Gaston LEBEL1878 - 1908
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2877
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1906 - 1908 (Jilin [Kirin])
Biographie
[2877]. LEBEL, Gaston-Alphonse-Joseph-Auguste, né à Hermival-les-Vaux (Calvados) le 21 avril 1878, fit ses études classiques chez le curé de sa paroisse et au petit séminaire de Lisieux, sa philosophie à Sommervieu, et sa théologie au grand séminaire de Bayeux. Il reçut la prêtrise le 29 juin 1902, et fut ensuite vicaire à Mézidon.
Il entra au Séminaire des M.-E. le 1er août 1905, et partit le 26 septembre 1906 pour la Mandchourie septentrionale. Il apprit la langue à Kou-iou-chou, et y travailla à la construction d'une église. Nommé à Harbine, dans la province de Ghirin, et chargé du poste de Souang-tcheng-pou, il y fonda une école de filles. Il mourut le 11 février 1908 à Harbine.
Nécrologie
M. LEBEL
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA MANDCHOURIE SEPTENTRIONALE
Né le 21 avril 1878.
Parti le 26 août 1906.
Mort le 11 février 1908.
« Le dimanche 30 septembre, s’embarquait à Marseille, pour la Mandchourie septentrionale 1, un jeune missionnaire qu’animaient les plus apostoliques espérances, et que la mort vient d’enlever d’une façon prématurée ; Gaston-Alphonse-Joseph-Auguste Lebel, né le 21 avril 1878 à Hermival-les-Vaux, près Lisieux, diocèse de Bayeux.
« Gaston était le second des trois enfants de M. et Mme Auguste Lebel, instituteurs publics. Ses deux frères l’ont précédé tout jeunes au paradis. Consacré à Dieu par ses pieux parents dès le sein de sa mère, Gaston de bonne heure eut l’âme ouverte et dirigée vers de pieuses pensées. A Hermival, les larmes lui venaient aux yeux à la vue du Christ du Calvaire lorsque ses parents n’avaient pas détourné à temps sa petite voiture pour la dérober à ses regards, et il demandait à grands cris que l’on arrachât les clous qui fixaient la sainte Image. Plus tard, pendant que les siens converseront avec des amis, il saura s’isoler pour réciter pieusement son chapelet. Lorsque son père ou sa mère lui demandaient parfois ce qu’il ferait un jour : « Après ma première communion, répondait-il, je vous le dirai. »
1. Nous empruntons ces notes à la notice biographique de notre confrère écrite par M. l’abbé A. Levavasseur, curé de Bellengreville.
« Après une préparation sérieuse, au point de vue de l’intelligence et du cœur, il eut le bonheur d’être admis à ce grand acte le 19 mai 1889. Le jeudi suivant, dans l’église de son baptême, il recevait la confirmation.
« Le lendemain, il faisait ses adieux à sa paroisse natale, pour aller rejoindre sa famille à Bellengreville, où l’administration avait envoyé ses parents, depuis un mois, pour y continuer l’exercice de leurs fonctions.
« Son nouveau curé ne tarda pas à se demander si, à défaut d’enfants de la localité, Dieu n’avait pas des vues spéciales sur Gaston, et il soumit cette idée au père et à la mère : « Bien volontiers, Monsieur le Curé », telle fut la réponse immédiate de ces parents chrétiens, tant était profonde leur conviction que la vocation ecclésiastique est une grande grâce et un honneur insigne, dont ils pouvaient à bon droit être fiers et devaient remercier Dieu.
« Gaston n’avait pas encore douze ans. D’une santé délicate, il fut décidé qu’il n’y avait pas lieu de le pousser trop fortement à l’étude. Il s’appliquait néanmoins toujours à notre entière satisfaction et faisait des progrès qu’il nous était facile et agréable de constater.
« Deux ans s’écoulèrent et, à la rentrée de 1892, Gaston entra au séminaire de Lisieux, en cinquième. Il se tint dans les premières places et sa conduite, alliée à une piété franche, sans contrainte, allait de pair avec l’étude.
« Au cours de ses humanités, il fit une perte bien sensible pour son cœur aimant : sa mère, souffrante depuis longtemps, lui fut ravie, le 6 septembre 1895, lui laissant l’exemple de toutes les vertus.
« Après avoir terminé sa philosophie à Sommervieu. Gaston entra au grand séminaire de théologie à Bayeux. Il gravit les divers degrés du sanctuaire comme un pieux lévite. Il préparait et trempait ses armes, les fourbissait dans l’esprit de foi et d’oraison, dans l’ardeur continue à l’étude, avec l’espoir de s’en revêtir un jour, comme un vaillant soldat, pour les combats du Christ. Il n’était plus qu’à cinq mois du sacerdoce, lorsque Dieu lui envoya l’épreuve de la maladie. Mais il mit sa confiance en Notre-Dame de Lourdes et la santé lui fut rendue. Ordonné prêtre le 29 juin 1902, il est nommé, après quelques semaines de repos, vicaire à Mézidon. M. le doyen a fait ce bel éloge de son jeune auxiliaire : « Bien des fois « j’ai béni Dieu et remercié Monseigneur de me l’avoir donné comme vicaire. J’ai été « heureux et me réjouis encore de ce que ma paroisse ait eu le grand avantage de recevoir les « prémices de son zèle tout apostolique. Pendant trois ans, nous avons ainsi vécu, côte à « côte, dans la plus grande intimité. Les rapports avec lui étaient d’ailleurs faciles et « agréables. Ame très délicate, il savait joindre à un tact parfait une grande amabilité. Il avait « toute mon estime et toute ma confiance, comme il avait l’estime et la sympathie « générales. »
« C’est que, pendant ce court laps de temps, je pus le voir à l’œuvre, toujours réservé, toujours digne, ayant l’entrain de la jeunesse, mais le sérieux de l’âge mûr, en un mot toujours prêtre en tout ; il le fut par sa piété, par son dévouement auprès des enfants ; par l’étude et le travail, par son activité à étendre le royaume de Dieu.
« Cependant, depuis longtemps, il avait traité la question de sa vocation avec son directeur, et un jour son évêque, Mgr Amette, disait à son curé : « Je croirais aller contre la volonté de « Dieu en refusant à votre vicaire l’autorisation de quitter le diocèse pour aller aux « Missions. »
« M. Lebel arriva au Séminaire des Missions-Étrangères le 1er août 1905. Le 29 juin de l’année suivante, il recevait sa destination pour la Mandchourie septentrionale et, le 30 septembre, le paquebot le Tonkin levait l’ancre et emportait le jeune missionnaire vers sa nouvelle patrie.
« A la hauteur de Rome, ses yeux se tournent vers ce coin du monde où convergent tous les cœurs et aussi toutes les espérances chrétiennes : salut, respect, amour et obéissance filiale au vénéré successeur de Pierre, à Pie X le bien-aimé. Sa pensée se reporte à vingt siècles en arrière, et lui fait évoquer le souvenir de Pierre dirigeant péniblement, sur ces mêmes flots, où le « Tonkin » vogue en ce moment avec tant de facilité, sa chétive embarcation : il allait vers Rome païenne, pour y enseigner aux grands et aux petits l’Évangile et les vertus chrétiennes.
« Le missionnaire d’aujourd’hui va continuer bien modestement l’œuvre immense de la conversion du monde, et, dans la mesure de ses faibles forces, continuer la mission divine des apôtres.
« M. Lebel a quitté Marseille avec sept de ses confrères, qui s’échelonnent sur la route et se séparent pour prendre le chemin de leur mission respective. Arrivé à Shanghaï au soir de la Toussaint, il reprend bientôt la mer avec son dernier compagnon de route, affecté à la Mandchourie méridionale. Il s’embarque sur un bateau marchand à destination d’Ing-tzé. Il leur faut voguer, pendant trois jours, dans les golfes de Petchily et de Liao-tong, au risque de rencontrer quelqu’une des torpilles égarées pendant la guerre russo-japonaise. Ils ont d’abord vu à l’est Port-Arthur ; enfin, au nord-est, au fond de la baie, c’est la Mandchourie. Ils tombent tous deux à genoux.
« Enfins nous voici en face de cette immense contrée, où nous devons vivre, et passer « notre existence à faire connaître, aimer et servir notre Dieu sauveur . Mon Dieu ! donnez-« moi de faire vaillamment votre œuvre en ce coin du monde où si peu d’âmes encore vous « connaissent ! Fiat ! »
« Le jeune missionnaire n’est nullement fatigué de son voyage. C’est là, à Ing-tzé, ville de près de 100.000 âmes, qu’il attend l’arrivée de M. Lacquois, missionnaire à Kou-iu-chou, près duquel il doit apprendre la langue.
« Le voilà en route pour Kou-iu-chou. Il y restera un an environ avant d’être capable de comprendre et de parler « cette trop belle langue » de l’Empire du Milieu. Nous le trouvons, la veille de Noël, seul dans son petit appartement. M. Lacquois est parti pour célébrer la fête dans un poste voisin. Il rêve aux belles soirées de Noël passées à Hermival, à Bellengreville, à Mézidon. Cependant les chrétiens arrivent pour la fête. Ils viennent de 20, 30 et 40 kilomètres. Il ne leur parlera pas encore, mais il prie Dieu de se faire entendre pour lui à leurs âmes.
« Ce fut à l’occasion de l’an chinois, en février, époque des vacances, alors que les écoles sont fermées pour quelques semaines, qu’il alla, avec M. Lacquois, à Ghirin, rendre visite à son évêque qui le reçoit avec la plus paternelle affection. Après avoir encore étudié quelques mois la langue mandchoue, et travaillé comme architecte, entrepreneur et caissier à la construction d’une église, Mgr Lalouyer lui fit entrevoir son prochain départ de Kou-iu-chou pour aller fonder un nouveau poste.
Le 25 août il écrivait : « Je suis nommé missionnaire à Karbine et chargé du poste de « Souang-tcheng-pou. La position est assez difficile. Enfin, si je puis, au milieu de ce « bourbier physique et moral, repêcher quelques âmes de bonne volonté, ce sera toujours « autant. »
« Dès son arrivée à Karbine, il se mit résolument à l’œuvre et fonda des écoles dans deux postes, mais bientôt il dut fermer celle de Karbine, faute d’élèves, et aussi faute de bonne volonté de la part de la population trop mouvante.
« L’évangélisation sera bien difficile ici, dit-il. S’enrichir, s’amuser, voilà les deux seuls « buts visés par l’immense majorité des habitants de cette ville. Mais la grâce de Dieu, qui « touche les cœurs les plus endurcis, s’obtient par la prière, écrit-il à son père ; prie et fais « prier pour que l’œuvre du bon Dieu s’accomplisse et qu’il répande ses bénédictions sur « mes innombrables paroissiens.
« A Souang-tcheng-pou, écrit-il dans sa dernière lettre du 26 janvier, l’école des filles « marche bien. Une trentaine de personnes s’y instruisent. J’ai administré 13 baptêmes, le « district est une magnifique préfecture chinoise, à 200 lis de Karbine. Je rêve pour l’avenir « de belles choses : relier mes deux centres principaux par quelques petites chrétientés dans « les gros bourgs qui les gros bourgs qui les séparent. A quand cela ? C’est le secret de « Dieu. »
« Pendant que le jeune missionnaire était en pleine activité, et dressait ses plans d’avenir « pour l’évangélisation de son vaste district, la mort se préparait à le frapper presque d’une « manière subite et tout imprévue. « C’est mardi dernier, 11 février, écrit M. Lacquois, que « Dieu est venu prendre cette belle âme pour la placer près de lui. Sa mort nous a surpris « comme un coup de foudre : car, à vrai dire, il est mort sans maladie. Trois ou quatre jours « auparavant, il était sorti en ville avec M. Monnier, procureur de la mission. Le soir, il se « plaignait un peu d’avoir mal à la gorge. Mais personne ne fit attention à cette « indisposition. Le lendemain, M. Monnier repartait pour Hoang-tcheng-tzeu. MM. « Cubizolles et Monestier, accidentellement de passage, restèrent auprès de lui. Le jour « suivant, M. Lebel parlait difficilement et avait de la peine à prendre des aliments. Il avait « la gorge tout enflammée. Le lundi 10 février, son mal était un peu diminué, et il vaquait à « ses affaires tout comme à l’ordinaire. Il se nourrissait de bouillon et de lait, et personne « encore ne croyait son était grave.
« Le mardi matin, il se leva d’assez bonne heure et constata que la gorge allait beaucoup « mieux. Un peu après 9 heures, il éprouva une faiblesse, et s’étendit tout habillé sur son lit ; « puis, vers 10 heures, il dit à M. Cubizolles qui était à ses côtés : « Donnez-moi donc « l’Extrême-Onction. » A 11 heures, le cher Père rendait le dernier soupir. L’avis du « médecin est que le mal, une angine qui était d’abord à la gorge, se porta brusquement sur « le cœur.
« Et maintenant, notre cher confrère repose sur le terrain de la mission, auprès de sa « petite église, dans cette ville de Karbine où il se promettait de faire tant de bien, et qu’il « aimait. Il dort de son dernier sommeil, à côté d’un autre jeune missionnaire, M. Priour, du « diocèse de Rennes, décédé, lui aussi, il y a quelques mois dans cette même ville de « Karbine.
« M. Lebel est mort. Quelle perte pour notre mission ! Dès son arrivée parmi nous, il « avait conquis tous les cœurs. Tout le monde l’aimait, et nous fondions sur lui les plus « belles espérances pour l’avenir. D’un zèle ardent, mais bien réglé, d’un jugement solide et « droit, d’une rare distinction et d’une intarissable gaîté, il promettait beaucoup, quand l’âge « et l’expérience l’auraient tout à fait mûri. Frappé de ces qualités, Mgr Lalouyer avait de « bonne heure jeté les yeux sur lui, pour le poste important et si difficile de Karbine. Notre « cher confrère s’était donné tout entier à sa rude tâche. Son tourment du jour et de la nuit « était bien de savoir comment il devrait s’y prendre pour convertir à Dieu ces âmes « d’innombrables païens qui l’entouraient. Il fallait l’entendre nous exposer ses plans de « bataille ! Hélas ! Dieu s’est contenté de sa bonne volonté, et il l’a couronné avant l’heure « du combat. »
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Références
[2877] LEBEL Gaston (1878-1908)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1907, p. 91. - Sem. rel. Bayeux, 1908, p. 147.
Notice nécrologique. - C.-R., 1908, p. 330.