Marcel ROUHAN1896 - 1980
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3271
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1925 - 1946 (Penang)
- 1952 - 1953 (Penang)
Biographie
[3271] ROUHAN Marcel, Ange, Marie, est né le 6 juin 1896 à Aix-en-Provence, en la paroisse Ste Madeleine. Il fait ses études secondaires à Privas, Aix-en-Provence et Toulon. Mobilisé en 1916, il fait trois ans de guerre. Il entre laïc au Séminaire des Missions Étrangères le 30 septembre 1919. Il étudie à Rome de 1921 à 1925 : il y obtient le baccalauréat en théologie, puis sa licence et enfin son doctorat. Ordonné prêtre à Rome le 6 juin 1925, il part le 14 septembre suivant pour le Collège général de Penang.
Il va y enseigner de 1925 à 1946. Après l'invasion japonaise de 1941, le Collège se retire à Mariophile. Les Dames de Saint-Maur se réfugient au Collège avec leurs orphelines et s'y installent comme elles peuvent. Le Père Rouhan, supérieur depuis 1930, fera face à toute sortes de difficultés (ravitaillement pénible, contrôles militaires, dispersion des élèves). Après la capitulation japonaise du 15 août 1945, la vie reprend peu à peu son calme et sa régularité. Mais le Père est rappelé en France et quitte le Collège le 19 novembre 1946.
Après s'être reposé, il enseigne à la Rue du Bac, à Paris, pendant l'année scolaire 1947-48, avant d'être envoyé comme socius du Père Samson à la procure de Genève où il reste jusqu'en 1951. Reparti au Collège général de Penang, il reprend ses cours, mais c'est un homme usé. Il va travailler au service du diocèse de Malacca-Singapore d'avril 1952 à juin 1953 avant de rentrer en France. Il travaillera à la paroisse St Rémy-de-Provence, au diocèse d'Aix jusqu'en 1964. Et puis le voilà aux Îles Salomons où il va pendant deux ans se dévouer à Bougainville au service des lépreux. Il revient en France en 1966. Après avoir oeuvré avec le Père Samson dans le Gard pendant six ans, il s'en va en Guadeloupe mais demande à rentrer en France au mois de mai 1976. Et finalement, il va se retirer à Montbeton où il décède subitement le 5 février 1980.
Nécrologie
Le Père Marcel ROUHAN
Administration Centrale
1896 – 1980
ROUHAN, Marcel, Ange, Marie
Né le 6 juin 1896 à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône)
Entré aux Missions Etrangères le 30 septembre 1919
Etudes à Rome 1921-1925
Prêtre le 6 juin 1925
Parti pour le Collège de Penang le 14 septembre 1925
Au Collège de Penang de 1925 à 1951
Diocèse de Malacca Singapore de 1951 à 1952
Ministère en France de 1953 à 1964
Ministère à Bougainville (Pacifique) de 1964 à 1966
Ministère en France de 1966 à 1972
Ministère à la Guadeloupe de 1972 à 1976
Retraite à Montbeton : 1976
Décédé subitement à Montbeton le 5 février 1980
Enfance et Jeunesse
Marcel Rouhan naquit à Aix-en-Provence le 6 juin 1896. Il eut deux frères : l’un fut tué à la guerre 1914-18 au Chemin des Dames ; l’autre, avocat stagiaire à Marseille est décédé en 1929. Son père, lieutenant-colonel, fut tué à la bataille de la Marne en 1914. Il fit ses études primaires à Marseille et ses études secondaires à Privas, puis à Aix et Toulon. Elles furent couronnées par le baccalauréat ès sciences. Mobilisé en 1916, il fit trois ans de guerre et il était encore sous les drapeaux quand il adressa sa demande d’admission aux Missions Etrangères le 11 août 1919 dans une lettre datée du secteur postal 54, lettre on ne peut plus brève et dont voici le texte. « J’ai l’honneur de solliciter de votre bonté mon admission au séminaire des Missions Etrangères. » Il donnait ensuite quelques adresses pour avoir des renseignements sur son compte. Les renseignements recueillis furent excellents et c’est le 26 août 1919 qu’il fut admis. Il est intéressant de reproduire ces renseignements. Voici celui de l’abbé Mage qui fut son aumônier pendant au moins trois ans : « Je n’ai que de très bons renseignements à vous donner sur M. Marcel Rouhan. Ce sous-lieutenant, fils d’un lieutenant-colonel tué à la bataille de la Marne, est un jeune homme des plus accomplis que j’ai connu et suivi pendant trois ans de guerre. D’une conduite exemplaire, d’un jugement solide, d’un caractère doux et conciliant, d’une bravoure au-dessus de tout éloge unie à une grande modestie, le lieutenant Rouhan a su conquérir au régiment l’estime universelle. Dès qu’il s’est senti appelé au sacerdoce, il a redoublé d’efforts pour s’approcher régulièrement des sacrements, ce qu’il a fait parfois au prix de grands sacrifices. Au point de vue intellectuel, le lieutenant Rouhan, qui est d’ailleurs bachelier, me paraît assez bien doué. Il a en particulier de grandes facilités pour les langues. J’ajoute que j’ai éprouvé quelque peu la vocation de ce jeune homme et tout me porte à croire qu’elle est des plus sérieuses. Aussi je suis convaincu qu’en admettant le lieutenant Rouhan dans votre Société vous recevrez un sujet d’élite dont vous aurez pleine satisfaction. »
Le Vicaire général d’Aix, M. le chanoine Van Gaver, écrivait de son côté : « Je suis heureux de n’avoir que d’excellents renseignements à vous donner sur Marcel Rouhan au point de vue piété, conduite, caractère et moyens intellectuels... Pour résumer mon opinion à son sujet, je vous dirai que je suis jaloux de vous et que j’ai fait tout ce que j’ai pu, sans trop peser cependant sur sa volonté, pour le garder dans notre clergé d’Aix. »
Aux Missions Etrangères.
C’est le 30, septembre 1919 que Marcel Rouhan entra à Bièvres où il resta deux ans. En octobre1921, il fut envoyé à Rome pour y poursuivre ses études. C’est à Rome qu’il fut ordonné prêtre le 6 juin 1925. Quelques semaines plus tard il terminait ses études, couronnées par le doctorat en théologie. C’est aussi au cours de cette dernière année qu’il, s’était distingué à la Grégorienne dans une « disputatio » solennelle, selon l’usage de cette époque avec l’abbé Ancel, le futur Mgr Ancel. Il reçut sa destination pour le Collège général de Penang en même temps que le P. Piffaut. C’est le 14 septembre qu’il s’embarqua pour rejoindre son poste. Cet établissement que l’on appelait le « Collège général » de Penang était un grand séminaire qui, au cours de sa longue histoire qu’il n’y a pas lieu de relater ici, a reçu des élèves de presque toutes les Missions d’Extrême-Orient. A l’arrivée des deux jeunes Pères Rouhan et Piffaut, il était dirigé par le P. Pagès, un homme fort enclin à l’ironie. Il présenta ainsi les deux nouveaux professeurs : « Unus doctor, unus doctus » : un docteur (P. Rouhan), un savant (P. Piffaut), car étant donné la variété des races parmi les élèves, on parlait latin au Collège général. C’est dans cette maison que le P. Rouhan enseigna de 1925 à 1946. Jusqu’en 1941, la vie se déroula paisible et régulière, rythmée par les classes et les temps de prière. Mais tout changea en décembre 1941 quand la Malaisie fut occupée par l’armée japonaise. Dès le 5 décembre 1941, toute la Communauté se réfugia à Mariophile, la maison de campagne située à 5 milles de la ville. Là, en prévision de bombardements possibles, l’ancien militaire qu’était le P. Rouhan fit creuser et aménager un long tunnel de refuge, sous la colline attenante à la maison. À la tête de ses équipes d’élèves, pioche en mains et grâce à ses compétences techniques qualifiées, il réalisa un abri vaste et sûr qui intrigua et motiva une inspection armée des autorités nippones. La rumeur publique avait répandu le bruit que l’on cachait des soldats anglais sous les rochers. Malgré une tension physique et morale continuelle, jamais notre « capitaine » ne manifesta la moindre angoisse : à chaque instant il faisait front avec une tranquillité imperturbable. Cependant à ce régime d’héroïsme délibéré, sa santé se minait de mois en mois et on avait peur de le voir tomber sur la brèche, complètement épuisé avant la fin des opérations. Le dénouement précipité l’a sauvé au bon moment.
En ville de Penang, le couvent des Dames de St-Maur est occupé par l’armée japonaise. Les Sœurs et les orphelines se réfugient au Collège, s’y installent comme elles peuvent, et assurent avec beaucoup de difficultés le ravitaillement. En février 1945, ordre est donné par l’armée d’évacuer Mariophile. Deux professeurs, les PP. Piffaut et Paroissin, avec 9 élèves passent sur le continent. L’un de ces élèves n’est autre que Mgr Gregory Yong, l’actuel archevêque de Singapore, aussi habile à planter des cacahuètes qu’à disserter de théologie morale ou dogmatique en beau latin. Les autres, professeurs et élèves, sont autorisés à revenir au Collège où ils résident avec les Sœurs et les orphelines. En dépit des difficultés (ravitaillement, contrôles militaires) la vie du séminaire continue, mais sérieusement réduite à cause de fréquentes alertes et des travaux de jardinage, de pêche, d’élevage, car il fallait assurer la nourriture des élèves et des orphelines...
C’est à tous ces tracas que dut faire face le P. Rouhan, Supérieur du Collège depuis 1930. C’est le 15 août 1945 que capitula l’armée japonaise. Le calme et la régularité revinrent peu à peu. Mais le P. Rouhan, épuisé par les années de guerre et d’occupation, reçut l’ordre de rentrer en France. Il quitta le Collège le 19 novembre 1946.
En France
Arrivé en France, le P. Rouhan employa quelques mois à rétablir sa santé. Mais on ne le laissa pas longtemps au « chômage ». Il assura un cours au séminaire de la Rue du Bac pendant l’année scolaire 1947-1948. Après quoi, on l’envoya comme « socius » du P. Samson, à la Procure de Genève, où il resta jusqu’au début de janvier 1951. Il partit alors pour le Collège de Penang et reprit son enseignement. Mais le P. Rouhan n’était plus le même homme : il était usé. Son séjour en Europe ne lui avait pas redonné forces et santé. Il décida donc de quitter l’enseignement pour essayer, tout au moins, de faire un peu de ministère actif dans le diocèse de Malacca-Singapore. Il resta au service de ce diocèse du mois d’avril 1952 au mois de juin 1953. Le climat très éprouvant de Malaisie l’obligea à rentrer en France où il arriva en fin juillet 1953.
En France
Le P. Rouhan n’était pas l’homme à se laisser aller. Bien sûr, il fut obligé de se soigner. Mais dès qu’il se sentit suffisamment rétabli, il demanda du ministère dans le diocèse d’Aix. Mgr Charles de Provenchères comprit tout de suite la valeur exceptionnelle du prêtre qu’était le P. Rouhan et la fatigue de l’homme. Il l’affecta à la paroisse St-Remy-de-Provence. Le P. Rouhan y exerça un ministère fructueux jusqu’en 1964.
Iles Salomon
C’est alors que le P. Rouhan s’embarqua pour les Iles Salomon. Mais nous ne savons absolument pas pourquoi il quitta son ministère en Provence. C’est à Bougainville qu’il se dévoua pendant deux ans au service des lépreux, puis il rentra de nouveau en France, comme il était parti... C’était en 1966.
En France
Il s’établit alors avec le P. Samson dans le Gard, où il exerça son ministère pendant six ans. Il était très estimé des populations là comme partout où il était passé. Cependant, pour une raison que nous ignorons, il partit pour la Guadeloupe ; ce devait être en janvier 1972.
Guadeloupe
Là aussi il sut conquérir la sympathie de tout le monde. Mais les difficultés de santé venant avec l’âge, il demanda à rentrer en France au mois de mai 1976.
France
Après avoir subi une opération peu de temps après son retour, il se retira à Montbeton. Ce fut la dernière étape de sa vie en somme assez mouvementée. C’est dans cette maison de retraite qu’il est décédé subitement le 5 février 1980.
Ce curriculum vitae du P. Rouhan pourrait inciter à penser qu’on a affaire à un « instable » et un original qui ne tient pas en place. Bien sûr, le P. Rouhan avait un « grain » d’originalité, mais il ne faudrait pas partir de là pour porter sur lui une appréciation défavorable. Tous les témoignages reçus lors de son décès, tant des confrères qui l’ont connu et ont vécu avec lui que de divers amis qui l’ont fréquenté dans les divers postes où il a travaillé révèlent un homme que l’on peut même qualifier « d’extraordinaire ». Qu’on nous permette d’en citer quelques-uns qui feront ressortir la valeur du P. Rouhan, la qualité de son zèle apostolique, de son dévouement et son influence sur les âmes partout où il est passé.
Voici d’abord le témoignage d’un confrère qui a vécu de longues années avec lui au Collège général de Penang : « Nous touchons au mystère le plus radical de la personnalité du Père qui se situait aux antipodes de l’instabilité : sa ténacité, sa persévérance étaient au contraire ses qualités maîtresses. Mais son tempérament répugnait aux confidences, à tous les degrés. On peut être certain que ses différentes orientations apostoliques en fin de carrière, provenaient de longues réflexions en prière devant Dieu, quitte à ajouter qu’une baisse psycho-physiologique de sa lucidité a augmenté son originalité congénitale. — Déjà son année d’enseignement (1947-1948) à la rue du Bac avait manifesté que notre confrère commençait à souffrir d’un handicap inconscient. Le Père Destombes, supérieur du séminaire, s’en était rendu compte avec une véritable peine. — Tant qu’il fut en pleine possession de ses moyens, là-bas, à Penang, il a réalisé d’une manière admirable l’adage sacré : « Factus forma gregis ex animo = il était le modèle de son troupeau ». La primauté du spirituel dominait ses actes et ses paroles. En stricte vérité, il « faisait ce qu’il disait ». Personne n’éprouvait un seul doute à ce sujet. Quant aux soucis d’ouverture intellectuelle, il les a partagés de façon dynamique jusqu’à en écrire à Rome d’une plume à la fois très respectueuse et très aiguisée. Il était au sens propre un « intellectuel », même « audacieux. » Et que dire de son dévouement et de la conscience de ses responsabilités ? Le nième confrère écrit : « Quand le Père Rouhan rallia les Missions Etrangères, en 1919, il avait déjà derrière lui une forte expérience de la guerre 14-18, où il fut jeune officier et chef de section. Son comportement en resta profondément marqué sous le rapport de la fidélité à son poste et de la conscience de ses responsabilités poussée à un degré de scrupule inflexible, jusqu’à l’extrême limite de ses forces. C’est ainsi que pendant l’occupation japonaise en Malaisie, afin d’assurer le minimum de ravitaillement à sa communauté, sans risquer de grever un tant soit peu le budget de l’économat, il partait seul en pleine nuit attendre le retour des pêcheurs sur la plage. Souvent il en rapportait une grosse raie, chargée dans sa remorque de bicyclette. Durant cette période nous n’avons jamais su quand il dormait ni de quoi il se nourrissait personnellement, sinon des quelques plus mauvais restes. Lorsqu’on parlait de lui entre missionnaires ou prêtres indigènes, un mot inéluctable résumait nos sentiments : la sainteté. — Les Musulmans le respectaient. Aucun missionnaire de notre temps n’avait poussé l’étude du « malais » et sa pratique au même degré : ce qui l’avait introduit jusqu’à la porte des mosquées, en pleine confiance de part et d’autre ; le fait était notoire. Compte tenu de son teint méditerranéen très foncé, il aurait pu, s’il l’avait voulu, se glisser dans le petit peuple local sans qu’on s’en aperçoive. »
Un autre de ses compagnons au Collège de Penang écrit de son côté : « Le cher P. Rouhan était un confrère charmant, plein de gentillesse et de charité, un modèle admirable de fidélité au devoir, d’acharnement au travail, de volonté de tout faire à la perfection... J’ajouterai que sa modestie et sa discrétion laissent deviner du “plus beau” que tout ce qui se manifestait. »
Une dame amie, ayant appris le décès du P. Rouhan écrit : « Mon mari et moi aimions (et aimons) beaucoup le P. Rouhan qui était vraiment un peu notre “Père” comme il aimait à signer ses lettres. Toujours une pensée délicate, venant du cœur, et pour nous il est certainement irremplaçable. C’était un homme de grande distinction aussi qui témoignait admirablement de la foi. Oui, je crois bien que nous aurons à prier par l’intermédiaire du Père plutôt que de prier pour lui car il doit être tout proche de Dieu. »
Une autre personne écrit : « Le P. Rouhan était un très grand ami de mon mari, de moi-même et de nos six enfants et de ce fait a été associé à tous nos événements de famille depuis plus de trente ans. C’est donc vous dire combien il nous était cher à tous. Quand j’allais voir mes enfants, dès qu’ils me voyaient arriver, ils s’écriaient : “Ah ! maman, comment va le P. Rouhan ? Où se trouve-t-il ? Parlez-nous de lui.”. Il reste dans notre pensée à tous un très grand, réel ami, et exactement un vrai missionnaire, comme il l’était jusqu’au fond de l’âme. Il était fraternel et disponible à toute heure du jour et de la nuit pour aider, dépanner et comprendre tout le monde. »
Et voici un autre témoignage encore plus « parlant » : « Le P. Rouhan a terminé ses souffrances ici-bas. Je ne doute pas qu’il continue à prier pour nous. Dès ici-bas, il le faisait avec tant de com¬plaisance et de charité. Lorsqu’il venait nous voir (cette personne habite Aix), si j’avais un enfant malade, il se mettait devant le petit lit et récitait une prière spéciale. Après son départ, l’enfant allait mieux et peu de temps après, il était guéri. »
Mes parents habitent l’île de la Réunion. Je leur parlais souvent de ce missionnaire extraordinaire. Or, un jour, mon père m’écrit ceci : « Thérèse, c’est bien dommage que le P. Rouhan soit si loin ; j’ai un pied atteint d’un eczéma chronique et je souffre. » Je lis ce passage au Père. Il me dit : « Dites à votre père que, pour le bon Dieu, la distance ne compte pas. Je prierai pour la guérison de son pied. » Le jour même j’écris à mon père, lui rapportant notre conversation. Je reçois une lettre me disant : « Thérèse, le jour même de la date de ta lettre, j’ai constaté un phénomène ; mon pied était propre ; il ne restait qu’une rougeur qui s’est effacée de jour en jour et mon pied est redevenu normal. » Et la même personne continue : « Combien de fois, par lettre, je lui racontais mes ennuis ! Sitôt qu’il m’écrivait, mes ennuis dispa¬raissaient. »
Passons maintenant à la Guadeloupe
Au moment du départ du P. Rouhan pour rentrer en France en 1976, voici ce qu’écrivait Mgr Oualli, évêque de la Guadeloupe : « Le P. Rouhan a donné le meilleur de lui-même au diocèse. Il a su attirer les sympathies de l’évêque et de beaucoup de prêtres. Les religieuses et les malades l’apprécient. Il nous quitte de par sa volonté. Nous le regretterons longtemps. » De son côté, la prieure du Carmel écrivait également à l’occasion du départ du P. Rouhan : « Le retour de notre cher aumônier nous est un sacrifice douloureux. Nous étions heureuses de l’avoir, de sentir toujours en éveil son paternel dévouement, sa délicatesse de cœur, toujours à l’affût de tout ce qui pouvait nous être utile ou agréable... » Lors de son décès, ce même carmel en fut informé et le 23 février, la Mère Prieure écrivait : « Nous avons eu la grâce de sa présence quatre années à peine et il nous semble l’avoir toujours connu et toujours aimé, tant sa délicate sollicitude pour nous, sa distinction modeste et le don sans limite de lui-même pour tous les services demandés avaient conquis tout son entourage... Notre union à lui ne cessera, pas et sa protection nous sera salutaire. » — Non seulement le P. Rouhan s’occupait du Carmel, mais il avait aussi un don particulier pour aider et consoler les malades. De la Guadeloupe, une malade qu’il visitait écrit notamment : « Si vous saviez le choc émo¬tionnel que j’ai ressenti ce midi en recevant votre lettre ! Lorsque j’ai lu Montbeton sur le cachet de la poste et reconnu une écriture autre que celle du P. Rouhan, j’ai dit à l’amie qui était près de moi : “Le P. Rouhan est mort !“, et fébrilement j’ai ouvert l’enveloppe. Il était si bon, si compréhensif, si dévoué pour tous, infatigable pour visiter tous ceux qui avaient besoin de lui. Il m’apportait la communion chaque premier vendredi du mois et entre temps me faisait une ou deux petites visites l’après-midi ; il me consolait, me remontait le moral, toujours souriant, toujours aimable et me donnait de bons conseils. Je ne suis pas près d’oublier ses visites, sa conversation si agréable et ses paroles de consolation qui me réconfortaient dans mes peines et mes ennuis… »
Pour terminer citons quelques lignes d’une lettre du Père Supérieur de Montbeton : « Parmi nous, ce qui paraissait le plus étonnant chez le P. Rouhan, c’était son sourire inaltérable qui, révélait la paix profonde qui régnait en son âme. Son sourire était aussi l’image de sa charité infatigable : toujours empressé à rendre service quoi que cela pût lui coûter ! Toujours empressé à rendre visite aux confrères malades, passant parfois de longues heures avec eux. Que dire de son esprit de pauvreté et même de la réalité de cette pauvreté ! A sa mort, on ne trouva chez lui que quelques habits, quatre ou cinq livres et quelques revues. Même dans son bréviaire, les images étaient remplacées par de simples bouts de papier. Et avec cela que d’heures consacrées chaque jour à la prière, prière silencieuse au pied du tabernacle où il semblait trouver son repos ! Nos confrères ne sont guère portés à décerner des prix de vertu ! Pour le P. Rouhan cependant, tous semblent d’accord pour dire : “Le meilleur d’entre nous est parti !”
« Oui, il est parti et parti sans bruit ! Il venait de passer quelques jours en clinique pour le renouvellement de son stimulateur cardiaque. Il paraissait en bonne santé, bien qu’il ait déclaré à un confrère malade qu’il se sentait fatigué. C’était le 4 février. Le lendemain 5, comme il n’arrivait pas pour la concélébration, un confrère venu l’appeler le trouva mort dans son lit, les yeux fermés. Il semble qu’il soit mort pendant son sommeil. Il s’est réveillé dans l’éternité pour entrer, comme nous l’espérons, dans la joie du ciel. » Et le Père Supérieur termine sa lettre en disant : « Je suis persuadé qu’il a fait un bien énorme à notre communauté et qu’il en a été ainsi partout où il est passé. Puissions-nous tous l’imiter ! » — « En tout cas, ajoute un autre confrère, l’admirer, conscients de notre incapacité à le rejoindre, au-delà de certaines limites quasi surhumaines. »
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Références
[3271] ROUHAN Marcel (1896-1980)
Références bibliographiques
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