François LOUISON1883 - 1953
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2939
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1907 - 1914 (Qui Nhon)
- 1919 - 1932 (Qui Nhon)
- 1932 - 1953 (Kontum)
Biographie
[2939] François Régis LOUISON naquit le 08 Mars 1883, à la Ricamarie, diocèse de Lyon, département de la Loire, dans une famille profondément chrétienne.Il fit ses études primaires chez les Frères du Sacré-Coeur, à Paradis, près le Puy-dans la Haute-Loire. C'est au Petit Séminaire de Monistrol-sur-Loire (Hte Loire), qu'il parcourut le cycle des études secondaires entre 1897-1902. A cause de son caractère gai et primesautier, ses condisciples l'avaient surnommé Papillon".
Le 07 Septembre 1902, il entra laïque au Séminaire des Missions Etrangères. Tonsuré le 26 Septembre 1903, minoré le 24 Septembre 1904, il partit continuer ses études ecclésiastiques au Collège Général de Penang le 06 Décembre 1906, pour éviter d'être appelé à la caserne, par suite de la loi de séparation. Sous-diacre le 10 mars 1907, diacre le 25 mai suivant, il fut ordonné prêtre le 07 Juillet 1907 et reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de la Cochinchine Orientale (Quinhon).
Le 10 Juillet 1907, en compagnie de MM.Etcheberry et Gallioz,eux aussi destinés à la même mission il quitta le Collège Général,pour se rendre à la Procure de Hong-Kong où il séjourna jusqu'en Octobre 1907. Il rejoignit alors Quinhon.En Novembre 1907,avec M.Lardon comme guide, il arriva à Kontum,et fut envoyé à Phuong-Hoa pour y étudier la langue viêtnamienne.
Il était là depuis très peu de temps, quand lui arriva une convocation lui enjoignant de se rendre à Saigon pour parfaire son instruction militaire. En mai 1908,il regagna le pays bahnar, suivi de quelques jeunes viêtnamiens qui avaient demandé à le servir. Le voyage fut long et difficile, mais M. Louison se montra plein de sollicitude et d'attention pour ses compagnons de route.
A son retour, M.Louison fut donné comme aide à M.Hutinet, qui avait en charge le groupe ethnique Jolong. Il y avait entre le disciple et le maitre une totale diversité de caractère.Il fut chargé du district de Kon-Somluh de 1908 à 1913. La fatigue,la fièvre, la maladie l'obligèrent alors à retourner en France. Il s'y trouvait lorsque éclata la guerre. Mobilisé, il fut affecté comme infirmier à l'hôpital de St.Etienne.
A la fin des hostilités, il fit une retraite sous la direction d'un Père jésuite. Ce dernier lui conseilla de demander à son Vicaire Apostolique de lui réserver un poste où il travaillerait avec un confrère. Ayant reçu une réponse négative, il entreprit quelques démarches pour entrer dans le diocèse d'Alger. Mais conseillé par ses supérieurs et amis, il renonça à son projet, et il repartit pour Kontum.
A son retour en 1919,M.Kemlin,provicaire et Supérieur de la mission bahnar le chargea d'assurer l'intérim du district de Kon-Monei, pendant l'absence de M.Asseray. Au retour de ce dernier,il alla fonder le poste de Dak-Kodem, chez les Sedang.Le 19 Avril 1922, le feu ayant pris à une paillote du village,et s'étant propagé rapidement, il perdit en quelques instants tout ce qu'il possédait. Il alla s'établir à la sacristie du village de Kon-Trang-Monei.
A la fin du mois d'août 1923, M.Louison partit rendre visite à un confrère au village de Da-kona. M.Nôi, un catéchiste sedang l'accompagnait. Il voulut traverser la rivière Dak-Tokan, en forte crue.Il faillit se noyer, et ne dût son salut que grâce à l'aide de son catéchiste. Ce dernier reçut de l'Administration une médaille d'honneur de 2ème classe, en argent pour son acte de courage.
Les émotions,les contrariétés, les privations, les épreuves avaient altéré la santé de M.Louison. En 1924, M.Kemlin lui demanda de venir à Kontum pour l'aider dans l'administration de la paroisse.En Septembre 1924, épuisé, M.Kemlin quitta Kontum confiant son district et sa paroisse à M. Louison. Celui-ci s'efforça de se faire tout à tous, dans ce poste formé de deux communautés culturelles et linguistiques différentes. Cela ne lui fut pas facile.
Econome et parcimonieux pour lui-même, sa générosité manquait parfois de discernement et de mesure. Cœur sensible, une larme hypocritement versée suffisait à obtenir son pardon. Il s'empressait de soulager toute souffrance rencontrée, distribuant des médicaments, soignant les malades, pansant les plaies. Homme de paix, il s'employait à ramener la concorde dans les foyers. Mais lui-même avait aussi besoin de consolation et de réconfort qu'il allait souvent chercher auprès de son Evêque, ou au pied de la grotte de Lourdes qu'il avait faite construire non loin de son presbytère.
En mai 1950,après avoir célébré ses noces d'argent de curé de Kontum, M.Louison fut atteint du typhus, au retour d'un voyage à Banméthuôt. M.Bianchetti lui administra les derniers sacrements,le veilla, lui donna tous les soins avec un dévouement admirable, et le médecin constata que le malade était hors de danger. Il reprit son ministère, mais ses forces commencèrent à décliner. Des vertiges et des chutes l'avertirent qu'il était menacé d'une congestion cérébrale.
En 1953, avec une méritoire résignation, et un vaillant sourire il consentit à céder sa charge à un prêtre vietnamien, le P.Dien, vicaire délégué. Il s'embarqua alors pour la France où il arriva le 04 Avril 1953, avec l'espoir, sa santé améliorée, de revenir au pays bahnar. Mais, le 01 Octobre 1953, il mourut à l'hôpital de Marseille, où il avait été transporté
Nécrologie
NOTICE NÉCROLOGIQUE
du Révérend Père François Louison de la Mission de KONTUM
par le Père Corompt
Le Missionnaire, qui s’était chargé de rédiger la notice nécrologique du Père Louison se trouve en la partie de la Mission occupée par les Vietminhs ; aussi ne nous est-il possible de donner sur le curriculum vitae du regretté défunt que quelques notes brèves, que le service d’information du Séminaire de Paris s’empressera de compléter.
Né en 1883 au Chambon-Fougerolle, dans la Loire, d’une famille profondément chrétienne ; son père était souvent absent à cause de son commerce de bestiaux, aussi François Régis devait-il donner son aide dans les soins de la maison à sa mère qui ne lui ménageait pas les corrections ; alors que son frère Médard bénéficiait de toutes ses faveurs et de son indulgence.
C’est au petit séminaire de Monistrol dans la Haute Loire qu’il commença ses études secondaires. Ses condisciples, à cause de son caractère gai et primesautier, lui donnèrent le poétique surnom de “Papillon”... Sa rhétorique terminée, il demanda son admission au Séminaire des Missions Etrangères où il arriva le…. en........…. En septembre 1906, pour éviter d’être appelé à la caserne, par suite de la loi de séparation, il fut envoyé à Penang pour terminer ses études.
Prêtre en mars 1907, il quitta le collège général pour se rendre avec deux autres missionnaires, les Pères Etcheverry et Galioz à la Procure de Hongkong, avant de rejoindre la Mission de la Cochinchine Orientale (Quinhon), pour laquelle ils avaient reçu leur destination.
Ce n’est que quelques mois plus tard en novembre 1907, qu’il put partir avec le Père Lardon, chargé de lui servir de guide, pour la mission de Kontum. Mais à peine était-il installé en la paroisse de Phuong Hoa, pour y étudier les premiers éléments de la langue vietnamienne, qu’il recevait une convocation lui enjoignant de se rendre à Saigon, pour y compléter et y parfaire à la caserne son instruction militaire, sous la direction d’un caporal- chef cordonnier. Mais il ne profita guère de cette période d’apprentissage, car il ne sut jamais réparer ses sandales, ni raccommoder convenablement ses chaussures
Finalement libéré de ses difficultés militaires, il put, joyeux, regagner en mai le pays Bahnar, suivi de quelques jeunes vietnamiens, qui avaient demandé à le servir. Le voyage, par des sentiers à peine tracés à travers la forêt, la jungle et les hautes herbes, était long et difficile. Aussi, le bon Père Louison, plein de sollicitude, s’arrêtait-il à tous les ruisseaux pour encourager, faire reposer et réconforter ses chers enfants, leur distribuer des gâteaux, les désaltérer avec du sirop et de l’alcool de menthe.
Il espérait revenir à son ancien poste de Phuong Hoa pour y achever i’étude de l’annamite. Mais alors on ne considérait point comme absolument nécessaire de parler correctement cette langue, tout l’effort de la Mission se portant à la conversion des autochtones, que les ouvriers apostoliques d’alors appelaient leurs bons “Sauvages” .C’est pourquoi François Régis fut donné comme aide à l’intrépide Père Hutinet, grand convertisseur de la tribu Jolong, afin qu’il put poursuivre ses conquêtes apostoliques. Le jeune missionnaire était à bonne école. Il y avait entre le disciple et le maître une totale diversité de caractère : l’un était porté à l’indulgence, la mansuétude et la douceur, ce qui ne l’empêchait pas, véritable âme de cristal, de manquer de patience et de manifester avec véhémence ses sentiments aussi bien de tendresse que d’indignation ; tandis que l’autre demeurait silencieux, ferme, impassible en face des épreuves et des contradictions, intransigeant et sévère à l’égard de ceux qui s’écartaient du droit chemin.
Chargé du district de Kon Sômluh, il y demeura jusqu’en 1913 .Le désir de revoir sa famille, et surtout la fatigue, la fièvre, la maladie l’obligèrent à retourner en France, pour y retrouver santé, force et courage. C’est durant son séjour en France qu’éclata la guerre de l9l4. Le Père Louison fut mobilisé et affecté comme infirmier à l’hôpital de St Etienne. Il fut heureux d’y rencontrer des Vietnamiens, dont l’un d’eux sut lui emprunter une somme importante qui ne lui fut jamais remboursée ; car il était excessivement facile d’abuser de sa confiance et de sa générosité. A la fin des hostilités, il suivit une retraite ecclésiastique, prêchée par un religieux de la compagnie de Jésus, qui lui conseilla d’écrire à son vicaire Apostolique, pour qu’il lui réservât un poste où il lui serait possible d’exercer son ministère en compagnie d’un autre confrère. Mais son Evêque, Mgr Grangeon, lui répondit qu’il ne croyait pas pouvoir lui accorder la faveur demandée. C’est pourquoi, il fit quelques démarches pour se faire agréger au diocèse d’Alger. Heureusement Monsieur Delmas, Supérieur de la Société, put après ses exhortations et ses encouragements le faire revenir sur cette fâcheuse décision.
De retour à Kontum, il fut chargé par le R.P. Kemlin, Provicaire et Supérieur de la Mission Bahnar, d’assurer, pendant l’absence de Mosieur Asseray, l’intérim du district de Kon Monei. “Car, affirmait le Bon Père Jannin, fondateur de l’école du Bx Cuénot, ce cher confrère avec sa générosité et son bon cœur va certainement ramener au bercail toutes les brebis égarées de ce village, qui ont tendance à revenir à leurs anciennes superstitions.” François Régis se mit à. l’œuvre et s’empressa de distribuer à ses nouveaux paroissiens tous les objets qu’il avait ramenés de France. Il était dans la jubilation de constater leur insolite empressement à suivre ses conseils et à venir entendre ses instructions....Malheureusement, sa joie fut de courte durée, car les provisions de perles, de feuilles d’étain, de tissus, de bimbeloterie épuisées, la ferveur de ses ouailles diminua et redescendit à un degré égal, sinon inférieur au précédent....
Aussi c’est avec empressement qu’il accepta d’aller fonder un nouveau centre missionnaire à Dak Ko Dem, en pays Sedang. Mais à peine était-il installé dans sa maison sur pilotis qu’un incendie dévora en un instant tout ce qu’il possédait. Toute la population valide du village était aux champs et son personnel occupé à la construction d’un presbytère à quelque distance de là. Le feu prit par mégarde à une paillote, puis gagna de proche en proche ; quatre cases et l’habitation du missionnaire furent la proie des flammes. En l’absence de tout secours, il fut impossible de sauver quoique ce soit.
Le pauvre Père fut obligé de s’établir à la sacristie d’une modeste chapelle, au village de Kon Trang Mônei. Il se mit à réunir en toute hâte les matériaux les plus divers et les plus disparates pour construire une nouvelle église ; mais il n’excellait guère dans l’art de la mécanique et de l’architecture. Il éleva un édifice qui manquait non seulement de symétrie, mais aussi de stabilité ; il oscillait d’une façon inquiétante. Il fallut démonter la chapelle et refaire le bâtiment de crainte qu’il ne s’effondrât sur ceux qui avaient le courage de se réunir en cette branlante construction.
A quelque temps de là, il connut encore un plus grand danger. En pleine saison des pluies, il partit, en compagnie de son catéchiste Noi, rendre visite à l’un de ses confrères. Arrivés à la rivière Dak Tôkan, ils constatèrent que le pont avait été emporté par les eaux. Ils appelèrent les barquiers du village voisin ;mais ceux-ci étaient absents. Impatient de les attendre, le Père Louison se décida, pour passer le torrent, à monter sur une mauvaise pirogue. Arrivée au milieu du cours d’eau, elle commença à s’enfoncer et fut entraînée par le courant. Ne sachant pas nager, le missionnaire eut son cri d’appel : Marie ! Marie ! puis il perdit connaissance. Quand il revint à lui, il tenait à la main une liane et en regardant autour de lui, il aperçut un corps qui surnageait et reconnut son catéchiste. Comme il élevait la main pour lui donner une suprême absolution, ce dernier lui cria : “Père, Père, tenez bon, j’arrive”. Il arriva en effet, et réussit non sans peine à ramener le naufragé sur le rivage... Pour récompenser le dévouement et le courage de son sauveteur, le Père Louison obtint de l’Administration que lui fut décernée une médaille d’honneur....et, afin de pouvoir l”épingler sur sa noble poitrine, il lui fit confectionner ,par le meilleur couturier de Kontum à l’enseigne “Tailleur Select et militaire”, une veste sur mesure en tissu de première qualité, garantie imperméable autant qu’inusable..
Inusable n’était point le potentiel de force physique et morale du Père Louison. Les émotions, les contrariétés, les privations, les épreuves avaient altéré sa santé. Aussi, le Père Kemlin, dans sa sollicitude, lui demanda-t-il de revenir à Kontum, au centre de la Mission, pour y trouver du réconfort auprès de ses confrères, tout en le secondant dans l’administration de la paroisse. Car lui-même ne pouvait plus suffire à la tâche et prévoyait qu’il lui faudrait retourner en France pour tenter de guérir un mal, dont il se sentait mourir.
En partant, le vaillant apôtre confiait son district au Père Louison, en attendant, disait-il, son prochain retour. Mais jamais il ne devait revoir sa chère Mission, ses chers Bahnars, auxquels il avait donné son cœur. Il mourut à Marseille laissant à son successeur l’exemple d’une vie toute consacrée à la gloire de Dieu et au salut des âmes.
Le district de Kontum comprend un nombre à peu près égal de Vietnamiens et de Bahnars ; ce qui rend l’administration particulièrement difficile. Car il faut exercer le saint ministère en deux langues différentes, avoir en quelque sorte une double méthode de travail. L’écueil à éviter est que, selon son inclination, l’on accorde davantage de soins à la partie de son troupeau que l’on estime la plus digne d’intérêt, ou la mieux disposée. Le Père Louison s’efforçait bien de se faire tout à tous, pour les gagner à son Divin Maître : “Graecis et barbaris debitor sum”. Il se trouvait néanmoins qu’en son cœur les vietnamiens tenaient le premier rang ; car, on ne saurait, pensait-il, reprocher au laboureur de préférer la bonne terre qui produit cent pour un, au sol ingrat qui donne de moins beaux épis. Il avait tendance par ailleurs à se fier aux apparences ; c’était le bon israélite, chez qui n’existe ni ruse, ni roublardise “in quo dolus non est”, ainsi que le déclarait le Maître en voyant venir à lui Nathanaël. Sans hésiter, il était toujours prêt à donner pleine confiance à ceux dont il recevait des témoignages d’affection et de dévouement qu’il croyait sincères et qui n’étaient parfois qu’un moyen de mettre à contribution sa générosité.
Cette générosité manquait souvent de discernement et de mesure. Recevant beaucoup de sa famille, il comblait de ses largesses ses serviteurs préférés ; il se montrait charitable à l’excès même à l’égard de ceux qui le méritaient le moins, alors que pour son compte personnel il était toujours économe et parcimonieux. Il portait des vêtements usés, des soutanes verdies, des chaussures fatiguées, et le choix de sa nourriture demeurait le moindre de ses soucis. Après avoir passé la demi-journée à flâner au marché, son cuisinier ne lui apportait qu’une maigre pitance, confectionnée en quelques instants, seulement cuite à l’eau et au sel ; cela lui convenait parfaitement, disait le bon Père François car “ elle est à mon goût et ne me fatigue ni l’estomac ni les intestins.”
Ni. le temps ni l’âge, ni ses nombreuses années de Mission ne semblaient lui avoir donné l’expérience des hommes et des choses de l’Extrême-Orient. Une larme hypocritement versée suffisait pour apaiser son courroux, obtenir son pardon.... “Je me porte garant de l’honnêteté de ce jeune homme ; je le connais très bien, il est à mon service depuis quatre ans, je proteste contre son arrestation”, déclarait-il au fonctionnaire, chargé de découvrir l’auteur du vol d’un coffret où il enfermait ses rares économies. Devant l’évidence des faits, il avait été, avec tristesse et confusion, contraint de reconnaître que le coupable était celui-là même dont il s’était fait l’avocat et le défenseur.
A l’exemple du bon Samaritain, dès qu’il rencontrait une souffrance, il s’empressait de la soulager ; il distribuait des remèdes, soignait les malades, pansait les plaies. Par de conciliantes paroles, il s’efforçait d’apaiser les querelles, de maintenir la paix dans les villages, de même qu’il s’employait efficacement à ramener la concorde dans les ménages désunis. Quelquefois des paroisiennes en pleurs, brutalisées par leurs maris venaient le trouver, puis souriantes, consolées et presque heureuses d’avoir été battues, revenaient au foyer conjugal qu’elles menaçaient de quitter.
Mais cet incomparable consolateur des âmes en peine et des cœurs affligés avait lui-même besoin de réconfort et de consolation. C’est pourquoi, presque chaque soir, à la nuit tombante, il se rendait à la maison de son bon évêque, Monseigneur Sion. Il lui exposait ses peines, ses ennuis, ses déceptions et il en recevait encouragements et conseils. Aussi quelle ne fut pas sa tristesse, lorsqu’il apprit que son Vicaire Apostolique, qu’il considérait comme un ami et un père, était mort à Montbeton.
La Sainte Vierge était devenue pour lui davantage encore que par le passé la confidente de ses souffrances, de ses déceptions et de ses espoirs. Il avait pour elle, la dévotion candide et simple d’un petit enfant. Après de longues heures passées au confessionnal, à la fin d’une journée fatigante, il s’en allait lentement, le dos voûté, récitant son chapelet, prier à la grotte de N.D. de Lourdes, qu’il avait fait construire non loin de son presbytère. Et c’était d’ailleurs là qu’il voulait qu’on creusât sa tombe, pour dormir son dernier sommeil tout auprès de la statue de sa divine Mè¬re.
Au mois du mai 1950, le Père Louison, au retour d’un voyage à Banméthuôt, tomba gravement malade. Le père Bianchetti, lui ayant administré les derniers sacrements, resta près de lui, pour lui. donner des soins avec un dévouement admirable, jusqu’au jour où les médecins constatèrent qu’il était hors de danger. Mais depuis ses forces déclinèrent rapidement, des vertiges et des chutes l’avertirent qu’il était menacé d’une congestion cérébrale ; il n’en continuait pas moins à exercer son ministère.
Médecin des âmes et bon pasteur, c’est au confessionnal surtout qu’il exerça pendant toute sa vie sa profonde charité sacerdotale. Même fatigué et malade, il n’en continua pas moins d’administrer le sacrement de Pénitence, si lourd et si fatigant dans une grande paroisse. Il pouvait inscrire tous les ans, à la fin de ses comptes religieux, le nombre de 40.000 absolutions administrées. Les malades aussi étaient une de ses grandes préoccupations ; qu’il pleuve ou qu’il vente, à pieds quand il le pouvait, en pousse-pousse, s’il était fatigué, jamais il n’a rechigné à faire tout son devoir, même quand il aurait pu raisonnablement faire appel à l’un de ses voisins pour le remplacer. Aux soins de l’âme, il joignait un petit dessert pour le corps. Tout ce que ses généreux chrétiens lui donnaient, viande, fruits, gâteaux et lait, passait en cadeau aux malades. Nous retrouvons là sa grande charité qui a dominé toute sa vie et son grand détachement des biens de ce monde.
Il aurait voulu jusqu’à la fin garder la charge de son district ; il craignait pour sa paroisse d’inopportunes innovations, ou qu’on lui imposât comme auxiliaire un de ces prétentieux réformateurs qui croient devoir tout changer, tout bouleverser parce que les vieux ne sont plus à la page et que rien de bon n’a été fait par les anciens....Ce fut avec un réel déchirement de cœur et une méritoire résignation que le Père Louison consentit enfin à céder la place à un paisible et zélé prêtre vietnamien. Au début d’avril 1953, il partait pour France, espérant qu’il pourrait recouvrer la santé, après quelques mois de repos et revenir en son cher pays Bahnar.
La date de son retour était déjà fixée, lorsque une dépêche nous apprenait qu’il était à l’agonie. Il mourut à l’hôpital de Marseille, où il avait été transporté, le 1er octobre 1953, à l’ouverture du mois du Rosaire... Il avait quitté cette terre en un jour consacré à la Reine du Ciel. Son vœu était exaucé, ainsi que le chant d’espérance qu’il avait si. souvent répété :
“J’irai la voir un jour,
J’irai près de son trône,
Recevoir ma couronne,
Et régner à mon tour.”
Dieu lui avait ouvert les portes du céleste séjour et la Vierge l’avait accueilli en le la Bienheureuse Eternité... A lui qui avait toujours pardonné aux autres, le Bon Dieu, selon sa promesse, lui aura pardonné également toutes ses petites misères...!
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Références
[2939] LOUISON François (1883-1953)
Références biographiques
AME 1907 p. 381. 1922 p. 26. 1924 p. 32. 33. 1926 p. 23. 24. 1929 p. 121. 1933 p. 21. 67. 68. 1938 p. 137. CR 1907 p. 325. 1916 p. 123. 1923 p. 115. 1925 p. 101. 103. 1926 p. 113. 1936 p. 168. 1937 p. 168. 1938 p. 166. 1951 p. 58. 1952 p. 45. 1953 p. 80. BME 1922 p. 312. 1923 p. 739. 1924 p. 256. 1926 p. 387. 1932 p. 790. 1933 p. 308. 552. 625. 629. 1934 p. 282. 430. 500. 585. 725. 1935 p. 626. 672. 1937 p. 366. 368. 531. 665. 1938 p. 129. 131. 408. 1939 p. 877. 1940 p. 289. 1941 p. 116. 355. 1949 p. 718. 1951 p. 699. 1953 p. 414. 491. 916. MC 1922 p. 399. 1927 p. 581. 1949 p. 76. EC1 N° 537. 546.