Antoine MARCHI1878 - ?
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2698
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Laos
- Région missionnaire :
- 1903 - 1914
- 1919 - 1955
Biographie
[2698] MARCHI Antoine, Marie, est né le 8 janvier 1878 à Antisanti (Corse), au diocèse d'Ajaccio, il est plus tard incorporé au diocèse de Chartres où il fait ses études primaires et secondaires et le Grand Séminaire. Il est ordonné prêtre le 29 juin 1902 et entre au Séminaire des Missions Etrangères le 25 juillet suivant. Il part pour le Laos le 22 juillet 1903.
Il débute à Ubon avec le Père Dabin : il y apprend la langue (1903-1905). Il est le premier prêtre en charge de Sithan qu'il organise de son mieux, tout en étant confesseur extraordinaire des Amantes de la Croix (1906-1908). Après cela, c'est au Nord de la Mission, à Changming, qu'on le trouve pendant cinq ans (1909-1914). Mobilisé pendant la Grande Guerre, d'abord à Salonique, puis comme interprète des Siamois dans le Palatinat. Il est démobilisé en 1919 et regagne le poste le Changming où il travaille jusqu'en 1925. Un congé en 1925-1927 lui refait une santé, mais il devra s'imposer un régime très strict. De 1927 à 1930, il est à Thungmone et puis il va rester longtemps à Siengvang où il s'occupe du couvent des religieuses. Lors de l'invasion japonaise, il va se réfugier à Thungmone un certain temps avant de regagner Siengvang.
Après ses Noces d'or en 1953, il s'affaiblit de plus en plus et ses jambes le portent mal : il va devoir se retirer à Thakhek où après beaucoup de souffrances, il s'éteint le 24 janvier 1955. Poète et musicien, il était le bout-en-train de la Mission tout en restant très charitable. Il laisse à tous l'image d'un prêtre tout à son devoir.
Nécrologie
Le P. Antoine-Marie Marchi 1
C’est, je crois, la première fois que paraît dans le Nécrologe de la Société, un missionnaire d’origine corse. A quand le second ? …Car le P. Marchi était Corse 100 %. Né à Antisanti en 1878, il fit ses études en France, au diocèse de Chartres. Ce que furent ses jeunes années de collège, il ne l’a jamais dit : réservé comme un Corse, il ne se répandait pas à l’extérieur.
Prêtre en 1902, il entrait, la même année. aux Missions-Étrangères, d’où, en 1903, il partait avec deux compagnons, les PP Beigbeder et Barriol, pour le Laos. C’était un beau renfort.. C’était la belle époque des Missions-Étrangères, marquée en 1900 par les Noces d’or du vénéré P. Delpech. Ils étaient 55 Partants en ce mois de juillet 1903. On n’a jamais revu ce chiffre.
Il débuta à Oubone avec le P. Darbin. fondateur de ce poste. C’est là qu’il apprend, vite et bien, la langue, qui lui permet de se rendre utile dans ce poste et les chrétientés annexes. Il fut bientôt chargé de Sithan, sur la Semoun, à 40 km en amont d’Oubone. Que de fois il fit le chemin d’Oubone à Sithan, en barque ou à cheval. Il organisa sa paroisse, dont il fut le premier titulaire : Il travaillait comme un coolie aux constructions, maison, église, enclos solide, sans souci du soleil cuisant. J’eus l’occasion de le voir à ce moment-là. Sa magnifique barbe était saccagée… “Et votre barbe ? ” “Ce n’est pas à conserver : ça se prend dans les tenailles, dans la scie : c’est un embarras”. Et jamais plus on ne vit le P. Marchi avec une grande barbe.
Il mit sur un hon pied ce village de race “Souei” et conquit rapidement la confiance de ses gens. Il était confesseur extraordinaire du couvent ries Amantes de la Croix, dirigées et formées par les Sœurs de St-Paul de Chartres, à Oubone, où il était très goûté pour ses instructions et directives. Après quelques années, il fut placé dans le nord, à Xangming, région de Tharé, où il resta de nombreuses années.
Il dut quitter le pays, comme tant d’autres (on était 14 à partir) pour s’en aller guerroyer en France, lors de la “der de der”, en 1914. Son secteur fut d’abord Salonique, qui a laissé à ses bénéficiaires un souvenir plutôt amer. Ensuite, ce fut la France et il finit comme interprète de siamois dans le Palatinat.
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1. MARCHI Antoine-Marie, né le 8 janvier 1878 à Antisanti, au diocèse d’Ajaccio (inc. à Chartres). Etudes primaires, secondaires et grand séminaire à Chartres. Sous-diacre le 29 juin 1901, prêtre le 29 juin 1902. Entré aux Missions-Étrangères le 25 juillet suivant ; parti pour le Laos le 22 juillet 1903. Travaille d’abord au Laos siamois puis au Laos proprement-dit, enfin dans la mission de Thakhek. Décédé à Thakhek le 24 janvier 1955.
La guerre terminée il revint au Laos, dans son ancien poste de Xangming… Mais à la longue le climat, les soins approximatifs qu’il s’octroyait, ruinèrent sa santé et il dut rentrer en France soigner une dysenterie tenace qu’il essaya de guérir au pays natal, dans “l’Ile de Beauté”. Il ne s’y attarda guère et put revenir, bardé de Stovarsol et de directives médicales plutôt sévères et strictes. En vrai Corse, il se plia héroïquement à un régime qui eût découragé un régiment à fourragère. Il s’y est tenu jusqu’au bout. Jamais une seule entorse à son régime alimentaire, toujours le même et sans saveur. Il ne pouvait avaler le moindre morceau de viande ! C’est grâce à ce régime draconien qu’il put durer si longtemps.
Après Xangming, ce fut Siengvang, sur le Mékong. Là, il avait aussi à s’occuper d’un couvent de Religieuses. On peut croire tout de suite que, vu son caractère et sa piété profonde, il fut tout à son devoir. Il y eut quand même des alertes, lors des japonais : les 5 ou 6 missionnaires de ce secteur durent passer sur l’autre rive et se réfugier en territoire siamois : il s’en fut à Thungmon, qu’il avait connu jadis. La bourrasque passée, ils rentrèrent tous clans leurs postes respectifs. Il fut même choisi, deux années de suite, pour donner les exercices de la retraite annuelle à ses confrères du Laos. Ce fut une révélation pour tous de voir le P. Marchi battre le rappel autour des vertus sacerdotales sur un clavier supérieur. C’était le fin du fin.
Mais on le voyait vieillir, maigrir, baisser. Après ses noces d’or en 1953, il s’affaiblit de plus en plus. Ses jambes n’en voulaient plus, la fatigue l’écrasait, le sommeil l’assommait. Il restait toujours gai, sachant allier à la rigueur Corse l’entrain joyeux du missionnaire. On se souvient encore (car il était poète et musicien) des chants joyeux inventés par lui pour entraîner tout le monde dans la célébration de diverses cérémonies (sacre de Mgr Gouin, noces d’or ou d’argent). Et même, si on ne célébrait personne nominativement, il fêtait encore tous les ans, le P. “Nemo” qui lui fournissait de spirituels motifs de chants et de considérations joyeuses où tous et chacun se retrouvaient dans les aventures narrées.
Gai confrère, et très charitable, image du vrai prêtre tout à son devoir, il avait bien quelques originalités, qui amusaient parfois. Mgr Gouin disait de lui : “Le P. Marchi regarde comment font les autres pour faire… autrement.” Et, ma foi, il réussissait assez bien dans ses originalités : voir l’église de Sienvang dans son style laotien et son ornementation en coulées de différentes couleurs. Grand boute-en-train, il nous a fait chanter aux retraites des choses dont on aime se souvenir. Ascète, il le fut toute sa vie. Il avait aussi sa mode à lui, que je lui ai vu pratiquer toute son existence. Ses soutanes qu’il faisait lui-même, ses sacoches qu’il transformait ingénument, ses chaussures qui avaient leur “droit de regard” tantôt ici ou là ; il avait gardé intacte sa première soutane du séminaire. Il eut du chagrin de la perdre quand les Viets la prirent lors du “kidnapage” de Mgr Arnaud.
Retiré à Thakhek, il souffrit beaucoup à la fin. Ses jambes enflaient, coulaient... On l’entendait en ses nuits sans sommeil, dire et redire : “O mon Dieu, comme vous voudrez et tant que vous voudrez.” Il s’éteignit tout doucement dans la nuit du 23 au 24 janvier 1955. Il est mort sans agonie en récitant son chapelet. La veille, alors que depuis 45 jours il ne pouvait plus se coucher, restant jour et nuit assis sur une chaise, la tête appuyée sur sa table, il essayait encore de faire sa lecture spirituelle. Il considérait la mort comme une amie, l’appelant de ses vœux car elle lui permettrait enfin de voir face à face Celui à qui il s’était donné depuis son enfance et pour l’amour de qui il avait vécu. Véritable mort de saint. Dieu a exaucé son désir ardent de mourir au milieu de ses chers Laotiens.
Lui, qui avait si souvent chanté les petits et grands événements de la mission, voici comment il appelait, moins d’une semaine avant qu’elle vienne le chercher, celle qui pour lui n’était pas la mort mais l’entrée dans la vie :
Venez Seigneur Jésus : il est temps, voici l’heure
Que votre volonté soit faite sur mon corps,
Qui fut de bien longs jours ma chétive demeure,
Il a souffert, il a péché. Qu’il subisse son sort
Jusqu’au futur rappel du grand réveil des morts.
Qu’en sera-t-il surtout, de mon âme immortelle ?
Je crois en vous, Seigneur, j’espère en vous, mon Dieu
Pendait ma longue vie a-t-elle été fidèle
En petit et en grand, en tout temps en tout lieu ?
Je crois en vous Seigneur, j’espère en vous, mon Dieu.
O Marie, ô maman ! tout est malade en moi :
Le corps, l’esprit, le cœur, tout est en grand émoi.
Et mon âme est seulette ! elle tient votre main.
Oh ! ne me quittez pas en ce jour ou demain.
Je te salue, ô mort : la porte de sortie.
Mère, je vous souris : Espérance de vie.
Les Vieux
C’est un don du Bon Dieu : cette calme vieillesse
Qui ressemble au coucher d’un doux soleil du soir
Car tout chante en leurs cœurs si remplis de l’espoir
De vivre au Ciel, de Dieu l’éternelle jeunesse.
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Références
[2698] MARCHI Antoine (1878-1955)
Références biographiques
AME 1903 p. 377. 1908 p. 244. 1915-16 p. 93. 107. CR 1903 p. 305. 1905 p. 234. 1906 p. 222. 1909 p. 221. 1910 p. 253. 1911 p. 231. 1912 p. 274. 277. 1913 p. 279. 1914 p. 119. 120. 1915 p. 138. 1921 p. 118-121. 1922 p. 139. 1923 p. 154. 1925 p. 130. 1926 p. 143. 1929 p. 194. 1931 p. 237. 1940 p. 104. 1952 p. 57. 1953 p. 55. 79. BME 1924 p. 124. 1925 p. 58. 1926 p. 61. 1927 p. 767. 1928 p. 124. 125. 443. 506. 1931 p. 234. 1932 p. 227. 474. 718. 1934 p. 143. 841. 1935 p. 448. 749. 1936 p. 73. 532. 1939 p. 586. 1940 p. 312. 1948 p. 363. 1950 p. 575. 1953 p. 204. 1955 p. 288. 355. 1956 p. 282. ECM 1945 p. 254. 1946 p. 88. EC RBac N° 99. 106. 139. 572.
Bibliographie
Une Lumière s'est levée" , pp. 139. 170. par Mgr. Cl. Bayet.
Notice nécrologique
Bulletin MEP 1956 p. 282-285.