Jules MUTILLOD1876 - 1911
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2597
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1901 - 1911 (Jilin [Kirin])
Biographie
[2597]. MUTILLOD, Jules-Louis, originaire du hameau de Marclaz, commune de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), naquit le 3 septembre 1876. Il fit ses études au collège d'Evian, entra laïque au Séminaire des M.-E. le 11 septembre 1896, et reçut la prêtrise le 23 juin 1901. Il partit le 31 juillet suivant pour la Mandchourie septentrionale, et fut d'abord placé à Leao-tien-tse, dont l'administration lui fut confiée dès 1902, ainsi que celle du district de Pin-tcheou. Dans la ville de ce nom, il acheta une petite propriété, construisit un oratoire et des écoles.
Peu après, Mgr Lalouyer, son vicaire apostolique, le chargea d'établir un probatorium à Siki-tchang, dans la province du Hei-long-kiang ; le missionnaire réussit, au prix de bien des peines, à élever une chapelle et des bâtiments pouvant loger une quarantaine d'enfants, dont il commença l'éducation cléricale. Dans la nuit du 26 janvier 1911, il apprit que le missionnaire voisin, Delpal, était atteint de la peste. Il se hâta d'aller l'assister ; en accomplissant cet acte de charité, lui-même prit le germe de la maladie, et peu de jours après son retour à Si-ki-tchang, le 1er février 1911, il succomba au fléau.
Nécrologie
M. MUTILLOD
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA MANDCHOURIE SEPTENTRIONALE
Né le 3 septembre 1876
Parti le 31 juillet 1901
Mort le 1er février 1921
M. Mutillod fut un bon missionnaire et un éducateur pratique et dévoué : ainsi peut se résumer, en deux mots, toute la vie apostolique de notre cher Confrère. Doué de talents qui ne dépassaient guère la moyenne, il réussit à s’acquitter merveilleusement des deux grandes tâches que lui confièrent ses supérieurs et qui partagèrent sa carrière. Le secret de ses succès, nous le trouvons dans sa volonté ferme et résolue de se rendre chaque jour plus semblable à son divin Modèle, Jésus-Christ.
Jules-Louis Mutillod était né au village de Marclaz, près de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), dans une excellente famille de cultivateurs, « chez qui la grandeur était naturelle et qui avaient rencontré la paix dans l’acceptation quotidienne ». Elle comptait parmi ses membres un prêtre confesseur de la Foi sous la Révolution et plusieurs Religieux.
Séparé dès l’âge de deux ans de sa pieuse mère, rappelée à Dieu lors de la naissance d’un second enfant, il fut élevé par une tante qui l’entoura d’une affection sincère et le forma à la vertu et à l’amour de Dieu.
C’est au Pensionnat des Frères des Ecoles chrétiennes, où il passa quatre ans, que se dessina la vocation sacerdotale de notre Confrère. Il y commença l’étude du latin auprès de M. l’abbé Desbiolle, aumônier de l’Etablissement. Bientôt après, il entra au Collège d’Evian, où il a laissé la réputation d’un élève laborieux, réfléchi, d’une piété solide.
« Ses camarades de collège, a écrit de lui Henry Bordeaux, son compatriote, louent son caractère enthousiaste, généreux, gai. Une photographie récente le représente un peu raide, maigri, les traits droits et fins, et, sur le visage, une expression ascétique et décidée. L’impression que laisse ce visage est celle d’une volonté toute tendue vers un but, et de cette magnifique résistance nerveuse qui, si souvent, domine la force physique (1). »
(1) La Croix illustrée 16 avril 1911.
Le 11 septembre 1896, M. Mutillod arrive au Séminaire de l’Immaculée-Conception de Bièvres. L’année suivante, il satisfait aux obligations du service militaire qu’il accomplit à Annecy. Puis, il reprend, tout joyeux, le cours interrompu de ses études cléricales, et, le 23 juin 1901, il reçoit la prêtrise avec sa destination pour la Mandchourie Septentrionale.
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Quatre mois s’étaient à peine écoulés depuis son arrivée en Mission que M. Mutillod commençait à prêcher et à confesser dans la petite chrétienté de Leao-Tien-Tze, où la Providence l’avait appelé à faire ses premiers essais de ministère sous l’habile direction de M. Delpal, qui devait demeurer jusqu’à la fin son ami intime et son conseiller fidèle.
En 1902, une grande pénurie de personnel obligea Mgr Lalouyer à confier au jeune Missionnaire l’administration de ce district de Leao-Tien-Tze, auquel fut adjoint le district voisin de Pin-Tchaou, resté sans titulaire depuis la mort du P. Pierre Tchang. Plein d’entrain, M. Mutillod se mit de tout cœur à la tâche et son zèle fut récompensé par des conversions nombreuses. Les principaux centres de son vaste territoire, Ha-Che-He, Fei-Heu-Tou, Nan-Tien-Men, Ma-I-Heu, lui fournirent de nombreux catéchumènes. Tout allait au gré de ses désirs quand une attaque, dont il fut victime de la part d’une bande de brigands, faillit lui coûter la vie. Il échappa à grand’peine au danger, mais l’émotion avait été si profonde que quelques jours après une fièvre typhoïde se déclarait et le conduisait aux portes du tombeau. Dieu se contenta de l’offrande qu’il fit de sa vie. La santé revint et il reprit l’administration de ses chrétientés pour la garder jusqu’au jour où Mgr Lalouyer l’appela au poste de confiance de Si-Ki-Tchang.
Nous ne voulons pas nous étendre sur les initiatives dues au zèle courageux de notre cher Confrère. Qu’il suffise de rappeler les améliorations qu’il apporta aux stations de Pin-Tcheou et de Ma-I-¬Heu.
Dans ce dernier marché, il eut la joie de voir d’inappréciables succès couronner ses efforts. A Pin-Tcheou sa constance fut d’abord mise à l’épreuve.
Les ruines amoncelées par la persécution de 1900 n’étaient pas encore relevées et les autorités locales mettaient tout en œuvre pour combattre le christianisme.
Débouté par le mandarin dans ses premières démarches pour la reconstruction de l’oratoire, M. Mutillod résolut de planter le signe sacré de la Rédemption sur un nouveau terrain plus en évidence. L’ancienne chapelle, en effet, se trouvait dans un des « plus humbles » quartiers de la ville. Il conçut le projet de la rebâtir sur le point le plus culminant. Ce n’était pas pour apaiser la haine des ennemis de la Religion, et ils mirent tout en œuvre pour faire échouer le plan du Missionnaire.
De longs mois se passèrent en pourparlers et en démarches pour acquérir le terrain convoité. La ténacité et le tact du zélé pasteur eurent raison des machinations de ses adversaires et de l’obstination du sous-préfet. Le terrain fut acheté, un oratoire fut construit, des écoles furent installées. C’est avec joie qu’à la suite de ces travaux il écrivait à son Vicaire apostolique : « Durant de longs mois, je suis resté ici caserné, par la volonté du sous-préfet, dans une boutique païenne où l’exercice du saint ministère était très difficile. Les allées et venues des païens une gênaient énormément. Aujourd’hui, grâces à Dieu, les choses sont bien changées : la Croix brille, rayonnante, sur toute la ville. Nos chrétiens peuvent remplir aisément leurs devoirs religieux ; mes écoles sont ouvertes et les catéchumènes peuvent s’instruire des vérités nécessaires. Ma joie est de pouvoir conserver le Saint-Sacrement ; j’ai été longtemps privé de ce bonheur ; c’est la meilleure récompense et la plus grande consolation qu’ait pu me réserver le Divin Maître. »
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Afin de faciliter le recrutement des vocations sacerdotales parmi les chrétientés du Nord de la Mission, Mgr Lalouyer caressait depuis longtemps le projet de doter la Province de Tsi-Tsi-Kar d’un petit collège, où les aspirants au sacerdoce pourraient commencer leurs études de latin et recevoir une première formation en rapport avec le but à atteindre.
L’éloignement de la famille, joint au peu de facilité des communications, n’était pas l’une des moindres difficultés qui empêchaient les jeunes gens de suivre leur attrait et de se rendre au Petit Séminaire de Siao-Pa-Kia-Tze. Pour obvier à ces inconvénients, Mgr de Raphanée décida d’installer un Probatorium dans la partie septentrionale du Vicariat, à Si-Ki-Tchang. M. Mutillod fut chargé de la fondation de ce nouvel établissement.
Les débuts furent pénibles : tout était à construire et à organiser. Notre cher Confrère se mit courageusement à l’œuvre, et, en l’espace de quatre années, au prix de bien des peines et d’énormes sacrifices, il réussit à élever une élégante chapelle et des bâtiments confortables et suffisants pour loger une quarantaine de pensionnaires.
Il serait long de redire tous les expédients, les combinaisons, les moyens que lui suggéra son zèle pour faciliter le recrutement des vocations. Aux débuts, l’exiguité et l’incommodité de l’ancienne masure ne lui paraissent guère de nature à attirer les élèves et il n’ose trop presser ses voisins. Mais à mesure que les locaux s’ouvrent, son impatience de voir s’accroître son « pusillus grex » se développe, et, littéralement, il se prend à harceler les chefs de district, qui, à son avis, ne lui envoient pas assez de pensionnaires. Apprend-il qu’un enfant, désireux d’entrer au collège, ne peut le faire à cause de difficultés pécuniaires, il sait habilement supprimer l’obstacle. Le temps de ses vacances est employé à voyager dans les chrétientés environnantes, toujours en quête de nouvelle recrues : rarement ses voyages demeurent infructueux ; c’est accompagné d’un ou deux postulants que, tout heureux, il revient au collège.
M. Mutillod était véritablement le père des enfants qui lui étaient confiés. Ils les suivait avec soin ; présidait lui-même chacun de leurs exercices, à la chapelle, en classe, à l’étude ; dirigeait leurs ébats en récréation, et veillait avec sollicitude sur leur vertu et leur santé. Aussi en fut-il sincèrement aimé et estimé.
Sous son impulsion les études furent conduites avec entrain, et sa méthode d’enseignement, qui connut d’abord quelques tâtonnements inévitables en la matière, demeure encore féconde en bons résultats.
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C’est au moment où cette œuvre, à peine sortie des premières difficultés, semblait devoir prendre un nouvel essor, que la divine Providence a privé la Mission du concours de M. Mutillod.
Dans la nuit du 26 janvier 1911, il apprit que son voisin, M. Delpal, était atteint de la peste. Il partit immédiatement pour l’assister à ses derniers moments, et il eut la consolation d’arriver à temps pour recevoir ses suprêmes recommandations et recueillir sort dernier soupir. Il resta deux jours dans la résidence du cher M. Delpal, pour exécuter les dernières volontés du défunt et aussi soutenir le courage de son vicaire, le prêtre indigène Jacques Tchang.
Le 30 janvier, il quittait Hou-Lan. Mais il emportait les germes du terrible mal qui, deux jours après, devait l’enlever à son tour.
Voici comment M. Guérin, qui fut son bon ange à l’agonie, nous raconte ses derniers moments : « M. Mutillod vient de mourir victime de la peste ; il a rendu sa belle âme à Dieu, hier matin, 1er février, à 11 h. ¾ , après avoir reçu les sacrements avec un grand esprit de foi et une résignation parfaite. De bon cœur, il a fait le sacrifice de sa vie pour la conversion des pauvres païens. Il a dû contracter la maladie auprès de M. Delpal. Le 30 janvier, après son retour de Hou-Lan, il a pu célébrer la sainte messe, quoique extrêmement fatigué : tous les soins du médecin ont été impuissants à enrayer la marche du terrible mal. Appelé près de lui, je l’ai trouvé dans un état désespéré, sans espoir de guérison. Il a reçu les derniers sacrements en pleine connaissance, qu’il a gardée jusqu’à la fin. Son agonie a été précédée de longue heures de souffrances patiemment endurées... Sa mort a été profondément édifiante... »
Notre cher Confrère repose maintenant dans le jardin du petit Collège. Son souvenir restera longtemps vivant dans le cœur de ses jeunes élèves, qu’il continuera à aimer et à protéger du haut du Ciel.
Majorem hâc dilectionem nemo habet quam ut animam suam ponat quis pro amicis suis.
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Références
[2597] MUTILLOD Jules (1876-1911)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1902, pp. 91, 92 ; 1903, p. 71 ; 1904, p. 82 ; 1905, p. 54 ; 1906, p. 71 ; 1906, p. 75 ; 1909, p. 83 ; 1911, pp. 62, 68. - A. P. F., lxxxiii, 1911, pp. 176, 177. - M. C., xliii, 1911, pp. 87, 97. - A. M.-E., 1906, p. 199. - La Croix illustrée, 1911, n° du 16 avril.
Notice nécrologique. - C.-R., 1912, p. 359.
Portrait. - A. P. F., lxxxiii, 1911, p. 161.