Joseph PERRIOT-COMTE1909 - 1978
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3502
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Biographie
[3502] PERRIOT-COMTE Joseph est né le 12 septembre 1909 à Maîche (Doubs).
Il entre aux MEP en 1927. Ordonné prêtre à Rome le 17 mars 1934, il part le 16 septembre suivant pour Chungking (Chine).
Après l’étude du chinois, il est envoyé à Tonglean puis chargé du petit séminaire de Chungking (1940), avant d’être nommé curé de Miao-in-Tsao (1945-1948).
Il est alors rappelé en France pour enseigner la morale au séminaire de Paris (1948-1962), puis il est nommé professeur au grand séminaire de Phnom Penh au Cambodge.
En 1973, il rentre en France pour raison de santé et se retire à Montbeton, où il meurt le 11 juin 1978. Il est inhumé à Montbeton.
Nécrologie
Le Père Joseph PERRIOT-COMTE
Administration générale
1909 - 1978
Né le 12 septembre 1909 à Maîche (Doubs), diocèse de Besançon
Entré aux Missions Etrangères le 15 septembre 1927
Prêtre à Rome le 17 mars 1934
Parti pour la mission de Chungking le 16 septembre 1934
Disparu le 11 juin 1978
Son corps a été retrouvé le 28 octobre 1978
Enfance et jeunesse
Joseph PERRIOT-COMTE naquit aux Seignottes de Maîche le 12 septembre 1909 dans une famille profondément chrétienne qui compta trois enfants : trois garçons. Joseph était le second. Au cours de ses études primaires il contracta une pleurésie purulente qui le mit à deux doigts de la mort et cela après avoir été bien mouillé par la pluie en allant à l’école. Toute la journée, le petit bonhomme de cinq ans et demi resta mouillé. Grâce à un chirurgien de Charquemont qui l’opéra, il se tira de ce mauvais pas. Cependant pendant près de dix ans il devait avoir des maux de tête qu’il attribuait à cette pleurésie. Ses études primaires terminées il entra au petit séminaire de Maîche. Quant à lui, il aurait préféré aller au petit séminaire de Consolation situé à une vingtaine de kilomètres de Maîche. Il entra donc à Maîche le 3 octobre 1921. Les débuts furent pénibles, envahi qu’il était par le « cafard ». Il avoue, dans les souvenirs qu’il a rédigés pour sa famille, que les premières années au petit séminaire furent assez pénibles. « Mais dit-il, à partir de la seconde et en rhétorique je me suis senti de plus en plus à l’aise. Je n’avais plus mes maux de tête et surtout parce que je pensais aux Missions Etrangères. » Et il continue : « Au début de mars 1927, j’avais écrit à ma marraine, Sœur Marie-Dorothée, à Baume-les-Dames pour lui exprimer mon désir d’être missionnaire, elle m’avait répondu immédiatement. Elle avait aussi informé mes parents car je n’osais pas leur expliquer ce que j’avais dans la tête. » Cette « explication » eut lieu aux vacances de Pâques. « Un jour, mon père me prit à part et me dit : “Est-ce que tu sais ce que c’est de partir en mission..., d’être missionnaire ? – Je ne savais trop que répondre – ce n’est pas drôle”, me dit-il, mais il ne me l’interdit pas, il ne fit aucune objection. J’avais l’impression qu’il en était presque heureux. »
Quitte à revenir un peu en arrière, transcrivons encore un passage de ses « souvenirs » : « En 1925, le jour de l’Ascension, tous les séminaristes étaient allés près des Bréseux (à côté de Maîche) et j’avais pris froid. Le soir, j’ai dû me coucher et le lendemain après la visite du docteur on prévenait ma famille. Mon père venait me chercher. On ne savait pas très bien ce que j’avais : congestion cérébrale, tumeur au cerveau ? En tout cas c’était grave... Le 17 mai, jour de la Pentecôte, toute la famille était allée à la messe. Quand ils revinrent j’étais debout et presque en parfaite santé. Cinq jours après je retournais au séminaire, pour y poursuivre mes études. »
A la fin de sa rhétorique, le 3 août 1927, il fit sa demande d’admission au séminaire des Missions Etrangères. Le Supérieur du séminaire de Maîche y joignit ses appréciations. « M. Joseph Perriot-Comte est un jeune homme d’une piété sérieuse ; d’un caractère plutôt timide, il s’ouvre difficilement ; il est, je crois, extrêmement consciencieux et loyal. Sa famille est bien chrétienne et de foi profonde. Je crois et j’espère qu’il vous donnera toute satisfaction. » De fait, Joseph Perriot-Comte fut admis sans difficulté et c’est le 15 septembre qu’il entra à Bièvres pour y commencer ses études de philosophie. Il se révéla tout de suite comme un élève sérieux et studieux, mais en même temps joyeux, d’agréable compagnie et ardent au football. On sentait qu’il avait besoin de dépenser l’ardeur de ses dix-huit ans. Deux années de philosophie, une année de théologie, puis une année de service militaire : ainsi s’achève la première étape de préparation à la vie missionnaire. Au retour de la caserne, il fut choisi, avec deux autres confrères, pour aller continuer ses études à Rome et y prendre des grades. C’est donc en octobre 1931 qu’il gagna Rome. A l’époque, les aspirants habitaient à la Procure des Missions Etrangères, et allaient suivre les cours à l’Université grégorienne : deux allers et retours dans la journée. C’était une marche bénéfique pour détendre les nerfs. Ordonné prêtre le 17 mars 1934, il continua ses études et passa avec succès l’examen de licence en théologie. Il était donc ainsi prêt à partir en mission. C’est pour la mission de Chungking, en Chine de l’ouest, qu’il fut désigné et le 16 septembre il s’embarquait avec vingt-six autres jeunes missionnaires, sur le Chenonceaux. Le voyage se déroula sans incidents remarquables. Le P. Perriot-Comte débarqua à Shanghai et remonta le Fleuve Bleu pour gagner sa mission. Il y fut chaleureusement accueilli par son évêque, Mgr Jantzen et par les confrères.
Sans plus tarder, il se mit à l’étude du chinois. Il fit de rapides progrès dans la connaissance de la langue car, dès 1935, il fut envoyé à Tonglean où il resta jusqu’en 1940. A cette date, il fut rappelé à Chungking comme supérieur du petit séminaire, fonction qu’il exerça pendant cinq ans. « Tout en étant supérieur, nous dit un confrère, il allait dans les basses classes assister au cours de chinois afin de se perfectionner. C’était un “bourreau du travail”. Très exigeant pour lui-même, il l’était aussi pour les autres, professeurs et élèves. Il lui arrivait d’entrer à l’improviste dans les classes pour se rendre compte du travail aussi bien des élèves que des professeurs : ce qui ne plaisait guère à ces derniers. » En 1945, il fut de nouveau envoyé en district à Miao-in-Tsao jusqu’en 1948. C’est alors que le P. Perriot-Comte fut rappelé en France comme professeur au séminaire. On lui confia le cours de théologie morale. Il devait assurer cet enseignement pendant quatorze ans. Il fut un professeur très apprécié et un directeur soucieux de donner aux séminaristes une formation profonde. Mais le « métier » de professeur use son homme, et il arrive un moment où il faut savoir donner sa démission. C’est ce que fit le P. Perriot-Comte en 1962.
Qu’allait-il devenir ? On lui proposa d’aller au Cambodge pour un apostolat direct auprès des chrétiens chinois. Il partit donc pour Phnom Penh le 12 février 1963. Les Chinois étaient nombreux, surtout en deux endroits : à Phnom Penh et à Battambang. C’est à Phnom Penh que le P. Perriot-Comte commença son travail comme adjoint du P. Desruelles. Il faut dire que ce ne fut pas une réussite. Ce n’est nullement de la faute du P. Perriot-Comte. La langue chinoise parlée par les chrétiens de Phnom Penh était toute différente de celle qu’il avait apprise à Chungking ; en somme c’était une nouvelle langue qu’il avait à apprendre. Il s’y adonna avec courage, mais sans beaucoup de résultat, étant donné son âge. Au bout de quelques mois, il fut envoyé à Battambang où il demeura un an. Là aussi il se sentit très handicapé par la langue. En un mot, il faut dire que cet essai d’apostolat en milieu chinois au Cambodge ne fut pas un succès. Mais il faut dire aussi que ce ne fut pas de la faute du P. Perriot-Comte.
Une autre solution se présenta alors. Pour diverses raisons, on jugea utile, sinon indispensable, de fonder un grand séminaire à Phnom Penh, car il était devenu impossible d’envoyer les grands séminaristes soit à Saïgon, soit à Penang. Le P. Perriot-Comte fut donc nommé professeur de morale au grand séminaire à partir du mois d’avril 1964. Là il était mieux dans son élément. Cependant cette activité ne suffisait pas à occuper tout son temps. Comme d’autre part, faute de savoir la langue, il ne pouvait guère faire autre chose, il en vint à s’ennuyer sérieusement tant et si bien qu’il demanda à rentrer en France.
En France
En fait sa santé s’était bien altérée. On n’allait pas tarder à s’en apercevoir. Il fut envoyé comme aumônier à Mortefontaine où il n’avait pas non plus beaucoup de travail en dehors de la messe pour les religieuses. Il donna bientôt des signes de fatigue cérébrale inquiétants et son état de santé alla en empirant. Au bout de peu de temps, il devint absolument incapable de tout ministère. C’est pourquoi il fut obligé de se retirer à Montbeton. Voici quelques notes du Supérieur de cette maison au sujet du P. Perriot-Comte : « A son arrivée, il était déjà gravement atteint d’amnésie et d’aphasie. Il avait cependant encore la consolation de pouvoir concélébrer tous les jours. La lecture lui était devenue très pénible et la conversation impossible. Aussi sa principale occupation consistait-elle en promenades solitaires dans le parc ou dans le village. Souvent on le voyait seul, le chapelet à la main. Peu à peu cependant ses facultés diminuaient ; finalement il semblait avoir en grande partie perdu l’usage de la raison. En même temps ses forces physiques baissaient et la marche lui devenait difficile. »
Le dimanche 11 juin, il sortit selon son habitude pour faire sa petite promenade. D’ordinaire, il rentrait dans l’après-midi. Vers le soir il n’était toujours pas de retour à la maison... Des recherches furent entreprises dès le soir même et les jours suivants, mais ne don¬nèrent aucun résultat. Tout le monde y participa : la gendarmerie, la troupe, les confrères... Au bout de quelques jours on abandonna les recherches, mais le « mystère » de la disparition du Père restait entier. C’est seulement le 28 octobre que l’on retrouva son corps : un chasseur entendit son chien aboyer ; il s’approcha et se trouva devant les restes du corps du P. Perriot-Comte. Il était tombé à la renverse, son corps était allongé dans l’herbe, les vêtements bien en ordre : ce qui prouve qu’il est resté dans la position où il est tombé sans pouvoir se relever ni appeler au secours. Et pourtant, il était à proximité de l’église et de la maison de retraite des prêtres du diocèse. On en est toujours à se demander comment il se fait qu’il se soit engagé dans ce terrain marécageux, couvert de hautes herbes. Il a dû s’y égarer et finalement tomber de fatigue, d’épuisement. C’est ainsi qu’est décédé le P. Perriot-Comte.
Une fois son corps découvert, ses restes furent mis dans un cercueil et sans retard ramenés à la maison. Quelques jours plus tard eurent lieu les obsèques et l’inhumation dans le cimetière de la Communauté.
Comme on l’a relaté plus haut, il fut gravement malade en 1925 et guéri presque subitement le jour de la Pentecôte. Pour terminer transcrivons un passage de ses « souvenirs » : « En lisant l’Histoire d’une Ame, à la fin de 1928, je me suis rendu compte que c’était ce 17 mai 1925, jour de la Canonisation de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, dans la matinée, que j’avais, sans aucun doute, été remis en bonne santé. Vous comprenez pourquoi je suis toujours reconnaissant envers sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, patronne des Missions. » Il cite ensuite un certain nombre de faits, soit pendant son séjour en Chine, soit pendant les quelques années passées au Cambodge, où il a senti la protection de sainte Thérèse. Espérons qu’avec elle maintenant, il chante les gloires du Seigneur et avec elle aussi intercède pour le bien de la Société et des Missions.