Vincent MILLACET1906 - 1991
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3442
Identité
Naissance
Décès
Charges
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1931 - 1939 (Chongqing [Chungking])
Biographie
[3442] MILLACET Vincent est né le 6 décembre 1906 à Tardets-Sorholus (Pyrénées-Atlantiques).
Admis aux MEP en 1929, il est ordonné prêtre le 29 juin 1931 et part le 7 septembre suivant pour la mission de Chungking (Chine).
Après avoir étudié la langue à Chungking et à Ho-tcheou, il est chargé du district de Nan-tchouan (1936).
En 1939, il est mobilisé en France puis il est professeur à Beaupréau ( ??-1945), directeur de la maison de Beaugrand (1947-1961), et supérieur du sanatorium de Montbeton. dates
Il se retirer enfin à Tardets, où il meurt le 18 décembre 1991.
Nécrologie
Vincent MILLACET
1906 - 1991
MILLACET Vincent, Philippe
Né le 6 décembre 1906 à Tardets-Sorholus (Pyrénées-Atlantiques) au diocèse de Bayonne
Entre au séminaire des Missions Étrangères le 6 septembre 1929
Ordonne prêtre le 29 juin 1931
Parti pour le vicariat apostolique de Chongking au Sichuan (Chine) le 7 septembre 1931
Rentré malade en France le 12 novembre 1938
Affecte à la maison de Beaugrand en 1947, et à celle de Montbeton en 1961
Retiré à Tardets en 1969, et y décède le 18 décembre 1991
Le 29 juin 1931, le supérieur général des Missions Etrangères de Paris donnait leur destination à seize jeunes missionnaires. Parmi eux, M. Vincent Millacet, envoyé en Chine à la mission de Chongking. Chongking, pays d’adoption, sera-ce pour lui effectivement terre promise ou terre meurtrière ? Cette seconde patrie sera-t-elle pour lui pays de concorde et de paix, ou bien de désastre et de mort ? La province du Sichuan est certes vouée à un bel avenir : le gouvernement de Nankin rêve pour elle d’une large industrialisation, que favorise la richesse d’un sous-sol recelant en abondance pétrole et minerais des plus variés ; d’autre part, sa fertilité peu commune lui fournit très largement de quoi faire subsister ses 60 millions d’habitants, main-d’œuvre inépuisable, sobre, dure à la peine, qui ne demande que du travail. Il y a là un ensemble d’attraits puissants, irrésistibles, pour des capitaux jusque là inactifs. Pays de rêve donc, le succès y est, semble-t-il, assuré, pourvu que la paix puisse y être maintenue. Car c’est là le point noir : les armées communistes sont toujours là, menaçantes ; bloquées par les neiges pendant de longs mois, elles repasseront à l’offensive dès qu’auront reparu les premiers beaux jours.
Le P. Millacet, jeune prêtre, ne faisait certes pas partie de ce qu’en termes économiques on appelle des « capitaux inactifs », en quête d’intérêts puissants. Lui tenir ce langage n’eut sans doute pas eu l’heur de lui plaire. Son supérieur de séminaire à Bayonne, M. Candau, en l’introduisant auprès des Missions Etrangères, ne le disait-il pas, le 20 mars 1929, séminariste très sérieux, d’une piété solide, préoccupé de vie intérieure ?
Né au cœur du pays basque, à Tardets-Sorholus, le 6 décembre 1906, dans un foyer comptant trois enfants – deux garçons et une fille – où l’on priait en famille, Vincent ressentit très tôt le désir de devenir prêtre. Rien d’étonnant à cela : il n’eut chez lui que de bons exemples. Ses parents, François, le père, exerçant la profession de peintre, et la mère, Gracianne Caubet, étaient commerçants, et tout prêts à donner un fils à l’Église. Le clergé paroissial encouragea cette volonté d’un enfant qui savait déjà ce qu’il voulait. Sa voie était toute tracée. Plus tard, quand il pensera sérieusement à un apostolat lointain, faisant sa demande d’admission au séminaire de la rue du Bac, il écrira : « Du côté de ma famille, je ne rencontre pas d’obstacle. Ma mère est évidemment bien affectée, mais comme elle est foncièrement chrétienne, et la grâce de Dieu aidant, elle consentira au sacrifice. Je lui laisse une sœur et un frère moins âgés que moi. »
Avant d’en arriver là, il fait son école primaire à Tardets, va au collège de Mauléon pour ses études secondaires, et n’éprouve aucune difficulté pour s’adapter aux professeurs plus exigeants, aux programmes plus chargés, à la discipline plus sévère. Et c’est tout naturellement qu’il prend ensuite le chemin du grand séminaire de Bayonne, où il fait deux ans de théologie avant de postuler une place aux Missions Étrangères. La conquête missionnaire était alors dans tous les esprits, et comme plusieurs de ses devanciers, il se montre désireux de consacrer son avenir aux missions. Il dira dans sa lettre aux supérieurs de Paris qu’il y songe depuis la fin de ce qu’il appelle son « service militaire » – en fait, c’est un service civil qu’il fait à Damas, comme détaché au collège des lazaristes –, et, précise-t-il, « la retraite du début de cette année a été décisive ». Il poursuit : « Ma santé ne laisse en rien à désirer ; j’eus en rhétorique une pneumonie dont je puis dire, en toute vérité je crois, que je ne me ressens plus. » Et il joint le certificat médical que lui a remis à Tardets peu auparavant le Dr Constantin, qui déclare « n’avoir découvert chez lui aucune atteinte d’une affection quelconque qui puisse entraver son activité normale dans son ministère ». Aucune objection non plus de la part de Mgr Gieure, évêque de Bayonne, « qui ne fait jamais la moindre opposition à un désir de ce genre, alors même que le diocèse aura payé pendant plusieurs années les frais d’étude du jeune aspirant ». La route est donc libre vers les grands espaces, que lui ouvrent l’ordination du 29 juin 1931, et la destination donnée le soir même pour la vaste Chine. Il embarque le 11 septembre sur le « d’Artagnan » rêvant peut-être de mener là-bas la vie d’un mousquetaire du Christ.
Le voilà à pied d’œuvre, et pour l’étude de la langue Mgr Louis Jantzen le confie au supérieur des petits et grands séminaires, le P. Joseph Bourgeois, qui le forme sur le tas, le rendant vite capable de prendre du service actif. Dès la fin de 1932, il est chargé de la paroisse de Hotchéou, où il perfectionne son chinois tout en s’habituant à la pastorale, et où il ouvre un dispensaire. La guerre civile fait déjà rage du nord au sud de la province, et la situation des missionnaires n’est guère satisfaisante. « Plusieurs de nos confrères, écrit Mgr Jantzen à cette époque, ont vu leur santé particulièrement ébranlée... même parmi les jeunes, dont les santés fragiles demanderaient des ménagements et des soins, qu’ils s’interdisent de prendre, poussés par le scrupule de ne pas faillir à leur tâche ». Tel devait bien être le cas de notre P. Vincent, qui est appelé pour quelques mois à un poste professoral au petit séminaire, et tient le coup contre vents et marées, tellement bien même qu’au début de 1936, il est jugé apte à prendre possession du district de Nantchouan. Non, ce n’est pas un titre de gloire personnelle, ce n’est pas pour le placement d’un capital à faire fructifier que le P. Millacet est parti pour Chongking, mais par vocation, pour répondre à l’appel de l’Esprit. Car ses ouailles ne sont pas, loin s’en faut, des parangons de vertu. Une relation de cette même année les décrit « en grande majorité depuis longtemps adonnées à l’opium », mais sous son influence, elles semblent vouloir se corriger. Non sans optimisme, on n’en veut pour preuve que « l’assiduité aux offices marque déjà un progrès sensible, et dans un an ou deux, ce mal si désastreux, qu’avait favorisé la culture intensive du pavot, aura complètement disparu ». Et en conclusion, le rapport ajoute : « Voilà déjà une première et grande consolation qu’a recueillie notre confrère après six mois de patients efforts. »
Mais là n’est pas la seule activité du P. Millacet, qui d’ailleurs n’a pas tout loisir de travailler comme il le voudrait. Il a auprès de lui, afin déjà de l’initier au ministère, le jeune P. Xavier Prat, pour lequel il construit une église neuve dans son importante chrétienté. On la bénira en grande pompe en 1937, au cours d’une fête qui fit date, et pendant les journées suivantes, note un chroniqueur, « l’affluence des chrétiens ne diminua pas, malgré le mauvais temps ; ces braves gens étaient vraiment à la joie d’avoir enfin cette église, dont ils rêvaient depuis de longues années, aussi élégamment que solidement construite par le P. Millacet. » Cela suffirait, pensons-nous, à remplir bien des journées, mais il y a encore les œuvres caritatives dont il s’occupe activement, et en particulier l’accueil des réfugiés de la guerre, qui affluent plus que jamais maintenant que Chongking, par la force des choses, joue le rôle de capitale, abritant en ses murs l’ensemble des ministères et la présidence de la République. En même temps, le père entreprend, au plan du vicariat, l’organisation de groupements de jeunesse catholique. Il suscite notamment la mise en route d’une dizaine de groupes de « croisade eucharistique », dont il est nommé aumônier général, assurant entre autres, non sans succès, la diffusion d’un bulletin mensuel, et le lancement d’un congrès très réussi à l’occasion de la fête du Saint-Sacrement.
Au décès du P. Urbain Claval, provicaire, en 1938, il est désigné pour le remplacer dans ses fonctions, mais c’est alors que la maladie s’abat sur lui sans crier gare. Ou plutôt, une mauvaise toux à laquelle il n’a pas prêté attention depuis deux ans, et dont il n’arrive pas à se débarrasser, l’oblige à rentrer en France, et l’on espère que l’air des Pyrénées et les soins de sa maman vont bientôt lui permettre de rejoindre son poste. Les hommes proposent, Dieu dispose ; on l’attendait là-bas à l’automne 1939, mais au lieu de cela il est mobilisé dès le début de septembre, fait une rechute grave, et doit regagner sa famille pour s’y faire à nouveau soigner. Puis c’est la guerre, ce qui va compromettre définitivement son retour en Chine. C’est le moment où la Société éprouve des difficultés à trouver des professeurs pour ses différentes maisons ; malgré sa santé déficiente, il se présente spontanément et est nommé à Beaupréau ; cependant, une broncho-pneumonie l’empêche d’y rester longtemps, et c’est le pays basque qui va le remettre en forme, suffisamment pour prendre du service à l’école Saint-Sauveur de Tardets, qui manquait aussi de personnel. Plusieurs générations d’enfants du lieu l’ont bien connu et apprécient encore la manière dont il alliait la gentillesse à la fermeté.
La guerre terminée, il fut affecté un temps à l’aumônerie des sœurs des Missions Étrangères en leur résidence de La Motte, avant de prendre charge temporairement, en 1947, de la maison de Beaugrand, à Saint-Jean-la-Bussière, non loin de Lyon, où il s’occupe notamment du « noviciat » des frères de la Société. C’est de là qu’il put se rendre aux funérailles de celui qui, en Chine, avait été son évêque, Mgr Jantzen, décédé en 1953 lors d’un séjour en France.
Les années s’écoulent sans que rien ne fasse présager le brusque changement qui allait survenir dans sa vie quand, soudainement, le P. Philippe Carriquiri, supérieur de Saint-Raphaël à Montbeton, vient à mourir d’une crise cardiaque le 23 décembre 1960. C’est au P. Millacet que l’on pense pour prendre la relève. Il arrive sur place pour la clôture de la retraite, le 2 février 1961. Là, durant de longues années, il se dévouera au service des confrères âgés, qui restent solidaires, dans la méditation et la prière, de l’œuvre commune de ceux qui sont en mission. Ceux-là même en ont d’ailleurs bien conscience, ils le disent et l’écrivent. Ainsi, de Chongking même, ce témoignage qui remonte à 1939, et fait allusion à deux confrères qui, « retirés l’un et l’autre à Montbeton depuis plusieurs années, nous aident de toute la ferveur de leurs prières ; et les mérites que leur valent les dures infirmités de l’âge vaillamment supportées, nous sont pleinement acquis ». Ce sera là désormais l’activité missionnaire du P. Millacet ; offrant ses souffrances et celles des autres, dans la prière et la charité, il a continué de participer activement au grand œuvre apostolique. L’encyclique que Jean-Paul II consacre à la mission l’indique en termes clairs : « Parmi les formes de participation, la première place revient à la coopération spirituelle, prière, sacrifice, témoignage de vie chrétienne. » Tout l’effort réclamé en ces circonstances constitue un progrès vers la sainteté, laquelle est, dit-elle, « un fondement essentiel et une condition absolument irremplaçable pour l’accomplissement de la mission de salut de l’Église ». Cette tâche fut la sienne jusqu’en 1969, quand devenue trop lourde pour lui, il demanda d’en être déchargé, ce que lui accorda le Conseil le 7 janvier ; en mars, le P. Émile Dewonck le remplaçait.
Après ces huit années bien employées tout à la fois à diriger et administrer la maison de retraite, et surtout à en consoler, soulager et réconforter les hôtes marqués par une longue et dure existence missionnaire, le P. Millacet retrouve, en même temps que le pays de sa jeunesse qu’il n’a cessé d’aimer, un repos dont sa santé ébranlée avait bien besoin. Mais il n’est pas d’un tempérament à rester oisif, et un an s’est à peine écoulé qu’il envisage déjà de remettre la main à la pâte. Une lettre de Mgr Jean Rhodain, secrétaire général du Secours catholique, sollicite son concours pour l’aumônerie de la Cité Secours de Lourdes. Comme il se sent en meilleur état, il n’hésite pas, et avec la bénédiction du P. Maurice Quéguiner, supérieur général, accepte de faire un essai. Celui-ci n’est cependant pas concluant, il s’en rend compte et en tire la conséquence : « J’ai loyalement essayé de m’adapter à ma nouvelle charge, mais depuis un mois passé, je sens de plus en plus qu’elle me dépasse », écrit-il en demandant d’en être relevé, « avant le gros afflux des pèlerinages d’été ». Et c’est le retour, pour de bon cette fois, au village natal. Il ne s’y laisse pas pour autant aller au farniente, mais consacre ses loisirs forcés comme « aumônier à temps plein » des personnes âgées et des patients, ainsi que de la communauté des sœurs franciscaines qui les héberge. Outre cette présence, il rend service à la paroisse et dans les environs, et accepte même de présider le « Leheneko Gaztiak », le club des anciens de Tardets qui vient de naître.
Et les années s’écoulent, comme les eux de la Soule proche, ponctuées seulement par les divers incidents de la vie quotidienne, qui prennent parfois le visage d’un bonheur simple, mais parfois aussi le masque de la douleur. En octobre 1979, la disparition de son frère Pierre l’affecte particulièrement. Toujours, il reste accueillant à tous ceux qui viennent le voir. Les confrères de la « diaspora » des pays basque et environnants se souviennent de la fête qu’il leur réserva, le 2 septembre 1982, lors de leur réunion dans son fief, et de la façon royale dont il les traita au restaurant des Platanes, dont son neveu Bernard est le patron.
Une autre rencontre semblable était au programme de février 1985, mais ne put se réaliser, en raison d’un malaise que le père venait d’avoir. À Noël de la même année, il donne de ses nouvelles au P. Jean-Pierre Morel, le délégué du supérieur des Missions Étrangères : « Je garde la chambre à l’hôpital à la suite d’un infarctus que j’ai eu le mois dernier. Avec l’hémiplégie du côté droit, ça ne laisse pas beaucoup d’espoir ! À la grâce de Dieu ! » Mais la conclusion qu’il semble quelque peu redouter, tout en s’en remettant à la miséricorde divine, n’est pas encore de mise. C’est comme un jeu dont il serait l’otage : tout-à-coup, sa santé flanche, pour s’améliorer doucement par la suite. En septembre 1987, il est victime d’une attaque, et devient passablement dépendant ; mais la directrice de la maison Saint-Joseph décide de le garder. Il s’en remet encore, mais juge à partir de ce moment-là n’avoir plus le dynamisme suffisant pour vaquer aux besoins de ceux qui l’entourent, et dès lors prend définitivement sa retraite auprès de ceux-là même dont il fut l’aumônier souriant et apprécié. Bientôt, il ne sortira plus de sa chambre, où sa sœur vient chaque jour lui tenir un brin de compagnie, mais il a récupéré suffisamment pour tenir à la vie : bien calé dans son fauteuil, c’est avec joie qu’il participe à la conversation de tous ceux qui lui font l’amitié d’une visite.
Celle qui lui aura procuré le plus de plaisir est sans doute aucun celle qu’il recevra ce 18 décembre 1991, quand le Seigneur lui-même viendra le prendre par la main, pour le conduire au séjour de l’éternelle béatitude.
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Références
[3442] MILLACET Vincent (1906-1991)
Références biographiques
AME 1931 p. 178. photo p. 229. 1938 p. 86. 184. CR 1931 p. 275. 1932 p. 79. 1936 p. 50. 51. 1937 p. 51. 1938 p. 55. 56. 1939 p. 52. 1948 p. 147. 1957 p. 91. 1960 p. 98. 1961 p. 96. 1962 p. 108. BME 1929 p. 448. 1931 p. 692. 851. photo p. 823. 1936 p. 278. 1937 p. 346. 860. 1938 p. 251. 534. 685. 1939 p. 881. 1940 p. 484. 1950 p. 698. 1953 p. 803. 1961 p. 238. 1932 photo p. 613. EPI 1962 p. 85. R.MEP n°115 p. 46. Hir n°114 p. 2. 126 - 146 p. 3. - 147 p. 3. - 160. - 175 p. 2. - 203 p. 3. - 213. EC1 N° 176. 224. 228. 390. 409. 468. 485. 544. 651. 692. 733. NS. 16P34. 17P65. 135/C3.