Henri PROUVOST1895 - 1983
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3218
- Bibliographie : Consulter le catalogue
Identité
Naissance
Décès
Charges
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1921 - 1937 (Mysore)
Biographie
[3218] PROUVOST Henri naît le 1er octobre 1895 à Roubaix dans le département du Nord. Il fait ses études primaires et secondaires à l'Institution Notre-Dame des Victoires à Roubaix. Voulant se destiner aux Missions, il fait sa demande au séminaire de la rue du Bac le 12 juillet 1912. Admis, il entre au séminaire de Bièvres le 9 septembre 1912. Il n'a que 17 ans.
La grande guerre éclate en 1914. Parti pour le front, il est blessé en septembre 1916 et réformé temporairement en 1917. Il l’est définitivement en 1919 et rejoint le séminaire pour y achever ses études. Ordonné prêtre le 12 mars 1921, il reçoit sa destination pour la Mission de Mysore. Il part pour l'Inde le 26 septembre 1921.
A Bangalore, ville épiscopale de la Mission de Mysore, il se met à l'étude des langues au Collège Saint Joseph. Après quelques années d'étude, il devient professeur, puis recteur de l'école anglaise en 1931. Enfin, en 1932, il est nommé Principal du Collège universitaire. En l'espace de cinq ans, il fait de ce Collège l'une des grandes institutions universitaires du pays.
En 1937, le Collège est confié aux Pères Jésuites et le P. Prouvost devient libre. Rappelé en France, il est envoyé à Ménil-Flin pour fonder un petit séminaire des MEP. Secondé par quelques confrères et quelques Sœurs des Missions Étrangères, il recrute des ‘‘postulants’’ auxquels il enseigne le français et l'anglais. Vient la guerre de 1939-1945. Elle permet l'intégration plus complète à la vie du village : prières communes dans la Chapelle de l 'école, services mutuels, hébergements des fugitifs, refuge de la population dans les caves du Séminaire au moment des bombardements. Il assure la messe paroissiale à Ménil-Flin. Ses sermons appelant les chrétiens à la pratique d'une foi véritable sont fort appréciés. Il dirige cette école missionnaire de 1937 à 1944.
En 1944, une Mission extraordinaire est proposée au P. Prouvost. Le Pape Pie XII demande aux Missions Étrangères de nommer l'un de leurs membres pour faire la visite apostolique de toutes les Missions francophones d'Afrique. Le P. Prouvost est nommé à ce poste et après avoir reçu les consignes de Rome en décembre 1944, il s'envole pour Dakar en janvier 1945. C’est un visiteur juste et impartial qui remet un rapport très détaillé, très apprécié à Rome, tant et si bien que le Pape Pie XII veut le nommer archevêque de Dakar. Mais il présente respectueusement ses objections au Pape et peut rejoindre le séminaire de la rue du Bac fin 1946.
On lui confie alors le poste de directeur de l'information missionnaire. Il multiplie alors les voyages par toute la France, fait de nombreuses conférences pour susciter des vocations missionnaires. Il poursuit ce travail jusqu'en 1950.
A l'Assemblée générale de la Société en 1950, il est élu assistant du Supérieur général. Il continue de s'occuper du recrutement et, presque tous les dimanches, va prêcher des ‘‘Journées missionnaires’’ dans les paroisses ou institutions. Membre du Conseil général, il doit également visiter des Missions. Il peut ainsi se rendre compte du travail des confrères et les réconforter dans leurs difficultés.
En 1954, il accepte la charge de secrétaire aux "Presses Missionnaires", organisation fondée pour venir en aide aux Missions pour tout ce qui concerne livres, appareils audio-visuels et aide financière aux traductions de livres dans différentes langues indigènes. Le P. Prouvost va trois fois par semaine au bureau situé dans le 7ème arrondissement et poursuit cette collaboration jusqu'au mois d'avril 1983.
Avec l'élection d'un nouveau Conseil général en 1960, le P. Prouvost devient bibliothécaire de l'importante bibliothèque de la rue du Bac. Mais bientôt avec l'âge, il est atteint de cataracte double. Sa vue baisse de plus en plus et il est déchargé de la bibliothèque en juin 1981. Pendant deux ans encore, il continue à rendre service, assurant deux heures de confessions chaque semaine dans la Chapelle du Séminaire.
En 1983, le Supérieur général l'invite à se retirer dans la maison de retraite des MEP à Montbeton, près de Montauban. Il y va à contrecœur, mais accepte ce grand sacrifice, faisant preuve d’obéissance. Un jour, alors qu'il célèbre la messe avec la communauté, il est pris de malaise, perd connaissance et doit être transporté à l'hôpital de Purpan, à Toulouse. En plus d'une méningite maligne, il est victime d'une infection urinaire et d'un œdème au poumon.
Après avoir reçu le saint Viatique, il meurt le 28 octobre. La concélébration est présidée par le Père Rossignol, vicaire général de la Société, qui dit au cours de son homélie : ‘‘Le P. Henri Prouvost est l'un de ces hommes qui a tout quitté pour suivre Jésus. Il s'est mis au service de Jésus avec un rare ensemble de talents et de qualités... Avec son décès, c'est une grande figure qui disparaît : une grande figure de la Société des Missions Étrangères, une grande figure du monde missionnaire.’’
Nécrologie
Le Père Henri PROUVOST
De l’Administration générale
1895 - 1983
PROUVOST Henri
Né le 1er octobre 1895 à Roubaix, diocèse de Lille, Nord
Entré aux Missions Étrangères le 9 septembre 1912
Mobilisé pendant la guerre 1914-1918
Prêtre le 12 mars 1921
Destination pour Mysore
En mission : Professeur puis recteur et principal du Collège Saint-Joseph de Bangalore (1921-1937)
En France : Supérieur de l’École missionnaire de Ménil-Flin (1937-1944)
Visiteur apostolique en Afrique (1945-1946)
Chargé du recrutement (1947)
Assistant du Supérieur général (1950-1960)
Chargé de la Bibliothèque (1960-1980)
Secrétaire à l’Institut des Presses missionnaires (1954-1980).
Retraite à Montbeton : 27 avril 1983
Décédé à l’hôpital de Toulouse le 25 octobre 1983
Inhumé à Montbeton le 28 octobre 1983
Enfance et jeunesse
Henri Prouvost naquit à Roubaix, le 1er octobre 1895, dans une famille profondément chrétienne. Son père, médecin, exerçait sa profession avec un dévouement admirable. C’était pour lui un véritable sacerdoce. Henri fit toutes ses études primaires et secondaires à l’Institution Notre-Dame des Victoires, à Roubaix. Il acheva ses études secondaires à l’âge de 17 ans. Il pensait déjà depuis longtemps au sacerdoce et aux Missions. Certains, à Notre-Dame des Victoires, tentèrent de l’orienter vers les Pères Blancs, notamment le supérieur de cet établissement. Par contre, son directeur spirituel lui conseillait d’entrer aux Missions Étrangères. Quant à son père, il n’était pas du tout opposé à sa vocation, mais il trouvait son fils encore bien jeune pour prendre une décision. Tout finit par s’arranger pour le mieux et Henri Prouvost fit sa demande d’entrée le 12 juillet 1912. Dans une lettre laconique, le supérieur de Notre-Dame des Victoires donna des renseignements favorables. Henri Prouvost fut admis sans difficulté et entra à Bièvres, le 9 septembre 1912, ayant déjà fait une année de philosophie, à Roubaix.
Tout allait bien quand éclata la guerre, au mois d’août 1914. Il fut mobilisé au mois de décembre. Il avait un peu plus de 19 ans. Blessé en septembre 1916, il fut réformé temporairement en 1917 ; rappelé en 1918, il fut envoyé à Salonique. Enfin démobilisé et réformé définitivement en 1919, il rejoignit le séminaire pour y achever ses études. Ordonné prêtre le 12 mars 1921, il reçut sa destination pour la mission de Mysore, dans l’Inde du Sud. Cette mission était beaucoup plus vaste qu’elle ne l’est aujourd’hui. Outre le diocèse actuel de Mysore, elle comprenait l’archidiocèse de Bangalore, érigé en 1940, et le diocèse d’Ootacamund, érigé en 1955.
En mission
Parti le 26 septembre 1921, le jeune P. Prouvost arriva à Mysore quelques semaines plus tard. Tout de suite, il se mit à l’étude de l’anglais, avec toute l’assiduité que chacun lui a connue tout au long de sa vie. Parmi les œuvres importantes du diocèse de Mysore, il y avait le collège Saint-Joseph de Bangalore. En Inde, il faut comprendre par collège un établissement universitaire et non un quelconque collège secondaire. C’est après avoir terminé leurs études secondaires que les étudiants indiens sont admis dans les collèges universitaires. Le collège Saint-Joseph existait déjà depuis plus de 40 ans lorsque le P. Prouvost y arriva. Il y resta seize ans. D’abord professeur, il devint recteur de la section anglaise, en 1931, puis principal, de 1932 à 1937. Pendant son rectorat, puis comme principal, le P. Prouvost a profondément marqué l’histoire de ce collège. Bon pédagogue, excellent administrateur, il était servi par une connaissance remarquable de la langue anglaise qu’il avait magnifiquement maîtrisée. C’était un homme de grande envergure et tout à fait apte à remplir cette fonction de direction du collège Saint-Joseph. Pendant seize ans, il s’est montré particulièrement dynamique et compétent. Malheureusement, de tels hommes n’étaient pas nombreux parmi les quelques missionnaires de Mysore. Ceux qui auraient eu les capacités voulues n’étaient pas disponibles. C’est pourquoi le P. Prouvost jugea plus sage de confier cette œuvre à des spécialistes. Il fit donc appel aux jésuites, mena la transaction au nom de la Société des Missions Étrangères et du diocèse de Mysore. Au terme de cette transaction, il loua, en 1937, aux Pères jésuites un établissement en plein essor pour la somme symbolique de 10 roupies. En louant ainsi l’établissement, l’archidiocèse de Bangalore en gardait et en garde encore la propriété. Aujourd’hui, ce collège est l’une des grandes institutions universitaires du pays, avec plus de 6.000 élèves.
En France
Une fois le collège Saint-Joseph confié aux Pères jésuites, le P. Prouvost devenait libre. A cette époque, les supérieurs de la Société décidèrent de fonder un petit séminaire dans l’est de la France. Une bienfaitrice insigne offrait un terrain et quelques bâtiments à Ménil-Flin. Mais tout était pratiquement à organiser. On fit appel au P. Prouvost qui fut nommé supérieur de ce nouvel établissement. Arrivé en juillet 1937, il se mit tout de suite à l’œuvre, secondé par quelques confrères et quelques Sœurs des Missions Etrangères. Peu à peu, tout s’organisa et on put recevoir des postulants. Ils restaient à Ménil-Flin jusqu’à la fin de la 4e. Après quoi, ils venaient à Beaupréau – autre petit séminaire – pour y achever leurs études secondaires.
Un ancien élève de Ménil-Flin, resté en contact avec le P. Prouvost, a fait une intéressante relation sur les activités du Père à Ménil-Flin : « A l’arrivée du P. Prouvost, avec les Pères Peyrat et Alphonse Colin, tout était à faire : terminer les bâtiments, organiser la maison à tous points de vue. Dès l’ouverture de l’École missionnaire, il redevint professeur, enseignant l’anglais, bien sûr, mais aussi le français qu’il excellait à parler et à écrire. Sans la guerre, Ménil-Flin n’eût peut-être connu le P. Prouvost que de loin. Mais les événements de 1939-1945 intégrèrent définitivement l’École missionnaire dans la vie du village : prières communes dans la chapelle de l’école, services mutuels, partage de nouvelles clandestines, fugitifs hébergés. Ce fut le temps des angoisses, des bombardements, pendant lesquels la population se réfugiait dans les caves du séminaire et aussi le temps des démarches pour protéger le village au Q.G. du général Leclerc et ailleurs. Le P. Prouvost prêchait aussi souvent à l’église de Flin, et les paroissiens venaient plus nombreux quand ils savaient qu’il devait prendre la parole, non pour un langage de complaisance, mais pour répéter inlassablement l’appel à la générosité du cœur et aux exigences d’une foi véritable. Le P. Prouvost aimait Ménil-Flin. Une fois ou l’autre, il avait exprimé le rêve de reposer au cimetière communal, près de la porte, là où tout le monde passe, pour qu’on pense à faire une prière. Ce n’est pas à Ménil-Flin qu’il attendra la résurrection. Mais nombreux vinrent les chrétiens de Ménil-Flin pour participer à la messe célébrée pour lui, le 6 novembre 1983, par le P. Thiry. »
Visiteur apostolique (1945-1946)
Le P. Prouvost dirigea l’École missionnaire de Ménil-Flin, de 1937 à 1944, au milieu des dangers que cause toute guerre. C’est en 1944, que le pape Pie XII s’adressa à la Société des Missions Étrangères. Il désirait avoir quelqu’un pour faire la visite apostolique de toutes les missions de l’Afrique francophone. Comme la Société des Missions Etrangères n’avait pas de missions en Afrique, le Visiteur serait impartial dans ses observations. Telle semble être la raison profonde de la demande du Saint-Père. Cette mission fut proposée au P. Prouvost, en octobre 1944, mais en raison de la guerre, il ne put se rendre à Rome que le 31 décembre 1944 pour y recevoir les consignes des autorités romaines. C’est au début de 1945 qu’il s’envola pour Dakar afin de commencer cette visite qui devait durer presque deux ans. Une fois cette visite terminée, il rendit au Saint-Père un volumineux rapport très détaillé, rapport qui fut très apprécié à Rome, tant et si bien que le pape Pie XII voulut nommer le P. Prouvost archevêque de Dakar. Grande fut la surprise du P. Prouvost ! Il présenta respectueusement ses objections au Saint-Père. Celui-ci en admit le bien-fondé et lui dit : « Eh bien, c’est entendu, rejoignez votre Société. » Ce fut un soulagement pour le P. Prouvost qui, sans plus tarder, regagna Paris. C’était à la fin de 1946.
Bien sûr, le petit séminaire de Ménil-Flin avait, entre-temps, reçu un nouveau supérieur. Mgr Lemaire, Supérieur général de la Société, chargea le P. Prouvost de ce que l’on appelait alors le recrutement. Il s’agissait pour lui d’animer l’activité de quelques confrères qui travaillaient à cette œuvre à travers la France. Quant à lui, personnellement, il multipliait les voyages et les conférences dans le but de susciter et de découvrir des vocations, de les soutenir et de les orienter vers l’un ou l’autre de nos petits séminaires. Ce travail, le P. Prouvost le poursuivit jusqu’en 1950.
Assistant du Supérieur général (1950-1960)
L’Assemblée générale de 1950 avait à élaborer un nouveau règlement plus conforme à la situation réelle dans les pays de mission. La composition du Conseil central fut aussi modifiée. Désormais, il devait comprendre, avec le Supérieur général, quatre assistants élus par l’Assemblée. Le P. Prouvost fut l’un de ces quatre élus. Les tâches étaient réparties entre chacun d’eux. Le P. Prouvost continua à s’occuper du recrutement. Dans cette perspective, il prêchait presque tous les dimanches des « Journées missionnaires », ministère qu’il continua d’ailleurs aussi longtemps que son état de santé le lui permit. L’une des fonctions des assistants est de faire la visite des confrères en mission, pays par pays. De 1950 à 1960, le P. Prouvost accomplit plusieurs visites, notamment en Inde, pour se rendre compte du travail des confrères et les réconforter dans leurs difficultés.
Presses missionnaires
En 1950, M. Cribier fonda l’Institut des Presses Missionnaires dont le but est de fournir aux Missions des livres et des appareils pour l’audio-visuel. En 1954, en plus de sa charge d’assistant, le P. Prouvost vint collaborer avec M. Cribier, en qualité de secrétaire. Il a exercé cette activité pendant 25 ans avec beaucoup de dévouement et de compétence. Il avait aussi la charge du journal trimestriel que publient les Presses missionnaires pour informer le public sur les Missions et leurs besoins. Ainsi le P. Prouvost menait de front son travail d’assistant, ses prédications, ses relations avec les confrères chargés du recrutement et son travail aux Presses Missionnaires. Il allait à son bureau, au moins trois après-midi par semaine. Il poursuivit cette collaboration aux Presses missionnaires jusqu’au mois d’avril 1983.
Bibliothécaire
A l’Assemblée générale de 1960, un nouveau Conseil fut élu. Le P. Prouvost fut alors chargé de la bibliothèque, à la Rue du Bac, tout en continuant son travail aux Presses missionnaires. Il n’avait pas reçu une formation technique de bibliothécaire, mais il se donna à cette tâche avec le sérieux qui le caractérisait. Tous les jours, il était à son bureau et on pouvait s’adresser à lui pour emprunter tel ou tel ouvrage. Il le trouvait sans difficulté grâce aux fichiers qu’il avait établis. Il a su aussi renouveler cette bibliothèque en achetant des ouvra¬ges nouveaux dans la limite des crédits qui lui étaient alloués.
L’ardeur au travail du P. Prouvost ne diminuait pas, mais les années s’ajoutant aux années, les infirmités aussi se manifestèrent. Il fut atteint de cataracte double. Une première opération ne réussit pas et cet échec, le P. Prouvost le ressentit douloureusement. C’est pourquoi il préféra ne pas tenter l’opération pour l’autre œil. Mais sa vue baissait de plus en plus. Il s’était armé de tout un jeu de loupes afin de pouvoir lire, car il était passionné de lecture. Il pensait au jour où il serait pratiquement aveugle et il s’était procuré un certain nombre de cassettes enregistrées, notamment tout le Nouveau Testament.
En plus de son travail à la bibliothèque et aux Presses missionnaires, le P. Prouvost assurait deux heures de confessions, chaque semaine, dans la chapelle du séminaire. Il avait aussi plusieurs ministères en ville dont il s’acquittait avec la plus grande fidélité. Un jour il fut agressé dans une station de métro. Il se défendit vigoureusement à coups de parapluie et les agresseurs – deux ou trois jeunes – décampèrent sans plus insister. Quand il sortait ainsi, soit pour aller aux Presses missionnaires, soit pour divers ministères, nous avions toujours peur qu’il lui arrive un accident, à cause de la faiblesse de sa vue.
En juin 1981, il fut déchargé de la bibliothèque, mais continua ses autres activités, au séminaire comme en ville, et cela jusqu’au jour où le Supérieur général l’invita à prendre, à Montbeton, une retraite plus que méritée.
En retraite
Cette invitation fut pour lui un véritable coup de massue. Il ne se rendait pas compte de son état de santé et arguait toujours du fait qu’il pouvait encore rendre service. Comme l’écrit le P. supérieur de Montbeton : « Arrivé à Montbeton, le 27 avril 1983, c’est à son corps défendant qu’il est venu ici. Il n’était pas fait, disait-il, pour rester dans un fauteuil. Il recherchait quelque activité ou même quelque responsabilité où il aurait pu dépenser son zèle. Mais on invoquait son âge partout où il s’adressait. Ici, à Montbeton, il trouva à la maison de retraite du diocèse, située à proximité de notre maison, une petite activité. On lui offrit de célébrer la messe de dix heures, tous les dimanches, avec une courte homélie. De plus, à la maison, il se chargea lui-même de la bibliothèque où régnait d’ailleurs un grand désordre. » Au bout de quelque temps, il fut pris de malaises pendant la messe qu’il concélébrait chaque jour avec la communauté. Un jour même il perdit connaissance. C’est alors que le docteur de la maison le fit hospitaliser dans une clinique de Montauban. On lui découvrit alors une méningite due à des microbes contre lesquels les antibiotiques n’avaient pas d’effet. Envoyé à l’hôpital de Purpan, à Toulouse, il y arriva presque mourant ; les microbes avaient envahi tout son organisme. Il s’ensuivit une infection urinaire et un œdème du poumon. Le docteur, à Toulouse, eut raison des microbes, mais malgré sa résistance extraordinaire, il portait le poids de son grand âge, près de 90 ans. A certains moments, il perdit sa lucidité puis il retrouva une pleine connaissance : ce qui lui permit de recevoir le Saint Viatique. Puis il perdit entièrement connaissance et mourut le 25 octobre 1983. Ses obsèques eurent lieu le 28 octobre 1983 à Montbeton. Son frère et plusieurs membres de sa famille étaient venus. La concélébration fut présidée par le P. Rossignol, Vicaire général de la Société. Dans son homélie, il retraça les grandes étapes de la vie du P. Prouvost et souligna quelques traits de son caractère : Le P. Prouvost était un homme absolument sincère. Il était sincère avec lui-même ; il ne se ménageait pas lorsqu’il se penchait sur sa propre vie. Il savait – comme on dit actuellement – se remettre en question, car il était vif dans ses réactions. Parfois il « bondissait » vraiment en entendant tel ou tel propos et cela jusqu’à la fin de sa vie. Ce fut le cas lorsque le Supérieur général l’invita à se retirer à Montbeton. La vérité, c’est qu’il eut beaucoup de mal à accepter cette décision qui bousculait toute sa vie. Quelques semaines plus tard, devant ses ennuis de santé, il déclara : « C’est bien fait pour moi. Lorsque le Supérieur général m’a demandé de partir pour Montbeton, je n’ai pas réagi comme j’aurais dû le faire. Le Seigneur me rappelle à l’ordre : c’est bien fait pour moi. » Sincère avec lui-même, il l’était tout autant avec les autres, y compris ses supérieurs. Il ne pouvait taire ce qu’il avait sur le cœur. Il le disait parfois avec vivacité, mais sans jamais de méchanceté ni d’amertume. Il disait ce qu’il avait à dire, quitte à regretter de l’avoir dit trop vivement, puis il s’effaçait et obéissait.
Le P. Prouvost fut aussi, pour tous, un exemple d’énergie et de zèle. Il ne se reposait quasiment jamais. Il était toujours au travail, toujours soucieux de bien accomplir la tâche qui lui était confiée, de se documenter, de prendre des notes en vue de ses prédications. L’une des plus grandes croix de sa vie fut de ne plus pouvoir lire ou presque. Travailleur acharné, le P. Prouvost fut aussi un prêtre zélé. Il était toujours prêt pour assurer la messe ici ou là, pour visiter les malades. Jamais il ne refusait un service. Quand on demandait un volontaire, il était toujours le premier à se présenter.
Le P. Prouvost était un homme de foi profonde et d’une fidélité exemplaire dans sa vie de prière, non par ostentation, car il était humble, mais par conviction profonde, sachant bien que l’union à Dieu est le seul moyen de donner une valeur à nos activités. Indéfectiblement fidèle à l’Église, aux enseignements du pape et à ses engagements, il souffrait beaucoup des abandons qu’il constatait.
Citons les paroles du P. Raymond Rossignol, Vicaire général de la Société, dans l’exorde de son homélie :
« Le P. Henri Prouvost est l’un de ces hommes qui a tout quitté pour suivre Jésus. Il s’est mis au service de Jésus avec un rare ensemble de talents et de qualités. Il nous quitte. Avec son décès, c’est une grande figure qui disparaît : une grande figure de la Société des Missions Etrangères, une grande figure du monde missionnaire » (cf. Échos de la rue du Bac, nº 180, janvier 1984, p. 24).
~~~~~~~
Références
[3218] PROUVOST Henri (1895-1983)
Référence biographiques
CR 1916 p. XI. 1921 p. 139. 1928 p. 155. 1937 p. 212. 231. 1939 p. 216. 1940 p. 115. 1948 p. 240. 1951 p. 119. 1955 p. 4. 72. 1960 p. 3. 96. 1968 p. 57. 73. 1974-76 p. 248. 249. AG80-82 p. 31. AG60-63 p. 89. 17P55. 85. 254. BME..1922 p. 16. 1927 p. 191. 1931 p. 461. 688. 773. 929. 1932 p. 311. 562. 636. 637. 1933 p. 232. 718. 1934 p. 811. 1935 p. 374. 1937 p. 603. 817. 1948 p. 376. 1949 p. 460. 1950 p. 216. 217. 344. 577. 578. 590. 591. 604. 1951 p. 520. 1953 p. 910. 1954 p. 1142. 1955 p. 64. 80. 96. 119. 256 sq. 280. 369. 463. 464. 556 (art.). 561. 564. 659. 660. 795. 1956 p. 123. 235. 1957 p. 1106. 1958 p. 1002. 1959 p. 97. 1037. 1960 p. 943. Miss. d'Asie 1946 p. 2. 1949 p. 97. 1950 p. 129. 1953 p. 97. 1954 p. 161. 1955 p. 56. 120. R.MEP. N° 133 p. 67. HMC. 1949 p. 177. 1955 p. 185. 1956 p. 207. Hir N° 124. 125. 130. 137. EC1 N° 225. 226. 230. 237. 243. 362. 364. 371. 383. 409. 417. 426. 428. 437. 438. 440. 449. 450. 452. 454. 455. 457. 458. 464. 480. 481. 484. 496. 545. 566. 568. 571. 578. 628. 635. 650. 684. 733. 739. EC2 N° 41P18. - 43P147. - 42P50 (art.). - 45P107. 128. 146. 154. 177. 204 (art.). - 46P76. 104. 142. 153. 178. 186. 187. - 47P59. 90. 104. 155 (art.). 178 (art.). - 108P182. - 128P119. - 169/C3. - 174P536. - 176P62. - 176P607. - 180/24. - 205/124.
Notice nécrologique
Mémorial 1983 p. 121.