Lucien LIGIER1880 - 1910
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2881
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1906 - 1910 (Coimbatore)
Biographie
[2881] LIGIER Marie, Lucien, Joseph naît le 7 juin 1880 à Randevillers dans le Doubs. Il fait ses études au Séminaire de Notre Dame de Consolation, non loin d'Avoudrey, puis au Grand séminaire de Besançon. Après son ordination le 31 juillet 1904, bien qu’ayant exprimé son souhait désir de se consacrer à l’apostolat missionnaire, il reste dans son diocèse par obéissance à son directeur et est nommé vicaire à Noroy-le-Bourg en Haute-Saône.
Un apostolat interrompu par la maladie
Il entre enfin au Séminaire des MEP le 23 mars 1906. Le 26 septembre suivant, il est envoyé au Coimbatore. Affecté d'abord à Codiveli (1) pour y étudier la langue, il est par la suite nommé vicaire à Coonoor (2), puis à Ootacamund. En janvier 1910, on lui confie le district de Dharapouram (3). Il assiste de nombreux pestiférés et, dès le début mai, est à son tour atteint de la fièvre. Le 16 du même mois, il succombe à Dharapouram.
Des notes qu'il laisse, on peut citer ces lignes très pieuses : ‘‘Jésus, et rien que Jésus, voilà comment je veux que ma vie de prêtre soit résumée. Je fréquenterai les gens pour les sanctifier et non pour me laïciser. Je garderai à tout prix la pratique de la récitation de l'Ave Maria à chaque heure du jour"’.
1 – Au nord de Coimbatore
2 – Dans les Nilgiri, en altitude.
3 – Au sud-est de Coimbatore.
Nécrologie
M. LIGIER
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU COÏMBATOUR
Né le 8 juin 1880
Parti le 26 septembre 1906
Mort le 16 mai 1910
Le 16 mai dernier, le lendemain de la Pentecôte, s’éteignait à Dhara¬puram une existence de jeune missionnaire qui eût pu être précieuse longtemps encore pour les âmes. Après quelques jours de maladie, M. Ligier allait recevoir du Juge Suprême la récompense promise au bon serviteur et au fidèle apôtre du Christ.
Marie-Lucien-Joseph Ligier était né à Randevillers (Doubs), au sein d’une famille profondément chrétienne. La piété, l’attachement au devoir et l’amour de Dieu étaient pour lui des vertus héréditaires, transmises par une mère qui, comprenant la grandeur de sa mission, s’efforçait de créer dans le cœur de ses enfants les saintes aspirations qui soutiennent l’âme sur le chemin de la vie. C’est dans cette atmo¬sphère familiale, toute imprégnée de piété, et dans la lecture de la Vie des Saints ou des Annales de la Propagation de la Foi, qui se faisait chaque soir en commun, que le jeune Joseph sentit naître en lui les premiers désirs de l’apostolat.
Il grandit, protégé contre les mauvais vents, à l’abri des périls funestes à l’innocence, ne connaisant que le chemin de l’église.
Le 11 mars 1891, arrivait à Randevillers un saint prêtre, qui faisait sa première visite à la paroisse que l’autorité diocésaine venait de confier à son zèle. Personne ne l’attendait dans le pays ; il se rendit droit à l’église, où il trouva un enfant de 11 ans en train de faire son chemin de croix : c’était Joseph Ligier dont l’air recueilli et sérieux disait toute la ferveur.
Le voyant si près du bon Dieu, le sachant formé par de pieux parents, le nouveau curé, une fois installé, lui demanda, un jour après sa première communion, s’il ne serait pas heureux d’être le prêtre de Jésus qu’il aimait. Un oui joyeux accueillit cette ouverture. Les leçons de latin commencèrent. Monsieur l’abbé Jeunet mit tout son cœur à préparer cette âme pour le sanctuaire. « Pendant les deux années que durèrent les leçons au presbytère, écrit-il, je n’ai jamais eu le moindre reproche à lui faire. Malgré des moyens intellectuels ordinaires, il arriva, par son travail, à entrer, après cette première préparation, en quatrième au Séminaire de Consolation. »
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Au petit séminaire, Joseph Ligier se fit remarquer par son applica¬tion à l’étude, par sa vertu, par son caractère sérieux et réfléchi plus que par ses succès littéraires.
Il continua, au Séminaire de philosophie et au Grand Séminaire de Besançon, à développer les qualités que nous lui avons connues. Laborieux, docile, pieux et vraiment humble, il travailla dans le silence et le recueillement à sa formation sacerdotale. Ses condis¬ciples remarquent pourtant chez lui une réserve mystérieuse ; un air de tristesse assombrissait parfois son visage ; il était peu communicatif. La raison de cette concentration en soi-même, qui surprit ses meilleurs amis, nous a été donnée plus tard par le cher M. Ligier. Dès son enfance, nous l’avons vu, il avait nourri le désir de se consacrer à l’évangélisation des infidèles ; or, soit afin de l’éprouver, soit afin de conserver au diocèse un sujet capable de rendre de précieux services, son directeur s’opposait à son départ immédiat pour le séminaire des Missions et l’engageait à essayer d’abord du ministère en France. Le séminariste, tout soumis qu’il était, en souffrait amèrement.
Une vocation moins solide eût sombré dans cette épreuve ; la sienne en sortit intacte. Tonsuré le 22 février 1902, minoré le 3 août de la même année, sous-diacre le 2 août 1903, il reçut le diaconat le 21 février 1904 et la prêtrise le 30 juillet suivant. Quelques jours après il célébrait sa première messe solennelle dans l’église de Rande¬villers.
Sa santé, un instant ébranlée par la vie du séminaire au point de l’obliger d’interrompre ses études, s’était raffermie pendant son service militaire qu’il avait accompli à Belfort ; mais elle n’était pas encore des meilleures. Il profita des quelques semaines de vacances que lui laissa son Archevêque, après sa dernière ordination, pour se reposer et se préparer aux labeurs de sa nouvelle vie. Le repos fut de courte durée. Un poste de vicaire était vacant à Noroy-le-Bourg, dans la Haute-Saône. M. Ligier fut appelé à le remplir. Il reçut sa destination, sinon avec joie, — car son cœur était toujours aux Missions-Étrangères, — mais, du moins, avec résignation.
Ce qu’il avait été au petit et au Grand Séminaire, il le fut encore dans le ministère ; ses paroissiens diront, en apprenant la nouvelle de sa mort prématurée, la vénération et l’estime qu’ils avaient pour lui ; par son zèle, par sa charité, par son dévouement, il sut en peu de temps se concilier les esprits et les cœurs d’une population assez indifférente en matière religieuse.
Pourtant, la pensée des Missions ne le quittait pas. Il entendait lui aussi la voix des infidèles, qui ont tant besoin de prédicateurs nombreux, lui répéter les paroles du Macédonien à saint Paul : Transiens usque huc, adjuva nos ! et il pressait son directeur de donner son consentement à un départ immédiat. Sa persévérance fut couronnée de succès ; plein de joie, le cœur débordant de recon¬naissance envers Dieu, qui daignait enfin l’admettre au nombre de ses apôtres, après les démarches nécessaires heureusement menées à bonne fin, il entrait au Séminaire de la rue du Bac le 23 mars 1906.
Nous ne dirons rien de son année de probation, si ce n’est qu’à l’éco1e des Bienheureux Martyrs qu’il aimait à prier et sur les traces desquels il se proposait de marcher, son cœur devint plus assoiffé d’immolation et de sacrifice. Ce temps s’écoula, trop rapide à son gré dans la fidélité à toutes les prescriptions du règlement qu’il disait bien propre à former des prêtres de grande vie intérieure.
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Au mois d’août 1906, M. Ligier revit le pays natal, alla réciter une dernière prière sur les tombes, encore fraîches, de son bien-aimé père et de sa sainte mère et, le 30 septembre, il quitta Marseille pour la Mission du Coïmbatour.
« Je le vois encore arriver de France, écrit un de ses confrères, vigoureux et droit comme un chêne, joyeux comme un apôtre, discret comme un ministre de Dieu. Mgr Roy, son évêque, dut se réjouir à la pensée qu’il allait pouvoir réparer un coup douloureux que la mort venait alors de frapper dans les rangs de ses missionnaires.
Selon les traditions de la Mission, M. Ligier débuta par l’étude de l’anglais, avec l’aide d’un vétéran de l’armée anglaise et du vieux Robertson. A peine familiarisé avec la langue d’Outre-Manche, il dut s’exercer à celle des bords du Bhavani.
A Kodiveri, où il fut envoyé le 29 mars 1907, il n’avait qu’à prêter l’oreille aux commérages de la rue, voisine du presbytère, pour s’assimiler le tamoul populaire. Mais, cela ne suffisait pas à son esprit studieux et méthodique : il préférait accabler de questions de gram¬maire son professeur improvisé.
Entre temps, il se formait au ministère sous la direction de M. Gau¬cher, alors titulaire du district.
C’est au milieu de ces premiers travaux que le choléra vint le surprendre dans une de ces épidémies qui affligent fréquemment les riverains des grands fleuves de l’Inde. Des soins dévoués l’arra¬chèrent à la mort. Il revint passer quelque temps à Coimbatore pour compléter sa guérison et, de là, il fut envoyé aux Montagnes Bleues où il remplit les fonctions de vicaire, d’abord à Coonoor et ensuite à Ootacamund. Ses premiers essais promettaient un mission¬naire accompli.
Au mois de janvier 1910, Mgr Roy lui confiait le poste de Dhara¬puram. M. Ligier s’employa, dès les premiers jours, à tous les travaux d’un ministère apostolique prodigieusement actif. Il est même permis de dire qu’il donna trop libre cours à l’ardeur de son zèle et de son tempérament. Il parcourut son district de part en part, bravant le soleil et la pluie, se contentant de repas improvisés et de mets fort peu recherchés. La peste ravageait alors sa chrétienté : il se multiplia et se dépensa pour donner les derniers sacrements aux malades, sans se résigner, d’autre part, à diminuer quelque chose de ses occupations quotidiennes auprès des enfants du catéchisme. En un mot, il s’oublia lui-même complètement pour n’écouter que son énergie et son amour des âmes.
Un jour, la fièvre le saisit : le 9 mai, il dut garder la chambre. Les chrétiens alarmés télégraphièrent à Coimbatore. M. Rondy, vicaire général, partit en toute hâte et arriva le lendemain à Dharapuram. Se rendant compte immédiatement de la gravité de l’état du cher malade, il lui administra les derniers sacrements, que M. Ligier reçut avec une grande piété et un parfait esprit de sacrifice de sa vie. Le 16 mai, à 4 heures du soir, notre cher Confrère rendait tranquillement sa belle âme à Dieu.
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« Dans les notes laissées par M. Ligier, écrit un de ses amis, j’ai trouvé un trésor : ce trésor est son règlement de vie sacerdotale. En voici quelques lignes : « Jésus et rien que Jésus, voilà comment je veux que ma vie de prêtre soit résumée... Je fréquenterai les gens pour les sanctifier et non pour me laïciser... Je garderai, à tout prix, la pratique de la récitation de l’Ave Maria à chaque heure du jour... Mon idéal sera toujours la pauvreté de Notre-Seigneur dans la crèche, son renoncement sur la croix et son amour dans le tabernacle... »
Perfecit omnia quæ locutus est ei Deus,
Et dixit ad eum : ingredere in requiem meam.
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Références
[2881] LIGIER (1880-1910)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1907, p. 300 ; 1908, p. 262 ; 1910, p. 275. - Sem. rel. Besançon, 1910, p. 742.
Notice nécrologique. - C.-R., 1910, p. 365.