Jean-Marie MERDRIGNAC1875 - 1955
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2546
Identité
Naissance
Décès
Biographie
[2546] MERDRIGNAC Jean-Marie, Augustin, confesseur de la foi dans la prison de Hatien, est né le 13 juin 1875 à Plancoët (Côtes d'Armor). Il fit ses études primaires à Plancoët, puis ses études secondaires à Dinan. Il entre ensuite au Grand Séminaire de Saint Brieuc où il reçoit les ordres mineurs. Le 3 janvier 1899, il entre aux Missions Etrangères. Prêtre le 22 septembre 1900, il part le 14 novembre suivant pour le Cambodge.
En 1901, il étudie la langue viêtnamienne à Culaotay auprès du Père Hion, son compatriote. En 1902, il est nommé pour faire des intérims à Vinh-Loi, à Rach-Sau puis à Lôc-Son, avant d'être en 1903 à la tête de la chrétienté de An-Nhon dont les chrétiens étaient très pauvres. En 1904, un typhon détruisit tout le village, y compris église et presbytère. Sans ressource, il emmena avec lui un groupe de chrétiens le long du grand fleuve où il se procura à bon compte les bois nécessaires pour les reconstructions. En outre, il fonda My-Thien, agrandit Thuong-Phuoc. Malade du choléra, il partit quelques mois à Hong-Kong, puis en 1907, il fut obligé de rentrer en France.
A son retour en 1909, il fut nommé à Longxuyen, développa les chrétientés se trouvant le long du canal de Rach-Gia, Baban, Tan-Hoi et fonda Caiyan.
En 1913, il quitta Longxuyen pour succéder au Père Joly à la Paroisse de Russey-kéo à Phnom-Penh. Et tout en assurant le service paroissial, il reconstruisit et agrandit le couvent des Amantes de la Croix annexé à la Paroisse.
En 1923, il est nommé curé de la paroisse du Sacré Coeur à Phnom-Penh. En 1929, la maladie l'oblige à un second retour en France. C'est alors qu'une société de planteurs décida de s'installer à Phu-Quoc -une île située au Sud du Cambodge- et d'y faire venir des travailleurs catholiques du Tonkin. Tout était à faire dans cette île où aucune chrétienté n'existait. Connaissant le tempérament de pionnier du Père Merdrignac, Mgr. Hergott lui proposa cette fondation à son retour de France. Avec l'ardeur d'un jeune, il partit à Phu-Quoc pour y installer environ trois mille chrétiens. On fit du provisoire. Le Père fut bien inspiré. La société fit faillite et les chrétiens furent réinstallés dans la province de Hatien, le long d'un canal nouvellement creusé, formant deux chrétientés : Dat-Hua (la terre promise) et Hon-Chong.
En 1945, le Père Merdrignac est arrêté par le viêt-minh puis incarcéré dans la prison de Hatien où, à plusieurs reprises, il fut menacé de mort. Suite à l'intervention des religieuses à Saïgon, les autorités anglaises ont obligé les viêt-minh à remettre les prisonniers aux mains des Japonais qui les ont gardés jusqu'à l'arrivée des troupes françaises. Ainsi, le Père Merdrignac fut transféré à Rach-Gia puis à Cantho pour être libéré. Sa santé était ébranlée. Il fut nommé curé de Kampot en 1947, revint se soigner en France en 1950, puis après un nouveau séjour à Kampot de 1951 à 1953, il revint définitivement en France.
Hospitalisé à Pasteur, il mourut le 8 août 1955.
Nécrologie
Le P. Jean-Marie Merdrignac 1
A son arrivée au Cambodge, le P. Merdrignac étudia la langue auprès d’un de ses compatriotes, le P. Hion, missionnaire è Culaotay. Rapidement il s’assimila le vietnamien qu’il parla avec une rare perfection. Plus tard, il aimait conseiller les jeunes missionnaires et leur indiquer certaines subtilités de langage.
Ainsi, au bout d’un an à peine, on le désigna pour faire des intérims à Vinhloi, à Rachsau et à Locson, avant d’être nommé à la tête de la chrétienté de Annhon, poste éloigné des centres de communications et dont les chrétiens étaient pauvres. Survint le grand typhon de 1904 ; église et presbytère furent renversés. Après avoir élevé quelques constructions de fortune, le P. Merdrignac qui avait fort peu de ressources, emmena un groupe de chrétiens au grand fleuve et se procura ainsi à bon compte les bois avec lesquels il put reconstruire ce que le typhon avait démoli.
——————
1. MERDRIGNAC Jean-Marie-Augustin, né le 13 juin 1875 à Plancoët, au diocèse de St-Brieuc. Etudes primaires au pays natal, secondaires chez les Cordeliers de Dinan. Grand séminaire à St-Brieuc, entré aux Missions-Étrangères en 1898. Sous-diacre le 10 mars, diacre en juin et prêtre le 22 septembre 1900. Parti pour le Cambodge le 14 novembre 1900. Chevalier de la Légion d’Honneur. Décédé à Paris le 8 août 1955.
Il fonda la chrétienté de Mythien et agrandit celle de Thuong Phuoc. Il se dépensait sans compter pour suppléer à son indigence. Il subit une attaque de choléra qu’il surmonta difficilement et qui devait avoir de graves répercussions sur sa santé. Il dut aller se reposer quelques mois à Hongkong, puis en 1907 il fut obligé de rentrer en France.
A son retour en 1909 il fut nommé à Longxuyen. Ce joli petit poste ne suffisait pas à son activité ; elle se déploya sur le canal de Longxuyen à Rachgia : il restaura la chrétienté de Baban, développa celle de Tanhoi et fonda celle de Caiyan. Grâce aux vastes terrains que le Père put acquérir, celle-ci devait prendre une large extension.
En 1913, il quitta Longxuyen pour Russey, à Phnompenh, en prenant la succession du P. Joly qui avait consacré son patrimoine à la construction et à l’agrandissement du couvent des Amantes de la Croix. Le P. Merdrignac développa cette œuvre avec succès, tout en assurant le service paroissial.
En 1923, nommé curé de la paroisse du Sacré-Cœur, il agrandit l’église et le presbytère et éleva un beau clocher qui domine le centre de la ville de Phnompenh.
Depuis longtemps la mission du Cambodge désirait reprendre l’évangélisation dans l’île de Phuquoc, où jadis au temps des persécutions beaucoup de chrétiens s’étaient réfugiés. En 1906 le projet fut sur le point d’aboutir. Deux missionnaires s’étaient rendus sur place et avaient retrouvé quelques vestiges qui donnaient un peu d’espoir : dès ce moment le P. Merdrignac était volontaire pour tenter l’aventure. En fin de compte le projet n’aboutit pas et il fallut attendre plus de 20 ans pour sa réalisation.
En 1929 la maladie l’obligea à un second retour en France. C’est alors qu’une Société de planteurs décida de s’installer à Phuquoc et d’y faire venir des travailleurs catholiques du Tonkin. Monseigneur Hergott qui avait déjà reçu l’assentiment du Père Merdrignac au cas où l’affaire aurait lieu, lui proposa ce nouveau poste de dévouement. Interrompant sa cure, le Père s’empressa de rentrer pour aller s’installer à Phuquoc.
Tout était nouveau et tout était à faire. Avec l’ardeur d’un jeune, le Père Merdrignac se jeta à corps perdu dans cette œuvre pour installer environ trois mille chrétiens. On faisait du provisoire, mais même cela demandait beaucoup de travail : chapelles, presbytères, écoles, car les chrétiens étaient répartis en deux groupes. Il fallait s’occuper du spirituel et du matériel, ce qui n’était pas facile dans un pays inconnu, avec l’obstacle de la langue tonkinoise, des mœurs et coutumes très différentes de celles des catholiques de Cochinchine. Avec un allant superbe, le Père réussit l’installation des paroisses avec toutes leurs œuvres.
Ce ne devait être que feu de paille. La Société fut vite touchée par la crise mondiale et dut, au bout de deux ans, restreindre ses activités et finalement déposer son bilan. Qu’allaient devenir ces chrétiens ? Grave problème car ils n’avaient pas les ressources suffisantes pour s’établir à leur compte.
Heureusement l’Administration française comprit qu’on ne pouvait les abandonner. Sur la terre ferme, en face de Phuquoc, dans la province d’Hatien, en bordure d’un canal nouvellement creusé, il y avait de grands terrains ne demandant que des bras pour devenir rizières. L’Administrateur de la province, après entente avec les autorités supérieures, entreprit de transporter là tous les chrétiens de Phuquoc. C’était une œuvre d’importance : elle fut menée à bien grâce au dynamisme de l’Administrateur et du Père Merdrignac.
Il fallait tout reprendre à la base. D’abord installer les chrétiens, leur construire une habitation, leur procurer l’essentiel pour défricher le terrain et préparer les rizières. Les Tonkinois sont actifs : tous recevaient en pleine propriété le lot qui leur était assigné ; quelques mois plus tard la forêt et la jungle avaient presque entièrement disparu. Après la première récolte tous pouvaient subvenir à leurs besoins. Le Père avait élevé une immense paillotte servant de chapelle ; son presbytère, le couvent et les écoles étaient de même style. Peu à peu il se trouva en mesure de faire du définitif. On était enchanté à la vue de ces rangées interminables de maisons s’élevant sur les deux bords du canal. C’était vraiment digne du nom de Dathua, la terre promise.
Quelques années passèrent et tout faisait espérer que cette population était définitivement implantée dans ce pays qui lui donnait abondance et prospérité. Mais un beau jour, sur un mot d’ordre venu on ne sait d’où, un vent de nostalgie souffla en rafale : sans raison apparente, presque tous les chrétiens quittèrent leurs maisons, abandonnèrent la plus grande partie de leurs biens, et les routes furent couvertes de ces émigrants demandant leur rapatriement au Tonkin. Trois à quatre cents seulement refusèrent de se joindre à cet exode et restèrent sur les lieux. Le P. Merdrignac voyait réduit à néant son travail de plusieurs années. Cependant la chrétienté se reforma peu à peu à l’aide de Cochinchinois attirés par la possession facile de fertiles rizières.
Déjà, sans se laisser abattre, le P. Merdrignac portait ses yeux ailleurs. Un site enchanteur, au bord de la mer, Honchong, sollicita son attention et il ne tarda pas à y fonder trois autres chrétientés. Là encore il acquit de vastes rizières sur lesquelles ses chrétiens purent s’établir.
1945. Arrêté par les communistes, le Père est incarcéré à Hatien et s’y voit à plusieurs reprises en danger de mort. On le conduisit à Rachgia, puis à Cantho où il retrouva tous les missionnaires arrêtés par les vietminh. Leur détention, assez douce, dura plusieurs mois : le 30 novembre 1946 ils furent délivrés par les troupes du général Leclerc.
Il put rentrer à Hatien et voulut reprendre contact avec ses chrétiens : mais les vietminh s’infiltraient partout et cela lui devint bientôt impossible. Le poste de Kampot étant vacant par la mort du P. Arvieu, le P. Merdrignac fut alors nommé pour le remplacer. Il s’y dévoua comme partout, et fonda une école qui depuis a prospéré.
Depuis longtemps sa santé laissait beaucoup à désirer et il partit pour France où il passa quelques mois. Il nous revint en mars 1951 ; il avait repris des forces et était toujours alerte, car en dépit de son grand âge il ne donna jamais l’impression d’être un vieillard. Mais, en juin 1953, les crises de sprow s’aggravant il décida de rentrer définitivement en France. Contre toute attenté il se remit et même parlait de revenir. Le P. Hans, revenu en congé en mai 1955, le rencontra à Vichy et pendant plusieurs semaines, ils rendirent visite aux parents de quelques missionnaires. Il était dans les Vosges, quand son état, presque subitement, devint alarmant. Il vint à Paris, un docteur conseilla une opération : on n’eut pas le temps d’intervenir, et après quelques jours de vives souffrances il rendait son âme à Dieu. Ses obsèques eurent lieu au séminaire.
Comme on peut le voir, la vie du P. Merdrignac a été assez mouvementée. La fondation de toutes ces chrétientés tenait toujours son activité en haleine : sa santé fut très éprouvée et souvent chancelante, mais au moment où l’on aurait pu croire qu’il devrait renoncer, sa foi vive et son énergie reprenaient le dessus ; il oubliait la maladie et poursuivait son œuvre malgré tous les obstacles.
En quatre mois, la mission de Phnompenh a perdu son, évêque et trois missionnaires : qu’ils nous obtiennent de Dieu des remplaçants pour continuer leur œuvre !
~~~~~~~
Références
[2546] MERDRIGNAC Jean-Marie (1875-1955)
Références biographiques
AME 1901 p. 73. 1904 p. 268. 1913 p. 253. 261. 263. 301. 302. 304. 1932 p. 4. 5. 10. 11. CR 1900 p. 264. 1905 p. 189. 190. 192. 1906 p. 183. 1907 p. 222. 1910 p. 203. 1913 p. 243. 1923 p. 126. 1928 p. 123. 1930 p. 188. 1931 p. 189. 1932 p. 226. 1934 p. 168. 1936 p. 164. 1938 p. 162. 1939 p. 148. 1951 p. 70. 72. 1955 p. 79. BME 1924 p. 257. 463. 1925 p. 571. 708. 1928 p. 384. photo p. 421. 1930 p. 248. 1931 p. 161. 383. 611. 1932 p. 554. 1934 p. 428. 1937 p. 65. 1938 p. 60. 1939 photo p. 225. 1940 p. 232. 1949 p. 528. 529. 1951 p. 318. 1953 p. 299. 588. 723. 901. 1954 p. 799. 1955 p. 922. 1941 p. 770. Echos. Miss. 1945 p. 254. EC RBac N° 174. 175. 179. 190. 484. 485. 495. 542. 584.
Notice nécrologique
BME 1956 p. 278.