Joseph LAGARDE1903 - 1988
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3325
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Corée
- Région missionnaire :
- 1926 - 1939 (Seoul)
Biographie
[3325] LAGARDE Joseph, Marie, Jean, est né le 1er avril 1903 à Bressuire, diocèse de Poitiers (Deux Sèvres), fils de Émile Lagarde et de Marie-Louise Noireau.
Il fait ses études primaires au collège St Joseph à Bressuire en 1909 et 1910, puis à St Léger de Montbrun de 1910 à 1912, et ses études secondaires de nouveau au collège St Joseph à Bressuire en 1912-1915. Il entre au Petit Séminaire de Poitiers où il est tonsuré en 1922. De là, le 15 septembre 1922, il passe au Séminaire des Missions Étrangères à Bièvres, fait son service militaire de mai 1923 à novembre 1924, entre à la rue du Bac en novembre 1924 où il est ordonné prêtre le 29 mai 1926 et destiné au vicariat apostolique de Séoul. Parti de Paris le 20 septembre 1926, il arrive à Séoul le 10 novembre suivant.
Le Père Lagarde commence l'étude de la langue chez le Père Bouillon à la paroisse de Kam-gok (que certains, y compris les rédacteurs de la notice nécrologique, s'obstinent à appeler improprement Chang-ho-won, alors que la bourgade de Chang-ho-won se trouve non seulement dans un autre arrondissement, mais encore dans une autre province) et y reste trois ans; il est ensuite envoyé à In-chon (que certains appellent à tort Chemulpo), chez le Père Deneux, où, vicaire, il succède à un prêtre coréen, est principalement chargé des dessertes et des écoles de la paroisse et reste jusqu'en janvier 1935, le vicaire étant tout à fait content de son curé, et le curé tout aussi content de son vicaire.
En janvier 1935, le Père Lagarde est appelé à prendre la direction du Petit Séminaire de Séoul. D'une part, les Japonais, maîtres du pays qu'ils ont annexé en 1910, veulent tout régenter; d'autre part, le nationalisme coréen se fait de plus en plus sentir, même chez les jeunes élèves, et tout cela rend la position du Père Lagarde quelque peu délicate.1
En 1938, au bout de 12 ans de séjour en Corée, le Père Lagarde demande à prendre un congé en France. Il ne sait pas qu'en partant pour son congé, il quitte la Corée pour de bon. Après quelques mois de repos et de détente, le Père Lagarde est affecté au service du recrutement pour les MEP, puis en septembre 1939, il est mobilisé lorsqu'éclate la seconde guerre mondiale, et fait prisonnier. À la suite de sa libération en 1945, il est nommé professeur au Petit Séminaire des MEP à Beaupréau; il y enseigne l'anglais et exerce les fonctions d'organiste et de maître de chapelle jusqu'à la fermeture de cet établissement en 1961.
En octobre 1961, le Père Lagarde devient aumônier dans une école dirigée par les Soeurs de Jésus au Temple, et vicaire auxiliaire de la paroisse de Maisons-Lafitte. Et quand cette paroisse est divisée en 1963, il est confirmé dans ses fonctions au service de la nouvelle paroisse N.D. de la Croix. Lorsque les religieuses quittent la direction de leur école et Maisons-Lafitte en 1980 pour rentrer dans leur maison-mère de Vernon, le Père Lagarde peut, grâce à la bienveillance du maire de la ville, continuer d'habiter son logement; il peut aussi, non seulement donner 15 heures de cours de catéchisme par semaine dans l'école précédemment tenue par les religieuses, mais encore donner un enseignement religieux dans une autre école, se faisant apprécier par sa bonté et par sa foi rayonnante. Il continue à assurer la messe pour les enfants le dimanche à la paroisse N.D. de la Croix. Le samedi soir et la veille des grandes fêtes, il est toujours à la disposition des pénitents éventuels, et il aide le curé de la paroisse pour la préparation à la confirmation et à la profession de foi. Et pendant une maladie du curé de la paroisse, il assure entièrement seul l'intérim pendant 18 mois, d'une façon compétente et consciencieuse. À toutes ces occupations, il ajoute la visite des malades dans divers hôpitaux ou cliniques, portant régulièrement l'Eucharistie aux malades qui la désirent. Bref, le Père Lagarde se montre entièrement consacré à son sacerdoce et à la mission qui lui est confiée.
Quand le Père Lagarde célèbre ses noces d'or sacerdotales en 1976, la paroisse entière le remercie de son dévouement au service de tous, mais le Père Lagarde poursuit ses activités pendant une bonne dizaine d'années2.
En juin 1987, le Père Lagarde doit entrer à l'hôpital à la suite de divers ennuis de santé, et on découvre qu'il a un cancer. Les Supérieurs des Missions Étrangères lui proposent alors de recevoir le sacrement des malades et il est très touché de cette démarche. En janvier 1988, le Père Lagarde demande à quitter l'hôpital où il se trouve et à se retirer à Montauban, mais il y décède le lendemain 10 août 1988. Ses obsèques sont célébrées à Montbeton, avec la participation du curé de Maisons-Lafitte et de deux délégués de cette paroisse, venus témoigner l'estime et l'affection de tous ceux auprès desquels le Père Lagarde avait exercé son ministère de 1961 à 1987.
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1 les deux dernières lignes de la page 80 et les 2 premières lignes de la page 81 de la notice nécrologique du MEM 1888 s'expliquent mal. L'ancien supérieur du Petit Séminaire, prédécesseur du P. Lagarde, est le P. Chizallet. Or celui-ci est en congé en France en 1935-1936; et, à son retour en Corée, il devient professeur, puis en 1939, supérieur du Grand Séminaire de Séoul, situé à l'autre bout de la ville. On peut sans doute écrire, sans être une trop mauvaise langue", que le Père Chizallet voulait toujours être supérieur de quelque chose. C'est tout de même déformer complètement la vérité que d'affirmer que "l'ancien supérieur était resté sur place, et le P. Lagarde ne pouvait prendre aucune décision sans qu'elle fût approuvée par l'ancien supérieur". Il est toutefois possible, et même probable, que le P. Chizallet se soit parfois mêlé abusivement des affaires du Petit Séminaire et ait critiqué le P. Lagarde, mais les dernières lignes de la page 80 et la première de la page 81 de la notice du P. Lagarde sont objectivement inacceptables.
2 le chiffre de "plus de 20 ans" donné par la notice nécrologique est manifestement inexact. Ordonné prêtre en 1926, il aura célébré ses noces d'or en 1976. Un peu plus de 10 ans plus tard, en juin 1987, il entre à l'hôpital, ainsi que cela va être dit.
Nécrologie
Le Père Marie-Joseph LAGARDE
Missionnaire de SÉOUL (CORÉE)
1903 - 1988
LAGARDE Marie-Joseph
Né le 1er avril 1903 à Bressuire, diocèse de Poitiers, Deux-Sèvres
Entré aux Missions Étrangères le 16 septembre 1922
Prêtre le 29 mai 1926 — Destination pour Séoul (Corée)
Parti le 20 septembre 1926
Décédé à Montbeton le 10 août 1988
Marie-Joseph Lagarde naquit à Bressuire (Deux-Sèvres), diocèse de Poitiers, le 1er avril 1903. Son père était employé à la SNCF. Après ses études primaires à Saint-Léger-de-Montbrun, il commença ses études secondaires à Bressuire (1915-1919) pour les terminer à Montmorillon (1915-1919). Pendant ses études, spécialement à Montmorillon, il pensait sérieusement au sacerdoce. Aussi entra-t-il au grand séminaire de Poitiers en 1919. Il y fit trois ans et reçut la tonsure, le 2 juillet 1922. Au cours de ses études au grand séminaire, mûrissait sa vocation missionnaire. Aussi fit-il sa demande d’entrée aux Missions Étrangères, le 26 juin 1922, après avoir obtenu l’exeat de l’évêque de Poitiers. Au vu des bonnes notes données par le supérieur du grand séminaire de Poitiers, il fut admis sans difficulté et entra aux Missions Étrangères, le 16 septembre 1922. Il avait un peu plus de 19 ans. De mai 1923 à novembre 1924, il accomplit son service militaire, puis rentra au séminaire pour y continuer ses études. Ordonné prêtre le 29 mai 1926, il reçut sa destination pour Séoul (Corée) quelques semaines plus tard. Il n’y avait alors en Corée que deux Vicariats apostoliques : Séoul et Taegu.
Le P. Lagarde partit pour la Corée le 20 septembre 1926. Il n’avait qu’un peu plus de 23 ans.
En Corée
Son premier travail fut évidemment d’apprendre la langue. Il fut envoyé à cet effet à Tjang-ho-Ouen avec un ancien, le P. Boillon, pour s’initier aux secrets de la langue coréenne. Au bout de trois ans, il changea de poste et fut adjoint au P. Deneux, à Chemulpo, appelé actuellement Inchon et centre d’un nouveau diocèse. Le P. Deneux, homme discret et silencieux, s’occupait des chrétiens du centre et des constructions. Il confia au P. Lagarde les chrétientés périphériques et les écoles. Les deux ensemble firent un excellent travail. Tout allait très bien pour le P. Lagarde. Il était content de sa situation avec le P. Deneux et du travail qui lui était confié. Mais les qualités du P. Lagarde attirèrent sur lui l’attention du Vicaire apostolique. Aussi, en 1935, fut-il appelé à prendre la direction du petit séminaire de Séoul. Sa position était délicate et cela pour plusieurs raisons. N’oublions pas que la Corée était sous l’autorité du Japon qui en avait fait une colonie et en fait régentait tout. Cependant un fort courant de nationalisme coréen se faisait sentir de plus en plus. Les élèves du petit séminaire n’étaient pas sans ressentir, eux aussi, cette aspiration à la liberté de leur pays. À cela il faut ajouter que le P. Lagarde, tout en étant supérieur, ne l’était pas pleinement ; l’ancien supérieur était resté sur place et le P. Lagarde ne pouvait prendre aucune décision sans qu’elle fut approuvée par l’ancien supérieur. Ce qui explique que la situation était difficile.
Comme le P. Lagarde avait douze ans de mission, il demanda à prendre son congé normal avec l’intention de retourner en Corée, mais dans un autre poste.
En France
Arrivé en France, après quelques mois de repos et de détente, le P. Lagarde fut affecté au service du « recrutement » dans le Poitou. Puis éclata la guerre en septembre 1939. Le Père fut mobilisé et, au moment de la débâcle, fait prisonnier et cela jusqu’en 1945.
Prisonnier
Un prêtre de Sées qui a été prisonnier avec le P. Lagarde a eu l’amabilité de donner quelques renseignements sur cette période. « Avec ses camarades prisonniers, le P. Lagarde fut envoyé au stalag III, situé à Furstemberg-sur-Oder, à 20 km au sud de Francfort-sur-Oder, région en majorité protestante. Un camp sinistre ! Des surveillants particulièrement durs et malveillants envers les prêtres. Ceux-ci étaient parqués dans une baraque dont la première partie était affectée aux prêtres et la seconde aux Juifs. Arrivés en août par trains entiers, nous avons vécu des premiers mois très durs, du fait de manque de nourriture : une gamelle de rutabagas et une boule de pain pour six. De plus, nous devions faire de l’exercice en marchant dans le sable avec nos chaussures qui se remplissaient de sable. Puis des appels interminables, le matin et le soir. Le climat étant continental, nous sommes passés très vite du chaud au froid, sans connaître d’automne proprement dit. Nous célébrions la messe clandestinement dans les lavabos avant le lever du soleil. Comme il y avait avec nous des séminaristes, nous avons essayé de donner des cours de théologie avec les moyens du bord. Le P. Lagarde a été choisi comme responsable de ce service doctrinal. Mais cela n’a pas duré longtemps, car les Allemands ont envoyé au travail ceux qui n’étaient pas sous-officiers. Ils se sont retrouvés avec les Juifs dans le commando “Berger”. Le P. Lagarde étant sous-officier a échappé à ce commando et a été employé à la poste du camp : travail qui consistait à trier les lettres et les colis arrivant aux prisonniers et à les acheminer ensuite dans les commandos. Tant qu’il fut possible de donner des conférences, le P. Lagarde en donna plusieurs, parlant surtout de la Corée, de son apos¬tolat dans ce pays lointain. La simplicité de sa foi missionnaire impressionnait beaucoup les camarades d’origine et de croyances diverses, et cela a certainement contribué à donner à nos camarades une juste et belle idée de l’Église. » Tels sont, en résumé, les souvenirs de ce prêtre, compatriote de saint Pierre Maubant : ce qui a été une raison de plus pour lui de sympathiser avec le P. Lagarde, puisque saint Pierre Maubant a été martyrisé en Corée. Au bout de trois ans, ce prêtre fut rapatrié comme malade. Il ne sait donc pas ce qu’est devenu le P. Lagarde jusqu’à sa libération. D’une autre source nous avons d’autres précisions : les prisonniers de ce camp furent « libérés » par les Russes qui les emmenèrent vers l’Est, encadrés par des soldats russes, de vrais moujiks qui n’avaient jamais rien vu. Pour en donner une idée, voici un fait rapporté par le P. Lagarde lui-même : ils marchaient donc vers l’est, sans savoir où on allait les mener. Les soldats russes qui les encadraient avalent pillé tout ce qu’ils avaient trouvé. L’un d’entre eux avait pris un réveil dans une maison et l’avait mis dans sa musette. Tout à coup, le réveil se met à sonner. Épouvanté, le Russe le jette et prenant son fusil tire sur le réveil. Nous n’avons aucun détail ni sur le lieu ni sur la date de la libération du P. Lagarde.
À Beaupréau (1945-1961)
À l’issue de cette captivité, le P. Lagarde fut nommé professeur au petit séminaire Théophane-Vénard, à Beaupréau. Après bien des difficultés, les professeurs et les élèves avaient réussi à réintégrer leur maison au Pinier-Neuf : tel était le nom de la maison. Le P. Lagarde était tout à fait qualifié pour enseigner l’anglais dans plusieurs classes. De plus, bon musicien, amateur éclairé de musique classique et moderne, il était tout désigné comme maître de chapelle et organiste. Et cette vie régulière, sans être pour autant monotone, se poursuivit jusqu’à la fermeture de cet établissement, à la fin de l’année scolaire 1961.
À Maisons-Laffitte (1961-1988)
Le P. Lagarde trouva d’abord un poste d’aumônier dans une école dirigée par les Sœurs de Jésus au Temple, située rue Églée. Cette situation ne dura pas longtemps, car dès le 6 octobre 1961, le P. Lagarde, tout en restant au service des Sœurs, fut officiellement nommé vicaire auxiliaire de Maisons-Laffitte. La paroisse fut divisée et la nouvelle paroisse Notre-Dame de la Croix fut érigée. Le 26 septembre 1963, le P. Lagarde fut confirmé dans ses fonctions au service de la nouvelle paroisse. Le P. Lagarde a exercé son ministère au service des religieuses et des deux paroisses, ministère très actif et très varié et ajoutons — car c’est la vérité — très apprécié de tous.
Cependant les religieuses n’étaient plus assez nombreuses pour assurer le bon fonctionnement de leur école. Aussi quittèrent-elles Maisons-Laffitte pour rentrer à la maison mère, à Vernon. Cependant, le P. Lagarde continua à habiter là où il se trouvait, et cela grâce à l’amabilité du maire de la ville. Il continua aussi à donner les cours de catéchèse dans l’école de la rue Églée. Une des religieuses a bien voulu donner son témoignage sur le P. Lagarde : « Les religieuses de Jésus au Temple, à Maisons-Laffitte, ont bénéficié du ministère du P. Lagarde pendant 19 ans. Nous conservons le souvenir d’un prêtre entièrement consacré à son sacerdoce et à la mission qui lui était confiée. Nous avons apprécié. particulièrement sa discrétion et sa régularité. De tempérament très actif et très organisé, le Père était avare de son temps. Il est vrai que ses journées étaient bien remplies. C’est le premier janvier uniquement qu’il prenait son repas avec la communauté ».
Après le départ des religieuses, il continua à assurer l’enseignement religieux à l’école de l’Ermitage, à raison de 15 heures par semaine, en diverses classes. Il se fit apprécier par sa bonté et sa foi rayonnante. Il aimait rencontrer les familles, mais n’acceptait que très rarement les invitations qui lui étaient faites.
Pendant 19 ans il a assuré la messe pour les religieuses. De plus, il assurait la messe des enfants, le dimanche à la paroisse Notre-Dame de la Croix. Le samedi soir ainsi que les veilles de grandes fêtes, il était à la disposition de ceux et celles qui désiraient se confesser. Il apportait son concours au curé de la paroisse pour la préparation à la confirmation et à la profession de foi. Il faut noter aussi que pendant une longue maladie du curé de cette paroisse, il a assumé, entièrement seul, l’intérim pendant 18 mois, d’une façon compétente et consciencieuse, se donnant entièrement à son travail pastoral.
A toutes ces occupations, il ajoutait le soin et la visite des malades en divers hôpitaux et cliniques, apportant régulièrement la Communion aux malades qui le désiraient. Il était toujours prêt pour le soin des malades et les Sœurs infirmières portent témoignage que jamais, de jour comme de nuit, elles n’ont fait appel à lui en vain. C’est le témoignage d’une des religieuses et elle ajoute : « Sa grande dévotion à la Sainte Vierge et ses visites régulières au Saint Sacrement alimentaient sa vie spirituelle. Chaque jour, nous l’apercevions dans le jardin, égrenant son chapelet et se dirigeant vers la grotte de Notre-Dame de Lourdes ».
Le P. Lagarde avait aussi en charge l’équipe de Saint-Vincent de Paul ; il assurait la direction spirituelle des membres de cette équipe, animait les cours bibliques et commentait les encycliques du Pape. Il faisait ressortir la doctrine sociale de l’Église, de façon claire, précise, avec une ouverture sur les grands problèmes de la vie chrétienne.
Ces quelques notations prouvent combien fut active la vie du P. Lagarde à Maisons-Laffitte. Aussi toute la paroisse fut-elle heureuse de fêter ses 50 ans de sacerdoce pour le remercier de son dévouement au service de tous.
Après ces festivités, le P. Lagarde continua encore ses activités pendant plus de 20 ans. Avec l’âge, divers ennuis de santé l’obligèrent à entrer à l’hôpital. Au mois de juin 1987, on découvrit qu’il avait un cancer. Les Supérieurs des Missions Étrangères se rendirent près de lui pour lui proposer de recevoir le sacrement des malades. Il fut très touché de cette démarche. Évidemment, on ne pouvait pas le garder indéfiniment à l’hôpital. C’est pourquoi le P. Lagarde demanda à se retirer dans notre maison de retraite de Montbeton, où il fut fraternellement reçu. Son mal cheminait peu à peu. Ses souffrances qu’au début il disait lui-même supportables devinrent progressivement plus aiguës. Le 9 août 1988, dans l’espoir qu’on pourrait le soulager plus efficacement qu’on ne pouvait le faire à la maison, il accepta d’être hospitalisé à Montauban. Ce fut pour une très courte durée, car dès le lendemain matin, on informa le Supérieur de la maison de son décès.
Ses obsèques furent célébrées dans la chapelle de Montbeton. M. le Curé de Maisons-Laffitte, et deux Messieurs de cette paroisse où le P. Lagarde avait œuvré depuis 1961, purent venir lui témoigner l’estime et l’amitié de toutes les personnes auprès desquelles il avait exercé son ministère. Un service fut célébré, le 11 septembre, dans la paroisse de Maisons-Laffitte.
Il ne s’agit pas de vouloir la cause de béatification du P. Lagarde, comme le suggérait une brave personne de Maisons-Laffitte. Mais qu’il soit permis d’apporter le témoignage de deux confrères qui l’ont bien connu.
À l’occasion de ses 50 ans de sacerdoce, un confrère qui a vécu de longues années avec lui, à Beaupréau, écrit : « Ses connaissances, ses talents auraient suffi à lui gagner l’estime et l’admiration de ses élèves. Mais en plus, le P. Lagarde sut gagner leur confiance, leur affection, leur amitié, par sa bonté de cœur, la facilité de son abord, la bonne humeur de sa conversation, la joie qu’il éprouvait à les retrouver et parfois même à se laisser taquiner par eux. Il fut un professeur écouté et aimé, très près de ses élèves.
Quant à ses confrères de Beaupréau, le P. Lagarde a été pour tous, également, l’ami serviable, fidèle et délicat : son caractère enjoué n’avait pas d’aspérité et s’il ressentait les inévitables tiraillements que la charité fraternelle n’arrive pas à éviter, le P. Lagarde ressentait toute la joie que donne la vie d’une communauté unie dans le travail, la bonne humeur. Incontestablement, le P. Lagarde a été un des éléments constants — et pendant 17 ans — de la joie de vivre au petit séminaire de Beaupréau, et cela est vrai autant pour ses élèves que pour les professeurs, ses confrères. »
Le P. Lagarde ne faisait pas montre de ses talents, de ses connaissances. Il avait pourtant de grandes dispositions pour les langues. Outre le coréen, il connaissait l’anglais qu’il continuait à travailler, par devoir d’état et par goût personnel. Il savait en outre l’allemand qu’il avait appris lors de ses années de captivité et perfectionné par plusieurs séjours en Allemagne. Il connaissait aussi l’italien et l’espagnol : ce qui lui permettait de lire dans le texte original les œuvres de sainte Thérèse d’Avila, pour qui il avait une grande dévotion. Mais, sur tout cela, il restait plus que discret !
C’est après son décès à Montbeton que l’on découvrit l’étendue de sa culture. Voici un important extrait de ce qu’écrit le Supérieur de la Maison de Montbeton. « La maladie obligea le P. Lagarde à venir à Montbeton en janvier 1988. Il avait 85 ans. La plupart des confrères ne le connaissaient pas. Il ne quittait sa chambre que pour concélébrer la messe dans une petite chapelle avoisinante. Ceux qui lui rendaient visite purent découvrir ses grandes qualités d’esprit et de cœur, sa patience dans la souffrance, sa piété, sa délicatesse, sa discrétion, sa charité et aussi sa culture peu commune. Il avait, en quittant Maisons-Laffitte, fait venir toute sa bibliothèque, mais il n’avait eu ni le temps de ranger ses affaires, ni la force pour le faire. C’est après son décès que l’on mit de l’ordre. Et ce fut une découverte. Sa bibliothèque était impressionnante par la quantité, la variété et surtout la qualité des ouvrages qui la constituaient : Écriture sainte, patrologie, théologie et spiritualité, histoire, littérature française, grecque, latine, allemande, espagnole, anglaise et italienne. A cela il faut ajouter quantité de fiches, de disques, de partitions musicales, de nombreux livres d’art et de nombreuses diapositives qu’il avait rapportés de ses voyages en Grèce, en Espagne et ailleurs. Il est rare de trouver réunies une culture assez exceptionnelle et une modestie qui la laissait à peine soupçonner : telle est l’image que nous lègue le P. Lagarde. »
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Références
[3325] LAGARDE Joseph (1903-1988)
Références bio-bibliographiques
AME 1926-27 p. 197. 1940 p. 25 (art.). 57. CR 1926 p. 167. 1933 p. 27. 1939 p. 216. 1940 p. 115. 1951 p. 119. BME 1926 p. 520. 566. 1927 p. 45. 1932 p. 607. 611. 1933 p. 685. 687. 1935 p. 110. 1938 p. 456. 1939 p. 260. 1940 p. 191. 403. 1941 p. 130. 253. 1951 p. 72. 443. 1957 p. 1106. ECM 7/1941 p. 26. 1943 p. 253. MDA 1949 p. 28. 30. Hir n° 142/2. 190/2. 221. EC1 N° 111. 116. 382. 410. 426. 440. 446. 487. 628. EC2 N° 93P50 - 232/C2.