Joseph ALAZARD1887 - 1914
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3170
- Bibliographie : Consulter le catalogue
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1914 - 1914
Biographie
[3170] ALAZARD Joseph, Louis, Benjamin naquit le 27 novembre 1887, au hameau de Naudan, paroisse et commune de Lassouts, diocèse de Rodez, département de l'Aveyron. Il fit ses études secondaires au petit séminaire de St. Geniez d'Olt, et termina sa réthorique au Collège de l'Immaculée Conception à Espalion.
Le 15 septembre 1907, il entra laïque, au séminaire des Missions Etrangères où il reçut la tonsure, le 27 septembre 1908. La caserne interrompit ses études d'octobre 1908 à octobre 1910. Il reprit alors sa place au séminaire. Minoré le 23 septembre 1911, sous-diacre le 21 décembre 1912, diacre le 8 mars 1913, prêtre le 28 septembre 1913, il reçut sa destination pour le vicariat apostolique du Yun-Nan qu'il partit rejoindre le 10 décembre 1913.
Le 27 janvier 1914, il arriva à Yunnanfu, par le chemin de fer du Tonkin. Accueilli par Mgr. Charles de Gorostarzu, il fit connaissance de presque tous les confrères de la mission réunis pour la retraite sacerdotale préchée cette année là, par M. François Ligneul de la maison de Nazareth, à Hong-Kong. Celle-ci terminée, son vicaire apostolique l'envoya vers le nord-est de la mission, à Ko-Koui (I leang), chez le P. Antoine Ly, prêtre chinois, afin d'apprendre la langue et de se former au ministère pastoral. M. Alazard voyagea en compagnie de MM. Auguste Fortin et Adolphe Michel, vers cette région évangélisée par.M.Pierre Chicard.
Arrivé dans son poste vers la fin février 1914, Mr. Alazard, avec l'aide du P.Antoine Ly, son curé, commença avec ardeur l'étude de la langue. A la fin du mois de juin, il était capable d'entendre les confessions et de prêcher. Eclata alors la première guerre mondiale; atteint par l'ordre de mobilisation, bien que fièvreux et grippé, il partit pour Yunnanfu (Kunming), le 8 août 1914, avec M. Adolphe Michel, son voisin.
Le 13 août 1914, M. Adolphe Michel envoya un courrier à M. Edouard Maire, chef du district de Tong-Tchouan, demandant un palanquin.pour M.Alazard très fatigué. Le 14 au soir, les deux voyageurs arrivèrent à Tong-Tchouan. Tous les remèdes furent inutiles. M. Joseph Alazard vomissait, délirait, poussait des cris déchirants. Le 21 août, durant un moment de lucidité, il reçut les derniers sacrements. Le 22 août 1914, vers 4 heures et demie du matin, il rendit son âme à Dieu, assisté par MM. Edouard Maire, Henri Bois et Tchang, jeune prêtre chinois.
Il fut inhumé dans le cimetière chrétien de Tong-Tchouan. M.Edouard Maire, qui comptait alors plus de quarante ans de mission, conduisit le benjamin à sa dernière demeure, le 24 août 1914, sept mois après son arrivée..
Nécrologie
[3170] ALAZARD Joseph Louis (1887-1914)
Notice nécrologique
M. Joseph-Benjamin-Louis Alazard, naquit à Lassouts (Rodez, Aveyron), le 27 novembre 1887. Il arriva au Yun-nan le 27 janvier 1914.
Quelque temps après, la bonne Providence lui ménagea une agréable surprise, très rare dans les annales de notre mission. Il vit accourir à Yunnansen tous les confrères, à l’exception de trois seulement, pour cette bonne et fructueuse retraite de 1914, que le vénéré M. Ligneul avait bien voulu venir nous prêcher.
Il revit là ceux qu’il avait connus au Séminaire de Paris, et qui, sans doute, lui avaient selon l’usage, donné rendez-vous dans l’arène illustrée par le chevalier-apôtre, M. Chicard ; il prit contact avec les vétérans que la vue de leur Benjamin semblait ragaillardir. Nous, les anciens, nous admirions ses belles qualités : douceur, humilité, intelligence, bonne volonté, et santé robuste; et chacun escomptant la longue carrière que ne pouvait manquer de fournir le nouveau confrère, se disait : « Pour un choix, c’est un fier choix qu’a fait pour le Yun-nan le « Conseil du Séminaire.»
Cependant, l’heure de la dislocation approchait. Réconfortés au moral et au physique, les retraitants allaient reprendre, pleins d’ardeur, le chemin de leurs districts respectifs. C’était une occasion unique d’envoyer le nouveau venu, sous bonne escorte, dans la région où il devait apprendre la langue et faire ses premières armes. Quelle fête ! quel enthousiasme ! il partait avec MM. Fortin et Michel, pour Ko-Koui, le fief du vaillant M. Chicard.
On était alors à la fin de février. Durant cinq mois, M. Alazard ayant pour commensal le P. Antoine Ly, employa si bien son temps que, dans les derniers jours de juin, il commençait à confesser ; et M. Fortin, bon juge en la matière, pouvait dire de lui : « Monseigneur peut lui « confier un district, à celui-là ; bien qu’à peine arrivé, il est déjà formé comme un ancien. » Donnant lui-même un aperçu de son genre de vie au vicaire apostolique, M. Alazard disait simplement : « Ma vie ressemble plutôt à celle d’un aspirant qu’à celle d’un missionnaire. Il « me faudra sans doute bientôt changer mon règlement ; à la grâce de Dieu ! Pour moi, ça « m’est égal ; je suis prêt à me conformer à vos désirs, Monseigneur, bien persuadé qu’en « vous obéissant je serai toujours dans la bonne voie. »
L’ordre de quitter Ko-Koui lui arriva bientôt, en effet, mais il ne vint pas d’où notre confrère l’attendait. La guerre avait éclaté et, atteint par l’ordre de mobilisation, M. Alazard dut répondre à l’appel et partit le 8 août avec M. Michel, son voisin.
Il souffrait alors de la grippe, mais, pour un homme de se trempe ce « bobo » ne pouvait compter, surtout quand le devoir parlait si haut. Cependant le 13, en cours de route, la fièvre qu’éprouvait le malade devint si violente que M. Michel crut devoir envoyer un courrier à Tong-tchouan, pour demander un palanquin à M. Edouard Maire. Dans la soirée du 14, les voyageurs recevaient l’hospitalité, chez notre vénéré doyen. Le lendemain de l’Assomption, M. Alazard dut, à son grand regret, garder le lit, et laisser partir seuls son compagnon de route, M. Michel, et M. Fortin, arrivé avant eux à Tong-tchouan.
« Le cher malade, écrit M. Edouard Maire, était dévoré par une fièvre brûlante, « accompagnée de vomissements. Purgatifs, vomitifs et quinine, rien ne réussit à enrayer le « mal. Les nuits, surtout, étaient pénibles ; le patient délirait et poussait des cris déchirants ; il « ne fallait pas moins de trois hommes pour l’empêcher de s’échapper dehors. Le 21 août, à la « faveur d’un moment de lucidité, il se préparait à la mort par une confession générale. Les « vomissements ne permirent pas de lui donner le saint viatique ; mais il reçut l’extrême-« onction et l’indulgence plénière au moment opportun. Le soir du même jour, M. Bois et le « jeune Père chinois Tchang arrivaient à Tong-tchouan, juste il temps pour recevoir le dernier « soupir du pauvre mourant, qui rendit sa belle âme à Dieu le 22 août à 4 h. 1/2 du matin. »
Le bon Dieu en avait décidé ainsi. Ce vaillant, sur lequel ses frères d’armes fondaient les plus belles espérances, ne devait que nous être montré. Sept mois après son arrivée, il allait recevoir la récompense due au fidèle serviteur. Et ce fut notre doyen, qui compte plus de quarante ans d’apostolat, qui conduisit notre Benjamin à sa dernière demeure, le 24 août.
La tombe est fermée, mais le cher défunt continue à nous parler : son souvenir sera longtemps un réconfort pour ceux qui l’ont approché. On peut dire de lui : Consummatus in brevi, explevit tempora multa, et, pour preuve, je n’en veux que ce témoignage vraiment touchant du vieux P. Antoine Ly, qui fut son commensal durant cinq mois : « Le Père Alazard avait le caractère heureux : il était affable et d’une grande vertu. Ayant son arrivée, j’étais tout bouleversé par des idées noires, que j’attribuais à l’esprit malin. Dès que le cher défunt fut logé sous le même toit que moi, le calme me fut rendu, et je jouis d’une sérénité parfaite. J’attribue ce phénomène à sa piété et à sa vertu. Un jour, j’entendis un chrétien me dire : « Ce père est vraiment pieux ; plus tard, il sera certainement d’un grand secours pour la sainte Église. » Que ma vie eût été plus heureuse, si j’avais toujours eu un tel compagnon ! »
Références
[3170] ALAZARD Joseph Louis (1887-1914)
Références biographiques
AME 1914 p. 45. 46.
CR 1913 p. 311. 1914 p. 60. 211.
Enc. PdM. 12P4.
Hir n° 133 p. 3.