Joseph DESPORTES1887 - 1911
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3094
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1911 - 1911 (Hué)
Biographie
[3094]. DESPORTES, Joseph-Louis, vint au monde à Joué-Etiau (Maine-et-Loire) le 1er octobre 1887. Il sortait du collège de Combrée, quand il entra laïque au Séminaire des M.-E. le 4 septembre 1906. Prêtre le 24 septembre 1910, il était envoyé le 11 décembre suivant dans la Cochinchine septentrionale. Il fut d'abord professeur au séminaire de Phu-xuan ; cinq mois plus tard, Mgr Caspar le plaça à Tam-toa, dans le Quang-binh, où il commença à se former à la vie apostolique.
Sa santé, qui avait toujours été délicate, s'altéra tout à fait au début d'octobre 1911, et le 14 du même mois il succombait à Tam-toa. C'était une âme généreuse, et sa notice nécrologique cite de lui des paroles fort édifiantes : Il faut obéir toujours ; obéir, c'est faire la volonté de Dieu ; et quand on est prêtre missionnaire, il faut savoir mettre ses petits désirs et volontés sous ses talons. "
Nécrologie
M. DESPORTES
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA COCHINCHINE SEPTENTRIONALE
Né le 1er octobre 1887
Parti le 11 décembre 1910
Mort le 4 octobre 1911
Le samedi 14 octobre 1911, la Mission de Cochinchine Septentrionale perdait son plus jeune missionnaire. M. Desportes, arrivé à Hué depuis le 25 janvier, était rappelé à Dieu après neuf mois de vie apostolique. Cette mort prématurée laisse des regrets d’autant plus vifs que notre Confrère faisait espérer, par son zèle et ses qualités, un avenir des plus fructueux pour les âmes.
Joseph-Louis Desportes était né le 1er octobre 1887 à Joué-Etiau, dans le diocèse d’Angers, au sein d’une famille très chrétienne. Dès son jeune âge, sous la direction de M. l’abbé Pletteau, qui fut longtemps son guide et son pasteur dans sa paroisse natale, il manifesta une grande inclination vers les choses de Dieu. Il aimait les offices, les cérémonies ; sa piété devint exemplaire et ne se démentit jamais. Il grandit pour ainsi dire, à l’ombre de l’église et du presbytère et conserva intacte toute la fraîcheur de son âme : ceux qui l’ont le mieux connu affirment que le péché mortel ne ternit jamais l’innocence de son baptême.
Après une année d’études à Joué, il entrait, en octobre 1900, au Collège de Combrée, où il passa six ans. C’est là que dans le cours de son année de quatrième, se dessina sa vocation aux Missions-Etrangères. Il s’en ouvrit à son curé qui, pour toute réponse, le renvoya au chapitre de l’Ecriture sainte où saint Paul énumère les souffrances et les tribulations de l’apostolat. « C’est tout ce que je désire, répondit l’enfant ; plus les souffrances seront longues, mieux cela vaudra ! Et quelle joie si je puis donner ma vie pour Jésus-Christ ! » M. l’abbé Pletteau se garda bien de contrarier d’aussi saintes aspirations. L’action de la grâce était manifeste.
M. Desportes entra au Séminaire de Bièvres le 4 septembre 1906. A cause de sa santé qui avait toujours été délicate, il fut exempté du service militaire ; il dut à cette circonstance de compléter rapidement le cours de ses études ecclésiastiques. Il a laissé dans l’esprit de ses directeurs le souvenir d’un aspirant sincèrement pieux ; il s’appliquait au travail plus par devoir que par goût, et, sans être très brillant, il fit de bonnes et solides études. Sa régularité était exemplaire, ses manières affables. Très doux, très calme, ses Confrères l’avaient en singulière estime. On pouvait quelquefois deviner en lui un esprit vif, qui aurait pu à l’occasion devenir mordant, mais il aimait tant la vertu de charité et il avait su se vaincre à tel point, qu’il passait pour un modèle de bonté. Ordonné sous-diacre le 18 décembre 1909, diacre le 12 mars et prêtre le 24 septembre 1910, il quittait le Séminaire de la rue du Bac le 11 décembre sui¬vant pour la Mission de Cochinchine Septentrionale.
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A son arrivée à Hué, il fut désigné pour occuper momentanément une place de professeur devenue vacante au Séminaire de Phu-Xuân. Comme tout jeune missionnaire, il avait rêvé la brousse ; mais, le premier moment de déception passé, il se mit avec toute son âme à la tâche que lui confiait son Vicaire apostolique. « J’y suis allé de bon cœur, dit-il, de tout mon cœur. Il faut obéir toujours ; obéir, c’est faire la volonté de Dieu ; et, quand on est prêtre et missionnaire, il faut savoir mettre ses petits désirs et volontés sous son talon. »
Il ne resta que cinq mois dans le professorat. « Cette vie studieuse et réglée, nous écrit Mgr Allys, semblait lui procurer le bonheur, lorsqu’un accident vint tout assombrir et rappeler à ses supérieurs qu’ils devaient lui donner, le plus tôt possible, un autre genre d’occupations. On était en juin, et, tout d’un coup, il fut affligé d’un dangereux crachement de sang. Le docteur de Hué, consulté, trouva que le mal provenait de varices situées dans l’arrière-gorge, qu’il fallait du repos et ne parler ni trop longtemps ni trop fort. » Comme l’année scolaire touchait à sa fin, M. Despor¬tes fut donc invité à se reposer et, à cet effet, il fut nommé vicaire de M. Darbon, à Tam-Toa.
Chef-lieu de la province du Quang-Binh, cette chrétienté très florissante, avec son fleuve, le voisinage de la mer, est un poste privilégié et le jeune malade s’y rendit avec joie. Il commença son apprentissage de la vie paroissiale et apostolique et s’y donna de tout son cœur, d’autant plus que les crachements de sang ne repa¬raissaient pas.
L’illusion devait être de bien courte durée. Le jour de la Solennité du saint Rosaire, M. Desportes était allé dire la messe à Sao Cat Trên, annexe de Tam Toa ; à son retour, il fut pris d’une hémorragie persistante qu’on put cependant arrêter. Au bout de quelques jours, le malade semblait avoir repris des forces, quand, le 12 octobre au matin, une nouvelle hémorragie se produisit. Des gargarismes à l’antipyrine, une potion au perchlorure, des bains de pieds chauds en eurent encore raison. La journée se passa assez bien ; mais le soir, vers huit heures, tout recommença.
M. Darbon devenait inquiet. Le vendredi matin, il alla trouver le docteur. Celui-ci déclara que le salut ne serait que dans une opération. M. Desportes, qui, sans se plaindre jamais, regrettait seulement de ne pouvoir travailler, était prêt à tout souffrir pour recouvrer la santé et songeait déjà à partir pour Hué ou Saïgon, quand, le samedi 14 octobre, une nouvelle crise l’emporta. Vers deux heures et demie de l’après-midi, se sentant gêné, on le vit faire des efforts pénibles pour dégager le larynx. Tout son corps se mit à trembler. M. Darbon, effrayé, courut chercher les saintes huiles pendant que M. Henrion lui donnait l’absolution. On put lui faire une onction unique, sur le front, et ce fut tout. L’âme de M. Desportes était devant Dieu.
Les funérailles eurent lieu le lendemain dimanche, au milieu d’une affluence extraordinaire de chrétiens.
Le corps du cher M. Desportes repose dans l’église de Tam Toa, dans cette terre d’Annam qu’il a tant aimée ! Avant de partir pour les Missions-Etrangères, son curé, M. l’abbé Pletteau lui avait dit : « En arrivant là-bas, vers ces pays d’Extrême-Orient, peut-être vous mourrez d’une mort toute prosaïque, dans votre lit, sans avoir rien fait ? ... » et il répondit : « A la volonté de Dieu ! » Et, de fait, aux yeux des hommes, il n’a rien fait. Mais de l’enfance à la tombe, il a suivi, sans jamais s’en détourner, le chemin que Dieu lui traçait, et c’est beaucoup. Pour les Missionnaires de Cochinchine et aussi pour tous ses Confrères qui l’ont connu au Séminaire, M. Desportes, par sa candeur, sa générosité, sa douceur, a été et demeurera un modèle de parfait aspirant et de saint missionnaire.
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Références
[3094] DESPORTES Joseph (1887-1911)
Notes bio-bibliographiques. - Bull. Assoc. Combrée, 1911-12, p. 66.
Notice nécrologique. - C.-R., 1911, p. 383.