Nicolas GAILLARD1877 - 1907
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2661
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1902 - 1907 (Chengdu)
Biographie
[2661]. GAILLARD, Nicolas-Léon, né au Pavillon, commune de Coutouvre (Loire), le 24 octobre 1877, fit ses études classiques au petit séminaire de Saint-Jodard et sa philosophie au séminaire d'Alix. Entré laïque au Séminaire des M.-E. le 10 septembre 1897, il fut ordonné prêtre le 22 juin 1902, et partit le 30 juillet suivant pour le Se-tchoan occidental. Il débuta dans le district de Lao-mien-tcheou. Vers la fin de 1904, en passant la nuit près d'un mourant dans une masure humide, il contracta une pleurésie qui dégénéra peu à peu en phtisie. Il mourut à l'hôpital de Tchen-tou le 19 avril 1907, et fut enterré au cimetière Mo-pan-chan.
Nécrologie
M. GAILLARD
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU SU-TCHUEN OCCIDENTAL
Né le 27 octobre 1877
Parti le 31 juillet 1902
Mort le 19 avril 1907
Nicolas-Léon Gaillard, né le 27 octobre 1877 au Pavillon, commune de Coutouvre près Roanne (Loire), était le second fils d’honnêtes cultivateurs. Son père, homme intègre et diligent, devait s’élever, grâce à son travail et à sa loyauté, de la position de jardinier à celle de gérant des domaines qu’un riche propriétaire roannais possédait au Pavillon. Léon grandit au milieu de la belle nature et il en usa largement pour la satisfaction de ses goûts pour la vie en plein air. Puis vint l’école communale: Léon s’y fit remarquer par son application à l’étude. Un vicaire zélé de la paroisse, voyant ses heureuses dispositions, lui enseigna les premiers éléments de latin et le fit entrer au petit séminaire de Saint-Jodart, où il fut un bon élève dans toute l’acception du mot.
Les vacances le ramenaient au Pavillon. Sa grande distraction était de se rendre utile à sa famille et d’aider son père dans les plus pénibles travaux. Il eut aussi le bonheur d’approcher souvent Mgr Dubuis, ancien évêque de Galveston, retiré à Coutouvre, son pays natal. On peut présumer qu’à ce contact, Léon sentit naître et grandir en lui l’attrait pour la vie apostolique. Sans hésiter, il répondit à l’appel de Dieu, et, après avoir achevé sa philosophie à Alix, il entrait au Séminaire des Missions-Étrangères.
Il dut bientôt quitter son cher séminaire pour accomplir une année de service militaire à Bourg-en-Bresse. Léon Gaillard fut le soldat sans reproche, semeur de bonnes paroles, de bons exemples surtout, sur le sol ingrat de la caserne. Son service achevé, il revêtit de nouveau, avec bonheur, l’habit ecclésiastique. Au séminaire de Bièvres, puis à celui de Paris, il vécut sans bruit comme un bon séminariste. Chaque ordination lui faisait gravir un des degrés du sanctuaire, et il parvint ainsi à la prêtrise le 22 juillet 1902. Le même jour, il recevait sa destination pour le Su-tchuen occidental.
M. Léon Gaillard était prêtre et missionnaire : ses vœux étaient accomplis.
Après les adieux à la famille et à son cher Pavillon, il quittait la France le 31 juillet ; le 11 décembre il arrivait à Tchen-tou.
A cette époque, M. Gaillard avait une santé qui paraissait robuste : marcheur intrépide, causeur infatigable, il était plein d’entrain. Rien en lui ne faisait soupçonner que sa carrière serait sitôt brisée par la mort.
Il mit à l’étude de la langue mandarine l’ardeur qu’il déployait en tout. Aussi, quelques mois plus tard, était-il à même de faire ses premiers pas dans le ministère apostolique. Mgr Dunand, qui le connaissait et l’estimait, lui assigna le district de Lao-mien-tcheou.
M. Gaillard se trouva de suite dans son élément. Monté sur sa mule, il chevauchait par monts et par vaux dans les limites de son vaste domaine. Deux fois par an, il visitait chacune de ses stations, établissant des écoles, prêchant, catéchisant, dirigeant tout d’une main ferme et douce à la fois.
Un jour, appelé en hâte auprès d’un mourant, il dut faire à pied une trentaine de kilomètres. Le malade habitait une masure humide. Le missionnaire n’y passa qu’une nuit. Rentré chez lui, une pleurésie se déclara et le cloua sur le lit pendant quelques jours. Les médecins chinois lui administrèrent leurs drogues: un mieux s’ensuivit, mais non la guérison complète. Le pauvre confrère toussait toujours.
Quand il vint à Tchen-tou, en janvier 1905, pour la retraite annuelle, le médecin européen, consulté, ne remarqua rien de grave et recommanda seulement de l’hygiène et des précautions: deux mots, le second surtout, qui s’accordaient mal avec le tempérament de notre missionnaire. Rentré au milieu de ses chrétiens, il continua comme par le passé : la toux ne le quittait plus.
Pendant la retraite de janvier 1906, il éprouva une crise qui indiquait clairement la gravité de son état. Monseigneur lui donna un remplaçant à Lao-mien-tcheou et le retint à l’évêché, où les médicaments et un régime spécial le remirent bientôt sur pied.
Aux premiers beaux jours, il put retourner dans son ancien district pour mettre ordre à ses affaires et renseigner son successeur.
En revenant à Tchen-tou, il voulut rendre visite aux confrères du séminaire de Ho-pa-tchang. Il y arriva pour se mettre au lit et fut plusieurs jours entre la vie et la mort. Sa jeunesse, les soins empressés et intelligents de M. Caluraud, unis aux prières de tous, le sauvèrent encore une fois et, après une longue convalescence, il rentrait à la capitale au mois d’octobre.
Le docteur diagnostiqua la troisième période de phtisie pulmonaire. Dès lors, le pauvre malade commença la lente et douloureuse agonie, particulière à ce genre de maladie.
Le 31 décembre, pendant que Monseigneur assistait aux derniers jours de M. Têtu à Tsong-kin-tcheou, M. Gaillard fut pris de vomissement : lui-même se crut perdu et demanda les derniers sacrements que lui administra le Père Provicaire. Ce n’était qu’une alerte et un pas de plus vers la tombe. Le lendemain, tous lui offrirent les souhaits d’une nouvelle année qui devait, pour lui, finir dans l’éternité. Quelques jours plus tard, les confrères venus à la retraite lui firent leurs derniers adieux. A la fin de mars, il dut s’aliter. Les Religieuses Franciscaines Missionnaires de Marie, chargées de l’hôpital et qui déjà s’occupaient de lui, demandèrent et obtinrent la permission de le soigner de plus près. Pendant les trois dernières semaines, la Mère Supérieure et une religieuse doyenne d’âge de la communauté s’installèrent jour et nuit à son chevet et lui prodiguèrent les soins les plus dévoués.
En même temps les neuvaines se succédaient. Notre confrère aurait voulu vivre pour ses Chinois et pour sa mère. A ce sujet, il dit un jour : « Pour moi, je mourrais volontiers, mais « mon plus grand chagrin est de penser à la peine qu’éprouvera ma pauvre mère en apprenant « ma mort. »
Le 5 avril, premier vendredi du mois, voyant qu’il déclinait rapidement, son évêque lui administra l’Extrême-Onction qu’il reçut avec de grands sentiments de foi et de piété. Le même jour, il s’était fait transporter dans la chapelle de l’hôpital et là, devant le très saint Sacrement exposé, il avait demandé le miracle de sa guérison. Cinq jours avant sa mort, il écrivit encore, sur son lit de souffrances, trois pages de promesses au Sacré-Cœur et à Notre-Dame de Lourdes, pour le cas où il recouvrerait la santé.
Sur la fin de la retraite du clergé indigène, le vendredi 19 avril, vers midi, une dernière crise se déclare, Monseigneur, le Père Provicaire et un missionnaire sont de suite à ses côtés. Notre confrère fait peine à voir. Il comprend que tout est perdu ; le calice de la mort approche de ses lèvres et, à grands cris, il en demande l’éloignement.
On l’exhorte, le calme revient, Mgr Dunand lui applique l’indulgence plénière « in articulo mortis ». Pendant les quelques heures qui suivent, le cher malade, qui conserve toute sa connaissance, accepte avec une entière soumission la volonté de Dieu : il répond aux pieuses invocations qu’on lui suggère Sa main gauche est appuyée sur une statuette de Notre-Dame de Lourdes ; de la droite, il tient un crucifix qu’il baise avec amour à de courts intervalles. Quelques prêtres chinois viennent le voir ; il les fait agenouiller et leur donne sa bénédiction ; il bénit aussi, en la personne de quelques intimes, sa famille et ses amis absents.
Il offre sa vie pour notre très saint Père le Pape, pour la sainte Église, pour ses chers Chinois, pour sa famille et ses amis.
Sur la fin des prières pour les agonisants, son regard se fixe : « Je n’y vois plus », dit-il. « Courage, cher confrère, encore quelques instants et vos yeux s’ouvriront à la lumière éternelle ; ils verront la miséricorde du bon Dieu. » Et, en effet, à 4 h. ¾ , M. Gaillard rendait, sans secousse, le dernier soupir, pendant qu’on lui donnait une suprême absolution.
Le corps, revêtu des ornements sacerdotaux, resta exposé pendant deux jours. Le dimanche soir, se fit la levée du corps, que l’on transporta processionnellement dans l’église cathédrale, où il fut déposé dans le cercueil.
Le lendemain, le Père Provicaire célébra la sainte messe chantée par le clergé indigène. Mgr Dunand donna l’absoute. Les Petits Frères de Marie, les Religieuses des deux communautés, le corps consulaire et les membres de la Mission médicale française, de nombreux chrétiens étaient venus apporter au regretté défunt, avec leurs prières, le témoignage de leur respectueuse sympathie.
Deux missionnaires, plus de vingt prêtres chinois, les Frères, des chrétiens l’accompagnèrent au cimetière de Mo-pan-chan. C’est là que sa dépouille mortelle repose, en attendant la résurrection glorieuse, à côté de celle de M. Têtu, un vétéran de l’apostolat, qui l’avait précédé de quelques mois dans la tombe.
D’une piété solide, M. Gaillard fut toujours fidèle à ses exercices spirituels. Durant sa maladie, la prière était sa grande occupation. Chaque jour, quand ses forces l’empêchaient de monter au saint autel, il recevait la communion et trouvait, dans cette divine nourriture, la force de supporter ses souffrances avec un visage toujours souriant.
Bien portant, l’activité de son zèle surtout était remarquable. Réduit à l’inaction, sa consolation était de raconter les faits et gestes de sa courte carrière apostolique et de combiner de beaux plans pour le jour où il serait guéri.
Franc comme l’or, sa charité amortissait toujours ce que la franchise a parfois d’un peu rude. Frugale était sa table, très modeste son vêtement, peut-être un peu par goût personnel et éducation première, mais surtout par vertu, afin de pouvoir faire de plus abondantes aumônes à ses pauvres chrétiens.
En un mot, M. Léon Gaillard était admirablement doué pour rendre de grands services à la mission. Dieu l’a trouvé mûr pour le Ciel ! Que sa sainte volonté soit faite !
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