Pierre BOULAY1903 - 1946
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3393
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1929 - 1946 (Beihai [Pakhoi])
Biographie
[3393] BOULAY Pierre est né le 1er mars 1903 à Alençon (Orne)
Il suit le cycle des études secondaires au petit séminaire de Séez puis entre aux MEP le 13 septembre 1922. En juin 1926, il obtient le baccalauréat de philosophie à l'Institut catholique de Paris. Ordonné prêtre le 29 juin 1929, il part le 15 septembre suivant pour le vicariat apostolique de Pakhoi (Chine).
Chine
Arrivé dans sa mission le 25 octobre 1929, Mgr Pénicaud place le P. Boulay au petit séminaire de Pakhoi, où il rend quelques services tout en étudiant le cantonais. En juillet 1930, sur sa demande, il est envoyé en district. En l'absence du vicaire apostolique, le P. Genty, provicaire et supérieur de la mission, le nomme à Tchouk-shan, dans la sous-préfecture de Tung-Hing. C'est dans cette chrétienté ancienne voisine du Tonkin, à l'extrémité occidentale de la mission, qu'il fait ses premières armes sous la direction du P. Léauté, chef du district voisin de Lo-Fao.
En février 1932, remplacé dans ce poste par le P. Sonnefraud, il devient vicaire du P. Richard, chargé des districts de Yam-chow et de Ling-shan. Celui-ci, malade, part à Hong-Kong puis en France.
À la fin de 1932, non parfaitement guéri, le P. Léauté rentre de France, et devient titulaire de Shan-Lieou, chef lieu du district de Lim-Kong, presque à l'extrême est de la mission. Il demande comme coadjuteur son ancien vicaire. En janvier 1933, le P. Boulay lui est adjoint pour l'administration des chrétientés périphériques. En septembre 1934, le P. Léauté malade retourne se soigner en France et le P. Boulay est nommé chef de tout le district de Limkong, qui, antérieurement divisé en deux, se trouve réunifié. En décembre 1935, Mgr Pénicaud le fait entrer au sein de son conseil épiscopal. En 1937, il ajoute à son district trois ou quatre petits postes excentriques du district de Tépo.
En 1938, le P. Boulay passe quelques mois à Nazareth, désirant rendre ce séjour définitif ; mais voyant plusieurs districts de sa mission sans titulaire, en décembre de la même année, il rentre dans sa mission, et il est envoyé à Tchouk-shan, qui avait été son premier poste, sur la frontière du Tonkin. En juillet 1939, il est rappelé en France pour devenir professeur au petit séminaire de Beaupréau. Ce poste n'est pas fait pour lui déplaire, car il est demeuré homme de travail intellectuel.
À peine arrivé en France, il est mobilisé. En conformité avec les directives gouvernementales concernant les Français résidant à l'étranger, l'autorité militaire l'envoie en Indochine avec deux autres confrères. Le 15 janvier 1940, il se retrouve à Fort-Bayard, attendant que les formalités requises soient remplies pour reprendre sa place parmi les missionnaires de Chine.
Enfin muni des autorisations nécessaires, en février 1940, il regagne son poste missionnaire de Tchouk-shan, resté sans titulaire depuis son départ en 1939. L'avance japonaise au Kouang-Si coupe le vicariat de Pakhoi en deux tronçons, isolant du centre du vicariat les trois missionnaires en poste dans les chrétientés voisines de la frontière du Tonkin. Cependant, il leur reste possible de correspondre avec les vicariats du Tonkin.
En février 1941, le P. Boulay reçoit à Tchouk-shan la visite de Mgr Deswazières, nouveau vicaire apostolique, venu par Hanoi pour administrer le sacrement de la confirmation et se rendre compte de l'état des districts. Quelques temps après cette visite pastorale, il fait une visite de trois semaines chez ses chrétiens des Cent mille Monts, mais la piraterie sévissant dans cette région ne lui permet pas de faire la tournée complète de ses chrétientés. En août 1941, un malaise le contraint à se rendre à Hanoi pour consulter la Faculté.
Le 11 septembre 1941, il est nommé supérieur du petit séminaire en remplacement du P. Poulhazan envoyé au poste de Tchouk-shan. Il les exercera cette fonction jusqu'en 1943. En raison des circonstances, à cette date, le petit séminaire est transféré à Fort-Bayard (Sai-ying), alors concession française. Le P. Boulay reste alors à Pakhoi, faisant fonction de curé de la cathédrale. En 1945, après la défaite du Japon, il passe quelques mois dans l'île de Waichow pour reprendre contact avec la population chrétienne, abandonnée depuis cinq ans, et il s'appliqua à reconstituer les registres brûlés pendant l'occupation japonaise.
À la mi-juillet 1946, il accompagne son évêque en tournée pastorale dans l'île de Waichow. Le voyage en jonque est dangereux et très pénible. Rentré à Pakhoi, se sentant affaibli, il s'installe à l'évêché. C'est là qu'il décède presque subitement au matin du 22 août 1946, à sept heures trente. Ses obsèques sont célébrées par Mgr Deswazières, en présence d'une dizaine de missionnaires et d'une nombreuse assistance.
Nécrologie
[3393] BOULAY Pierre (1903-1946)
Notice nécrologique
En quelques heures la mort a arraché M. Boulay à notre affection et l’a couché en un coin de terre chinoise, loin de sa patrie, loin des siens et de sa chère maman surtout dont il nous pariait si souvent. Succombant en pleine fleur de l’âge, il offrit sa mort comme complément nécessaire au sacrifice qu’il’ avait accepté à vingt ans, en consacrant sa vie au service des missions.
Depuis quelque temps déjà, M. Boulay se sentait faiblir. Le 10 juillet, il alla voir le médecin qui diagnostiqua une faiblesse excessive, et lui conseilla le repos. Cependant vers la mi-juillet, son Supérieur devant se rendre en tournée pastorale dans l’île de Waichow, notre confrère tint à l’accompagner, malgré la perspective d’un voyage fatigant et d’un ministère particulièrement pénible en cette saison. C’est à cette occasion que la maladie qui devait l’emporter se déclara. Connaissant le motif qui l’a poussé à suivre son évêque, on ne peut qu’admirer l’étonnante vertu de l’apôtre qui accepte le sacrifice par amour : « Je n’aurais pas dû aller à Waichow, disait-il, mais que voulez-vous, je ne pouvais pas laisser M. Duval seul confesser plusieurs centaines de personnes. »
Effectivement, le voyage en jonque fut un supplice pour lui. Revenu à Pakhoi, il voulut quitter le presbytère et vint s’installer à l’évêché où il escomptait pouvoir se reposer, loin des préoccupations absorbantes de son ministère paroissial. Mais dès le début de son séjour à Pakhoi, il eut le pressentiment de sa mort prochaine. Il en entretenait presque tous les jours son entourage. La mort, on peut le dire, il l’appelait de tous ses vœux. Hélas, elle vint brutale, rapide comme un éclair, alors que personne n’y pensait, car pas un de ses confrères ne le croyait vraiment malade. Durant le mois qu’il passa à l’évêché, il a mené la vie normale d’un apôtre fatigué par son travail, anémié par plusieurs années de privations et de difficultés de toutes sortes. Tous les matins jusqu’à l’Assomption, il célébra la sainte messe, consacrant ensuite le meilleur de son temps à la prière, à l’étude et à d’agréables conversations avec les missionnaires. La célébration de la messe le fatiguait ; il y re¬nonça à partir de l’Assomption et s’en trouva légèrement mieux ; la respiration que le moindre effort rendait difficile, subit une nette amélioration, si bien que nous espérions un prompt rétablissement. Lui-même y crut certainement, car les 19 et 20 août, il faisait transporter ses livres et son linge à l’évêché dans l’espoir de préparer ses bagages, car une fois suffisamment rétabli, il comptait rejoindre Fort-Bayard, poste auquel son Supérieur l’avait provisoirement nommé.
Le 21, il disait : « Si je dois quitter ce monde, gardez-moi près de vous, je veux y mourir. Si je dois vivre encore, emmenez-moi à l’hôpital. » Puis son esprit se reportait vers sa chère Normandie, vers son père et sa mère. « Que dirait maman si elle me voyait en cet état ? » Les larmes aux yeux, il s’absorbait dans ces pensées, le regard lointain… Son cœur était avec ses bien-aimés parents. Ses confrères essayaient de le persuader que sa vie n’était pas en danger, et le malade leur répondait par un sourire d’une étonnante douceur. Hélas, il voyait juste, la mort ne devait pas tarder.
Ce soir-là, vers 21 h. 30, il m’appela de sa chambre. J’y courus : il était assis sur une chaise, près de son lit. Vite je lui appliquai sous le nez un tampon de coton imbibé d’alcool : il respira longuement, puis me conta l’accident. Au moment de se coucher, il avait eu un évanouissement et un instant après il avait pu se relever seul, s’asseoir et m’appeler. Je le conduisis dans une chambre voisine où je lui préparai tout ce dont il pouvait avoir besoin durant la nuit. Il me remercia, plaisanta longuement et me demanda de revenir le voir le lendemain avant sept heures. Je m’y rendis une première fois à 5 heures. Il venait de se réveiller ; la nuit avait été excellente, la journée s’annonçait bonne. Je lui fis porter une tasse de café bouillant. Je le revis à 6 h. 30. « Ce café m’a fait du bien », me dit-il. S’il n’y a pas de complications, lui dis-je, à la mi-septembre vous serez complètement guéri et le 1er octobre vous pourrez certainement partir en France. Souriant, il me regardait sans mot dire, une joie mystérieuse éclairait son visage. A 7 h., on lui apporta son petit déjeuner et je lui demandai s’il désirait se lever et regagner sa chambre. Il se leva seul, vint tout joyeux jusqu’à son bureau et s’y assit. Un instant après, brusquement, je le vis renverser la tête sur le dossier de la chaise, ses yeux louchaient horriblement, la figure était livide. Je fis appeler Monseigneur qui arriva immédiatement. M. Boulay reprit très vite connaissance et dit qu’il se sentait très faible. Je lui présentai de nouveau son déjeuner, mais il préféra se coucher d’abord et me demanda de le soutenir. Nous n’avions pas fait deux pas qu’il eut un nouvel accès plus fort que le précédent. Le Vicaire apostolique prévenu revint en toute hâte près du malade. Le danger est grave. Le médecin est appelé d’urgence. Entre temps, notre cher confrère entr’ouvre les yeux et demande à Son. Excellence de lui administrer les derniers sacrements. Immédiatement après, M. Boulay paraissait devant le divin Juge, le 22 août 1946, le jour même de la fête du Cœur Immaculé de Marie.
Les obsèques ont été célébrées par Mgr Deswazières, en présence d’une dizaine de missionnaires venus pour la retraite annuelle et d’une nombreuse assistance. Les chrétiens des postes où est passé M. Boulay ont demandé plusieurs messes pour le repos de son âme. Le souvenir du cher défunt, prématurément disparu, restera longtemps vivant dans le cœur de tous les missionnaires de Pakhoi.
Références
[3393] BOULAY Pierre (1903-1946)
Références bibliographiques
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EC1 N° 111. 179. 183. 407. 411. 448.