Henri LANSARD1886 - 1918
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3171
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Cambodge
- Région missionnaire :
- 1914 - 1915
Biographie
[3171] LANSARD Henri est né le 28 décembre 1886 à Paris. Il entre au Séminaire des M.-E. le 9 septembre 1907. Il est ordonné prêtre le 28 septembre 1913 et part le 10 décembre suivant pour le Cambodge. Après l’étude du cambodgien, il est nommé professeur au séminaire de Cu-lao-gieng. Mobilisé en 1915, il meurt de la grippe espagnole le 2 octobre 1917 à Bouzy (Marne).
Nécrologie
M. LANSARD
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU CAMBODGE.
M. LANSARD (Henri-Eugène-Jules), né le 28 décembre 1886, à Paris, paroisse Saint-Denis du Saint-Sacrement. Entré laïque au séminaire des Missions-Etrangères le 9 septembre 1907. Prêtre le 28 septembre 1913. Parti pour le Cambodge le 10 décembre 1913. Mort à Bouzy (Marne) le 2 octobre 1918.
Henri Lansard naquit à Paris en 1886. Sa famille habitait alors la paroisse de Saint-Denis du Saint-Sacrement. Nous la retrouvons plus tard au quartier Saint-Antoine, à l’ombre de la modeste église dédiée à sainte Marguerite. Elève de l’école paroissiale dirigée par les Frères, Henri y fut remarqué par M. l’abbé Rustain, vicaire de la paroisse, et présenté au petit séminaire de Saint-Nicolas en octobre 1901. Il y débuta en spéciale élémentaire, classe qui réunit les meilleurs sujets de la rentrée et où l’on fait, en un an, la septième et la sixième. Il ne cessa jusqu’en rhétorique, de tenir la tête de sa classe. Ses qualités charmantes lui gagnaient les cœurs. Il rencontre un jour, dans un coin de la cour de récréation, un élève nouvellement arrivé, et tout attristé par des peines de famille ; sans le connaître, il l’aborde, l’encourage, le réconforte, et restera pour lui un ami fidèle et dévoué. Sa piété était sérieuse et réflétait dans tous ses actes. Ses talents et ses vertus le désignaient pour le prix d’honneur, il ne lui fut cependant pas attribué, sans doute à cause d’un grain d’originalité qui se manifestera dans diverses circonstances. C’est ainsi qu’à la fin de sa rhétorique, il refusa, malgré de vives instances, de se présenter aux examens du baccalauréat, prétextant qu’on y attachait trop d’importance et que, pour entrer au séminaire, il n’est besoin que de science, non d’un diplôme.
Ses études secondaires terminées, il entre au séminaire des Missions-Etrangères, y est ordonné prêtre en 1913, et reçoit sa destination pour la mission du Cambodge.
La première année qu’il passe en mission est consacrée à l’étude de la langue annamite, il est ensuite nommé professeur au séminaire de Culaogieng. Survient la guerre ; notre confrère est mobilisé à Saïgon au mois de mai 1915. Le 2 octobre il s’embarque pour la France : « C’est aujourd’hui la fête des Saints Anges, écrit-il, je commence mon voyage sous leurs auspices et me recommande à eux. Angelis suis mandavit de te. »
Trois ans après, le 2 octobre 1918, l’ange gardien du jeune missionnaire présentait son âme au Souverain Juge,
L’amour de Dieu et de son prochain l’avait déterminé à aller exercer son zèle dans des contrées lointaines. Ramené sur les champs de bataille de L’Europe, ce même amour enoblira sa carrière. Il écrivait à un ami : « Sois bon envers ceux que tu commanderas, la bonté du cœur gagne les âmes. » Personnellement, il montrera comment la charité s’exerce jusqu’au sacrifice. En novembre 1917, son régiment, le 23e colonial, devait monter à l’assaut sur le plateau du Chemin des Dames. Il avait été désigné pour rester à l’arrière, mais il aperçoit un camarade sombre, découragé. Il s’approche de lui, apprend que c’est un père de famille dont les quatre enfants, demain, seront peut-être orphelins. Il n’écoute que son cœur, et simplement, résolument, prend la place du père de famille, monte à l’assaut, soutient et entraîne les hommes au moment le plus critique. Il fut, pour ce fait, décoré de la croix de guerre et cité à l’ordre de la division « pour son calme et son courage exemplaire. »
Il n’oubliait pas qu’il était prêtre et missionnaire. La bienveillance de ses chefs, témoins de l’ascendant qu’il exerçait sur les hommes, avait fait de lui un aumônier bénévole. Dégagé de tout service, il visitait les diverses compagnies de son régiment, suppléait au besoin l’aumônier divisionnaire et se donnait tout entier à un ministère souvent ingrat.
Au mois d’avril 1918, il échappe à un grand danger. Laissons-le raconter cet incident : « Au sujet de mon intoxication, voici la chose en deux mots : « Je reposais tranquillement « dans une maison bénie, quand un fort marmitage se déclanche. J’ouvre un œil et j’estime « qu’étant donné la densité du tir, cela ne pouvait durer bien longtemps ; j’essayai de me « rendormir. Au bout d’une demi-heure, je trouvais le temps long, quand quatre ou cinq obus « tombent sous mes fenêtres. Il était prudent de déguerpir. Pourtant se lever, s’habiller, à 2 « heures du matin, quand par hasard on se trouve dans un bon lit…alors je restai. Un quart « d’heure plus tard j’entends un épouvantable. A la hâte je me lève et me précipite à la cave. « Quand tout fut calmé, je remontai et m’aperçus que le bruit avait été causé par un obus « tombé dans la chambre 9, et je couchais dans la chambre 7. Les cloisons de séparation étant « en simple torchis, il n’y a guère que mon ange gardien qui pourrait expliquer comment je « n’ai rien eu. L’obus était intoxiqué, j’ai éternué et vomi pendant une demi-journée. Au « bombardement précédent, c’est la chambre 8 qui avait été touchée. Le tir se décentre donc à « mon avantage. »
Au mois d’août c’est la maladie qui l’éprouve. « Excusez-moi, écrit-il, de vous avoir laissé si longtemps sans nouvelles ; vous avez sans doute deviné que ces deux mois écoulés nous ont laissé peu de loisirs. Je sors de là bien épuisé. Une fièvre violente me tenaille et un fort accès de dysenterie me fait perdre quantité de sang. Et il faut à tout prix que j’aille mieux pour la fin de la semaine… »
Hélas ! il présumait de ses forces. A la fin du mois de septembre, un accès de paludisme, compliqué de grippe et de pneumonie, le clouait sur un lit d’ambulance à Bouzy (Marne). Il y reçut les soins dévoués d’un infirmier-prêtre, fut réconforté par les visistes répétées de M. le curé de Bouzy qui le confessa et lui administra le saint viatique et l’extrême-onction. Il reçut les derniers sacrements avec de grands sentiments de piété et de résignation, et s’éteignit doucement dans la nuit du 2 octobre.
Ses funérailles furent simples : les nombreux amis, officiers et soldats, qu’il comptait au 23e colonial, étaient au combat, ils n’y purent assister, mais ils garderont fidèlement le souvenir de leur aumônier.
Le 23 octobre, un dernier hommage était rendu à sa mémoire dans l’église Sainte-Marguerite, à Paris. Après la messe solennelle, M. le chanoine Féchoz, curé de la paroisse, rappela, dans une touchante allocution, les mérites et les vertus du regretté défunt.
« Cher Père Lansard, dit-il en terminant, que votre corps repose en paix là-bas, dans ce « cimetière où des mains pieuses l’ont déposé. Pour nous, nous sommes venus ici, « aujourd’hui, afin d’exprimer notre respectueuse sympathie à votre bonne et tendre mère, à « votre famille éprouvée et toute en larmes.
« Nous sommes venus aussi prier pour le repos de votre âme apostolique. Nous demandons « à Dieu, de tout cœur, de l’introduire au séjour du rafraîchissement, de la lumière et de la « paix, là où jouissent d’un bonheur ineffable et sans limites tant de saints prêtres et ardents « missionnaires qui, comme vous, avaient consacré leur vie à Notre-Seigneur Jésus-Christ et à « son Eglise. »
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