En mars 1945, les "Viêtminh" ayant pris le pouvoir, son nom fut inscrit sur la liste des hommes à abattre. Mais cela ne l'émut guère. Viêtnamisant de premier ordre, très cultivé, Il conserva de nombreuses relations dans les milieux viêtnamiens les plus divers. Tombé malade en 1950, ayant toujours désiré de n'être à charge à personne, il s'éteignit sereinement à la clinique St. Paul de Hanoi, le jour de sa fête, 9 Mai 1950, et il fut inhumé au cimetière des missionnaires à Hanoï.
Nécrologie
P. LEBOURDAIS
MISSIONNAIRE DE HANOI
Le P. LEBOURDAIS (Grégoire-Louis-André) né le 7 février 1877 à Paris, paroisse de la Trinité. Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 16 septembre 1896. Prêtre le 24 juin 1900. Parti pour le Tonkin occidental le 1er août 1901. Mort à Hanoï le 9 mai 1910.
La Mission de Hanoi a perdu coup sur coup presque tous ses anciens : il nous est dès lors difficile de reconstituer les événements qui marquèrent leur enfance et leur adolescence, faute d’un nombre suffisant de témoins. Mais les bons exemples qu’ils nous ont laissés restent présents à toutes les mémoires ; et c’est les yeux fixés sur eux que nous allons tenter de suivre le P. Lebourdais dans cette courte notice. Si la vie de ce missionnaire n’a pas comporté de faits saillants, ce ne fut pas moins une existence bien remplie.
Né à Paris le 17 février 1877, il passa le plus beau temps de son enfance et de sa jeunesse chez ses grands-parents dans la région de Vitré en Bretagne. Là, comme au petit Séminaire de Rennes, il est déjà l’objet de l’affectueuse estime de ceux qui vivent avec lui pour cette patience souriante qui restera le trait dominant de son caractère, et créera toujours autour de lui un climat analogue. Ce type caractéristique de « belle âme » ne faisait pas toutefois la petite bouche à l’égard des exploits des « chevaliers ». Il aime les grandes randonnées. C’est ainsi que nous le voyons une fois partir à pied, riche de quelques francs, eu pèlerinage à Saint-Anne d’Auray, distant d’une centaine de kilomètres. Nous verrons plus tard ce travailleur, sédentaire de nature, parcourir les coins les plus reculés du Vicariat de Hanoi pour en établir la carte : un document d’une précision remarquable était obtenu, du fait du travail méticuleux de l’homme de bureau, servi par les randonnées sur place de l’explorateur.
En 1897, Grégoire Lebourdais s’était engagé pour trois ans, devançant l’appel afin de bénéficier de la loi mettant en disponibilité l’année suivante ceux qui contractaient un tel engagement. Il pouvait dès lors se préparer au sacerdoce. Il était cultivé et avait dû sans doute être bon étudiant, mais il ne fut jamais qu’admissible au baccalauréat. Interrogé à l’oral en sciences naturelles et voulant parler de « l’extrémité perforante de la racine », il trouva plus expéditif d’employer le terme « coiffe » et récolta de ce chef, ou plutôt de ce couvre-chef, un zéro tout rond, ce qui enleva à notre héros l’envie de briguer d’autres diplômes universitaires.
Lorsque Mgr Gendreau l’ordonna prêtre le 24 juin 1900 à Paris, le Vicaire apostolique de Hanoi ne se doutait pas qu’il conférait le sacerdoce à un de ses futurs missionnaires. En effet, le P. Lebourdais recevait aussitôt sa destination pour le Sze-Tchoan. Mais les portes de la Chine se trouvèrent closes cette année-là en raison de la guerre des Boxers, et le nouveau missionnaire fut envoyé au Tonkin occidental, à destination duquel il s’embarqua en compagnie de son confrère de promotion, le P. H ébrard. Deux magnifiques recrues pour Hanoi, quoique parfaitement dissemblables. Le P. Doumecq, Supérieur du petit Séminaire de Hoang-Nguyên, fin psychologue, jauge rapidement les deux arrivants... Il dit au P. Hébrard : « Vous ne serez jamais trop doux. » Il dit au P. Lebourdais : « Vous ne serez jamais trop sévère. »
Le P. Lebourdais passa vingt-deux années au petit Séminaire et sa grande bonté était connue de tous : elle se doublait d’une admirable conscience professionnelle. Excellent professeur, il s’efforçait d’inculquer à ses élèves un véritable amour de la culture des lettres pour son utilité intrinsèque, et non pas pour obtenir les diplômes dont on peut tirer gloriole. La bonté du cher Père était éclairée et ne nuisait jamais aux devoirs de se charge. Le petit Séminaire de Hoàng-Nguyên fut toujours difficile à gouverner. Un meneur ou deux pouvaient pour un oui ou pour un non arriver à gagner à leur cause tous les autres élèves, voire le corps professoral autochtone, et menacer de vider l’établissement. La mentalité encore grégaire de beaucoup de vietnamiens favorise ce genre d’histoires... Or, il arriva un jour que toute la classe du P. Lebourdais l’informa qu’elle prenait la clef des champs le jour même. Pour quel motif ? Impossible de le savoir. Le Père parvient tout de même à identifier trois meneurs ; par ruse, il les dirige sur l’infirmerie, d’où il les expulse du Séminaire sans leur avoir laissé la possibilité de rencontrer les autres élèves. Immédiatement tout rentra dans l’ordre, et personne ne parla plus de s’en aller.
Il ne savait rien refuser. Un quidam lui emprunte son cheval... et le vend ; puis on perd la trace de la bête. Un procès est engagé. L’avocat, grand ami de la Mission, plaide magnifiquement et enlève d’emblée un jugement favorable. La séance terminée, on se presse autour du brillant avocat qui reçoit mille félicitations. Le P. Lebourdais s’approche à son tour comme les autres : « Toutes mes félicitations, Maître, vous avez été merveilleux ; mais… et mon cheval ? »...
En 1923, l’imprimerie de la Mission est transférée de Keso à Hanoi et la création d’un journal tri-hebdomadaire est décidée. Très bon annamitisant, tempérament patient et consciencieux, le P. Lebourdais était l’homme désigné pour prendre la direction de la presse catholique. Il va consacrer désormais la plus grande partie de son temps à ce travail nécessaire et sans gloire. Mais là ne va pas se limiter son activité. Il assure l’aumônerie du principal établissement des Sœurs de Saint-Paul de Chartres, l’Institution Sainte-Marie. Il est l’aumônier modèle : d’une régularité parfaite, discret, d’humeur très égale, ne s’affolant jamais ; ses prédications et ses conseils toujours judicieux an font vraiment l’homme de la situation. Son rôle de directeur des éditions de la Mission le met en outre en relation avec plusieurs membres de l’élite tant française que vietnamienne, et on vient souvent le consulter. Homme de bon conseil, c’est toujours ce qui venait à l’esprit lorsqu’on pensait au P. Lebourdais ; et Nosseigneurs Gendreau et Chaize le savaient bien, eux dont il fut le conseiller écouté. Mgr Gendreau voulait voir le plus de monde possible profiter de la sagesse de son missionnaire ; aussi à l’époque des vacances, avait-il l’habitude de l’envoyer au petit Séminaire en qualité de confesseur extraordinaire. C’était un voyage relativement considérable pour bien peu de clients. Un jour que Mgr Gendreau enjoignait ainsi au Père d’avoir à se rendre au petit Séminaire, le missionnaire ne put s’empêcher de répondre : « Ça ne paie pas. » Monseigneur, alors un peu sourd, comprit : « Ça ne me plaît pas. » Stupéfait d’une telle réponse d’un homme aussi docile, l’évêque répliqua vertement : « C’est bon, il y a bien des choses qui ne me plaisent pas à moi non plus et que je fais tout de même ! » Ce fut la seule circonstance de sa vie où le Père entra en conflit avec son évêque.
A partir de mars 1945, pendant les mauvais jours que traversa alors l’Indochine, notre cher confrère fut peut-être celui d’entre nous qui resta le plus maître de sa maison. Son extrême bonté ne permettait guère de l’attaquer de front, et sa patience cachait une obstination aussi opiniâtre que l’obstination orientale. C’était un homme difficile à déloger de sa place et le fait de mettre son nom sur la liste des hommes à abattre ne suffisait pas à l’émouvoir. Aux pires jours de la terreur vietminh, le P. Lebourdais conserva de nombreuses relations même dans les milieux vietnamiens les plus gangrenés, et, grâce à lui, nous finissions toujours par savoir tout ce qui se disait dans les réunions dont les participants étaient tenus au secret le plus absolu. Quel charme y avait-il donc chez notre confrère pour appeler ainsi la confidence, alors qu’il ne demandait rien à personne ?
Ce charme, il le conserva jusqu’au dernier jour. L’usage de la quinine l’avait rendu passablement sourd : mais contrairement au proverbe qui veut que le sourd soit triste, notre confrère avait toujours le visage souriant. Il a maintenant soixante-treize ans et il est toujours aussi affable, méticuleux dans son service, soigné dans sa personne. Lorsqu’il tombe malade, il fait part de son souci à ses amis : « Pourvu que je ne traîne pas trop longtemps et que je ne sois pas à charge à tout le monde ! » Le Bon Dieu l’a exaucé et le rappela à Lui le 9 mai 1950, jour de la fête de son patron, saint Grégoire de Nazianze.
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Références
[2517] LEBOURDAIS Grégoire (1877-1950)
Références bibliographiques
AME 1900 p. 252. 1933 p. 118. CR 1900 p. 264. 1908 p. 156. 1912 p. 148. 1917 p. 79. 1919 p. 66. 1928 p. 97. 1934 p. 125. 1935 p. 119. 1936 p. 114. 1937 p. 117. 118. 1950 p. 65. 173. BME 1923 p. 447. 517. 1924 p. 255. 1925 p. 504. 1926 p. 315. 1927 p. 255. 498. 1929 p. 754. 1930 p. 241. 608. 1931 p. 457. 625. 707. 837. 863. 864. 1935 p. 627. 1936 p. 302. 453. 666. 748. 1937 p. 151. 524. 595. 1938 p. 77. 342. 844. 1939 p. 57. 277. 657. 1940 p. 55. 618. 810. 1941 p. 341. 558. 1949 p. 26. 197. 209. EC1 N° 363. 384. 482.