Henri ROUVELET1876 - 1928
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2523
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Corée
- Région missionnaire :
- 1900 - 1914
- 1919 - 1927
Biographie
[2523] ROUVELET Henri, Philippe, est né le 29 juin 1876 à Saint-Préjet-du-Tarn, canton de Massegros, département de la Lozère, au diocèse de Mende, fils de Philippe Rouvelet et de Esther Julié.
Il fait ses études secondaires à Saint Affrique (Aveyron), dans un ancien collège de Jésuites, renommé pour sa bonne tenue et l'excellence de son enseignement. De là, il va au Séminaire de Saint Sulpice, où il reste seulement un an, le temps de mûrir sa vocation missionnaire et de recevoir la tonsure.
Entré au Séminaire des Missions Étrangères de Paris à la rue du Bac le 6 octobre 1896, il y est ordonné prêtre le 24 juin 1900 et destiné au vicariat apostolique de Corée. Parti de Paris le 1er août 1900, il arrive à Séoul le 9 octobre suivant.
Quelques semaines seulement après son arrivée en Corée, il est envoyé pprendre la langue et s'initier aux choses coréennes" à la desserte de Kai-song qui, située à environ 70 km au nord-ouest de Séoul, est une desserte de la paroisse de Yak-hyon, ou "Séoul-hors-les-murs", dont le curé est le Père Doucet. Kai-song est une ville historique qui s'appelait autrefois Song-do et a été la capitale de la Corée du 10è au 14 siècles. Le Père Rouvelet ne ménage aucun effort pour ressembler le plus possible aux gens du pays, bien parler la langue et se conformer aux us et coutumes. En 1901, la desserte de Kai-song devient le siège d'une paroisse dont le premier curé est précisément le Père Rouvelet. La paroisse de Kai-song recouvre alors deux ou trois autres arrondissements du sud de la province du Hoang-hai. Quand il laisse la place au Père Le Gendre, son successeur à Kai-song en 1909, la paroisse compte 1.579 chrétiens, dont 188 en ville de Kai-song, et les autres dispersés dans 14 dessertes.
En mai 1909, le Père Rouvelet est nommé à la succession du Père Léon Curlier, à Kong-ju, alors ville chef-lieu de la province du Choung-chong méridional. Il aime recevoir chez lui ou aller voir chez eux ses confrères "voisins" (le Père Krempff est à 60 ou 70 km au nord, le Père Vermorel à la même distance au sud, le Père A. Gombert à seulement 40 km au sud-est), le seul moyen de locomotion étant les jambes du missionnaire ou celles de son cheval. Quand il retrouve ses confrères, le Père Rouvelet déborde de gaieté, mais ce qui le caractérise particulièrement, c'est sa pitié pour les malheureux, atteints de misères physiques ou morales, faisant siennes ces misères au point de ruiner sa santé, qui d'ailleurs n'a jamais été très brillante.
Mobilisé pour la guerre, il quitte la Corée le 12 août 1914. On le trouve tour à tour à Montpellier, à Salonique, à Tarente où il se dévoue au point de tomber d'épuisement et de devoir faire deux séjours à l'hôpital. Une fois démobilisé, le Père Rouvelet s'empresse de retourner en Corée où il arrive le 23 septembre 1919 et retrouve sa paroisse de Kong-ju, où un tout jeune prêtre coréen avait assuré l'intérim.
Deux ans plus tard, il est nommé curé de la ville et de l'arrondissement de Non-san, à une trentaine de kilomètres au sud de Kong-ju. Cette nouvelle paroisse est détachée de celle de Napaoui, où réside alors le Père Saucet. C'est à croire que les frontières officielles ne gênaient pas trop les vicaires apostoliques ni les missionnaires de l'époque. En effet, la paroisse de Napaoui faisait partie du vicariat de Mgr. Demange, tandis que tout l'arrondissement de Non-san faisait partie de celui de Mgr. Mutel. Dans sa toute nouvelle paroisse de Non-san, le Père Rouvelet commence par vivre dans une installation de fortune, puis en 1922 il achète le terrain sur lequel il construit un presbytère convenable et une église provisoire, laissant à son futur successeur (qui sera le Père Julien Gombert) le soin de bâtir une véritable église. Mais la santé du Père Rouvelet est bien mauvaise et, dans l'espoir d'une amélioration, le vicaire apostolique le nomme au Séminaire de Séoul, où il pourra bénéficier d'un meilleur régime alimentaire. Le Père Rouvelet est donc au Séminaire durant l'année 1923-1924, mais sa santé ne s'améliore pas du tout.
En 1924, le Père Rouvelet est nommé à Taejon, de nouveau dans la province du Choung-chong méridional. En raison de son importance, notamment pour les communications, cette ville a supplanté Kong-ju comme chef-lieu de la province. Une paroisse y a été créée en 1919 et possède un vaste terrain qui a l'inconvénient d'être tout à fait à l'extérieur de la ville. Mais la solitude ne déplaît pas au Père Rouvelet qui construit là une chapelle dédiée à Ste Thérèse de l'Enfant Jésus, dans laquelle il peut heureusement conserver le Saint Sacrement.
Mais sa santé ne cesse de décliner et, en 1926, le Père Rouvelet se rend à Shanghai pour se faire soigner. De là, il est envoyé en France et il arrive à Marseille en fin décembre 1927. Entré immédiatement à l'hôpital, il subit tout de suite deux transfusions de sang, qui ne produisent aucune amélioration. En avril 1928, le Père Rouvelet se rend dans sa famille, aux Vignes, en Lozère, et y reçoit Extrême-onction. À la faveur des beaux jours, il peut à nouveau se lever et célébrer la messe, ce qui lui sera possible jusqu'à la veille de sa mort, qui survient le 10 juin 1928. Ses restes sont inhumés aux Vignes, près de ceux de sa mère.
Nécrologie
M. ROUVELET
MISSIONNAIRE DE SÉOUL (CORÉE).
M. ROUVELET (Henri-Philippe), né à Saint-Préjet-du-Tarn (Mende, Lozère), le 29 juin 1876. Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Etrangères le 6 octobre 1896. Prêtre le 24 juin 1900. Parti pour la Corée le 1er août 1900. Mort aux Vignes le 10 juin 1928.
M. Rouvelet naquit à Saint-Préjet-du-Tarn, d’une famille bourgeoise encore plus recommandable par sa piété que par sa fortune. De tout temps il y eut des prêtres et des religieuses dans la parenté de notre confrère. Il parlait souvent de ces âmes qui lui avaient montré l’exemple de la parfaite donation de soi-même à Dieu ; mais son meilleur souvenir était encore celui de sa sainte mère des leçons reçues d’elle et des prières enfantines qu’il avait apprises sur ses genoux, qu’il aimait à répéter tous les jours à son lever et de son coucher. Cette piété solide inculquée par la première éducation, celle du foyer familial, fut la compagne de toute sa vie
Il commença ses études à Saint-Affrique dans un ancien collège de Jésuites renommé pour sa bonne tenue et l’excellence de son enseignement, et d’où sont sortis de brillants sujets, dont le dernier en valeur ne serait pas le général de Caltesnau. Certain ennui qu’il eut à subir au collège, mais qui n’eut pas de suites graves, lui apprit à insister sur la discipline, l’humilité, la modestie. La leçon était dure, mais sans doute nécessaire. Après son cours de philosophie, il partit pour le Séminaire de Saint-Sulpice, où il ne fut qu’un an, juste le temps de mûrir son idée de devenir missionnaire. Le 6 octobre 1896, il entrait au Séminaire des Missions-Etrangères de la rue du Bac.
M. Rouvelet garda toujours le meilleur souvenir des deux années, où sous une direction particulièrement ferme et énergique il dut apprendre l’empire sur lui-même, non sans sacrifices durs à l’amour-propre et au sans-gêne : ces sacrifices, il les accepta généreusement.
Il fut ordonné prêtre le 21 juin 1900. Désigné pour la Mission de Corée, il partait de Paris le 1er août, et arrivait à Séoul le 9 octobre ; quelques semaines plus tard, il allait en district, apprendre la langue et s’initier à la vie coréenne, à Syongto, l’ancienne capitale. Il y resta jusqu’en 1909. Son apprentissage des usages du pays fut remarquablement soigné : il voulait ressembler le plus possible aux indigènes, parler correctement leur langue, savoir l’étiquette pour s’y conformer strictement. On donne actuellement force conseils sur la question de « l’adaptation », des missionnaires au milieu étranger qui est désormais le leur ; notre confrère, et avec lui d’autres encore, sut résoudre la question sans se douter seulement qu’elle existât, tout bonnement, tout naturellement, le bon sens pratique lui tenant lieu de gros livres ou de savantes Revues. Son installation était des plus précaires, et bien propre à servir d’exercices de mortification ; on aura tout dit quand on aura mesuré les dimensions de sa chambre : deux mètres sur deux ! et sans doute le reste à l’avenant.
En 1909, M. Rouvelet fut nommé au poste de Kong-tjyou, grande ville à trois cents lis de Séoul et chef-lieu d’une province. Il avait plusieurs voisins, qu’il aimait à visiter et à recevoir chez lui. Il était gai dans ces circonstances, la compagnie le grisait un peu, et il s’en donnait à cœur-joie ! quitte à se repentir d’avoir abusé du droit à la détente ; s’en faisait-il scrupule, ou avait-il réellement dépassé la mesure
Sa marque caractéristique était la pitié pour les malheureux, pitié si grande qu’il lui suffisait de voir son prochain dans le besoin ou l’épreuve pour oublier tout ce qu’il pouvait en avoir souffert. Misères physiques ou morales d’autrui devenaient les siennes par l’affliction sensible qu’il en ressentait et qui ne lui laissait ni trêve ni repos. Humble, mortifié, pénitent, il expiait pour les pécheurs, pour les tièdes, pour ces ouailles qu’il aurait voulu parfaites. Ici encore n’au¬rait-il pas dépassé la mesure, et ruiné une santé qui ne fut jamais très brillant ? Il était réellement fatigué au moment de la mobilisation qui vint l’arracher en 1914 à ses travaux.
On espérait qu’un changement aussi radical de vie, d’air, de travail, lui serait profitable ; c’était ne pas compter avec son tempérament. Il trouva partout, à Montpellier, à Salonique, à Tarente, trop d’occasions de se dévouer, pour épargner ce qui lui restait de santé. Partout il a laissé la réputation d’un homme de devoir, désintéressé, scrupuleusement fidèle à la tâche. Ses forces s’épuisèrent, et par deux fois , il dut se faire reconnaître malade, et se laisser soigner à son tour. Un de ses confrères de Corée vint le rejoindre à Salonique, et le trouva dans un état lamentable : déprimé, à bout de forces, il ressemblait à un squelette ambulant ; la compagnie d’un ami suffit à lui redonner le goût de la vie, et grâce à son énergie morale, il put continuer son œuvre de dévouement. Démobilisé en 1918, il eut hâte de retourner dans sa Mission. Quelques jours consacrés à sa famille, et puis départ par le premier bateau.
Ses chrétiens auraient bien voulu lui faire fête à son retour, mais comme il n’aimait guère ce genre de manifestations autour de sa personne, il rentra chez lui à l’improviste, tout simplement, pour reprendre sa bonne vie d’antan. En 1921, il fallut un homme de dévouement pour fonder un poste nouveau à Ronsan, M. Rouvelet accepta. Tout était à faire : il acquit un emplacement, bâtit une chapelle provisoire avec une résidence convenable. Hélas ! la fatigue était revenue. On l’appela au Séminaire dans l’espérance qu’un régime plus substantiel et une vie plus calme lui rendrait ses forces. L’essai ne réussit pas. En 1924, il reçoit un poste de tout repos, solitaire, et qui lui plaisait beaucoup. Il y construisit une chapelle dédiée à Sainte-Thé- rèse-de-l’Enfant-Jésus. Il était heureux, il allait pouvoir enfin loger le Saint-Sacrement.
Non, il ne jouirait pas de son œuvre ! la santé déclinait toujours, il dut partir pour Shanghaï. Le médecin reconnut aussitôt la gravité du mal, et d’urgence le fit partir pour la France. Seul le climat de la patrie pouvait le remettre sur pied, malheureusement le mal était trop avancé, il restait peu d’espoir de guérison ; arrivé à Marseille dans les derniers jours de décembre, il entra de suite à l’hôpital. La transfusion du sang, pratiquée à deux reprises, fut elle-même inutile, les forces ne revinrent pas. Au mois d’avril, notre cher confrère prit le chemin de Vignes, domicile de sa famille. Bientôt on dut lui administrer l’Extrême-Onction. Le printemps sembla le faire revivre, il pouvait se lever et dire la messe, faveur que Dieu lui accorda jusqu’à la veille de sa mort, en récompense peut-être du soin extrême qu’il avait pris toute sa vie pour tout ce qui touche au culte divin. Ce fut pour lui une grande consolation de pouvoir s’unir presque, jusqu’à sa dernière heure aux souffrances de la Victime du Calvaire.
Il avait conservé toute sa sérénité devant la mort, il l’attendait avec calme. Il s’éteignit le 10 juin, tout doucement, comme une lampe qui n’a plus d’huile. Il repose au pays natal, aux côtés de sa mère qui le précéda de neuf ans dans la tombe. Ici, en Corée, sa mémoire vivra longtemps parmi nous et parmi ses chrétiens. A l’annonce de sa mort, beaucoup de messes ont été demandées pour lui dans ses anciens districts. Toutes les âmes qu’il a consolées, toutes les douleurs qu’il a soulagés, ont dû être ses précieux témoins devant le Juge suprême.
Il a passé en faisant le bien et ne s’en est jamais douté !
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Références
[2523] ROUVELET Henri (1876-1928)
Références bio-bibliographiques
AME 1900 p. 252. 1911 p. 211. 1915-16 p. 93. 1917 p. 109. 1928 p. 171. CR 1900 p. 264. 1902 p. 74. 1908 p. 47. 1911 p. 43. 1922 p. 25. 1925 p. 28. 1928 p. 26. 206. BME 1929 p. 289. 1937 p. 498. 786. 1939 p. 114. 1959 p. 860. EC1 N° 145. 158.