Jean CHAMBONNIER1903 - 1983
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3309
Identité
Naissance
Décès
Biographie
CHAMBONNIER Jean est né le 9 mars 1903 à Yzeure (Allier). Il entre au Séminaire des Missions Etrangeres en 1921. Il est ordonné prêtre le 29 juin 1926 et part le 12 septembre suivant pour le Tonkin. Après l’étude du vietnamien, il est chargé de la procure de la mission. En 1933 il est nommé professeur au probatorium de Ba-lang. En 1939 il est envoyé à Hong-Kong pour renouveler l’installation de l'imprimerie de Nazareth. En 1940 il revient en France. Il est curé de Tilly-sur-Seulles (Calvados) jusqu'en 1947. Il est ensuite directeur de l'imprimerie à Pondichéry, où il renouvelle le matériel et forme les ouvriers. En 1953, il tombe malade et rentre en France. Il est affecté au Collège Stanislas jusqu’en 1982, puis il se retire à Montbeton. Il meurt le 23 décembre 1983. Il est inhumé à Montbeton.
Nécrologie
[3309] CHAMBONNIER Jean (1903-1983)
Notice nécrologique
• CHAMBONNIER Joseph, Jean
• Né le 9 mars 1903 à Yzeure, diocèse de Moulins, Allier
• Grand séminaire de Moulins : 1919-1921
• Entré aux Missions Étrangères le 14 septembre 1921
• Prêtre le 29 mai 1926
• Destination pour Phat Diêm
• Parti le 12 septembre 1926
• En Mission : Phat Diêm : 1926-1936
• Congé et stage à l’imprimerie des Orphelins d’Auteuil
• Nazareth-Hongkong : 17 février 1939
• Retour de Hongkong : 18 mai 1940
• En France : Curé de Tilly-sur-Seulles : 1940-1947
• En Mission : Pondichéry : du 1er août 1947 au 4 octobre 1953
• En France : Ministères divers : 1953-1983
• Retraite à Montbeton : mars 1983
• Décédé à Montbeton le 23 décembre 1983
Joseph Chambonnier naquit à Yzeure, au diocèse de Moulins, le 9 mars 1903. Ses études primaires terminées à Yzeure, il entra à l’Institution du Sacré-Cœur, à Moulins, pour ses études secondaires. A seize ans, il avait terminé. C’est alors qu’il se dirigea vers le grand séminaire de Moulins où il fit deux années de philosophie. Depuis longtemps, il désirait consacrer sa vie à l’apostolat en pays de mission. Il fit donc sa demande d’entrée aux Missions Etrangères, le 8 juillet 1921. Mais il avait déjà été présenté par le Supérieur du grand séminaire de Moulins, par une lettre du 4 juillet. Les appréciations du supérieur de Moulins étaient très favorables. Aussi Joseph Chambonnier fut-il admis sans difficulté, le 11 juillet 1921. Entré à Bièvres, le 14 septembre 1921, il continua ses études en vue du sacerdoce. Ordonné prêtre le 29 mai 1926, il reçut, peu de temps après, sa destination pour la mission de Phat Diêm au Nord Vietnam que l’on appelait alors le Tonkin. Parti le 12 septembre 1926, il arriva à Phat Diêm environ un mois après.
Son premier travail fut de se mettre à l’étude de la langue. Il fit de rapides progrès, car il avait des dispositions exceptionnelles pour cela. Pendant une année ou deux, il fut professeur au probatorium de Balàng dans la province de Thanh Hoa qui, à cette époque, faisait encore partie de la mission de Phat Diêm. En 1931, au mois de juillet, il est nommé procureur de la Mission de Phat Diêm en remplacement du P. Lury qui, lui, devenait supérieur du probatorium à Balàng.
En septembre 1936, le P. Chambonnier prit son congé régulier au bout de dix ans de mission. Après un certain temps de repos, on lui donna une autre destination : Nazareth à Hongkong. Il fallait un technicien pour renouveler un peu cette imprimerie. C’est pourquoi on demanda au P. Chambonnier de faire un stage à l’imprimerie des Orphelins d’Auteuil. Il y resta environ deux ans. C’est le 17 février 1939 qu’il s’embarqua pour Hongkong.
Son séjour à Hongkong ne dura pas longtemps : environ un an. A la suite d’un certain malentendu, il quitta Hongkong, sans avertir personne, et arriva en Italie, sur un bateau japonais, le 18 mai 1940.
Le P. Chambonnier n’allait pas rester inactif. Il prit du ministère dans le Calvados, au diocèse de Bayeux, dans la paroisse de Tilly-sur-Seulles. Il y resta jusqu’en 1947. En 1944, au cours des violents combats qui eurent lieu dans toute la région, à la suite du débarquement du 6 juin, le P. Chambonnier fut blessé en portant secours à ses paroissiens, eux-mêmes victimes des combats. Il fut soigné dans une ambulance à Flers de l’Orne, pour une fracture de la cuisse et une blessure à la cheville.
En 1947, l’archevêque de Pondichéry demanda un confrère compétent pour moderniser l’imprimerie de la Mission. On pensa naturellement au P. Chambonnier. Il accepta ce poste et s’embarqua pour Pondichéry, le 1er août 1947. Arrivé à Pondichéry, il se mit à l’œuvre avec courage. Appuyé par le conseil épiscopal, il alla de l’avant : restauration des bâtiments, achat de nouveau matériel, formation des ouvriers pour les initier à l’utilisation des nouvelles machines. Sur ce point, il avait bien des difficultés, car les ouvriers étaient des Tamouls et le P. Chambonnier ignorait leur langue. De plus, le P. Chambonnier était très exigeant ; il ne pouvait tolérer l’à-peu-près. Il lui fallait donc lutter contre une routine bien ancrée dans les habitudes des ouvriers. Avec le temps et la patience, le P. Chambonnier arriva à des résultats remarquables. En plus de ce que l’on appelle des « travaux de ville » qui étaient importants, il réalisa une édition, avec tableaux en couleur, du catéchisme « Bernadette ». Les tableaux. étaient empruntés à la méthode « Bernadette », mais les textes étaient en tamoul. Cet ouvrage obtint le plus grand succès. Il réalisa aussi une réédition de l’Évangile selon saint Matthieu et selon saint Luc, en tamoul. Ce ne sont là que quelques exemples des travaux que mena à bien le P. Chambonnier pendant le temps qu’il fut directeur de l’imprimerie de Pondichéry. Malheureusement sa santé n’était pas à la mesure de ses désirs et de ses projets. Il souffrait d’une dysenterie chronique. Il avait déjà eu des difficultés du côté des intestins pendant les deux années de grand séminaire à Moulins ; il avait même été obligé de se reposer pendant quelques mois. La nourriture, d’une part, le climat, d’autre part, ne faisaient que compliquer la situation. Le P. Chambonnier était obligé de faire d’assez longs séjours à l’hôpital. Une fois son état amélioré, il reprenait son travail. Le docteur lui conseilla de rentrer en France pour se soigner sérieusement. Cette solution n’enchantait pas le P. Chambonnier, car il pressentait bien qu’il ne pourrait revenir en Inde. Il hésitait donc, mais un petit inci¬dent se produisit qui le décida à suivre l’avis du docteur.
Rentré de Pondichéry, le 4 octobre 1953, il se soigna sérieusement avant de penser à prendre du ministère, car ce n’était pas dans sa nature de demeurer inactif. Une fois convenablement remis, il fut aumônier à Bastia pendant un an. Ensuite il travailla quelques années à la Maîtrise de Notre-Dame, à Paris. En octobre 1958, il fut engagé par Mgr Méjecase, directeur de Stanislas, comme surveillant. Il exerça cette fonction de la sixième aux terminales jusqu’en 1963. Il se dévoua à cette tâche ingrate avec une grande abnégation.
En septembre 1963, il fut nommé préfet des classes de première et terminale. Il exerça ces fonctions en association avec le P. Robert, Salésien. Il s’acquittera avec ponctualité de cette tâche difficile. De nombreux anciens ont conservé un souvenir ému de leur ancien préfet. La charge consistait à l’époque à s’assurer du travail et du bon comportement de plus de 200 élèves. Les difficultés ne manquèrent pas pendant ces trois années, mais le P. Chambonnier sut y faire face.
En septembre 1966, il fut déchargé d’une tâche devenue trop lourde pour lui en raison de sa santé. Il fut dès lors affecté aux services administratifs. Il travailla au secrétariat administratif pour y accomplir des tâches comportant des responsabilités : constitution de dossiers concernant les professeurs et les élèves ; relevés divers, corrections d’épreuves concernant toutes les publications de l’établissement (travail où il excellait en raison de sa compétence acquise en mission : sa méticulosité était devenue légendaire). Il fut même chargé, à partir de 1968 du « Mouvement », poste délicat en raison de l’importance du personnel concerné (professeurs et services : plus de 300 personnes ; élèves : entre 2.500 et 3.000). Sa rigueur à ce poste fut aussi très appréciée.
Son état de santé ne lui permettait plus de faire face, comme il l’entendait, à ses obligations. Il demanda, de lui-même, à être affecté à un établissement moins important. L’ancien directeur de Stanislas, le Père Ninfei, devenu directeur du Collège Sainte-Marie d’Antony, lui proposa un poste de secrétaire dans sa maison. Il l’accepta pendant le cours de l’année, mais, ayant conservé de précieuses attaches avec Stanislas, il demanda à y revenir à la fin de l’année. On lui attribua un poste moins lourd, au secrétariat administratif. Il s’y dévoua, dans la mesure de ses forces, jusqu’en fin 1982.
Sa santé se dégradant et le collège ne pouvant plus assumer les soins dont il avait besoin, il prit sa retraite en mars 1983.
Le P. Chambonnier arriva à Montbeton au mois de mars 1983. Son état de santé nécessita une première hospitalisation. Revenu à la maison, il avait perdu une partie de sa lucidité d’esprit : ce qui faisait de lui un malade très difficile qu’il fallait surveiller nuit et jour. Hospitalisé de nouveau à Montauban, il allait mieux quand il fut frappé d’une hémorragie cérébrale et emporté en quelques jours. C’était le 23 décembre 1983. Ses obsèques eurent lieu à Montbeton le 26 décembre 1983.
Cette brève évocation de la vie du P. Chambonnier nous a permis de noter au passage quelques traits de sa personnalité. Essayons de les regrouper pour les mieux faire ressortir :
Le P. Chambonnier était doué d’une intelligence vive, d’un esprit clair et ordonné. Il en donna la preuve, surtout à Pondichéry et à Sta¬nislas.
Il avait aussi une facilité remarquable pour l’étude des langues. Cela tenait en partie à un talent naturel d’imitation. Il était arrivé à parler vietnamien d’une façon parfaite. Il parlait aussi très bien l’anglais.
Ce qu’il faut remarquer aussi chez lui, c’est le goût du travail et du travail bien fait. A l’imprimerie à Pondichéry, il passait parfois dimanches et jours de congé à ajuster, à mettre au point telle ou telle machine, car il était à la fois expert et habile de ses dix doigts. Avec un matériel bien au point et des ouvriers bien formés qu’il surveillait attentivement, il arriva à sortir des travaux impeccables, ce qui attira l’attention des administrations à Pondichéry et à Madras et lui valut des commandes lucratives. Quand il s’agissait d’ouvrages religieux, il redoublait d’efforts pour une présentation attrayante et au plus juste prix. C’était pour lui le moyen de vivre sa vocation missionnaire, car il aidait ainsi à la diffusion de la Bonne Nouvelle.
Son état de santé influait sur son caractère et il était parfois de mauvaise humeur. Il le reconnaissait volontiers lui-même. Mais quand il était « en forme », c’était un vrai plaisir de lui rendre visite. Il était très jovial, plein d’humour, et recevait très bien les confrères qui venaient des villages de la campagne. Il en profitait pour se livrer à quelque « séance » d’imitation de tel ou tel : ce qui détendait tout le monde.
S’il exigeait des ouvriers de l’imprimerie un travail bien fait, il était très généreux envers eux quand il les savait être en difficulté financière ou quand ils venaient solliciter une aide.
Sa générosité s’étendait aussi aux mendiants qui connaissaient sa bonté et souvent en abusaient. Il avait ses « abonnés » qui venaient régulièrement quémander quelques roupies.
L’abbé Milet, professeur à Stanislas, qui a connu le P. Chambonnier pendant de longues années, résume ainsi son rôle dans cet établissement : « Le P. Chambonnier a accompli à Stanislas un très bon travail. Son dévouement auprès des élèves était sans borne : il les aidait spirituellement, intellectuellement (son « don des langues » permit d’en dépanner beaucoup) et matériellement aussi, en toute discrétion. Nombreux lui gardent une profonde reconnaissance.
Dans son travail au secrétariat, on a particulièrement apprécié son acharnement à la tâche : il n’avait pas d’horaire et il donnait tout son temps quand il fallait terminer un travail. Malgré un caractère difficile (il en était lui-même le premier conscient), il s’est attiré des sympathies et des amitiés sincères et profondes. Il s’intéressait aux cas difficiles, aidant les uns et les autres de son temps et surtout de son argent. Il donnait tout ce qu’il avait sans compter.
Sa mort a laissé bien des regrets... et même des chagrins chez ceux qui l’ont bien connu. »
En 1921, dans sa demande d’admission, le jeune Joseph Chambonnier écrivait : « Ma seule appréhension est d’être au-dessous de la vocation à laquelle Dieu semble m’appeler. » La vie du P. Chambonnier a été assez mouvementée. Tout le monde — lui le premier —reconnaissait qu’il n’avait pas très bon caractère. Étant donné ce caractère entier, il lui est arrivé de prendre en quelques occasions des décisions hâtives. Malgré tout, il a bien rempli sa vie et le Seigneur qui voit le fond des cœurs l’a accueilli dans la joie éternelle.