Henri GASTON1879 - 1963
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2752
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1904 - 1963 (Pondichéry)
Biographie
[2752] GASTON Jean, Henri naît le 19 février 1879 à Cérons dans le diocèse de Bordeaux en Gironde. Il fait ses études secondaires à Bazas et passe son baccalauréat. Il entre ensuite au grand séminaire de Bordeaux où il étudie deux ans. Il est admis aux Missions Étrangères le 3 septembre 1900, et est ordonné prêtre le 7 mars 1903. Il est affecté la mission de Pondichéry et quitte Paris le 11 novembre 1903. Il arrive à Pondichéry le 5 décembre.
Un futur octogénaire de santé délicate
Mgr Gandy, son évêque, le nomme au petit séminaire-collège de Pondichéry. Il y reste deux ans. En 1905, il tombe malade. Les docteurs craignent une tuberculose et on le renvoie se soigner en France. Il revient en Inde en octobre 1908 et reprend sa place au petit séminaire collège.
Au début de 1910, il est envoyé en paroisse à Kolapolur, dans le North Arcot (1), partie de la mission qui sera cédée au diocèse de Madras en 1928, puis au diocèse de Vellore. À Kolapolur, le Père Gaston se trouve au milieu d'un groupe de confrères des MEP, œuvrant dans le sillage du grand convertisseur qu'était le fameux P. Darras. Mais au bout de 6 mois, il a un crachement de sang et la Faculté conseille un transfert. Il revient donc à Pondichéry et est nommé le 15 juillet 1910 curé de Muthialpet dans la banlieue de cette ville. Six mois plus tard, il est opéré à l'hôpital et il va sa convalescence à l'hôpital Sainte-Marthe de Bangalore pendant plusieurs mois.
Une paroisse qu’agitent les oppositions de castes
Revenu à Pondichéry, il est envoyé en juillet 1911 à Reddiarpalayam, une autre paroisse de la banlieue. Ce n’est pas de tout repos pour lui, car en 1918 des émeutes éclatent opposant les Parias d'Oulgaret, village voisin, aux gens de caste qui habitent le centre. Au cours des échauffourées, 25 vitraux de l'église sont brisés ; le maire perd son écharpe dans la bagarre, etc. De plus, une épidémie de choléra se déclare. Le P. Gaston n'en finit pas de donner les derniers sacrements aux mourants. Il organise alors une procession avec la statue de St Roch sur un grand chariot, à laquelle tous les paroissiens, y compris les coupables des échauffourées, participent. Mais à Oulgaret, on continue de se lancer des pierres et les enfants ne peuvent plus venir plus au catéchisme. Alors, le P. Gaston demande aux jeunes de venir à la grande église de Reddiapalayam. Petit à petit, ils obéissent et tout finit par une nouvelle et triomphale procession dans l'union des cœurs.
Une coopération fructueuse tournée vers la catéchèse
Pour se remettre de ses émotions, le P. Gaston va se reposer quelque temps à Bangalore. Mais à son retour, en juillet 1913, il est transféré à Cuddalore (2) comme compagnon du P. Drouhin. Là commence la vraie vie du P. Gaston. Dans son école Ste Marie, le P. Drouhin organise fanfare, gymnastique, instruction élémentaire, ce qui lui permet de rassembler les enfants pour le catéchisme. Il invite le P. Gavan Duffy à présider la fête de gymnastique à laquelle assistent 45 invités et les inspecteurs et sous-inspecteurs gouvernementaux d'écoles. Le P. Gaston est tout à son affaire, lui qui a un don réel pour enseigner le catéchisme aux enfants et sait les y intéresser, d’autant qu’il saisit ces occasions pour leur faire chanter des chansons ou jouer du clairon ! Le P. Drouhin est curé de Cuddalore Old Town, tandis que le P. Gaston est curé de la paroisse voisine à Cuddalore New Town. Pendant des années, ils coopèrent en franche collaboration. Mais le P. Drouhin meurt prématurément en 1918 et c’est le P. Gavan Duffy qui lui succède.
Alors commence une longue collaboration extrêmement fructueuse. Leurs deux caractères, en bien des points très différents, ceux d’un Irlandais intégral et d’un Français intégral, convergent vers une pure harmonie. Ensemble, ils luttent pour que leur nouveau programme de catéchisme soit adopté par le diocèse. Ensemble, ils fédèrent les écoles de la mission en une sorte de réseau dirigé par un ‘‘Comité d'éducation primaire’’. Ensemble, ils commencent à voyager pour visiter les écoles de la mission, avec inspection et examens de catéchisme.
En 1921, le Comité et les deux confrères s'installent à Tindivanam (3), qui devient le nouveau centre de l'Office diocésain des écoles, situé à l'École Normale des catéchistes-instituteurs. En 1923, l'école des catéchistes est transférée de Villupuram (4) à Tindivanam, et elle s'agrandira rapidement, pour former le "Catholic Center" d'aujourd'hui.
En 1923, le P. Colas, un autre grand ami du Père G. Duffy, devient curé de la paroisse et le P. Gaston inspecteur diocésain des écoles et des catéchismes. Il tient ce poste pendant sept ans, parcourant les villages, visitant toutes les écoles, faisant passer des examens de catéchisme à des milliers d'enfants.
Les mêmes priorités, quelles que soient les paroisses
Sa santé donne des inquiétudes ; il a des crises d'étouffement et est obligé de retourner à l'hôpital Ste Marthe de Bangalore pour se soigner. Après une cure d'amaigrissement bénéfique à son cœur, il est envoyé à Nangathur (4), où il aime enseigner le catéchisme à ses ouailles. En mars 1926, il reprend son poste d'inspecteur et retrouve son centre de Tindivanam pour une autre période de quatre ans, jusqu'en 1930. De 1930 à 1937, il est curé de Vikravandi (4), tout en restant inspecteur des écoles. Le 20 juillet 1937, il est nommé curé de la paroisse du Sacré-Cœur à Pondichéry. Dans sa pastorale, il ne peut s'empêcher de prioriser le catéchisme et les enfants en y associant les chansons et les clairons. Il tient à ce que ses paroissiens respectent la hiérarchie des valeurs dans leur comportement chrétien. Par exemple, remarquant que beaucoup de gens vont vénérer la statue de saint Antoine (saint très populaire en Inde) sans même s'arrêter pour une petite adoration devant le Saint Sacrement, il met un jour entre les mains du Saint Antoine une pancarte portant ces mots :"Allez d'abord saluer mon patron."
En 1940, il est opéré de la cataracte à Bangalore. En janvier 1946, il quitte le Sacré-Cœur pour s'installer à la paroisse N-D. des Anges, comme assistant du P. Trideau. Quand celui-ci devient aumônier de Sainte-Marthe à Bangalore, le P. Gaston est nommé à la paroisse du Christ Roi à Villupuram, une paroisse de langue anglaise, fréquentée par les Anglo-indiens de l'endroit, qui travaillent aux Chemins de fer. Ne maîtrisant pas très bien la langue de ses fidèles, il se met, à 68 ans, à l’apprendre. Il peut ainsi enseigner le catéchisme aux enfants, ce qu’il fait avec son habituel charisme.
Soixante ans de sacerdoce
En 1950, il a une crise de dysenterie qui l'affaiblit beaucoup. Mais les docteurs de l'hôpital de Pondichéry le remettent d'aplomb. Il reste curé de Villupuram jusqu'en 1956. Le 17 juillet de cette année-là, il cesse toute activité et se retire à l'hôpital Sainte-Marthe de Bangalore. Le 7 mars 1963, il célèbre son jubilé de diamant : soixante ans de sacerdoce.
Fin septembre 1963, il est pris d'une pneumonie qui se révèle très grave. Il meurt tout doucement et paisiblement dans la nuit du 9 octobre 1963. Il est inhumé au cimetière des missionnaires, à l'ombre de l'église du Sacré-Cœur de Bangalore, au milieu de tant de confrères décédés comme lui à l'hôpital de Bangalore.
Prêtre, amateur de calembours et de bons mots
Avec le P. Gaston s’envole une belle âme, un merveilleux missionnaire, un catéchiste qui n'a pas son pareil, un curé exemplaire qui, simple et pieux, aime réellement ses Chrétiens, un confrère fidèle et délicat et un compagnon toujours gai. Ses confrères se souviennent de ses ‘‘bons mots’’ : ‘‘Je viens d'acheter du bois de construction, qu'il ne faut pas confondre avec des boas constrictors’’, ‘‘Je suis en train de faire mes comptes : ce ne sont pas des contes de fées’’. Sans doute a-t-il quelquefois l'idée d’imiter Cyrano : ‘‘Mourir la pointe au cœur en même temps qu'aux lèvres’’. Plaisantant sur le fait qu’il a pris beaucoup de remèdes tout au long de sa vie, il affirme que plus il avance en âge, plus il se sent ragaillardi, au point d’en arriver à dire : ‘‘Quand je mourrai, je mourrai complètement guéri’’.
On se rappellera longtemps ses chansons comme ‘‘La Noce à Thomas’’, de ses monologues comme ‘‘L'anarchiste’’, de ses grimaces, de ses mimiques. Comme acteur, il aurait fait fortune sur les planches. Mais missionnaire, il met tous ses dons au service du Christ pour lui amener les enfants au plus près.
1 – District administratif des Indes britanniques au sud de Madras. Le district entourant Pondichéry est le South Arcot.
2 – Ville côtière au sud et proche de Pondichéry.
3 – Au nord de Pondichéry.
4 - A l’ouest et à proximité de Pondichéry, à une distance selon la ville de 10 à 30 km.
Références
[2752] GASTON Jean (1879-1963)
Références bibliographiques
AME 1903 p. 62. 189. CR 1903 p. 307. 1912 p. 281. 1918 p. 113. 1927 p. 148. 1931 p. 245. 1933 p. 229. 1936 p. 206. 1938 p. 208. 1939 p. 193. 1956 p. 76. 1957 p. 79. 1960 p. 80. 1961 p. 87. 1962 p. 100. BME 1922 p. 622. 1923 p. 393. 1930 p. 589. 590. 1931 p. 688. 1933 p. 390. 1936 p. 307. 460. 1937 p. 455. 1938 p. 631. 1941 p. 120. 1950 p. 658. 1951 p. 148. 1953 p. 213. 505. 508. 793. photo p. 506. 1955 p. 71. 72. 228. 231. 557. 559. 560. 795. 797. 1957 p. 229. 651. 657. photo p. 622. 1959 p. 279. 744. 745. 888. 1961 p. 689. EPI 1963 p. 593. 1964 p. 139. 204. 444. ECM 1945 p. 129. EC1 N° 21. 653. 728. 735.
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