Joseph GIRAUDIAS1879 - 1932
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2700
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1903 - 1914 (Tokyo)
- 1920 - 1932 (Tokyo)
Biographie
[2700] GIRAUDIAS Marie-Gabriel, Joseph, naquit le 14 mai 1879 à Marcilly-le-Pavé (Loire), diocèse de Lyon. Il fit ses études secondaires au Petit Séminaire de Verrières; il entra ensuite au Grand Séminaire d'Alix, où il fit sa philosophie et reçut la tonsure le 1er juin 1899. Admis au Séminaire des Missions Étrangères, il y entra comme aspirant le 13 septembre 1899. Minoré le 22 septembre de l'année suivante, il fut ordonné sous-diacre le 28 septembre 1902, diacre le 20 décembre et prêtre le 7 mars 1903. Il reçut sa destination pour la mission de Tokyo et s'embarqua le 22 juillet.
Peu après son arrivée, il fut envoyé à Shizuoka pour l'étude de la langue. En 1904, il fut nommé vicaire du Père Cesselin à Matsumoto, puis, en 1906, vicaire du Père Chérel à Kanda. Une année plus tard, en 1907, Mgr. Bonne le nomma premier curé résident à Maebashi. Au bout de quelques années, il reçut une nouvelle nomination, cette fois-ci pour Kamakura; son district comprenait Yokosuka et Odawara. Mobilisé en 1914, il ne put revenir au Japon qu'en 1920. Nommé curé de la paroisse de Tsukiji, il vit et son église et son presbytère détruits par le tremblement de terre de 1923. Il se mit à la tâche et reconstruisit.
En 1932, au retour d'un congé en France, il fut nommé par Mgr. Chambon curé de la paroisse de Shizuoka. Ce fut pour peu de temps : sa santé ne s'améliora pas. Il prit donc le parti d'aller se faire soigner à Hongkong, au Sanatorium de Béthanie. Il y décéda le lendemain de son arrivée, le 27 octobre 1932.
Nécrologie
M. GIRAUDIAS
MISSIONNARE DE TÔKYÔ
M. GIRAUDIAS (Marie-Gabriel-Joseph) né le 14 mai 1879 à Marcilly-le-Pavé (Lyon, Loire). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 13 septembre 1899. Prêtre le 7 mars 1903. Parti le 22 juillet 1903 pour la Mission de Tôkyô. Mort à Hongkong le 27 octobre 1932.
M. Giraudias appartenait à une de ces belles familles paysannes aux mœurs patriarcales qui ne sont pas rares au pays du Forez. Son père jouissait d’une grande estime dans la région, et il la devait moins à sa belle fortune terrienne qu’à son caractère droit, généreux et profondément chrétien. Les enfants étaient nombreux au foyer familial, Joseph fut l’avant-dernier. Il naquit au Vésinet, commune de Marcilly-le-Pavé (Loire). Nous ne savons rien de son enfance. Elève au petit Séminaire de Verrières, il se plaisait bien dans cette maison où régnait, entre maîtres et élèves, un véritable esprit de famille ; il y resta huit ou neuf ans. Sa docilité, son application au travail, sa piété faisaient de lui un étudiant modèle, et si son nom ne paraissait pas aussi souvent que d’autres sur le palmarès, du moins il avait le don fort appréciable d’être aimé de tous, professeurs et élèves, pour son caractère franc et généreux, son humeur toujours égale, sa simplicité, son bon cœur.
Quand et comment lui vint sa vocation de prêtre et de missionnaire ? Oh ! sans doute dès son jeune âge ; on comptait déjà des prêtres dans sa famille, entre autres un de ses cousins, M. Perrin, missionnaire au Japon, qui lui a survécu. Cette vocation ne pouvait que s’épanouir à Verrières, qui fut longtemps, au diocèse de Lyon, une des sources les plus abondantes du recrutement sacerdotal. Toujours est-il que, bien des années avant sa sortie du petit Séminaire en 1897, tout le monde savait que Joseph Giraudias voulait être missionnaire. Il était alors de tradition, à Verrières, que chaque année le Séminaire fournît plusieurs vocations à diverses Congrégations, mais, avant toutes, la faveur allait alors à la Société des Missions-Étrangères, et cette préférence dura autant que le Séminaire lui-même. Celui-ci, confisqué en 1907, fut quelques années plus tard livré à la pioche des démolisseurs ; il devait finir ainsi comme un martyr, ce vieux Séminaire qui avait donné tant de prêtres à l’Eglise de Lyon et tant de missionnaires au monde entier. La Société des Missions-Étrangères gardera dans ses archives le souvenir du Séminaire de Verrières.
C’est donc vers la rue du Bac que, sans hésiter, s’orientaient les aspirations du futur missionnaire ; mais, avant de les voir se réaliser, il devait, pour se conformer à un règlement de l’administration diocésaine, étudier spécialement sa vocation pendant ses études de philosophie au Séminaire d’Alix. C’est là qu’en juin 1899. Joseph Giraudias reçut la tonsure et que le lendemain de ce beau jour M. Verdier, alors Supérieur, aujourd’hui Cardinal- Archevêque de Paris, lui accorda au nom de l’Archevêque de Lyon, l’autorisation d’entrer au Séminaire des Missions. Arrivé à la rue du Bac au début de septembre 1899, il passa un an au Séminaire de Bièvres, puis fit son service militaire à Montbrison, pour revenir ensuite achever ses études à Paris. Ce que furent ses années de Séminaire, on peut le résumer en quelques mots : piété, travail, fidélité au règlement, charité aimable envers tous. Ordonné prêtre le 7 mars 1903, il reçut sa destination pour Tôkyô, le 29 juin, et, après une visite à sa famille, s’embarqua à Marseille, le 22 juillet de la même année. La traversée dura quarante jours et fut assez mouvementée ou agrémentée en incidents variés, mais le jeune Partant finit par débarquer à Yokohama et à atteindre Tôkyô, où lui était réservé le plus chaleureux accueil.
Après un mois passé à l’Archevêché, M. Giraudias fut envoyé à Shizuoka, chez M. Rey, son compatriote, qui dix ans après devait être sacré archevêque à Tôkyô, et auquel il voua une affection qui ne se démentit jamais. Il se mit avec ardeur à l’étude de la langue et, au bout d’un an, se rendait à Matsumoto, petit poste où il eut pour mentor M. Cesselin, un rude travailleur qui n’hésitait pas à quitter souvent ses livres et ses revues pour aller visiter les chrétiens éparpillés dans son vaste district. Sous des dehors assez brusques, que sa timidité portait à exagérer, se cachait, chez le curé, une réelle affection pour son vicaire, qui ne tarda pas d’ailleurs à s’en apercevoir, si bien qu’entre eux deux se scella bientôt une amitié qui ne devait connaître par la suite aucune défaillance.
En 1906, de Matsumoto, M. Giraudias fut appelé dans l’importante paroisse de Kanda, à Tôkyô, comme vicaire de M. Chérel. Faut-il dire que cette nomination lui causa un certain désappointement ? car il rêvait d’un poste neuf, tout à lui, où il essayerait ses forces, et démontrerait, à sa façon, que le christianisme est la charité en action, en un mot où il imiterait le divin Maître qui « transiit benefaciendo ». Car il faut s’empresser de le dire, notre confrère était la bonté même et tous les ennuis qu’il aura à supporter durant sa vie de missionnaire, lui viendront de l’excès de cette vertu. Il ne se plaisait pas à Tôkyô, et c’est avec enthousiasme et reconnaissance qu’il accepta, au bout d’un an, le poste de Maebashi, où la Mission possédait déjà un pied-à-terre, mais où aucun missionnaire n’avait encore résidé à poste fixe. Maebashi est le chef-lieu du département de Gumma ; les habitants de cette région n’ont pas très bonne réputation, on les dit fraudeurs et de fait les scandales financiers n’y sont pas rares. On en avertit le Père sans arriver toutefois à le convaincre, car, les considérant déjà comme ses enfants, il préférait les voir avec leurs qualités, et excuser leurs défauts par l’ignorance où ils étaient de la vraie religion.
Avant de quitter la capitale. M. Giraudias fit le tour des différents postes, autant pour prendre congé de ses confrères que pour demander à chacun quelle était, d’après son expérience personnelle, la méthode d’apostolat la plus efficace : l’un d’eux entre autres lui répondit : Toutes le sont également pour qui sait attendre patiemment le moment fixé par la grâce de Dieu. « In patientia vestra possidebitis anima vestras. » En matière d’apostolat la patience ne fut pas précisément la vertu caractéristique de M. Giraudias ; nature simple et loyale, il ne soupçonnait pas le mal chez les autres et accordait trop facilement sa confiance entière à tous ceux qui venaient lui parler religion, d’où de nombreuses déceptions.
On ne pouvait toutefois se lasser d’admirer son zèle et sa générosité ; il a été, on peut dire toute sa vie, l’homme de désirs, « vir desideriorum » de l’Ecriture, surtout à Maebashi, où la bonne semence, jetée par lui à pleines mains, n’est pas tombée sur un terrain aride et pierreux. Si son successeur d’aujourd’hui a réussi à faire des conversions, à consolider ce poste, à y bâtir aussi une église en ciment armé, il doit attribuer, avant tout, ces succès aux prières, aux générosités, aux larmes même — car il en a versé — du premier missionnaire de Maebashi. Comme il avait raison de répéter qu’il ne s’était jamais trompé en faisant la charité, parce que, disait-il, il donnait toujours à Dieu. Cependant l’autorité ayant jugé qu’il avait assez peiné dans ce poste ingrat, notre confrère reçut son changement ; ce lui fut un bien dur sacrifice, peut-être le plus pénible qu’il ait eu à faire durant sa vie de missionnaire. C’était à la fin de la retraite annuelle que Mgr Bonne lui avait notifié la chose, et son voisin de chambre racontait qu’il l’avait entendu gémir et pleurer toute la nuit suivante.
Soumis à son Supérieur et confiant en la Providence, il se rendit sans tarder à Kamakura, une des anciennes capitales du Japon, aujourd’hui station balnéaire des plus fréquentée ; son district comprenait en outre deux postes : le port de guerre de Yokusuka et Odawara, où il allait célébrer la sainte Messe le premier et le troisième dimanche de chaque mois. Odawara contenait une petite chrétienté où la population catholique était bien stable ; dans les deux autres villes, elle variait suivant les saisons ou la présence des escadres ; partout ses paroissiens avaient bon esprit, et on peut dire des païens de son district, ce qu’un de nos anciens aimait à répéter de l’ensemble des Japonais : « Ce sont les premiers païens du monde, » voulant par là proclamer les nombreuses qualités naturelles qu’ils possèdent. Là les consolations ne lui manquèrent pas, mais en 1914 il fallut répondre à l’ordre de la mobilisation, et M. Giraudias dut, lui aussi, regagner la mère patrie.
Il profita de son séjour en France pour se rendre de temps en temps à Marcilly-le-Pavé, et passer quelques bons moments auprès de son vieux père, puis, la guerre terminée, il eut hâte de rentrer dans son cher Japon. Une agréable surprise l’y attendait à son retour : Mgr Rey l’avait d’abord désigné pour Shizuoka, pendant l’absence du titulaire que des affaires personnelles rappelaient en Europe, mais le voyant arriver fatigué à Tôkyô, Mgr l’Archevêque jugea plus opportun de lui confier le poste de Tsukiji, jadis résidence archi-épiscopale, devenu résidence du Délégué Apostolique. C’était la paroisse tranquille par excellence, et chacun de nous se réjouissait de l’y voir installé, comptant que sa santé s’en trouverait bien, mais deux ans après, en 1923, survenait le grand tremblement de terre qui, suivi de l’incendie, fit de la capitale du Japon un amas de ruines. Il fallut se mettre à déblayer les décombres et, comme les ouvriers faisaient défaut, le pauvre Père dut lui-même y mettre la main. Se contentant d’une habitation de ¬fortune, il eut à cœur de rebâtir aussitôt une église solide « la Madeleine », comme il aimait à l’appeler, à cause des quatre colonnes qui en ornent la façade. C’est là qu’en 1928 il eut la joie de célébrer ses noces d’argent de prêtrise, au milieu de ses paroissiens et de ses nombreux amis venus des quatre coins du Japon.
Toutes ces émotions, ces tracas, ces travaux s’accumulant successivement produisirent à la longue chez notre confrère un état de nervosité qui ne fut pas sans inquiéter ses amis, et nécessita un retour en France. Mais ce voyage, qui aurait dû le reposer et le distraire, ne fit au contraire que développer en lui une espèce de neurasthénie ; il rentra au Japon, après plusieurs mois d’absence, plus excité qu’en partant et bien que, par suite de circonstances fortuites, il fut envoyé dans son cher Shizuoka, il ne parvint pas à reprendre le dessus. Les chaleurs de l’été l’achevèrent, pourrait-on dire, et il se vit contraint d’aller passer l’hiver à notre Sanatorium de Béthanie, à Hong-kong ; c’était pour y mourir le lendemain de son arrivée, le 27 octobre 1932.
Nous avons la ferme conviction que le regretté défunt a déjà reçu la récompense promise à ceux qui ont vaillamment lutté pour le bon combat, et entendu la parole du divin Roi des Apôtres l’introduisant dans les parvis éternels : « Serve bone et fidelis, intra in gaudium Domini tui. »
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Références
[2700] GIRAUDIAS Joseph (1879-1932)
Références biographiques
AME 1903 p. 377. 1924 p. 56. 1931 p. 172. 1932 p. 295. CR 1903 p. 305. 1909 p. 15. 1910 p. 12. 1913 p. 15. 16. 1915 p. 9. 1916 p. 7. 1920 p. 3. 1925 p. 5. 1926 p. 2. 3. 1928 p. 5. 1931 p. 7. 1932 p. 11. 312. 418. 1933 p. 298. 1939 p. 2. BME 1923 p. 713. 787. 1924 p. 385. 1925 p. 493. 1926 p. 440. 1927 p. 367. photo p. 713. 1928 p. 359. 361. 684. 1930 p. 429. 1931 p. 280. 928. 1932 p. 688. 844. 888. 1940 p. 326. 1959 p. 764. 796. 897. 899. 911. EC1 N° 219. 221. 229. 230. 254.