Joseph MÉNARD1889 - 1932
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3181
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1914 - 1914 (Kangding [Tatsienlu])
- 1920 - 1932 (Kangding [Tatsienlu])
Biographie
[3181] Joseph, Pierre, Paul Ménard, né le 31 mai 1889 à Lyon (Rhône), fit ses études dans son diocèse. Au grand séminaire de Lyon, il étudia la philosophie pendant deux ans et entra aux Missions Etrangères le 5 septembre 1908. Ordonné prêtre le 7 mars 1914, il partit pour la Mission de Tatsienlu, dans les Marches tibétaines, le 15 avril.
Avant son départ en Asie, il passa quelques mois en Angleterre pour y étudier la langue afin de pouvoir enseigner dans une école que lévêque de Tatsienlu se proposait de fonder.
En août 1914, déclaration de la guerre, et mobilisation du Père Ménard avant dêtre envoyé sur le front ; fait prisonnier par les Allemands, après dix sept mois de captivité, il ne fut démobilisé quen 1919.
Nouveau départ pour lAsie début 1920, après un voyage de plus de six mois dû à la guerre civile qui sévissait dans la vallée du Fleuve Bleu, entre Shanghai et Chungking, il remonta le Yang Tse Kiang sur une cannonière française, la dernière partie du voyage se fit en palanquin, à travers les montagnes séparant Yachow de Tatsienlu.
Mgr Giraudeau le nomma immédiatement au séminaire de Tatsienlu. Un violent tremblement de terre, le 24 mars 1923, causa la mort, entre autres, de M. Alric, curé de Kiakilong. Le Père Ménard le remplaça et travailla pour relever ce district sinistré où ne restaient quune soixantaine de chrétiens. Après quelques années, une nouvelle vie apparut avec une vaste église, une résidence confortable et deux écoles. De tels efforts minèrent sa santé, après la Toussaint, il fut saliter pendant six semaines avec la rougeole.
En juillet, tous les missionnaires se rendirent à Tatsienlu pour le sacre de Mgr Valentin ; le Père Ménard nommé au poste de Mosymien, y resta quatre ans. Les écoles fonctionnairent parfaitement, pour les cérémonies les chrétiens convergeaient vers léglise, les conversions augmentaient ; le 30 juillet 1930 pour la bénédiction de sa nouvelle église, une assistance nombreuse et sympathique lentourait.
Chargé par lévêché de la construction dune léproserie près de Tatsienlu, en plus de lexercice de son ministère dans la paroisse, il ne ménagea pas sa peine ; des pères franciscains et des religieuses franciscaines vinrent sinstaller dans les nouveaux locaux.
En novembre 1931, le district et la léproserie passèrent définitivement aux Franciscains, le Père Ménard partit pour Tatsienlu, prendre la direction du séminaire. A la suite dune promenade avec les séminaristes, il dut saliter terrassé par une fièvre typhoïde ; son état saggrava et après avoir reçu lextrême onction, il mourut le 6 septembre 1932.
Nécrologie
M. MÉNARD
MISSIONNAIRE DE TATSIENLU
M. MÉNARD (Joseph-Paul) né le 31 mai 1889 à Lyon (Lyon, Rhône). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 5 septembre 1908. Prêtre le 7 mars 1914. Parti pour le Thibet le 15 avril 1914. Mort à Tatsientu le 6 septem¬bre 1932.
Né le 31 mai 1889 à Lyon (Rhône) d’une famille des plus honorable, à qui la Providence donna treize enfants, M. Joseph Paul Ménard connut une jeunesse heureuse. Son père exerçait une profession libérale et se fit un devoir de donner à sa petite famille une éducation de choix : un de ses fils est devenu ingénieur, un autre représentant d’une grande maison de commerce, et l’une de ses filles a obtenu le diplôme de docteur. Paul se dirigea dans une autre voie ; après deux années de philosophie scholastique, il entra au Séminaire des Missions-Étrangères, y poursuivit ses études théologiques et s’y attira l’estime de ses maîtres en même temps que l’affection de ses condisciples.
L’ordination sacerdotale lui fut conférée en mars 1914, et, au soir de ce beau jour, le jeune prêtre reçut sa destination pour la Mission du Thibet. Alors que les sept confrères de son cours prenaient le paquebot pour l’Extrême-Orient, lui, se dirigeait vers l’Angleterre pour s’y perfectionner dans la langue de Shakespeare, afin de se rendre capable d’enseigner éventuellement l’anglais dans une école que Mgr Giraudeau se proposait de fonder à Tatsienlu.
Quelques mois s’étaient à peine écoulés que la guerre éclata et que l’ordre de mobilisation vint arracher M. Ménard à ses études, « cedant arma togœ » ; sa belle conduite au front fut soulignée en 1915 par deux citations élogieuses.
Fait prisonnier par les Allemands, il subit 17 mois de captivité. Parmi ses compagnons d’infortune il se fit beaucoup d’amis, entre autres le P. Doncœur, avec qui il resta fidèlement en correspondance jusqu’à sa mort. Rapatrié en 1917, il ne fut démobilisé qu’en 1919.
Depuis bientôt six ans, M. Ménard était destiné au Thibet et il n’avait encore pu atteindre sa chère Mission, aussi comme il brûlait du désir d’y arriver bientôt ! Parti au début de 1920, son voyage dura plus de six mois : la guerre civile, qui désolait toute la vallée du Fleuve Bleu, lui causa de nouveaux retards entre Shanghaï et Chungking. Fort heureusement le commandant d’une canonnière française le prit à bord pour remonter le Yang-tse-kiang et après les fêles de l’Assomption, il put faire en palanquin la dernière partie de son itinéraire à travers les montagnes qui séparent Yachow de Tatsienlu.
Son Excellence Mgr Giraudeau chargea de suite notre confrère de la direction du Séminaire de Tatsienlu, en remplacement du prêtre indigène Vincent Ly, envoyé en district dans l’intérieur du Thibet. M. Ménard se donna corps et âme à ses nouvelles fonctions.
Le 24 mai 1923, un violent tremblement de terre causait la mort de M. Alric et d’un bon tiers de ses chrétiens à Kiakilong. M. Doublet de Taofu se rendit immédiatement sur les lieux du sinistre pour donner ses soins aux blessés faire ensevelir les trop nombreuses victimes de la catastrophe, et organiser les funérailles du regretté pasteur de cette chrétienté désolée. Le Vicaire Apostolique proposa alors à M. Ménard d’aller dans cette région si éprouvée pour y prendre la succession de M. Alric, et y relever les ruines accumulées par ce terrible cataclysme. Toujours plein de zèle et de dévouement notre confrère accepta de suite, sans la moindre hésitation.
Le district, situé sur un plateau, à 3.300 mètres au-dessus du niveau de la mer, est à environ 250 kilomètres au nord-ouest de Tatsienlu ; le pays est d’un aspect pauvre et sans grande végétation : on n’y trouve pas non plus d’agglomération importante.
M. Ménard se mit de tout cœur à relever ce poste, pour ainsi dire anéanti, et où ne restaient plus guère qu’une soixantaine de chrétiens. Il se contenta d’abord d’un abri provisoire et éleva une chapelle de fortune avec des matériaux recueillis parmi les débris encore utilisables. L’œuvre des conversions fut assez difficile à amorcer ; le bloc païen ne se laissait guère entamer par les pacifiques attaques de l’ardent missionnaire. Au surplus, son petit troupeau de fidèles n’était pas toujours des plus dociles à ses paternelles exhortations. N’empêche que, dans la chrétienté renaissante, le missionnaire fit surgir en peu d’années, avec une nouvelle vie chrétienne, une église, deux écoles et une résidence vastes et confortables.
Tous ces travaux et aussi, il faut bien le dire, centaines déceptions dans ses projets d’apôtre, mirent sa santé à l’épreuve : après les fêtes de la Toussaint, il fut obligé de s’aliter et la rougeole l’immobilisa pendant six semaines. M. Doublet, son ancien frère d’armes sur les champs de bataille de la grande guerre, le soigna jour et nuit avec une touchante sollicitude et l’arracha certainement à la mort. La convalescence fut longue et M. Pezous dut aller au début de l’été 1927 poursuivre l’œuvre si bien commencée par M. Ménard à Kiakilong.
Au mois de juillet, tous les missionnaires se rendirent à Tatsienlu pour le sacre de Son Excellence Mgr Valentin. C’est alors que M. Ménard reçut sa nomination pou- le district important de Mosimien. Il y resta quatre ans et s’y montra à tous points de vue un véritable animateur. Sous son impulsion les écoles de doctrine regorgèrent d’élèves ; ses chrétiens, souvent visités, assistèrent plus fréquemment aux offices ; de nombreuses conversions vinrent augmenter le troupeau confié à ses soins ; soit du haut-la chaire, soit au confessionnal, il s’acharna à réformer les XXXX des unions douteuses furent régularisées et un certain nombre de brebis égarées revinrent au bercail du bon pasteur. Ce fut une XXXX grandes joies et un des plus beaux jours de sa vie que XXXX juillet 1930, une assistance aussi considérable que XXXX entourer pour la bénédiction de sa nouvelle église, une des plus belles de la Mission (cf. Bulletin des M. E. nov. 1930).
Depuis un certain temps, Mgr le Coadjuteur caressait le projet de fonder une léproserie près de Tatsienlu : notre confrère, loin de s’y opposer, l’y engagea fortement lors du passage du vénéré prélat à Mosimien, en lui proposant même le terrain d’Otangtse qui, en l’occurrence, paraissait offrir tous les avantages désirés. Les autorisations nécessaires une fois obtenues auprès des autorités locales et provinciales, M. Ménard fut chargé par son Supérieur de mettre l’affaire en marche il s’y dépensa sans compter et au prix de bien des peines, prépara le bois, la chaux, les tuiles, les briques, les pierres de taille, bref tous les matériaux nécessaires aux constructions ; il mena vaillamment de front cette entreprise avec l’achèvement de son église et l’administration de sa grosse chrétienté. Bientôt les PP. Franciscains et plusieurs religieuses Franciscaines M. M. vinrent s’installer dans les locaux mis à leur disposition. L’œuvre était créée et cette fois bien réalisée.
En novembre 1931, le district et la léproserie de Mosimien passèrent définitivement aux mains des Franciscains, et M. Ménard ne reprit la direction du Séminaire de Tatsienlu. Très attaché à ses chrétiens et à ses œuvres, ce changement fut pour lui un rude sacrifice, qu’il accepta cependant avec un grand esprit surnaturel. Pendant l’été de 1931, il alla visiter M. Doublet en son district de Taofu. A son retour chez lui il se sentit fatigué. Quelques jours plus tard, à la suite d’une promenade avec les séminaristes, il dut s’aliter. Un docteur bavarois, de passage, diagnostiqua la fièvre ty¬phoïde ; bientôt la maladie alla s’aggravant, au point que notre confrère ne pouvait plus s’alimenter. Avec une patience et une résignation admirables il supporta piqûres, injections et autres traitements qu’on lui fit subir. Mgr le Vicaire Apostolique et son Coadjuteur allaient souvent le voir et les Religieuses le soignèrent avec un dévouement au-dessus de tout éloge. MM. Pasteur, Leroux et ¬Valour, avertis par télégramme, accoururent au chevet du malade ; M. Doublet vint également de Taofu, et ce fut une bien douce consolation pour le moribond, de voir ses confrères lui manifester ainsi toute leur sympathie. Bien préparé et en pleine connaissance, tandis que son entourage récitait les prières des agonisants, il reçut l’Extrême-Onction, l’indulgence de la bonne mort, et rendit doucement son âme à Dieu, le 6 septembre 1932.
Sa dépouille mortelle fut alors exposée dans un des salons de l’évêché, où les chrétiens vinrent en grand nombre prier pour le repos de son âme. Ses funérailles furent empreintes, de la part de tous les assistants, de vifs sentiments de piété et de regrets unanimes.
Pendant toute sa vie, M. Ménard eut à supporter bien des ennuis ou contretemps : départ retardé par son séjour en Angleterre, puis par la guerre ; captivité de 17 mois en Allemagne ; difficultés de tous genres à Kiakilong ; surmenage à Mosimien, etc. Tout cela était bien de nature à éprouver son caractère au creuset de la souffrance, il n’en demeura pas moins joyeux et enthousiaste, se plaisant à redire souvent : « Les blessures reçues au champ d’honneur ne « sont jamais déshonorantes. » Ne recherchant jamais ses aises, il s’adapta aux plus dures exigences de la vie apostolique et se montra toujours très généreux pour les autres, jusque sur son lit d’agonie. Doué d’un cœur extrêmement sensible, il faisait volontiers des excuses à ceux qu’il croyait avoir contristés, soit dans sa correspondance, soit par des reparties un peu vives dans ses relations ordinaires.
Il repose maintenant en dehors de la ville de Tatsienlu, près des restes de Mgr Chauveau, de M. Déjean et de M. Davenas, en attendant le grand jour de la résurrection où le divin Maître apparaîtra dans sa gloire, et fera briller, dans tout leur éclat, les vertus et les mérites de ses bons ouvriers et de ses vaillants soldats.
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Références
[3181] MÉNARD Joseph (1889-1932)
An. ME.15-16P60.107/17-18P277/32P223/34P203/38P66..32P295+
C.R.20P25.26/22P49/23P68/25P55/28P60/30P86/32P95.312+/418/33P71.72.294/47P188
B.ME.23P384/24P247/25P167.300/26P725/29P294.491/30P237.657/711.714/31P221.289.595.673/32P43.128.854/33P54/34P321.622/48P337
Photos 28P42/30P710
Ec.RBac.253+