Joseph GUILLOT1887 - 1916
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3056
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Corée
- Région missionnaire :
- 1910 - 1914 (Seoul)
Biographie
[3056] GUILLOT Joseph, Jacques, est né le 12 septembre 1887 à Mercier, commune de Faverges, diocèse d'Annecy (Hte Savoie), fils de François-Émile Guillot et de Mathilde-Françoise Gurral.
Après ses études secondaires chez les Pères Salésiens à Turin, il entre laïque au Séminaire des Missions Étrangères le 14 septembre 1904. En 1905, préparant les décorations pour la procession du St Sacrement dans le jardin du Séminaire, il fait une chute malheureuse qui lui fracasse les deux poignets et le contraint à rester plusieurs semaines à l'infirmerie. Il y reçoit un jour la visite de Mgr. Mutel, vicaire apostolique de Corée, revenu en France pour affaires, mais ni l'un ni l'autre ne se doute qu'ils vont se revoir un jour en Corée. Ordonné prêtre le 12 mars 1910, et destiné à la Corée, il part de Paris le 11 mai et arrive à Séoul le 14 août 1910.
Au bout de deux mois à peine de séjour en Corée, il est envoyé à la paroisse de Yong-so-mak, dans la province du Kang-won, à une centaine de kilomètres à l'est de Séoul, pour continuer sa formation", dit-on, mais on peut se demander si elle était réellement commencée. Il est vrai que le poste de Yong-so-mak est sans titulaire depuis 6 mois. En effet, le Père Poyaud, qui a fondé ce poste en 1904 par démembrement de celui de Won-ju, a été envoyé à Won-san dans le nord-est du pays au printemps de 1910. Situé dans les montagnes à la limite de deux provinces, le poste de Yong-so-mak possède un bon nombre de hameaux chrétiens. De plus, près de 1.000 chrétiens demeurent dans un rayon de 4 kilomètres de la résidence du missionnaire et sont tenus d'assister à la messe dominicale.
En raison de son inexpérience, le Père Guillot obtient l'aide du Père Jaugey, son voisin de Won-ju, pour la tournée des villages chrétiens de l'automne 1910; mais, comme il a fait quelques progrès entre-temps dans la connaissance de la langue et des choses du pays, il se débrouille seul dès le printemps de 1911. De plus, constatant que sa chapelle est bien étroite pour répondre à la situation, il intéresse les chrétiens à cette entreprise et, peu à peu, les bois nécessaires sont rassemblés, les briques cuites, le terrain nivelé.
Mais au printemps de 1914, le Père Guillot est nommé professeur au Séminaire de Séoul. Il quitte son poste de Yong-so-mak avec beaucoup de peine, mais il ne passera guère plus de deux mois au Séminaire, car, dès les premiers jours d'août 1914, la mobilisation pour la guerre l'arrache à la Corée avec dix autres confrères.
Le Père Guillot est tout de suite envoyé au front, d'abord comme combattant dans les tranchées picardes, puis comme brancardier. Il trouve la mort, frappé par un obus, devant Verdun le 13 mai 1916.
Nécrologie
M. GUILLOT
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE SÉOUL
M. GUILLOT Joseph-Jacques, né dans la paroisse de Viuz-Faverges, commune de Faverges (Annecy, Haute-Savoie), le 12 septembre 1887. Entré laïque au séminaire des Missions-Etrangères le 14 septembre 1904. Prêtre le 12 mars 1910. Parti pour la Corée le 11 mai 1910. A Séoul en 1911. Tué à l’en¬nemi, devant Verdun, le 13 mai 1916.
Joseph-Jacques Guillot naquit au hameau de Mercier, paroisse de Viuz-Faverges, au diocèse d’Annecy. Il fit ses études secondaires chez les Salésiens de Dom Bosco, à Turin. En septembre 1904, il entra au séminaire des Missions-Etrangères. Son séjour y fut coupé par ses deux années de service militaire.
En 1905, en préparant les décorations pour la procession du Saint-Sacrement dans le jardin du séminaire, il tomba si malheureusement d’un arbre qu’il se fracassa les deux poignets. A l’infirmerie où il fut confiné plusieurs semaines, il reçut un jour la visite du vicaire aposto¬lique de Corée que des affaires avaient amené en France ; ni l’un ni l’autre ne se doutaient qu’ils dussent se retrouver en Corée. C’est ce qui arriva pourtant en 1910.
M. Guillot arriva à Séoul la veille de l’Assomption en compagnie de M. Bodin. Après deux mois seulement consacrés à l’étude de la langue, il fut envoyé en province pour continuer sa formation. Riongsomak où il fut placé était sans titulaire depuis six mois. C’est une chrétienté située au milieu des montagnes, à la limite des deux provinces du Kangouen et du Tchyoungtchyeng, et le centre de nombreux hameaux chrétiens. Près de 1.000 fidèles simples et fervents habitent dans un rayon de 10 lys et peuvent y assister à la messe le dimanche.
M. Guillot goûta tout le charme de son nouveau poste. Moins d’un mois après y être installé, il y recevait la visite de son vicaire aposto¬lique en tournée pastorale. Malgré son inexpérience de la langue et des choses coréennes, le cher nouveau avait déjà su mettre tant d’ordre dans ses affaires, et si bien disposer toutes choses, que l’évêque vit immédiatement en quelles bonnes mains le troupeau se trouvait placé. Pour la première administration d’automne, M. Guillot fut aidé par son voisin, M. Jaugey ; mais au printemps suivant, il pouvait voler de ses propres ailes. Il se donna de tout cœur à ce ministère des âmes, son unique ambition, et Dieu voulut qu’il n’y eût guère que des consolations.
Ryongsomak, résidence d’un missionnaire depuis sept ans seule¬ment, ne possédait. qu’une chapelle devenue beaucoup trop petite par suite de l’augmentation du nombre des fidèles. M. Guillot rêva alors de construire une nouvelle église qui répondit à la situation ; il intéressa à l’œuvre les chrétiens du district, ceux des environs surtout, et bientôt il se vit à même de mettre la main à l’œuvre.
Les bois étaient rassemblés, les briques cuites, le terrain nivelé, quand à la retraite de 1914, le vicaire apostolique lui demanda d’être professeur au séminaire de Ryongsan. Ses aptitudes et ses vertus l’ap¬pelaient à ce poste ; mais comment ne pas ressentir un déchirement à se séparer de son Ryongsomak ? Il fit taire ses regrets et prit en toute simplicité la place où l’obéissance l’appelait. Il y mit même tant de bonne grâce, qu’il fallut un mot écrit du front de guerre, à l’anniver¬saire de sa nomination, pour nous révéler qu’elle avait été accueillie par des pleurs.
M. Guillot ne passa guère que deux mois au séminaire, et dès les premiers jours d’août, la mobilisation l’en arrachai.t pour toujours. Il fut du départ de nos onze premiers mobilisés et nous quitta avec un immense chagrin.
Incorporé au 30e régiment d’infanterie, il fut de suite envoyé au front. Il écrivait le 18 février 1915 : « Je suis toujours dans les tran¬chées picardes, et en bonne santé, malgré la vie que l’on y mène depuis bientôt quatre mois... Que de fois durant les nuits de novembre et de décembre j’ai dû me lever pour me réchauffer. Enfin les beaux jours approchent ; peut-être la fin approche-t-elle aussi. Si Dieu me fait la grâce (ce que j’espère) d’en sortir sain et sauf et de revoir la Corée, je vous assure que même Ryongsan me paraîtra bien agréable. »
A partir du mois d’août 1915, tout en restant affecté à son régiment, il fut employé comme brancardier. Il se réjouit de cette nouvelle situation, plus conforme à sa vocation, et qui lui permettait de célébrer plus souvent la sainte messe. En décembre, ramené momentanément à l’arrière, il nous adressa ses souhaits de bonne année : « Pour moi, ajoutait-il, je commencerai « probablement ici, au repos, l’année 1916... pour la continuer et la finir où ? En France ? en « Serbie ? en Corée ou en Paradis ? Dieu seul le sait. »
Le 3 mai 1916, dix jours avant sa mort, il écrivait à M. Devred, son confrère de Ryongsan, comme lui mobilisé : « Je ne veux pas tarder davantage à vous donner signe de vie, pendant « qu’il en est temps encore, car on ne sait guère ce que l’avenir nous réserve. Je pense que « vous avez passé de belles fêtes de Pâques. Quant à moi, toute ma vie (si je dois vivre), je me « rappellerai cette fête ; c’est de beaucoup la plus vilaine que j’aie vue. Pendant plusieurs « jours (je ne dis pas le nombre, car la censure...), j’ai souffert plus que je ne l’avais fait « depuis que je suis au front. Je n’avais pas faim, malgré l’immense difficulté de se nourrir, « parce que la soif empêchait de sentir la faim. Je ne parle pas des Boches et de leurs engins « de mort ; toujours est-il que mon emploi m’a donné du travail, et du pas commode, je vous « assure. C’est la première fois que je donne tant d’absolutions. Enfin la bonne Mère m’a « visiblement protégé... Mon lieutenant m’a dit qu’il me proposait pour une citation ; mais je « ne sais ce qu’il en résultera ; c’est d’ailleurs chose très secondaire... »
La citation vint, mais ce fut pour couronner le suprême sacrifice ! Un ordre du jour de la division en date du 22 mai 1916 portait : « Le soldat brancardier Guillot Joseph, nº matricule 483, du 30e régiment d’infanterie. Sur le front depuis le mois d’août 1914, a toujours fait preuve d’un dévouement et d’un courage qui ont fait l’admiration de tous. Tué en première ligne le 14 [13] mai au cours d’une attaque. »
L’aumônier du régiment donne sur sa mort les détails suivants : « Le P. Guillot a été frappé « par un obus à la dernière heure de notre séjour dans le secteur de..., au moment où il « rejoignait sa compa¬gnie qui l’avait devancé. Pour aller plus vite, il quitta la tranchée ; un « obus vint éclater près de lui, le tuant et blessant l’un de ses camarades.
« Les deux brancardiers restés sains et saufs emportèrent le blessé et laissèrent le P. Guillot « sur le terrain. Le lendemain soir, à la nuit, je suis parti à sa recherche, avec une équipe de « brancardiers. J’ai fouillé les tranchées, les abords, jusqu’à proximité des lignes enne¬mies. « Pendant plusieurs heures, à découvert, je l’ai cherché aux en¬droits indiqués par ses « camarades ; je n’ai pu le trouver ; j’ai dû partir sans ensevelir sa dépouille mortelle. Mais « j’ai passé la consigne aux troupes qui nous remplaçaient, et j’ai signalé le fait à MM. les « aumô¬niers. Peut-être, depuis trois semaines bientôt que le fait s’est passé, a-t-il été retrouvé. « Le régiment en avisera se famille. »
M. l’abbé Duperrier, curé de la paroisse natale de notre cher confrère, et qui nous transmet ces détails, ajoute : « Je crois que le corps du cher défunt a été retrouvé et enseveli ; car des camarades du pays ont écrit qu’ils avaient assisté à sa sépulture en même temps qu’à celle d’un de ses compatriotes. »
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Références
[3056] GUILLOT Joseph (1887-1916)
Références biographiques
CR 1916 p. 234-237.
Références biographiques
AME 1910 p. 220. 1911 p. 212. 1915-16 p. 160, 161, 178. 1939 p. 199, 200. BME 1937 p. 318. CR 1910 p. 300. 1911 p. 44. 1913 p. 57, 60. 1915 p. 33. 1916 p. IX, XI, 42, 234. 1919 p. 19. LOCC t. I p.963.