Justin CHATELAIN1905 - 1983
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3418
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1930 - 1931 (Guangzhou [Canton])
- 1934 - 1939 (Guangzhou [Canton])
Biographie
[3418] CHATELAIN Justin est né le 25 mars 1905 à Charmauvillers (Doubs).
Admis aux MEP le 8 août 1925, il est ordonné prêtre le 29 juin 1930 et part le 8 septembre suivant pour la mission de Canton (Chine).
Après s’être initié au chinois à Canton, il doit rentrer en France en raison de son état de santé en 1931. De retour dans sa mission en 1934, il est envoyé à Shameen, dans la concession internationale. En 1938, il est chargé du poste de Fat-Shan.
Rentré en France en raison de son état de santé, il s’installe à Sarrance, dans les Pyrénées-Atlantiques (1940), puis il travaille au service des vocations, à Beaugrand (1945). Il est ensuite nommé aumônier à Barbezieux en Charente (1950), vicaire à Paris (1958), aumônier de l'hôpital Pasteur (1968), et se retire enfin à Montbeton (1980).
Il meurt le 6 janvier 1983 à Montbeton.
Nécrologie
[3418] CHATELAIN Justin (1905-1983)
Notice nécrologique
1. Né le 25 mars 1905 à Charmauvillers, diocèse de Besançon, Doubs
2. Grand séminaire de Faverney : 1923-1925
3. Entré aux Missions Étrangères le 15 septembre 1925
4. Prêtre le 29 juin 1930 — Destination pour Canton (Chine)
5. Parti le 8 septembre 1930
6. En Mission : 1930-1931, puis 1934-1939
7. En France : 1932-1934, puis 1939-1983
8. Décédé à Montbeton le 6 janvier 1983
9. Inhumé à Montbeton le 8 janvier 1983
1. Enfance et jeunesse
Justin Chatelain naquit à Charmauvillers, le 25 mars 1905, dans une famille très chrétienne qui devait compter dix enfants. Après ses études primaires à Charmauvillers, il entra au petit séminaire de Maîche (1918-1923). Dès cette époque, il avait la ferme résolution de devenir prêtre missionnaire. C’est pourquoi il se dirigea d’abord vers le grand séminaire de Faverney, afin d’y étudier plus mûrement sa vocation. A la fin de sa deuxième année de philosophie à Faverney, il fut admis aux Missions Étrangères le 8 août 1925 et entra au séminaire le 15 septembre. Ordonné prêtre le 29 juin 1930, il reçut sa destination pour la Mission de Canton, pour laquelle il partit le 8 septembre 1930.
En mission
Arrivé à Canton, le P. Chatelain se mit à l’étude du chinois avec toute l’ardeur qui le caractérisait. Malheureusement, sa santé donna très vite des inquiétudes sérieuses. Une consultation médicale approfondie montra qu’il était atteint de tuberculose et qu’un retour en France s’imposait. Arrivé à Marseille, le 25 décembre 1931, il fut d’abord soigné à Cambo, dans les Pyrénées-Atlantiques, puis à Thorenc, au sanatorium du clergé. L’année 1932 lui fut bénéfique. Le P. Chatelain se croyant guéri demanda à repartir en mission. Mais le docteur, plus prudent que lui, lui imposa encore un an en France. Il passa l’hiver à Pau. Ce n’est que le 15 octobre 1934 qu’il obtint le « feu vert ». Le 16 novembre, il s’embarquait à Marseille, tout joyeux de pouvoir regagner sa mission de Canton.
Arrivé à Canton, son évêque, Mgr Fourquet, le nomma à Shameen, un poste relativement facile, dans la concession internationale. Tout en se remettant au chinois, il exerça son apostolat avec ardeur. Excellent musicien, il organisa une chorale avec beaucoup de succès. Même des non-pratiquants venaient à l’église pour écouter les chants. Dans la concession internationale, la langue courante était l’anglais. Le P. Chatelain faisait donc ses homélies en chinois et en anglais. Il devait rester dans ce poste jusqu’au mois de mai 1938. C’est alors que lui échut le poste de Fat-Shan (la montagne du Bouddha), une ville d’environ 600.000 habitants, au sud de Canton. A la fin du XVIIe siècle, les Jésuites y comptaient 10.000 chrétiens. A son arrivée, le P. Chatelain n’en trouva qu’une centaine environ, sans même d’église convenable. Cette situation n’était pas pour le décourager ou briser son zèle. Il se mit à l’œuvre de tout cœur et envisagea même de construire une église. Mais, une fois de plus, ses forces le trahirent. Il retomba malade et dut partir pour Hongkong, le 18 octobre 1938. Le diagnostic du docteur fut sans ambiguïté : c’était une rechute de tuberculose. On lui suggéra d’aller au Yunnan où le climat est très bon. Il préféra rester à Hongkong. Un mieux réel se fit sentir. Cependant, ce n’était pas la solution. Il fallut envisager encore un retour en France. Il s’embarqua donc pour Marseille, le 22 septembre 1939. De Marseille, il se rendit à Sarrance dans les Pyrénées-Atlantiques, chez des amis, M. et Mme Chastang. Mais le climat humide ne lui est pas favorable. En 1940, il vient à Montbeton pour quelques mois, puis se sentant mieux, il repart pour Sarrance. Il s’active au service des vocations dans tout le Sud-Ouest, prêche, donne des conférences sans relâche. En 1945, il écrit à Mgr Fourquet pour lui demander de revenir à Canton. Avec la difficulté des communications, il ne peut s’attendre à recevoir une réponse rapide. Donc, en attendant un départ éventuel, il vient s’installer à Beaugrand et se donne très activement au travail d’information et de recrutement dans toute la région. Trop activement même, car, au mois de juin 1949, il fait une rechute grave et doit être hospitalisé à Lyon. De là, il est obligé de retourner au sanatorium de Thorenc. Il subit une première intervention à Nice, le 5 janvier 1950, puis retourne à Thorenc. Nouvelle intervention grave, le 31 janvier 1952, et retour à Thorenc où il poursuit sa convalescence. Son état s’améliore ; il va en repos chez ses amis à Sarrance. C’est à cette époque qu’il fut pendant un certain temps aumônier à Barbezieux, en Charente. Au mois de juin 1957, il prêche la retraite d’ordination à Bièvres. En 1958, il prend du ministère à la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Grenelle à Paris. Il y restera au moins dix ans, laissant un souvenir inoubliable. Il s’occupe, en particulier, du catéchuménat des adultes. Mais les autres activités de son ministère sont nombreuses. Ses directions, en particulier, sont très appréciées, car, tout en étant accueillant et compréhensif, il sait susciter l’esprit surnaturel et donner des directives claires et même exigeantes. C’est dans cette paroisse qu’il reviendra en 1980 pour fêter son jubilé d’or sacerdotal.
En 1968, à la suite d’un infarctus sévère, il sent le besoin d’un ministère un peu moins lourd. C’est alors qu’il est nommé aumônier de l’Hôpital Pasteur, où il exerça un ministère très apprécié et cela malgré une santé toujours chancelante et diverses interventions chirurgicales.
En septembre 1980, il demande à être relevé de son poste et il se retire à Montbeton où il mourut subitement dans des circonstances extraordinaires. Depuis plusieurs semaines, il souffrait de névralgies à la tête. Seul le traitement par l’acupuncture semblait lui être bénéfique. Donc, le 6 janvier 1983, on l’avait conduit chez l’acupuncteur. Et c’est pendant la séance, vers 16 h 30, que le P. Chatelain est décédé. Massages cardiaques, piqûres : tout fut essayé immédiatement pour le ranimer, mais en vain. Son âme avait quitté son corps fragile pour rejoindre le Seigneur.
Telles furent les étapes de la vie du P. Chatelain, cette vie qui fut jusqu’au bout un véritable chemin de croix. Entre 1934 et 1982, il ne subit pas moins de 31 opérations chirurgicales, sans compter son infarctus de 1968 et de multiples autres misères ! Mais rien ne put abattre son courage ni son zèle à Canton comme en France. Avec une pointe d’humour, il disait au jour de son jubilé sacerdotal : « Mon lot fut la maladie : c’est sans doute de cette manière aussi que le Seigneur a voulu m’associer au travail de la mission. »
Au point de vue spirituel comme au point de vue naturel, il n’y a pas de « génération spontanée ». La qualité de la vie du P. Chatelain s’enracine dans un « humus » chrétien très profond. De sa famille foncièrement chrétienne il avait reçu tout un patrimoine spirituel. Il aimait raconter que sa grand-mère paternelle s’était mariée à 34 ans, sur les conseils du Curé d’Ars qu’elle était allée consulter. On comprend les hésitations de cette jeune femme, car son futur époux avait plus de 60 ans ! Le Seigneur bénit cette union. Pendant la persécution qui sévissait en Suisse dans les années 1874-1875, la maison des grands-parents était devenue le refuge de tous les prêtres traqués. « Le Seigneur a béni cela et il nous l’a rendu en appelant à la vie sacerdotale ou religieuse une dizaine de jeunes de notre famille. » Au jour de son jubilé sacerdotal, le P. Chatelain disait encore : « Il y avait dans de nombreuses familles du Haut-Doubs des traditions et une vie de foi qui remontaient loin dans le passé. Le chapelet était récité en famille ou dans une ancienne et fort belle chapelle : Notre-Dame du Bief d’Etoz. Le prêtre faisait partie de notre vie. Ce fut tout cet ensemble qui fut la source d’appels au sacerdoce ou à la vie religieuse en des directions diverses dans l’Église, soit dans le diocèse, soit pour les Missions. » Le P. Chatelain portait donc en lui tout un patrimoine spirituel qui explique et sa vocation et son action.
Ce patrimoine spirituel et ses dons intellectuels, il les a mis en valeur jusqu’à la limite de ses forces.
Il a mis en valeur ses dons intellectuels : dans sa lettre de recommandation, le Supérieur du séminaire de Faverney écrivait : « Justin Chatelain est un excellent sujet sous tous les rapports, je puis même dire, le premier de sa classe. » Le professeur de dogme, à la Rue du Bac, disait de son côté : « De tous les élèves que j’ai vu passer dans ma classe durant mes années de professorat, les Pères M. Quéguiner et Justin Chatelain étaient les plus brillants. » Par tempérament, le P. Chatelain aimait l’étude, car il avait compris que l’action connaîtrait le risque de dévier si elle n’était pas fondée sur le patient labeur de la pensée. C’était un homme de réflexion. Aucun problème d’Église ne l’a laissé indifférent : théologie, pastorale, catéchétique. Mais il n’était pas à la remorque de la dernière idée du jour. Soucieux d’une orthodoxie sans concession, il savait critiquer ce qui était critiquable dans les multiples publications dont nous sommes « inondés », garder l’une ou l’autre idée intéressante ou utile pour son ministère, mais rejetant tout ce qui lui paraissait aventureux ou inexact, et cela afin de rester lui-même et de conduire les âmes qui lui étaient confiées dans la rigueur de l’enseignement de l’Église. Dans toutes ses études, il avait une préférence pour la Sainte Écriture. Il avait même traduit les Psaumes à partir de l’hébreu. Aussi son enseignement était-il solide. De multiples témoignages l’attestent : « Sa parole et son action partaient de l’essentiel pour conduire à l’essentiel (témoignage d’un paroissien du 15e). « L’Évangile, chaque jour redécouvert dans sa profondeur, était sa ligne de conduite. » Il étudiait, non pour étudier, mais pour s’enrichir et être en mesure de donner aux autres ce qu’ils attendaient de lui. Et ces « autres » étaient nombreux, car il recevait de nombreuses visites. Pour tous et chacun, il était toujours disponible. Les limites de son dévouement paraissaient inexistantes. « Son entière disponibilité en toutes circonstances était le trait essentiel de sa personnalité. » « Tous ceux qui l’ont approché ont été marqués par la densité de sa présence humaine et sacerdotale. » Il disait lui-même : « Un prêtre doit avoir toujours présente à l’esprit la dimension spirituelle de chaque homme. » Il résumait lui-même sa ligne de conduite de la façon suivante : « Présent à tous, accaparé par personne pour être disponible à chacun. » Bon et indulgent, ne gémissant jamais sur ses misères physiques ou ses difficultés, il était heureux dans le service des autres qui ne fait qu’un avec le service de Jésus-Christ. C’est pourquoi, à travers l’écorce d’une certaine réserve et de propos parfois entiers, voire cassants, le « courant » passait. Et nombreux étaient ceux qui venaient auprès de lui pour chercher Dieu.
Il va sans dire que sa vie sacerdotale s’appuyait sur une vie de prière intense. Il avait un culte très fervent pour la Vierge Marie. Toute sa vie a été en quelque sorte consacrée à la Sainte Vierge. Il était né le 25 mars, jour de l’Annonciation. Il partit en mission, le 8 septembre, sous l’égide de la Vierge Marie. Cette mission ne s’est pas réalisée comme il l’espérait en quittant la France, pour la première fois. Mais aussi bien à Canton qu’en France, ce fut toujours la même mission sacerdotale au service de Jésus et de Marie.
La grande leçon de la vie du P. Chatelain, c’est de nous montrer les merveilles que le Seigneur peut accomplir par quelqu’un qui se donne sans réserve à son amour et à sa grâce. Dans la faiblesse de ce prêtre maladif, Il a déployé sa force.