Jean MAURY1882 - 1970
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2923
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1906 - 1941 (Malacca)
- 1946 - 1948 (Malacca)
- 1951 - 1970 (Malacca)
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1941 - 1946
Biographie
[2923] MAURY Noël, Jean, est né le 24 décembre 1882 à Valuejols, au diocèse de Saint-Flour (Cantal). Il fait ses études primaires à Murat, puis ses études secondaires au Petit Séminaire de Saint-Flour, de 1895 à 1902. Il entre laïc au Séminaire des Missions Étrangères en 1902. Ordonné prêtre le 22 septembre 1906, il part le 15 décembre suivant pour la mission de Malacca.
Il est d'abord vicaire à Singapour où il s'initie à l'étude du chinois, dialecte de Swatow. Il est ensuite nommé comme curé en face de l'île de Penang. En quatre ans, il y tiendra deux postes : Machang Buboh (1908-1909) et Machang Tinggi (1909-1911) et y apprend le Hakka. En 1911, il est nommé à Batu Gajah : il y restera 18 ans, coupés seulement par un premier congé en France en 1921-1922. Curé autoritaire mais plein de vie, il adorait écouter et faire parler. Il se met là à l'étude du Cantonnais et même du Foochew pour ses postes de la côte dont la visite lui prend cinq jours. Il y verra aussi de grosses transformations économiques et sociales : des mines d'étain aux plantations de caoutchouc où le Père roule à bicyclette d'abord (et jusqu'à 120 km par jour !) puis en moto, et enfin en voiture à son retour de congé.
Il bâtit une église à Batu Gajah et des chapelles à Gopeng, Kampar, Persing. Il aidera aussi à construire celles de Sitiawan et de Lumut.
En 1929, il est nommé curé de Seremban (1929-1931) puis à Taiping (1931-1934). Un second congé en 1934, et le voilà nommé à Singapour; mais quand on a toujours été seul, il est difficile de se mettre à une vie un peu plus communautaire. Le Père Maury part en 1941 pour l'Inde et il y restera jusqu'en 1946. A son retour, il prend en charge la paroisse du Rosaire à Kuala Lumpur. Un long congé le retient en France de 1948 à 1951. On lui demande alors de rebâtir la vieille église de Saint John à Kuala Lumpur : elle sera juste achevée pour devenir la cathédrale. Après le sacre du nouvel évêque, le Père Maury se retire chez les Franciscaines, en leur hôpital de Petaling Jaya. Il y aura une longue et féconde retraite. Il sera opéré de la prostate en 1969. Il décède le 18 janvier 1970. Ses obsèques sont présidées par Mgr. Vendargon, qui y fera le panégyrique des 64 ans de vie missionnaire du Père Maury, en présence d'une foule considérable. Le Père venait d'avoir 87 ans !
Nécrologie
Le Père Noël Jean MAURY
(1882 – 1970)
missionnaire en Malaisie
Il était né un jour de Noël pour mériter ce beau prénom, à 10 heures du soir “ je m’en rappelle car j’étais là !” ; allez le contredire quand ses contemporains ont tous disparu… C’était à Valuejols dans le Cantal et nous pouvons le croire car il gardera l’accent du terroir jusqu’à la fin de se longue carrière. Après 5 ans d’études au petit séminaire de la Présentation à St Flour, il entre au séminaire des Missions Etrangères en 1902. Quelle était sa vocation missionnaire ? Jeune garçon, il voulait être un prêtre actif et, trouvant qu’il y avait vraiment beaucoup de prêtres à St Flour, autant valait chercher du travail sérieux en Mission. Sa santé, pourtant, n’était guère brillante et, poux le moment, elle le faisait réformer et il ne sera pas mobilisé pendant le guerre. Ordonné prêtre le 22 septembre 1906, il quitte la France début décembre pour arriver à Singapore avant la fin de l’année. Avec sa pauvre santé, il n’en a que pour 18 mois à peine... nous qui avons toujours connu un Père MAURY de taille solide et de mine réjouie, avons peine à croire qu’il était si faible. Il mettait tout cela au compte de la nourriture. Après 4 mois comme vicaire à Singapore, il sera mis à ses pièces et, enfin, pour la première fois de sa vie, il se trouvera libre de manger ce qu’il aime et, surtout, d’écarter ce qu’il n’aime pas ; après cela, allez lui parler des régimes des pensionnats et séminaires !… Jusqu’à la fin de sa vie, le Père restera une excellente fourchette même s’il n’appréciait pas tellement la cuisine chinoise.
Donc, après quelques mois d’étude du Chinois, dialecte de Swatow, à la Paroisse St Pierre et St Paul de Singapore, il est envoyé comme curé en face de l’île de Penang. En 4 ans, il y tiendra deux postes (Machang Buboh et Matang Tinggi) et y apprendra le Hacka. En 1911, il est envoyé à Batu Gajah où il restera 18 ans, coupés seulement par un premier congé en France en 1921-22. On rencontre dans toutes les paroisses de Malaisie et de Singapore des gens qui ont connu ou ont été baptisés par le Père à Batu Gajah. Ils ont perdu le souvenir de bien des prêtres, mais ils se rappellent celui-là et, lui aussi se souvenait, car sa mémoire des noms et des visages lui est restée presque jusqu’au dernier jour. C’était un curé autoritaire mate plein de vie, visitant et conversant (doit-on parler de contact et de dialogue ? Non, si on se réfère au dialogue moderne où, bien souvent, on dialogue pour exposer et… imposer ses idée). Le Père MAURY adorait écouter, faire parler... les confrères disaient “il vous tire les vers du nez”... Mais le fait est que les gens aimaient ce prêtre toujours prêt à les écouter et à les mieux connaître. Batu Gajah restera pour le Père une très jolie époque. Il a vécu là une transformation de la vie de ses chrétiens et un changement radical dans les conditions d’apostolat. Or, il appréciait la nouveauté.
Jusqu’en 1913 de nombreux émigrants se trouvaient sans travail, à la merci de sociétés plus ou moins secrètes, tentés par toutes sortes de trafic (opium, jeu, prostitution). Chaque paroisse avait fort à faire pour aider les chrétiens dispersés sur un territoire aux communications difficiles, et formés en groupes très compartimentés par leur origine et leurs dialectes. Les rudes paroissiens qui portent encore la queue panseront plus d’une fois par dessus la table de communion plutôt que d’en ouvrir les portes ; ils ignoreront longtemps l’usage du mouchoir et ne s’habitueront que peu à peu à l’usage du crachoir.... Faut-il bâtir pour eux une église neuve ?
Le Père apprend le Cantonnais pour son poste principal et se met également au Foochew poux les postes de la côte. Pour visiter ces derniers, le voyage par train, barque et route, lui prendra 5 jours.
La plantation du caoutchouc sur des milliers d’hectares va changer tout cela. Il y a du travail constant pour tout le monde et les fluctuation. du marché de l’étain, seule ressource jusque là, ne sont plus si dangereuses. On ouvre de nouvelles routes pour desservir les plantations et le Père y circule à bicyclette (jusqu’à 120 km par jour... en climat équatorial “il faut le faire”), puis en moto et, finalement, de son congé de 1922, il reviendra avec une automobile : un luxe de nature à choquer certains confrères. Désormais, le Père sera inséparable de l’automobile. A 83 ans il viendra encore en voiture à Singapore pour suivre (ne me faites pas dire : participer) les péripéties du Grand prix de l’Automobile-Club. Et trois ans plus tard, mon chauffeur (ecclésiastique) qui suivait le Père MAURY au retour de l’enterrement de Mgr CHAN me faisait remarquer “Comme c’est imprudent de laisser ce vieillard conduire seul.. il pourrait avoir une crise cardiaque et provoquer un accident”. Mais son cœur se portait fort bien et ne demandait qu’à battre.
Avec le développement économique du district, le Père peut bâtir l’église de Batu Gajah et construire également les chapelles de Gopeng, Kampar, Pusing et aider à la construction de celles de Sittawan et de Lumut.
En 1929 il est transféré à Seremban pour deux ans, puis à Taiping pour deux ans et demi. Il n’aura pas le temps d’y bien connaître ses gens ni de s’en faire comprendre. En 1934-35 il prend son second songé en France et, à son retour, Mgr DEVALS le nomme curé de la cathédrale de Singapore. Il s’agissait d’y vivre en contact avec plusieurs confrères, parfois avec un assistant et… tout à côté de l’évêque. Il était trop tard pour former le Père MAURY à l’esprit d’équipe. Il travaille, mais il tient à travailler seul ; il est à la disposition de ses chrétiens mais pas des prêtres qui ne l’ont pas prévenu à l’avance de leur arrivée : “le téléphone, la poste, ça existe ; qu’on s’en serve”... Evidemment, il ne gagne pas un prix de popularité avec les prêtres et les relations avec l’évêque se tendent.
La longue maladie de Mgr BARILLON avait accoutumé ses prêtres à beaucoup d’indépendance ; la reprise en main par Mgr DEVALS était difficile poux les anciens. En 1941, le père MAURY, qui. ne peut rentrer en France à cause de la guerre, se rend en Inde et y restera jusqu’en 1946, travaillant en paroisse anglaise à Bangalore. En 1946, il revient en Malaisie et, pour une courte période, prend en charge la paroisse du Rosaire à Kuala Lumpur. En 1948 il part en France pour un long congé dont il ne revient qu’au début de 1951 pour une sérieuse tâche. Son évêque lui demande de rebâtir la vieille église de St John Kuala Lumpur pour en faire un monument digne de 1’église principale de la capitale et poux bientôt devenir, comme chacun pense, une cathédrale. Des fonds importants amassée par le regretté Père PERISSOUD existaient déjà mais il fallait les compléter et faire toutes les démarches pour la mise en route et le contrôle des travaux, tout en continuant à assurer le soin régulier de la paroisse existante. A l’âge du Père MAURY ce n’était pas un sinécure et il y réussit splendidement. La construction était juste achevée lors-sur Kuala Lumpur devint évêché. Ayant vu le nouvel évêque consacré dans sa nouvelle cathédrale le Père MAURY se retira pour laissez au nouvel évêque le libre choix du curé de sa cathédrale. Cette retraite, préparée à l’avance, conduisait le Père MAURY à l’aumônerie des Franciscaines qui venaient d’établir un grand hôpital à Petaling Jaya, la ville satellite de Kuala Lumpur. Le Père MAURY inaugura son nouveau poste en célébrant ses noces d’or sacerdotales. Il avait encore 14 ans de féconde retraite devant lui.
L’esprit toujours éveillé, il prenait grand intérêt aux malades et aux sœurs hospitalières tout en gardant un contact épistolaire suivi avec ses anciens paroissiens. Les confrères, toujours bien accueillis, étaient cependant soumis à un interrogatoire serré avant d’avoir droit au petit verre et au cigare traditionnel. Jusqu’à la fin, le Père MAURY a gardé le souci constant de se tenir au courant de tout et de tous. C’est également avec fierté qu’il reçut la décoration du Mérite National du Gouvernement Français.
En 1969, des troubles de prostate nécessitèrent une intervention chirurgicale et le Père MAURY trouva très difficile d’apprendre à être malade à 87 ans. Passé son dernier Noël, il se laissa doucement partir. Décédé le 18 janvier 1970, une foule considérable de ses nombreux amis à son enterrement et Mgr VENDARGON prononça le panégyrique des 64 ans de vie missionnaire du Père MAURY. Sûrement, de là où il est, le Père MAURY s’occupe encore de tous ceux qu’il a connus.
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Références
[2923] MAURY Noël (1882-1970)
Références biographiques
AME 1907 p. 62. 1914 p. 84. 129. 130. 133. CR 1906 p. 275. 1909 p. 297. 1911 p. 201. 202. 1919 p. 93. 187. 1922 p. 126. 127. 1923 p. 136. 1924 p. 105. 1925 p. 116. 1926 p. 132. 1928 p. 133. 1929 p. 173. 177. 1931 p. 209. 1932 p. 242. 1934 p. 180. 1935 p. 183. 1936 p. 177. 1937 p. 179. 251. 1951 p. 56. 1957 p. 68. 1961 p. 71. 1962 p. 85. 1966 p. 157. 159. 1969 p. 123. 124. BME 1923 p. 451. 1926 p. 121. 1928 p. 184. 377. 698. 1931 p. 846. 1933 p. 557. 1934 p. 505. 1935 p. 445. 1936 p. 458. 1941 photo p. 639. 1949 p. 254. 445. 1951 p. 136. 1952 p. 41. 1954 p. 683. 686. 690. 1955 p. 460. 932. 933. 1000. 1956 p. 375. 812. 909. 1958 p. 95. 469. 517. 625. 628. EC1 N° 5. 6. 10. 290. 463. 490. 603. 768. EC2 N° 28/C2. 215P76.