Joseph GAILLARD1877 - 1925
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2737
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1903 - 1925 (Qui Nhon)
- 1904 - 1925 (Kontum)
Biographie
[2737] Joseph-Marie GAILLARD vit le jour à CAYRES, diocèse du PUY-en-VELAY, département de la HAUTE-LOIRE, le 20 Août 1877. Il fut envoyé chez les Frères du Sacré-Coeur, à PARADIS, près du PUY, pour y faire ses premières études, puis il passa au Petit Séminaire de la Chartreuse,où il fût un élève sérieux, travailleur, un peu timide, doux de caractère.
Le 09 Septembre 1898, il entra laïque au Séminaire des Missions Etrangères. Tonsuré le 22 Septembre 1899, Minoré le 21 Septembre 1901, Sous-Diacre le 28 Septembre 1902, Diacre le O7 mars 1903, il fut ordonné prêtre le 21 Juin 1903, et reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de Cochinchine Orientale (Quinhon), qu'il partit rejoindre le O5 Août 1903, avec son compatriote M. Marie-Joseph LARDON.
Il fit un court séjour en pays viêtnamien, pour s'initier aux rudiments de cette langue. En 1904, il fut nommé au pays des Bahnars, et accueilli à bras ouvert par M. VIALETTON, son compatriote, et Supérieur de cette partie de la Mission de Quinhon. En mai 1905,dans son premier poste à KON-KLONG, M. GAILLARD fut attaqué par des tribus pillardes, qui le menacèrent de leurs lances, et s'enfuirent emportant avec elles la majeure partie de son mobilier. Malgré les ennuis de toutes sortes, il ne se laissa jamais aller au découragement. Il lui arrvait de fuminer contre tel ou tel village, mais quelques instants après, il béatifiait ceux qu'il venait d'anathématiser.
En 1906, il choisit d'aller à KON MAHAR, dont la population restait très attachée à ses superstitions. Mais les difficultés diverses, et l'insalubrité du pays éprouvèrent fortement sa robuste constitution, et en 1910, il dût aller se reposer en France.
De retour, en 1914, il retrouva son district de KON-MAHAR. Il était tout à la joie, en 1918, d'annoncer que le village de KON-BOK-DEH s'était enfin débarrassé de toutes ses pierres fétiches. Mais, sauf à de rares intervalles, il eût à lutter sans cesse contre la maladie. En 1925, son Supérieur lui fit obligation de quitter son poste pour retourner se soigner en France.
Le O2 Avril 1925, très fatigué, M. GAILLARD arriva à MARSEILLE. Le vendredi O3 Avril, M.DECROUILLE, revenu de chez les Bahnars pour rétablir sa santé délabrée, le conduisit à l'hôpital St. Joseph de MARSEILLE. Il fut heureux d'y rencontrer M.KEMLIN, son Supérieur, qui devait mourir trois jours plus tard, et auquel il donna une dernière absolution. Le 09 Avril 1925, à huit heures et demie du soir, sans agonie, après avoir reçu les derniers sacrements M.GAILLARD rendit sont âme à Dieu.
Nécrologie
MM. LARDON ET GAILLARD
MISSIONNAIRES DE QUINHON
M. LARDON (Marie-Joseph), né à Raucoules (Le Puy, Haute-Loire), le 19 juillet 1878. Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 13 septembre 1898. Prêtre le 21 juin 1903. Parti pour la Cochinchine Orientale le 5 août 1903. Mort à Montbeton le 26 avril 1924.
M. GAILLARD (Joseph-Marie), né à Cayres (Le Puy, Haute-Loire), le 20 août 1877. Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 9 septembre 1898. Prêtre le 21 juin 1903. Parti pour la Cochinchine Orientale, le 5 août 1903. Mort à Marseille le 9 avril 1925.
M. Lardon naquit le 19 juillet 1878 à Raucoules, dans le pays où saint François Régis obtint la moisson d’âmes la plus abondante. M. Gaillard vit le jour à Cayres, archidiaconé de Notre-Dame du Puy, le 20 août 1877, dans un foyer foncièrement chrétien, comme il y en a tant encore dans cette région consacrée à la Vierge Marie, foyer au passé intact et qui trouve sa gloire dans l’amour et le service de Dieu.
M. Lardon avait vingt mois lorsque son père mourut. Ce fut sa pieuse mère et une de ses tantes retirées à Raucoules qui s’occupèrent de son éducation. M. Gaillard eut le bonheur de conserver ses parents plus longtemps ; il fut envoyé chez les Frères du Sacré-Cœur à Paradis près du Puy pour y faire ses premières études. C’est là que le bon Dieu vint le choisir pour son sanctuaire. Joseph entra donc au petit Séminaire de la Chartreuse, tandis que M. Lardon se présentait en octobre 1892 à celui du Sacré-Cœur aujourd’hui à Yssengeaux.
Tous deux étaient plutôt timides, mais d’une douceur de caractère qui attirait irrésistiblement la sympathie. Leur piété était calme à la chapelle, leur application régulière en étude en classe, leur condescendance amicale en récréation. La nature réservée de l’un et de l’autre ne laissait pas voir un tempérament ardent comme en montraient les autres futurs missionnaires de leur classe, mais il est des cœurs qui s’attachent, se donnent à une cause généreusement, quoique sans éclat. Ils ont appris dans le silence à vouloir et à persévérer. Tels furent les deux aspirants qui, en 1898, entrèrent ensemble au Séminaire des Missions-Étrangères où, jusqu’à leur départ pour la Mission de Quinhon en 1903, ils continuèrent sans bruit leur préparation à l’apostolat.
Après un court séjour en Annam pour y apprendre les rudiments de la langue annamite, en 1904, à quelques mois de distance, ces deux enfants des Cévennes furent envoyés au pays des Banhars. « Je fus joyeusement surpris en apprenant ma nouvelle destination, écrivait alors M. Lardon, tant est resté gravée dans mon cœur l’histoire des sauvages Bahnars du P. Dourisboure, dont nous faisions nos délices durant les repas au petit Séminaire. »
A leur arrivée à Kontum, ils furent reçus à bras ouverts par le vénéré M. Vialleton, alors Supérieur de cette partie de la Mission de Quinhon et, comme eux, enfant de la Haute-Loire. Peu de temps après, M. Gaillard était envoyé dans la partie montagneuse du pays bahnar et M. Lardon chez les Sedang.
M. Gaillard fit trois postes. Dans le premier, en mai 1905, à K. Klong, il fut attaqué sans raison par des tribus pillardes qui, après l’avoir menacé de leurs lances, s’enfuirent, emportant comme butin la majeure partie de son pauvre mobilier. En 1910, M. Lardon de son côté eut à subir les vexations d’un administrateur qui voulait anéantir l’œuvre des missionnaires. Il dut se rendre à Hanoï pour se défendre devant les autorités supérieures. Ses juges lui donnèrent complètement gain de cause, son accusateur eut un blâme, mais ses chrétiens n’en subirent pas moins, durant son absence, une vraie persécution qui alla jusqu’à l’emprisonnement d’une douzaine d’entre eux.
Malgré les ennuis de toutes sortes, nos deux confrères se donnèrent corps et âme à leur district ; les natures plutôt frustes de leurs chrétiens ne les portèrent jamais au découragement. Que de fois M. Gaillard fulminait contre les sorciers, contre tel ou tel village, et si l’on reprenait un instant après la conversation sur le même sujet, il faisait machine en arrière, béatifiant ceux mêmes qu’il venait d’anathématiser, tant il aimait sa petite famille. Souffrant de leurs fautes et brûlant d’un saint zèle, il les peignait plutôt comme il les désirait que comme ils étaient en réalité. En 1918, il était tout à la joie de nous annoncer que le village de Kon Bok Deh s’était débarrassé de toutes ses pierres fétiches. Vers la même époque, M. Lardon écrivait lui aussi : « J’ai un pusillus qrex qui communie tous les mois, quelques-uns tous les quinze jours et même tous les huit jours. Un jeune homme d’un de mes villages fait, depuis plus d’un an, un long chemin chaque jour pour pouvoir communier. » Son cri du cœur, son refrain continu, c’était de ressasser à tout venant qu’il fallait créer dans la Mission une école pour les fillettes sauvages. Dans chacun de ses comptes rendus, cette école était l’objet de son unique désir. S’il avait eu la fortune — mais il en était loin, puisqu’il dut économiser sou par sou au détriment de sa santé pour bâtir son église centrale — il aurait donné tout ce qu’il possédait pour cette oeuvre. « Les jeunes filles, même une fois mariées, écrivait-il, n’ont pas de volonté propre ; elles ne voient que d’après les vieux de la maison, païens pour la plupart aussi, tant que nous n’aurons pas de religieuses pour christianiser la famille, l’œuvre d’évangélisation chez les sauvages sera très difficile. » Nous étions et sommes encore tous de son avis, mais que faire devant le manque de fonds et les difficultés de trouver des sujets ? Que du haut du Ciel, il nous aide maintenant à fonder cette œuvre si désirée, la religion et la civilisation auront également à gagner de l’arrivée des Sœurs parmi nous.
Tous les deux avaient l’esprit de sacrifice. En 1906, à un district nouvellement instruit qui lui était offert, M. Gaillard préféra la population de K. Mahar beaucoup plus attachée à ses superstitions. Mais le chagrin saintement supporté, les difficultés de toutes sortes avec ces villages neufs, joints à l’insalubrité du pays éprouvèrent fortement sa robuste constitution et, en 1910, il dut aller se reposer en France, d’où il revint en 1914, incomplètement rétabli.
Quant à M. Lardon, après vingt ans environ de séjour dans le district de Kon Boban, dont il connaissait tous les chrétiens et où il s’était forcément créé des habitudes, il acceptait le district de Dar Kona difficile, s’il en fut, à administrer en raison de l’absence de titulaire depuis de longues années. M. Kemlin, alors supérieur, n’osait pas lui imposer ce poste, mais M. Lardon qui avait la repartie toujours aimable lui dit : « Ah ! ce sont toujours les mêmes qui se font tuer ! Eh bien ! soit, je m’immole. » Il ne croyait pas si bien dire. En effet, deux ans à peine après son arrivée à Dar Kona, épuisé, anémié, à bout de forces, il fut contraint d’aller chercher en France le repos et les soins devenus nécessaires. C’était en 1923.
Nos deux confrères, durant le temps qu’ils passèrent en Mission, eurent toujours à lutter contre la maladie, sauf à de rares intervalles où ils se croyaient en bonne santé. Comme chez M. Kemlin, le foie et l’estomac ne fonctionnaient plus chez eux, et ils sont morts comme lui d’ulcérations internes probablement cancéreuses. Après deux ou trois semaines passées sur la natte, presque sans transition, ils se disaient guéris et reprenaient leur joyeuse humeur à la satisfaction de tous les confrères. Quel infatigable causeur que M. Lardon dont la tête était devenue un véritable « je sais tout ». Histoire, liturgie géographie, tout y passait : doué d’une excellente mémoire rien ne lui échappait. En conversation, il s’attirait parfois des reparties un peu vives, mais, en bon joueur, il les recevait sans sourciller et le sourire sur les lèvres, ce qui désarmait son interlocuteur et sauvait toujours la charité.
M. Lardon mourut le 26 avril 1924 à Montbeton. Grâce aux soins assidus de M. Sibers, il avait semblé aller mieux, mais des vomissements fréquents, mêlés parfois d’un peu de sang l’inquiétèrent avec raison. Il fut admis au grand hôpital Saint-André de Bordeaux où la radiographie dévoila un estomac complètement déformé et ulcéré. Son état s’aggravant, il fut administré, et voyant que tout était fini, heureux d’aller mourir à Montbeton, il eut encore la force d’écrire aux siens, la veille de sa mort : « Le bon Dieu m’a ménagé comme consolation l’amitié et les prières de mes confrères. Rassurez-vous, je suis pleinement soumis à la Volonté divine, je suis heureux d’offrir ma vie pour mes sauvages et j’ai confiance en la miséricorde de Dieu. Demandez pour moi la persévérance, le complet abandon entre les mains de la Providence, et quand il plaira à Dieu de me rappeler à Lui, qu’Il ait égard à ma bonne volonté et au zèle que j’ai témoigné à son service. » Jusqu’à la fin il garda le mot pour rire. Loin de manifester de l’impatience, il cherchait plutôt à remonter le moral des confrères malades qui l’entouraient.
M. Gaillard, après son retour de France en 1914, resta à son poste tant qu’il put. On peut dire que c’est à son corps défendant et devant l’obligation que lui en fit son Supérieur qu’il quitta ses sauvages pour retourner en France une seconde fois. Il arrivait à Marseille, le 2 avril 1925, bien fatigué, puisque à Port-Saïd le docteur du bord lui disait : « Quand je vous ai vu monter à bord à Saïgon, j’ai craint d’être obligé de vous débarquer en cours de route ou de vous jeter à la mer. »
Le vendredi 3, un confrère des Bahnars, M. Décrouille, revenu lui aussi en France pour rétablir sa santé délabrée, le conduisit à l’hôpital Saint-Joseph de Marseille. Il fut heureux d’y rencontrer le P. Kemlin, son supérieur, qui devait mourir trois jours plus tard. M. Gaillard, après avoir causé quelques instants, se couchait pour ne plus se relever, si ce n’est le lundi 6 avril pour donner à M. Kemlin qui se mourait une dernière absolution. Trois jours après, le 9 avril, à huit heures et demie du soir, sans agonie, après avoir reçu les derniers sacrements, il rendit son âme à Dieu.
Pauvre pays Bahnar, qui voit trois de ses apôtres mourir en France en moins d’un an.
(Extrait du Mémorial de Quinhon.)
Références
[2737] GAILLARD Joseph (1877-1925)
Références bibliographiques
AME 1896 p. 621. 1917-18 p. 5. 284. 1922 p. 39. CR 1896 p. 332. 1898 p. 152. 153. 1899 p. 183. 1901 p. 152. 1904 p. 168. 1905 p. 142. 1906 p. 365. 1911 p. 150. 1912 p. 196. 1913 p. 203. 1915 p. 96. 1916 p. 112. 113. 1917 p. 86. 1918 p. 68. 1919 p. 72. 1921 p. 205. 1922 p. 202. 1926 p. 102. BME 1922 p. 68. 1951 p. 238. EC1 N° 1. 2. 5.