Joseph MADÉORE1901 - 1981
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3313
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1926 - 1952 (Nanning)
- 1952 - 1981 (Hong Kong)
Biographie
[3313] MADÉORE Joseph, Marius, est né le 7 février 1901 à Billom, diocèse de Clermont-Ferrand (Puy de Dôme). Il fit ses études à l'Institut Massillon à Clermont de 1912 à 1918, puis il entra au Grand Séminaire de Clermont, où il séjourna de 1918 à 1921. Il entra aux Missions Étrangères le 15 septembre 1923. Il fut ordonné prêtre le 29 mai 1926, et partit le 12 septembre suivant pour la Mission du Kouangsi, Chine du Sud.
Le voyage se fit par Hanoi, Langson et Kouitchéou. Arrivé à Nanning, il resta quelque temps à l'évêché et fut envoyé à Eul P'ai pour apprendre le chinois. À cette époque il n'y avait pas d'école de langue. Le Père Madéore composa une méthode pour apprendre la langue en 100 leçons, ce qui permettait, au bout de ce cours, d'exercer utilement le ministère.
En 1927, Mgr Ducoeur ouvrit le nouveau district de Ping Lo, et le confia au Père Madéore qui alla résider à Pan Tien où il trouva de nombreux chrétiens qu'il alla visiter à bicyclette un peu partout dans la campagne. Le Père acheta un peu plus tard une grosse moto, qui lui rendit de grands services. En 1931, le Père Madéore fit une cinquantaine de baptêmes d'adultes. Il ouvrit de nouveaux centres avec écoles de garçons et deux de filles. En 1932, il dut quitter ce poste, qui fut confié aux Pères de Maryknoll, qui fondent la nouvelle Préfecture de Wuchow.
Le Père Madéore revint alors à Nanning pour devenir supérieur du Séminaire, à la rentrée scolaire de 1932. Il y avait 18 élèves, auxquels le Père donnait l'enseignement et la formation spirituelle. En même temps il apporta un précieux concours au Père Labully, curé de la cathédrale. Dans le quartier ouest de la ville, une chapelle fut érigée et le Père Madéore en fut chargé les dimanches et jours de fête. Il prépara un groupe au baptême à Pinyang et, en 1935, 30 catéchumènes furent baptisés par Mgr Albouy. En 1934, il avait réussit à placer les Soeurs de N.D. des Anges à l'hôpital, pour le plus grand bien des malades.
En septembre 1937, il quitta le Séminaire pour devenir curé du district de Liu Chow. Il y resta jusqu'en 1952. La première période de son ministère se déroula en majeure partie pendant la guerre sino-japonaise de 1938 à 1945. Il alla visiter les chrétiens dispersés dans de nombreux villages. Il fut aidé par des catéchumènes ambulants qui prêchèrent la doctrine avec ardeur dans plus de 100 villages. Il administra ainsi le baptême à une centaine d'adultes. Malgré les difficultés occasionnées par la guerre, il réussit à construire l'église de Lui Chow. Cette construction s'imposait, vu l'augmentation du nombre des chrétiens venus d'autres provinces plus au Nord, fuyant devant les troupes japonaises.
Les années entre 1939 et 1945 furent des années de guerre, avec les bombardements des villes par les Japonais. En fin d'année 1944, la situation s'aggrava, les Japonais vinrent occuper la ville de Lui Chow, et le Père Madéore trouva un refuge sûr dans les montagnes. À son retour, après la défaite des Japonais en août 1945, il ne trouva dans la ville qu'un monceau de cendres, car les Japonais avaient tout incendié : église, résidence, écoles.
Le Père Madéore ne se découragea pas pour autant. Il releva les ruines et bâtit de nouvelles constructions. À cette époque où sévissait une épidémie de choléra, un grand mouvement de conversions s'esquissa. Le Père Madéore et ses catéchistes qui risquaient d'être débordés établirent une série de cours préparatoires, auxquels assistait un représentant de chacun des villages qui avaient demandé à devenir catholiques. Pendant 40 jours, ces futurs catéchistes subirent une préparation doctrinale intensive, puis le prêtre les baptisa et les renvoya dans leur village, instruire à leur tour leurs concitoyens et les préparer au baptême. 60 familles de Pin Chang et 200 familles de Tchong Tu demandèrent le baptême. En plus de tous ces catéchumènes, le Père Madéore dut également faire le catéchisme à 190 enfants tous les soirs. Un jour il reçut une lettre d'un prisonnier de la prison centrale de Lui Chow. C'était un ancien officier de l'armée nationaliste, qui avait été accusé d'espionnage par les Japonais. Le Père Madéore alla trouver le président du tribunal, qui lui permit de venir contacter les prisonniers. C'est ainsi que toute une chrétienté se développa dans cette prison. Les Religieuses elles aussi vinrent pour donner des soins aux prisonniers qui en avaient besoin, pour s'occuper des femmes détenues et les catéchiser. Fin 1948, le Père espérait une centaine de baptisées. Non seulement dans la prison, mais aussi dans la ville et ses environs, une sérieuse avancée de l'évangélisation s'annonçait.
Le 25 novembre 1949, les Communistes firent leur entrée dans la ville de Liu Chow. Peu à peu les bâtiments de la Mission furent occupés. En octobre 1950 le Père Madéore fut convoqué par la police pour faire sa confession" qui dura 6 heures. Il réussit à se maintenir à Lui Chow jusqu'en fin août 1952. Alors il fut expulsé et arriva à Hongkong par Canton le 1er septembre 1952.
Après un court séjour en France, il fut de nouveau envoyé à Hongkong pour s'occuper des réfugiés. Il travailla ainsi à Hongkong pendant encore 20 ans.
Il trouva le Père Chevalier qui travaillait dans la paroisse de Tai-kou-lao. Il se joignit à lui et à quelques autres missionnaires expulsés de Chine continentale, pour travailler ensemble sous la direction de Mgr Bianchi. Ce dernier leur demanda de s'installer à Kennedy Town. C'était la partie la plus à l'ouest de la ville de Hongkong, quartier ouvrier où dominent les entrepôts pour les métaux. Il y avait en 1956 plus de 70.000 habitants vivant dans des appartements surpeuplés, mal éclairés et travaillant dur du matin au soir dans les entrepôts. Dans ce quartier, il loua un appartement, assez grand pour y aménager une chapelle, pouvant contenir une centaine de personnes. Cette chapelle fut ouverte le 7 octobre 1953, en la fête de N.D. du Rosaire. Le travail missionnaire pouvait donc commencer.
Beaucoup de païens vinrent à la mission. Il fallut les instruire, car ils désiraient devenir chrétiens. Chaque soir, un groupe d'une dizaine d'hommes, et autant de femmes assistaient au cours préparatoire au baptême. La doctrine fut enseignée par un homme et une femme catéchistes. Le dimanche, deux grands séminaristes venaient s'occuper des enfants.
Le Père Madéore songea aussi à organiser une école primaire. Des religieuses chinoises de Canton en prirent la direction. Au mois de juillet 1956, le nombre des élèves dépassait 600. L'école fut un bon moyen d'apostolat. Beaucoup d'enfants non chrétiens désiraient assister au cours de religion. Désireux de recevoir le baptême, ils entraînèrent leurs parents. Ainsi le catéchuménat augmenta rapidement et en 1955 il y eut 132 nouveaux chrétiens.
Dans le domaine social, le Secours catholique américain nous chargea de distribuer des habits et du ravitaillement. Deux fois par semaine une "clinique ambulante", dirigée par les Soeurs Canossiennes, vint donner consultation et remèdes gratuitement. Une centaine de malades se présentaient à chaque visite. Puis, le Père Madéore réussit à installer au mont Davis un petit dispensaire avec un docteur.
Le 13 août 1955, un accident de scooter envoya le Père Madéore à l'hôpital pour fracture de la jambe. Il resta 7 mois en convalescence. Malgré cela, les Religieuses et les catéchistes continuèrent la besogne au centre Kennedy. Un jeune Père de Scheut vint également prêter son concours et visita les familles chrétiennes. On compta alors 175 familles chrétiennes avec 700 baptisés.
Le 27 mai 1956, Mgr Bianchi vint donner la confirmation à une centaine de chrétiens. Il promit alors qu'une grande église serait construite. Bientôt un terrain fut acheté et s'éleva un complexe paroissial, avec église, résidences, écoles, salles de réunion, etc., le tout dans le même bâtiment.
Ainsi en 1966, la paroisse du Père Madéore comprenait 3.500 baptisés et un complexe paroissial bien organisé.
Fatigué et à bout de force, le Père Madéore dut se retirer dans notre Procure de Hongkong en 1973. Tout en restant en contact avec sa paroisse, grâce au Père chinois qui lui succéda, il consacra beaucoup de temps à la prière dans le silence et le recueillement. Son organisme usé et épuisé déclina de plus en plus et il s'éteignit doucement le 20 décembre 1981. Ses obsèques eurent lieu dans l'église N.D. du Rosaire devant une foule recueillie, qui rendit grâce au Seigneur pour tout l'apostolat missionnaire de notre grand missionnaire.
Nécrologie
Le Père Joseph MADÉORE
Missionnaire à NANNING et à HONGKONG
1901 - 1981
MADÉORE Joseph
Né le 7 février 1901 à Billom — Puy-de-Dôme — diocèse de Clermont
Entré aux Missions Etrangères le 15 septembre 1923
Prêtre le 29 mai 1926 — Destination pour Nanning (Kwang-Si)
Parti le 12 septembre 1926
En Mission : à Nanning 1926-1952
à Hongkong 1953-1973
Retraite à la Procure de Hongkong : 1973
Décédé à Hongkong le 20-12-1981
Voir cartes nos 4 et 5.
Enfance et jeunesse
Joseph Madéore naquit à Billom, dans le Puy-de-Dôme, diocèse de Clermont, le 7 février 1901. Il perdit sa mère de bonne heure ; son père se remaria, mais la belle-mère ne fut pas du tout accueillante à l’égard du jeune Joseph. C’est pourquoi il avait été en quelque sorte adopté par la famille de son oncle Jean. Sa tante, Alice Madéore, le gâtait beaucoup. Pendant les vacances et plus tard pendant son service militaire, lors de ses permissions, c’est chez son oncle Jean qu’il venait. Mme Madéore l’introduisit près des châtelains du pays ; il donnait des cours aux enfants. Au moment de son ordination, en 1926, la châtelaine lui offrit un beau calice. Comme on le voit, Joseph Madéore était pratiquement séparé de sa famille. Au moment du départ, en 1926, il espérait pouvoir revoir son père ; mais celui-ci refusa obstinément de recevoir son fils. Point n’est besoin de dire quelle fut la souffrance du jeune P. Madéore.
Joseph Madéore fit ses études à l’Institution Massillon à Clermont de 1912 à 1918, puis entra au grand séminaire de Clermont, où il séjournait de 1918 à 1921. Il accomplit ensuite son service militaire et c’est pendant son service militaire qu’il fit sa demande d’entrée aux Missions Etrangères. Dans sa lettre datée du 1er mars 1923, il signale qu’il a eu une entrevue avec Mgr Marnas, évêque de Clermont, et que ce dernier lui a accordé l’autorisation de faire sa demande d’entrée aux Missions Etrangères, mais à une condition, c’est qu’il ne fasse pas de propagande pour la Société dans le diocèse de Clermont et qu’il prie le Seigneur de choisir quelqu’un pour le remplacer. Avant de répondre à cette demande d’admission, on consulta naturellement le supérieur du grand séminaire qui donna de très bons renseignements. Dans une lettre datée du 7 mars, il écrivait notamment : « Mes confrères rendent de Monsieur Madéore un témoignage de tous points excellent et qui s’accompagne du vif regret de le perdre. J’estime moi-même beaucoup Monsieur Madéore avec qui j’ai causé plus d’une fois. Vous reconnaîtrez en lui le bon sang d’Auvergne qui fait les hommes tenaces et énergiques. Il est cela quant à sa vocation de missionnaire qu’il a depuis toujours et qui résiste à toute objection. Il est cela également au point de vue intellectuel comme en témoigne ses notes qui n’ont cessé de monter au cours de sa seconde année de séminaire. » Cette appréciation est corroborée par un de ses anciens condisciples, l’abbé Colas qui écrit : « L’annonce de la mort du P. Madéore ne nous a pas surpris. Le P. Madéore nous a tous marqués par l’exemple qu’il a toujours donné à ses camarades, Soit au petit séminaire, soit au grand séminaire. Il était un excellent camarade très gentil pour tous et toujours prêt à rendre service. » Un confrère qui fut son condisciple au grand séminaire de Clermont écrit de son côté : « Pendant ses années de grand séminaire à Clermont, il fut un modèle et à la fin de sa philosophie, il était d’emblée le premier de son cours.
L’admission de Joseph Madéore ne souffrit donc aucune hésitation. Elle lui fut communiquée le 9 mars 1923. Son service militaire terminé, il entra à Bièvres le 15 septembre pour y poursuivre sa préparation au sacerdoce. Ordonné prêtre le 29 mai 1926, il reçut sa destination pour la Mission de Nanning au Kwang-Si (Chine du Sud), une des missions les plus dures de la Société : beaucoup de troubles, de pirateries, d’insécurité, toutes circonstances qui ne facilitaient guère le travail des missionnaires.
En mission
Parti le 12 septembre 1926, le P. Madéore se dirigea vers sa Mission par le Tonkin, via Haiphong, Hanoï, Langson. C’est au nord de cette ville qu’il pénétra en Chine, puis par Long Tchéou gagna la capitale de la province du Kwang-Si, Nanning. Son arrivée était vivement attendue, témoin ces lignes de la chronique de la Mission : « nous ne sommes plus que 12 missionnaires présents au Kwang-Si parmi lesquels plusieurs sont ou sexagénaires ou de santé délicate. Heureusement une jeune recrue, le P. Madéore, va nous arriver, apportant avec lui un rayon d’espérance aux anciens. » Après ces lignes, inutile de dire que le P. Madéore fut bien accueilli. Après quelques semaines passées à l’évêché, le jeune P. Madéore fut envoyé chez le P. Peyrat à Eul P’ai pour y continuer l’étude du chinois. Il n’existait pas à l’époque d’écoles de langue. Chacun se débrouillait plus ou moins bien ou plus ou moins mal avec un maître de langue qui la plupart du temps n’avait aucune formation pédagogique. Le P. Madéore souffrit de cet état de choses. En homme pratique, il composa lui-même et mit au point peu à peu une méthode pour apprendre la langue. En moins de 100 leçons, le jeune missionnaire pouvait acquérir tout le nécessaire qui lui permettait des relations habituelles avec les gens pour une conversation courante. Au bout de ce cours, il possédait aussi assez d’éléments pour commencer à exercer utilement le ministère. Dans la suite cette méthode servira à d’autres jeunes missionnaires qui en constateront l’efficacité. Les témoignages sur ce point sont concordants.
Le compte rendu de 1927, rédigé par Mgr Ducœur, nous apprend que le nouveau district de Ping-Lô a été érigé. Il a été confié au P. Madéore qui réside à Pan-Tien, chrétienté dont la fondation remonte à plusieurs années et dont les fidèles sont fermes dans la foi malgré le peu de secours spirituels qu’ils reçoivent, étant donné l’éloignement de cette localité. La fondation de ce nouveau district a été possible grâce à l’amélioration des voies de communication. Le P. Madéore a fait à bicyclette et en un jour le trajet de son poste jusque chez le P. Peyrat alors qu’il en fallait trois auparavant. Mais bientôt, le P. Madéore ne se contenta pas d’une bicyclette. Il vint au Tonkin en 1928 et fit l’acquisition d’une puissante moto. Après quelques essais dans la banlieue de Hanoï pour avoir sa machine bien en mains, il mit le cap sur Langson et arriva en trombe jusqu’à Eul P’ai chez le P. Peyrat après avoir couvert plus de 400 km dans la journée. Et Mgr Ducœur d’ajouter : « La poésie s’en va, mais personne ne s’en plaint. »
Mgr Ducœur décéda le 10 juin 1929 à Marseille. Il fut remplacé par Mgr Albouy, sacré à Nazareth (Hongkong) le 24 août 1930. Il faut noter que la guerre est à peu près à l’état endémique entre les « seigneurs de la guerre » du Kwang-Tong (Canton) et ceux du Kwang-Si. Il y a quand même quelques accalmies. Mgr Albouy écrit dans le compte rendu de 1930 : « Grâce à la trêve conclue entre le Kwang-Tong et le Kwang-Si j’ai pu visiter les chrétientés du nord-est de la Mission, la région où se trouve le P. Madéore. De grands espoirs de conversion se font jour. » De fait l’année suivante, en 1931, le P. Madéore présente 129 baptêmes, dont 49 d’adultes bien instruits. Mais les missionnaires de ce secteur vont bientôt être obligés de quitter leurs postes, car cette partie de la Mission va être cédée aux Pères américains de Maryknoll qui vont prendre la responsabilité de la nouvelle préfecture apostolique de Wuchow qui couvre 6 préfectures. Un article du Bulletin des Missions Etrangères résume le travail du P. Madéore dans le district de Ping-Lô dont il fut le premier (et unique) titulaire, de 1928 au mois d’octobre 1932. Comme nous l’avons dit ci-dessus, le P. Madéore s’établit à Pan-Tien. De là il rayonna et ouvrit d’autres centres avec des écoles : 3 écoles de garçons, 2 écoles de filles et un cours du soir. Au moment où il quitta ce district, il y avait 209 baptisés dans 4 postes et 120 catéchumènes. Il avait rencontré un vieux chrétien converti du protestantisme mais bien instruit de la doctrine ; il en fit un « catéchiste ambulant » qui s’en alla prêcher dans de nombreuses localités ; ce brave homme semait ; la graine devait lever plus tard. Les chiffres ci-dessus mentionnés peuvent paraître peu de chose. Mais il faut mesurer les difficultés de toutes sortes dans le travail d’évangélisation. Au moment de quitter son district cédé aux Pères américains, le P. Madéore écrivait : « Puissent mes successeurs récolter « in exultatione = dans la joie » ce que les Confrères des Missions Etrangères ont semé depuis bientôt 30 ans dans les difficultés. C’est le vœu que je forme et la grâce que je demande pour eux au Seigneur.»
Petit séminaire : 1932-1937
A la rentrée scolaire de 1932, le P. Madéore vint prendre la place du P. Cuenot comme supérieur du petit séminaire à Nanning. Cet éta¬blissement comptait alors 18 élèves et il était aidé dans sa charge par le P. Dalle et par un prêtre chinois, le P. Hông. Mais sans négliger ses fonctions au petit séminaire, le P. Madéore a d’autres occupations : deux fois par semaine, il donne des cours de français dans une école secondaire de la ville. Il apporte un précieux concours au P. Labully curé de la cathédrale ; en 1933, ils enregistrent 50 baptêmes d’adultes. Dans le quartier ouest de la ville, une nouvelle chapelle a été inaugurée le jour de Noël 1932 ; c’est le P. Madéore qui en assure le service les dimanches et jours de fête. Pendant les vacances, il s’en va dans cette région nord-est où il a séjourné pendant 4 ans et il fait du ministère. Il prépare un groupe d’adultes au baptême à Pinyang et en 1935, 30 d’entre eux sont baptisés par Mgr Albouy. Sur un autre plan, le P. Madéore, grâce à ses relations en ville de Nanning, réussit à faire entrer les Sœurs de N.-D. des Anges à l’hôpital de la ville en 1934, et cela évidemment pour le plus grand bien des malades. Comme on le voit, le P. Madéore était animé d’une grande ardeur apostolique qui s’exerçait sur divers plans.
District de Liu-Chow (1937-1952)
Au mois de septembre 1937, le P. Cuenot est rentré de congé et il reprend sa place de supérieur du petit séminaire, à Nanning. Notons que c’est au mois de mai 1939 que ce séminaire fut bombardé par les Japonais. Le P. Martin fut tué, le P. Cuenot grièvement blessé et il y eut de nombreuses autres victimes. Naturellement le petit séminaire fut fermé et les élèves renvoyés temporairement dans leurs familles.
L’origine du développement de l’évangélisation dans ce district qui vient d’échoir au P. Madéore a une histoire qui mérite d’être contée. Pendant qu’il était supérieur du petit séminaire, le P. Madéore avait ouvert une salle de lecture. C’était un moyen pratique d’entrer en relation avec toutes sortes de visiteurs et de les orienter vers des questions d’ordre religieux. Le Père reçut un jour la visite d’un homme un peu hors du commun et qui semblait s’intéresser à la religion. En réalité, il était de la police et même membre de la police de sécurité du chef de province. Il s’appelait Kiên-kio-Sin. Mais notre homme était de bonne foi. Quand lui apparut la vérité de la religion catholique, il déclara vouloir se convertir. Il invita le P. Madéore à profiter des jours fériés du nouvel an chinois pour se rendre dans son village natal situé dans la région de Liu-Chow. Ce devait être au début de 1934. Ce nouveau converti fit tant et si bien que nombreux furent ceux qui dans ce village demandèrent à devenir chrétiens. Donc, contrairement aux prévisions pessimistes de certains, l’affaire réussit magnifiquement. Le P. Peyrat en charge du district de Liu-Chow prit l’affaire en main et bientôt naquit et se développa une belle chrétienté fervente et dynamique. Au départ du P. Peyrat, c’est donc ce district qui échut au P. Madéore et c’est là qu’il va œuvrer jusqu’à son expulsion de Chine en 1952. Essayons de donner un aperçu des activités du P. Madéore dans ce secteur. Pour plus de clarté, il faut distinguer deux périodes :
La première période se déroula en majeure partie pendant la guerre sino-japonaise (de 1938 à août 1945). Pendant toute cette période, les communications furent pratiquement coupées entre Liu-Chow et Nanning occupé par les Japonais. Le P. Madéore exerçait les fonctions de Vicaire délégué et exerçait dans toute la région l’autorité en lieu et place de l’évêque. Malgré toutes ces difficultés, que se passe-t-il à Liu-Chow ? Notons tout d’abord que le P. Madéore a un compagnon en la personne du P. Labully. Ce dernier réside à la ville, ce qui permet au P. Madéore de circuler pour visiter les chrétiens éparpillés en diverses localités. Il n’est pas possible dans cette courte notice de relater toutes les activités du P. Madéore. Cependant le compte rendu de 1938 donne de précieux renseignements : la formation des catéchumènes a été poussée activement et a abouti à 92 baptêmes d’adultes. Les catéchistes ambulants ont travaillé généreusement, prêché avec ardeur dans plus de 100 villages ; déjà des signes de demandes de conversion apparaissent. Les écoles catholiques de Liu-Chow sont très fréquentées et plusieurs élèves étudient la doctrine avec ardeur. Certains sont même assez instruits pour pouvoir recevoir le baptême ; cependant il n’est guère possible de les baptiser à cause de l’opposition des parents. Autrement dit, le P. Madéore travaille à plein et il est encore encouragé dans ses efforts, car on lui annonce l’arrivée d’un jeune confrère, le P. Leblanc. Le compte rendu suivant porte que le P. Madéore a administré 1088 baptêmes, mais il s’agit là surtout de personnes en danger de mort, car les circonstances occasionnées par la guerre ne sont guère favorables ; les gens sont toujours sur le qui-vive et ont bien d’autres soucis. Malgré toutes ces difficultés, il réussit cependant à bâtir une église à Liu-Chow ; cette construction s’impo¬sait vu l’augmentation du nombre des chrétiens venus d’autres provinces plus au nord, fuyant devant les troupes japonaises et à la recherche d’une plus grande sécurité.
Pendant toutes ces années (1939-1945), années de guerre, ce fut plus ou moins l’insécurité: périodes de calme, périodes d’angoisse. Les bombardements japonais intensifs touchent toutes les villes du Kwang-Si, les unes après les autres. Liu-Chow n’y échappe pas. C’est pourquoi les écoles sont fermées en février 1940 et la ville partielle¬ment évacuée. Diverses chrétientés sont bombardées, dispersées et pillées de fond en comble. C’est la misère noire. Néanmoins, en conclusion de son rapport, le P. Madéore remercie le Seigneur de sa protection et exprime la confiance en l’avenir.
Les semaines et les mois passent. La guerre continue avec son lot de victimes. Mais en fin d’année 1944, la situation s’aggrave. Les Japonais venant du nord occupent la ville de Liu-Chow. Avant leur arrivée, la population évacue la ville ; le P. Madéore, emportant ce qu’il a de plus précieux, se réfugie dans les montagnes, dans une chrétienté sûre. A son retour, après la défaite japonaise au mois d’août 1945, il ne trouve qu’un monceau de cendres et de décombres, car les Japonais ont tout incendié : église, résidence, écoles. Tout est anéanti. Mais le P. Madéore ne va pas se décourager pour autant.
Il se remet donc au travail, un travail intense aussi bien matériel que spirituel. Il est fortement aidé par des dons substantiels ; au bout d’un an les ruines matérielles sont relevées et tout en même temps les progrès de l’évangélisation sont remarquables, les écoles de nouveau florissantes, le travail des infirmières ambulantes très intense. Il faudrait des pages et des pages pour relater toutes les entreprises et les succès apostoliques du P. Madéore, de ses confrères européens et chinois, ainsi que de leurs collaborateurs. Mais l’âme de toute cette activité est le P. Madéore. C’est à cette époque que se produisit un extraordinaire mouvement de conversions. Un auteur américain, qui, après une vaste enquête, a écrit le « Maquis de Dieu en Asie » relate ceci. Nous citons : « La marche de la Chine vers la vraie foi semble avoir commencé avant l’arrivée des Rouges, parfois même avant que l’on pût prévoir qu’ils gagneraient la guerre civile. La première de ces étranges conversions en masse eut lieu à Liu-Chow, ville de 130 000 habitants dans la province du Kwang-Si, pendant l’épidémie de choléra de 1945. Le P. Madéore (des Missions Etrangères de Paris) qui avait la responsabilité du district, s’était dévoué corps et âme pour les victimes, mais il ne semble pas que cela puisse suffire à expliquer pourquoi plusieurs milliers d’inconnus se présentèrent brusquement a la mission en suppliant qu’on les accueillît au sein de l’Eglise. Le Père et ses catéchistes qui risquaient d’être débordés durent procéder par paliers : ils organisèrent à Liu-Chow une série de cours préparatoires auxquels assista un représentant de chacun des villages qui avaient demandé à devenir catholique. Pendant quarante jours, ces futurs catéchistes, choisis parmi les plus intelligents, subirent une préparation doctrinale intensive, puis le prêtre les baptisa et les renvoya dans leurs villages instruire à leur tour leurs concitoyens afin de les préparer au baptême en masse. Un peu plus tard le même mouvement se propagea avec la rapidité de la foudre dans le village de Tchong-Tu. Un des catholiques nouvellement baptisés de la région s’était rendu au marché de Pin-Chang ; lorsque les paysans le virent se signer avant le repas, ils lui demandèrent la raison de son geste. Il leur expliqua sommairement ce qu’était la religion et leur envoya les quelques brochures qu’il avait sur ce sujet. Soixante des soixante-dix familles de PinChang prirent d’assaut la mission la plus proche en suppliant qu’on les instruisît des vérités de la foi. A Tchong-Tu même, 200 familles (un quart de la ville) demandèrent le baptême. Le village voisin de Gan Gan écrivit à l’évêque pour le prier de leur envoyer un prêtre, promettant qu’ils lui fourniraient une maison et des terres. « Toute la journée, écrivait un missionnaire de cette région, je reçois des adultes qui demandent à être instruits et, le soir, j’ai une classe de 190 enfants auxquels les familles veulent faire apprendre le catéchisme. » Et il faut ajouter que le missionnaire en question est le P. François Kérouanton qui corrobore entièrement ce que rapporte Gréta Palmer.
Autre fait digne des Actes des Apôtres : un jour, le P. Madéore reçut une lettre de l’un des prisonniers de la prison centrale de Liu-Chow qui lui racontait son histoire. En voici le résumé : « Je suis un ancien officier de l’armée nationaliste chinoise. Lors de l’arrivée des troupes japonaises d’occupation, surpris par leur avance rapide, je n’ai pu rejoindre ma section et j’ai été fait prisonnier. Accusé d’espionnage, je fus condamné à être noyé dans le fleuve. En route vers le lieu d’exécution, passant devant la Mission catholique, je lus au-dessus du portail ces trois caractères : « Temple du Maître du ciel. » Je fis alors cette prière : « O Maître du Ciel, si tu existes sauve-moi et je serai ton disciple. » Puis arrivé au fleuve, je fus jeté à l’eau, mais dans ma chute, la pierre qui était attachée à mes pieds se détacha comme par miracle et je pus ainsi regagner l’autre rive du fleuve. Mais après le recul des troupes japonaises et le retour des troupes nationalistes, j’ai été accusé de crime d’intelligence avec l’ennemi et c’est pourquoi je suis actuellement en prison en passe d’être jugé et condamné pour un crime que je n’ai pas commis. Peu importe d’ailleurs. L’important pour moi c’est de remplir ma promesse, puisque j’ai été sauvé de la noyade. Dans cette situation que faut-il que je fasse ? » Le style de la lettre dénotait un homme cultivé. Après avoir lu ce message, le P. Madéore alla trouver le président du tribunal de cette section et lui fit lire la lettre. Cela fait, le président lui déclara : « Vous pouvez l’admettre, lui et beaucoup d’autres, parmi vos fidèles, car la loi autorise les détenus à pratiquer leur culte. » Le directeur de la prison ne fit aucune difficulté à ouvrir les portes de son établissement au P. Madéore et, dans la suite, les autorités facilitèrent les allées et venues du Père. C’est toute une « chrétienté » qui se développa dans cette prison. Simultanément les religieuses vinrent elles aussi pour donner des soins aux prisonniers qui en avaient tant besoin, pour s’occuper des femmes détenues et les catéchiser. Pour la fin de 1948, on espérait avoir une centaine de baptisés. Le directeur de la prison et plusieurs de ses employés sont déjà baptisés et, le 19 août 1948, ils furent confirmés avec une trentaine de détenus par Mgr Albouy. Non seulement dans la prison mais aussi dans la ville et ses environs une sérieuse avancée de l’évangélisation s’annonçait.
Arrivée des communistes
Mais une autre progression s’effectuait aussi, celle des troupes communistes venant du nord, bousculant les armées de Chang-Kai Shek, démoralisées et désemparées. C’est le 25 novembre 1949 qu’ils firent leur entrée dans la ville de Liu-Chow et s’emparèrent de la ville sans difficulté. Au début comme toujours tout alla très bien. Mais peu à peu et même très vite, les nouveaux maîtres. firent acte d’autorité. Les écoles et la garderie d’enfants furent fermées et les locaux occupés par la troupe. En juin 1950, la chapelle Ste-Thérèse et un autre lieu de culte récemment ouvert par le P. Madéore dans un autre secteur de la ville furent également occupés. Les visites aux prisonniers sont interdites. Le P. Madéore et les autres prêtres avec lui se sentent l’objet de suspicion aux yeux des autorités communistes de la ville. Malgré tout, ils gardent bon espoir à Liu-Chow et ailleurs. Comme il leur est pratiquement impossible aux uns et aux autres, quel que soit le poste où ils se trouvent, d’aller visiter les chrétientés de la campagne, ils s’orientent vers une autre activité : préparer des enfants qui donnent des signes de vocation pour la rentrée de 1951 à l’Ecole préparatoire au petit séminaire. Bel optimisme! Mais le régime suit son plan méthodiquement. En octobre 1950, une partie des locaux de la Mission est occupée de façon brutale par les soldats communistes : un pas de plus ! Bientôt le P. Madéore est convoqué par la police pour faire sa « confession » ; il devait être sérieusement coupable, car cette « confession » dura six heures. Tous sont contraints à une résidence très surveillée et peu à peu expulsés. Autant qu’on peut s’en rendre compte, il ne reste plus en janvier 1952 que le P. Madéore dans la région de Liu-Chow avec quelques prêtres chinois qui ne sont d’ailleurs pas mieux traités que les missionnaires européens. Le P. Madéore attendait. Son tour ne tarda pas à venir ; il réussit néanmoins à se maintenir jusqu’en fin août. C’est à ce moment qu’il fut expulsé et il arriva à Hongkong par Canton le 1er septembre 1952.
Tel est, dans ses grandes lignes, le récit des 26 années d’apostolat du P. Madéore au Kwang-Si.
En France
Après un bon mois de repos à Hongkong, il partit pour la France le 14 octobre 1952. Il passa quelques mois en France, ce qui lui permit de refaire sa santé et revoir parents et amis, au diocèse de Clermont, de nouer de nouvelles relations, de susciter des bienfaiteurs qui lui seront d’un secours appréciable pour son nouvel apostolat à Hongkong. Il ne s’attarda pas en France. Dès le 26 juin 1953, if repartait pour Hongkong où il avait été affecté pour s’occuper des réfugiés qui arrivaient chaque jour plus nombreux.
Hongkong : 1953-1973,
puis retraite : 1973-1981
Ces dates nous montrent que le P. Madéore a travaillé dans le ministère actif à Hongkong pendant 20 ans. Nous allons essayer de donner un aperçu de ses activités et de ses résultats.
A l’époque, c’étaient les Pères des Missions Etrangères de Milan qui étaient en charge de l’apostolat à Hongkong. Mais la Société des Missions Etrangères de Paris n’était pas absente parmi les ouvriers de l’Evangile. Le P. Chevalier travaillait dans la paroisse de Tai-Kou-lao. Voici que venait le P. Madéore, ce qui prouvait que les missionnaires n’abandonnaient pas la Chine. Au contraire, ces deux Pères des Missions Etrangères de Paris se joignaient aux nombreux missionnaires, hommes et femmes expulsés de Chine continentale et qui travaillaient à Hongkong sous l’active impulsion de Mgr Bianchi.
Une brochure copieuse serait nécessaire pour retracer toutes les activités du P. Madéore à Hongkong. Heureusement il a écrit lui-même un article dans le Bulletin des M.E., en juillet 1956. C’est un très bon exposé de ses travaux depuis son arrivée à Hongkong et comme le P. Madéore n’était pas l’homme à se vanter, nous pouvons croire ce qu’il nous dit. Pour sûr qu’il n’exagère pas. Nous lui laissons donc la parole. L’article est intitulé : « Aux portes de la Chine. »
« On me demande un rapport sur nos activités à Kennedy-Town. Les anciens de Chine, me dit-on, seraient heureux de savoir qu’on travaille vraiment de près parmi les Chinois de Hongkong et qu’ainsi le flambeau reste vivant. Exécutons-nous.
Kennedy-Town est la partie la plus à l’ouest de la ville de Hongkong, quartier populeux, ouvrier, où dominent les entrepôts, spécialement ceux pour les métaux. En 1949, on évaluait sa population à 20 000. Actuellement, en 1956, il y a plus de 70 000 habitants, gens généralement pauvres, travaillant dur du matin au soir, serrés dans des appartements surpeuplés, mal éclairés, aux escaliers étroits, raides, obscurs.
Plus loin se dresse le Mount Davis, aux flancs duquel le gouvernement a construit de jolies maisonnettes pour les réfugiés plus aisés. C’était là que nous avions d’abord songé à nous installer. Mais le gouvernement refusa : « Pas nécessaire, les réfugiés sont plus nombreux ailleurs. » Ce refus fut providentiel. Mgr Bianchi, évêque de Hongkong, prit une décision qui se trouva excellente : « Installez-vous à Kennedy-Town même. » Les débuts furent difficiles. Après quelques semaines, nous trouvons un immeuble neuf. Nous louons deux appartements au premier étage, dont l’un servira de chapelle, l’autre de résidence. Bien vite cependant on se rendit compte que ce serait trop petit. Nous pûmes louer un troisième appartement, qui sert de résidence, tandis que les deux autres, après avoir abattu les cloisons intérieures, firent une belle chapelle carrée pouvant assez aisément contenir une centaine de personnes.
Les appartements sont situés au-dessus d’un entrepôt pour le fer, dans la rue même du marché. Toute la journée, il y a un va-et-vient, une activité débordante. C’est le centre même du district, le point où tout le monde passe, à deux pas des terminus des autobus et des tramways. Oh! oui, il y a des inconvénients : le bruit perpétuel, la rue encombrée, le déchargement de tôles et poutrelles métalliques, la musique radio à longueur de jour et de nuit, le bruit des co-locataires, tout cela est gênant pour le travail et le sommeil ! Ce n’est pas précisément un lieu à conseiller pour les vacances. Mais tout cela est largement compensé par le fait d’être « dans le milieu ». On vit AVEC le peuple ; on vit vraiment avec les habitants du quartier, comme eux, pour eux. Ce sont là des atouts précieux pour l’apostolat. De plus notre position centrale permet à tous de venir à la Mission, même à ceux de Mount Davis et de plus loin. Le contraire n’aurait pas été possible. Installés au Mount Davis, nous n’aurions pu toucher les gens de Kennedy Town. Parce que nous sommes installés en plein milieu, nous avons eu contact et par le contact, nous avons fait de l’apostolat. C’est le 7 octobre 1953, en la rete de N.-D. du Rosaire, que la chapelle fut ouverte. C’est pourquoi nous l’avons dédiée à N.-D. du Rosaire.
En quoi consiste le travail missionnaire ?
1º La recherche des vieux chrétiens et l’instruction des enfants déjà baptisés, qui bien souvent ne connaissent rien de la doctrine ; arranger des situations matrimoniales irrégulières, ramener les indifférents à la pratique religieuse : d’abord s’occuper des « brebis d’Israël ». La première année nous en voyons 200 revenir à la pratique des sacrements.
2º Recrutement des catéchumènes. Par une sorte d’osmose, les païens viennent à la Mission, les uns conduits par des parents ou des amis chrétiens, d’autres attirés par l’espoir de bienfaits matériels, d’autres poussés tout simplement par la grâce divine. Mais il ne s’agit pas seulement de baptiser, il faut faire de tous de bons chrétiens. L’instruction religieuse exigée sera sérieuse et les abandons ne manquent pas en 1953-1954 ; plus de 100 se présentent ; 37 seulement seront baptisés ; ce sera la proportion habituelle : un tiers.
3º Cours de doctrine. Toute la journée il y a des enfants et des adultes qui viennent écouter le catéchisme qu’enseignent nos auxiliaires : un homme et une femme catéchistes. Chaque soir, après la prière, un groupe d’une dizaine d’hommes et autant de femmes assistent au cours préparatoire au baptême. Pour certaines personnes, l’instruction se fait à domicile. Le dimanche deux grands séminaristes viennent s’occuper des enfants. Nous utilisons de notre mieux la presse: le journal catholique diocésain est largement diffusé, un exemplaire pour huit baptisés, sans compter les tracts et brochures qui circulent régulièrement dans la paroisse.
4º Les écoles. Dès le début nous organisons une classe : 30 élèves le matin, 30 élèves l’après-midi. Mais la persévérance chez les enfants est très difficile ; il faut l’aide des parents sans laquelle la tâche de l’éducateur s’avère impossible. Aussi songeons-nous tout de suite à une école primaire organisée. Plusieurs religieuses chinoises de Canton en prennent la direction. Nous louons huit appartements dans un autre immeuble envoie de construction. Et le 1er avril 1954, l’école est ouverte avec 155 élèves. Bien vite nous devons ouvrir une session l’après-midi et doublons le nombre d’élèves. L’école ne cesse de progresser ; il faut louer d’autres appartements et au mois de juillet 1956, le nombre des élèves dépasse 600. D’autre part et dans un autre endroit, d’autres religieuses ont ouvert un jardin d’enfants ; ainsi il y a un centre de rayonnement dans la partie ouest éloignée de la Mission. L’école est un bon moyen d’apostolat. Beaucoup d’enfants non chrétiens désirent assister au cours de religion donné aux enfants chrétiens. Désireux de recevoir le baptême, ils entraînent leurs parents. D’autre part de nombreux parents non chrétiens entrent en contact avec le prêtre à cause de l’école où ils veulent placer leurs enfants. Ainsi le catéchuménat augmente graduellement et en 1954-1955, nous avons eu 132 nouveaux chrétiens.
Assistance sociale. Nous avons beaucoup de pauvres et même de très pauvres. Le Secours catholique américain nous charge de distribuer des habits et du ravitaillement. Il nous envoie aussi deux fois par semaine la « Clinique ambulante » dirigée par les Sœurs Canossiennes : consultations et remèdes sont gratuits. Chaque visite voit passer une centaine de malades. Pour les plus atteints, nous essayons de les faire admettre dans les hôpitaux. En même temps nous installons un docteur chinois réfugié dans une maison du camp au Mount Davis et il ouvre un dispensaire bien fréquenté.
Le travail continue, lent et ardu. Mais le 13 août 1955, un stupide accident de scooter me fracture la jambe et m’envoie à l’hôpital pour 7 mois. Monseigneur délègue un prêtre pour le service religieux tandis que les religieuses et les catéchistes continuent la besogne d’après les directives que donne le curé de son lit d’hôpital. Le 15 mars 1956, le pauvre boiteux rentre à son poste avec béquille et canne. Il ne peut guère encore se déplacer, mais il peut faire le catéchisme, assis, ce pauvre boiteux ! Un jeune Père de Scheut vient prêter son concours pour la semaine sainte et reste encore après Pâques. Il fait la visite de toutes les familles chrétiennes. Cela nous permet de mettre à jour notre fichier paroissial. Nous arrivons au total de 175 familles avec 700 baptisés.
Le 27 mai 1956, Mgr Bianchi vint célébrer la messe de 9 heures en cette fate de la Trinité et donner le sacrement de confirmation à une centaine de chrétiens. Monseigneur fit une allocution, exprima sa joie de voir une assistance si nombreuse et promit aux chrétiens que l’année prochaine ils verraient la construction d’une véritable église. Bref une magnifique cérémonie qui mit la joie dans tous les cœurs. » Et pour terminer le P. Madéore ajoute : « Pour vous tranquilliser, sachez que la béquille est absolument liquidée, que la canne ne sert plus que pour l’extérieur. »
Références
[3313] MADÉORE Joseph (1901-1981)
Références bio-bibliographiques
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