Joseph PILLOT1881 - 1910
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2784
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Cambodge
- Région missionnaire :
- 1904 - 1909
Biographie
[2784]. PILLOT, Marie-Joseph, né à Flers (Orne) le 29 octobre 1881, entra laïque au Séminaire des M.-E. le 15 septembre 1900. Ordonné prêtre le 26 juin 1904, il fut envoyé le 3 août suivant au Cambodge. Il étudia la langue à Ba-nam, et allait commencer ses travaux apostoliques, lorsqu'à la suite d'une chute accidentelle dans un canal, sa santé, jusque-là précaire, s'affaiblit considérablement. Il fit un séjour au sanatorium de Hong-kong, et à son retour, en 1906, on le chargea d'un cours de français au séminaire de Culao Gieng. En 1909, il se vit contraint de revenir en France, et, le 30 mars 1910, il rendait le dernier soupir au sanatorium Saint-Raphaël, à Montbeton (Tarn-et-Garonne).
Nécrologie
M. PILLOT
M1SSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU CAMBODGE
Né le 29 octobre 1881
Parti le 3 août 1904
Mort le 30 mars 1910
Marie-Joseph Pillot naquit à Flers, diocèse de Séez, le 29 octo¬bre 1884. Son père, fervent chrétien, était officier de marine ; il mourut à Saïgon, capitaine de vaisseau. Il commandait l’Isly, lorsque M. Doumer y prit passage pour se rendre de Saïgon au Tonkin. Son énergie et sa force d’âme dans le devoir, malgré la maladie qui le tenait déjà pour la mort, enlevèrent l’admiration du Gouverneur général de l’Indo-Chine, qui traduisit plus tard ses sentiments d’estime pour ce catholique convaincu, dans son livre A mes Fils.
Nous ne connaissons pas ce que furent les années d’enfance et d’adolescence de Marie-Joseph. En 1900, il vint frapper à la porte du Séminaire des Missions-Étrangères et y passa 4 ans. Il fut un aspirant pieux, studieux, faisant peu de bruit, remplissant, malgré un état de santé plutôt faible, toutes les prescriptions du règlement. Il reçut la prêtrise le 26 juin 1904 et s’embarqua peu après pour le Cambodge.
Arrivé dans sa Mission, il fut envoyé à Banam étudier, auprès de M. Pianet, la langue annamite. Les six premiers mois furent vraiment bons. Il se mit avec ardeur au travail et prit contact joyeu¬sement avec le nouveau peuple qu’il devait évangéliser. Il promettait de bons services pour l’avenir. Un accident, où il faillit perdre la vie, vint changer le cours de son existence et réveiller des germes de maladie qu’il portait, sans doute, en lui, depuis longtemps. En tra¬versant sur un pont de singe un des nombreux canaux, dont la berge du fleuve est coupée au moment de l’inondation, il tomba à l’eau. Heureusement un Annamite le vit disparaître, accourut, plongea et le rapporta au presbytère sans connaissance. Depuis ce moment, M. Pillot ne fit que végéter.
Un long séjour au Sanatorium de Hong-Kong lui rendit quelques forces. A son retour, en janvier 1906, un petit cours de français lui fut confié, au séminaire de Culaogiêng. Il devait trouver là tous les soins nécessaires à son état de santé. L’amélioration, cependant, ne fut pas sensible. Après trois ans de professorat, il désira faire un peu de ministère en district. Un petit poste, facile à desservir, lui fut confié. C’était trop encore pour lui. En quelques mois, il était à bout de forces et partait pour la France. L’air natal et le repos lui furent d’abord favorables. Il se crut guéri et annonça son retour pour le mois de juin.
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Le 2 avril, nous recevions à Phnom-Penh un télégramme annonçant sa mort. Que s’était-il donc passé ? M. Sibers, supérieur du Sanatorium de Montbeton nous écrit :
« M. Pillot arriva au Sanatorium le 4 décembre 1909. Les soins qu’il avait reçus dans sa famille lui avaient fait grand bien. Sa santé paraissait bonne. Sa tante, Mme Beaucousin, me raconta, cependant, qu’il avait failli mourir dans ses bras durant une crise qu’il eut dans un voyage à Rome.
« Durant son séjour à Montbeton, M. Pillot se montra bon confrère, joyeux en petit comité, très réservé en général, mais doux avec tout le monde, régulier dans ses exercices, un peu intimidé par l’idée de sa petite taille, d’une bonne et avenante piété. Je remarquai bien vite le soin méticuleux avec lequel il tenait ses affaires en bon ordre. Il aimait l’étude de la langue annamite, en laquelle il cherchait à se perfectionner ; il travaillait sa théologie et prenait de nombreuses notes sur ses observations quotidiennes. C’est ainsi qu’il passa, dans le calme du Sanatorium et en compagnie de ses confrères, les trois derniers mois de sa vie.
« Le jour de sa fête, le 19 mars, nous lui exprimâmes, à table, nos meilleurs vœux pour sa santé et son futur ministère au Cambodge. Il paraissait préoccupé et restait silencieux,
« — Êtes-vous fatigué ? lui demanda-t-on.
« — Non, du tout ; je n’ai qu’un peu de grippe.
« Les 20, 21 et 22 mars, il usa de révulsifs pour combattre l’oppres¬sion de poitrine qu’il éprouvait ; mais sa tristesse augmenta et ses pensées s’orientèrent vers la mort, quoiqu’il n’y eût encore aucun danger. Dans la nuit du 23 au 24, sur ses instances et son énergique affirmation qu’il allait mourir, j’écoutai sa confession générale et lui donnai le sacrement de l’Extrême-Onction et le saint Viatique. Il reçut l’indulgence plénière in articulo mortis le lendemain. »
Le 24, survinrent des signes non équivoques de trouble mental, du délire et des crises nerveuses, auxquelles vint s’adjoindre, les jours suivants, une très grave pneumonie. Le 28, M. Sibers eut encore le bonheur de profiter d’une lueur dans l’esprit du malade et d’enten¬dre à nouveau sa confession. M. Pillot offrit sa vie pour la Société et pour sa Mission du Cambodge, et communia avec ferveur. Le 29 au soir, il reçut la visite de son frère Jean, enseigne de vaisseau, ce qui l’émotionna beaucoup. Vers minuit, des suffocations pénibles, provoquées par la pneumonie, se produisirent ; une crise cardiaque se déclara en même temps ; le pauvre Père exhala le dernier soupir dans les bras de M. Sibers, après avoir reçu une dernière absolution. Il était minuit et demi.
M. Sibers écrit, et nous faisons nôtres ses paroles : « Nous avons la grande consolation de penser que dans ses moments de lueur, M. Pillot s’est préparé à la mort avec un soin scrupuleux. Ceci nous donne le ferme espoir qu’il aura entendu le juste Juge prononcer à son égard cette joyeuse sentence que rappelait I’Introït de la messe du 30 mars, le jour même de sa mort : « Venite, benedicti Patris mei ; percipite regnum, alleluia, quod vobis paratum est. »
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Références
[2784] PILLOT Joseph (1881-1910)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1910, p. 296. - A. M.-E., 1913, pp. 260, 314.
Notice nécrologique. - C.-R., 1910, p. 354.