Georges POUVREAU1905 - 1938
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3454
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1932 - 1938 (Anlong [Lanlong])
Biographie
[3463] POUVREAU Georges est né le 7 décembre 1905 à Paulx (Loire-Atlantique).
Admis aux MEP en 1925, il est ordonné prêtre le 29 juin 1932 et part le 9 septembre suivant pour la mission de Lanlong (Chine).
Après avoir étudié le chinois à l’évêché, il est affecté au poste de Ouang-mou et se donne avec zèle à sa tâche missionnaire.
Il meurt le21 octobre 1938 à Ouang-mou, emporté par la fièvre paratyphoïde.
Nécrologie
M. POUVREAU
MISSIONNAIRE DE LANLONG
M. POUVREAU (Georges-Jean-Marie), né le 7 décembre 1905 à Paulx, diocèse de Nantes (Loire-Inférieure). Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 11 septembre 1925. Prêtre le 29 juin 1932. Parti pour Lanlong le 9 septembre 1932. Mort à Ouangmou le 27 octobre 1938.
Le jeune confrère dont nous pleurons la mort naquit le 7 dé¬cembre 1905, à Paulx, en Loire-Inférieure, d’une famille profondément chrétienne. Il connut dès l’âge le plus tendre le bienfait d’une excellente éducation qui avait pour premier principe : faire toujours son devoir.
Par suite de la maladie du chef, la famille Pouvreau connut parfois des moments difficiles et même tomba presque dans la misère. —« Pour nous sauver la vie, racontait le fils « missionnaire, ma mère allait à la ville acheter quelques menues mar¬chandises qu’elle « revendait ensuite de village en village. Voyant que ce petit commerce prospérait, mon père, « malgré sa maladie, se fit épicier ambulant. Un jour un concurrent lui fit remarquer qu’il « revendait ses marchandises à trop bas prix. — « Moi, répondit-il, quand je n’ai besoin que « d’un sou, je n’en demande pas deux ! »
La famille finit par établir une modeste épicerie à la Pate¬lière. Debout au comptoir près de sa mère, Georges faisait les calculs rapidement. Encore quelques années, il saura tenir à la perfection les livres de compte. C’est là sans doute que notre con¬frère prit des habitudes d’ordre, d’économie et de savoir-faire, qui furent comme le trait caractéristique de son caractère.
Nous savons fort peu de chose de sa vie au petit séminaire, à la caserne au Maroc et ensuite à la rue du Bac, si ce n’est qu’il se fit estimer par tous ceux qui l’ont connu.
Parti de Paris en septembre 1932, il arriva à Anlung le 22 novembre suivant, se mit immédiatement à l’étude de la langue chi¬noise qu’il parvint à s’assimiler facilement; et au mois de septem¬bre 1933, il fut envoyé à Ouangmou, où il travailla de tout son cœur à augmenter la vie chrétienne de ses ouailles. D’un tempéra¬ment énergique, M. Pouvreau aimait à faire régner autour de lui, 1’ordre, la justice et la discipline jusque dans les plus petites choses, dût-il pour cela éloigner de lui, pour un temps, ses collabo¬rateurs les plus nécessaires, ses plus intimes amis eux-mêmes. C’est ainsi qu’il remercia presque tout son personnel. Bien que très sévère le jeune pasteur n’empêchait pas les réjouissances de ses fidèles, il les aimait lui-même, mais les voulait complètement religieuses et ne pouvait souffrir tout ce qui paraissait prendre un air trop mondain. S’il y eut des mécontents, ce ne fut pas pour longtemps. Deux ans après, en effet, tout était devenu normal et une vie nouvelle commençait à Ouangmou.
Si M. Pouvreau réussissait à réprimer les abus, il savait aussi poser les assises d’une œuvre durable. Après avoir cherché, cultivé et dirigé l’élite de ses chrétiens, il l’enrôlait dans différentes œuvres pieuses, posant ainsi les fondements de l’Action catholi¬que destinée à transformer peu à peu la masse païenne qui l’entourait. Cette organisation avait été longuement préparée jusque dans les plus petits détails et approuvée par son supérieur avec qui il entretenait une correspondance suivie. Il savait aussi qu’il fallait bien connaître ses chrétiens pour les mieux diriger dans la voie du salut. Placé à la tête d’un district immense, extrêmement montagneux et par le fait difficile, il le parcourut en tous sens, allant à la recherche de la brebis égarée ; ce qui lui permit d’établir avec le plus grand soin un « status animarum » surchargé de renseignements précis.
Dans sa bibliothèque, un roman n’aurait pas trouvé place, seuls de nombreux ouvrages de théologie et de spiritualité en la¬tin, en français ou en chinois, et quelques autres livres y étaient alignés en ordre. Il n’aimait pas les journaux qui, disait-il, font perdre le temps, mais il savait se tenir au courant de toutes les nouvelles par des revues soigneusement choisies. L’emploi de son temps était judicieusement ordonné et sa vie en Mission restait celle d’un excellent séminariste. Quand il devait aller voir un confrère, il s’arrangeait toujours de façon que ses chrétiens n’en souffrissent pas : — « Mes chrétiens d’abord, répétait-il souvent, les « amis et les récréations ensuite ». Sa chapelle se trouvait toujours très propre et ornée avec goût. Les jours de fête, il aimait à rassembler le plus grand nombre possible de chrétiens et célébrait les offices avec toute la solennité dont il était capable.
M. Pouvreau avait une piété solide alimentée par une théo¬logie sûre d’où il excellait à tirer des arguments indiscutables. Les nombreuses notes de spiritualité qu’il a laissées donnent une haute idée de la richesse de cette nature d’élite et sont l’indica¬tion d’une vie surnaturelle intense. Il est toujours resté fidèle à la méditation du matin et à la lecture quotidienne de la Bible qu’il ai¬mait particulièrement à faire : — « C’est curieux, disait-il, on dirait que la Bible « a été écrite pour ces pays-ci ! »
Notre jeune missionnaire, ayant la parole facile, causait à ceux qu’il rencontrait et il arrivait même assez souvent que son interlocuteur n’avait qu’à l’écouter ; c’était parfois prudent, car un mot dit mal à propos, une parole tendancieuse étalent aussitôt relevés, passés au crible d’une critique toujours en éveil à la grande stupéfaction des auditeurs quels qu’ils fussent ; puis la vérité était exposée, claire et nette, péremptoire, suivie d’une pe¬tite excuse la plupart du temps.
Très dévoué pour les malades qu’il s’efforçait de soulager. M. Pouvreau se mettait à la disposition de tous, chrétiens ou païens qui lui demandaient son assistance. Mais s’il se trouvait parfois des gens qui voulaient abuser de sa bonté bien connue dans la région, il s’en retournaient avec les remèdes appropriés et, par dessus le marché, une bonne leçon de politesse. On pourrait soup¬çonner que cette façon d’agir quelque peu brusque ne lui aliénât le cœur des fidèles. Il n’en était rien ; on en eut de multiples preuves, surtout à l’occasion de ses funérailles, où chrétiens et païens pleuraient celui qui leur avait fait tant de bien pendant le peu d’années qu’il avait passées au milieu d’eux.
M. Pouvreau aimait la pauvreté. Il ne portait que des habits de grosse toile pour apprendre à tous ceux qui l’entouraient qu’ils devaient mépriser l’orgueil et la coquetterie. Cet effort continuel pour essayer de modeler les autres sur lui-même lui valut bien de temps en temps quelques petites tracasseries, mais il ne s’en pré¬occupait pas. Missionnaire dans l’âme, il aurait volontiers fait sienne la parole de saint Paul : « Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ » .
Malheureusement une nature comme la sienne ne savait pas se ménager. Il allait souvent à pied et, malgré la chaleur tropicale, faisait de très longs voyages. Comme tous les missionnaires de Lanlong, il fut atteint plusieurs fois de fortes fièvres. Tout cela fut sans dou-te la cause de cette dépression physique dont il fut victime vers les derniers temps de sa vie. Dur pour lui-même, on l’entendit rarement se plaindre. Il fit simplement remarquer à l’un de ses confrères qu’il n’avait plus la vigueur d’autrefois et qu’il aurait voulu la recouvrer en prenant des fortifiants. Hélas ! ce fut en vain. Son corps était déjà couvert d’eczémas et de plaies inguérissables qu’il regardait comme des maux insignifiants. Une paratyphoïde l’emporta le 27 octobre 1938 à Ouangmou où il mou¬rut heureux et content, encourageant lui-même ceux qui venaient le voir : « Moi, répétait-il, je n’ai pas peur de mourir ».
Cette belle vie de missionnaire pleine de mérites a été couronnée par une mort héroïquement acceptée, digne du grand chrétien qui, en apprenant la mort de son fils missionnaire, fit cette simple réflexion: « Je ne désire plus qu’une chose ici-bas, c’est qu’un autre Pouvreau aille prendre la place laissée vide par mon fils ».