Guy AUDIGOU1911 - 1972
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3540
- À savoir : Mort violente
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1935 - 1939 (Hué)
- 1941 - 1953 (Hué)
- 1967 - 1972 (Hué)
Biographie
[3540] AUDIGOU Guy, Guillaume, Marie, naquit le 30 juillet 1911 à Lannion (Côtes d'Armor), d'une famille de commerçants estimés, dans le diocèse de St-Brieuc. Il fit ses études secondaires au Petit Séminaire St-Joseph de Lannion, avant d'entrer au Séminaire de Bièvres des Missions Etrangères, le 13 septembre 1929. Ordonné prêtre, à la rue du Bac, le 7 juillet 1935 et désigné pour la Mission de Huê (centre Viêt Nam) il partit le 15 septembre 1935.
Bien décidé à apprendre sérieusement la langue du pays, il s'y initia chez le Père Marineau, à Tam-Toà. En avril 1936, sa nomination de professeur au Grand Séminaire (Phu-Yuân) de Huê lui permit d'accentuer son étude, théorique et pratique de la langue.
Ce ministère fut interrompu une première fois, de 1939 à 1941 par une mobilisation, due aux répercussions, en Indochine, de la seconde guerre mondiale. Il le fut, une seconde fois, par le "coup de force" des Japonais (9 mars 1945) qui l'obligea à résider chez le Père Darbon, curé de la paroisse St-François-Xavier de Huê, jusqu'au 15 août 1946.
Revenu au Grand Séminaire, il y fut arrêté, cette fois par les troupes nord-viêtnamiennes (Viêt-Minh) en décembre 1946 et conduit en captivité, à Vinh, avec six de ses confrères M.E.P. Cet internement qui allait durer jusqu'en juin 1953, fut considéré par lui comme une retraite forcée, studieuse et méditative, sans lui faire perdre son humour ni sa perspicacité.
Au retour d'un séjour en France bien mérité, agrémenté d'ailleurs de cours suivis à l'Ecole des Langues Orientales, ce fut au Grand Séminaire de Saïgon qu'il alla retrouver ses séminaristes de Huê. Peu après, il fut désigné comme Supérieur Régional des M.E.P, pour le Sud-Viêt Nam, le Cambodge et le Laos (1956), avec un mandat de 5 ans.
En 1961, ce mandat terminé, le Père Audigou fut rappelé en France pour être Supérieur du Séminaire de Bièvres et il le resta jusqu'en 1966. A cette date et sur sa demande, il put repartir pour la Mission de Huê, bien décidé à solliciter, cette fois, un ministère en paroisse et même -autant que possible- en "première ligne", c'est-à-dire dans la zone où la population chrétienne subissait de plein fouet les ravages de la guerre, notamment à Gio-Linh.
C'est ainsi qu'au début de 1967, le Père Audigou fut nommé curé de Lai-An, tout près de la zone dite "démilitarisée", celle du 17ème parallèle. En juillet 1967, un bombardement anéantit l'église, ainsi que tout ce que le presbytère contenait. Le Père Audigou - absent lors du passage des avions- dut se réfugier à Phuoc-Sa, une chrétienté annexe. En mars 1968, peu après le Têt Mâu-Thân, de triste mémoire, toute la région de Gio-Linh fut bombardée et les villages détruits, ce qui força le Père Audigou à se réfugier, cette fois, à Dông-Hà, où il s'employa à secourir, de son mieux, les réfugiés.
Sa désignation comme Délégué de ses confrères pour le Sud-Viêt Nam à l'Assemblée Générale. Au début de 1969, à son retour de Huê, il fut nommé curé de Cam Lô (sur la route de Dông-Hà vers le Laos), poste jadis desservi par le Père Poncet, tué à Huê, au Têt Mâu-Thân. Le Père Audigou savait pertinemment que toute cette région, proche du 17ème parallèle, subissait périodiquement les attaques massives des troupes nord-viêtnamiennes. Il était résolu à se faire le "Bon Pasteur" qui défend son troupeau contre l'agression exterminatrice. Ce rôle, il allait le remplir jusqu'au bout...
Le Vendredi Saint (31 mars 1972), il était à l'église, à 8h00 du matin, tandis que ses chrétiens psalmodiaient l'office des Ténèbres. C'est alors qu'un homme blessé, arrivé en se traînant sur les marches du perron de l'église, supplia qu'on le transporte d'urgence à l'infirmerie du district, distante d'environ 1 kilomètre. Le Père Audigou le chargea aussitôt dans sa 2CV, avec l'aide de son domestique. A ce moment, se présenta également une femme, portant un bébé dans ses bras et réclamant le même service. Cependant, au bout d'un parcours de 300 mètres, cette femme, changeant d'avis fit arrêter l'auto en hurlant que son enfant était presque mort. Elle descendit près d'un carrefour; mais au moment où l'auto allait repartir, une grenade vint exploser à l'intérieur du véhicule, tuant sur le coup le Père Audigou, son serviteur et le blessé.
Au bruit de l'explosion les deux religieuses Amantes de la Croix de la paroisse, ainsi que les chrétiens, accoururent et constatèrent la mort instantanée du Père, atteint d'éclats aux reins et à la nuque. Ils procédèrent à la mise en bière et à la sépulture du Père Audigou, en l'absence involontaire du Père Etcharren qui avait tenté vainement, à plusieurs reprises, d'atteindre le village, investi par les troupes Viêt-Công.
Le Père Audigou repose dans une tombe toute simple, située devant l'église de Cam Lô, comme le "Veilleur" de l'Ecriture Sainte fidèle à son poste. Pendant des années, les deux religieuses et les chrétiens entourèrent ses restes de leurs prières et de leur vénération.
Nécrologie
[3540] AUDIGOU Guy (1911-1972)
Notice nécrologique
Un télégramme reçu le Samedi Saint nous apprenait que le Père Guy AUDIGOU avait été tué la veille, vendredi saint, 31 mars 72 à 10 heures, alors qu’il transportait un blessé, à Cam-lo, au cours de l’offensive nord-vietnamienne.
Le Père Guy Audigou est originaire de Lannion, Côtes du Nord. Né le 30 juillet 1911, il entra dans la Société des MEP le 13 septem¬bre 1929, et fut ordonné prêtre le 7 juillet 1935. Destiné à la mission de Hué (Sud-Vietnam), il partit le 22 septembre de la même année. Après avoir étudié la langue du pays, il fut nommé professeur au grand séminaire de Hué, poste qu’il occupa jusqu’en 1946. Fin décembre 46, il devait être emmené ainsi que ses confrères qui se trouvaient alors sur la rive gauche de la “rivière des parfume” à Vinh, par les Viet-minhs. Cet internement en compagnie des pères de la mission de Vinh et ceux de Thanh-Hoa, dura jusqu’au mois de mai 1953, soit plus de sept ans !
Rentré en France en juillet 1953, il se mit pendant quelques mois à l’étude du vietnamien, avant de repartir au Vietnam en 1954 comme professeur au grand séminaire de Saïgon. Nommé supérieur régional en 1956, il remplit cette fonction avec beaucoup de compétence et de dévouement jusqu’on 1961. En 1961, il devait être rappelé en France comme Supérieur du grand séminaire à Bièvres, pour une période de cinq ans. A la fin de son mandat, en 1966, il exprima le désir de retourner en mission, dans ce Vietnam dont il avait fait sa deuxième patrie... Avec la droiture qui le caractérisait, il voulait à son tour mettre en pratique ce que, pendant cinq ans, il avait enseigné au Séminaire.
Après une courte période de repos, il quitta à nouveau la France en janvier 1967, à destination du Vietnam. Il fut alors affecté à la région nord du diocèse de Hué, légèrement au Sud du 17ème parallèle. Après avoir échappé à un premier bombardement en 1968, au cours duquel il perdit pratiquement tort ce qu’il avait, il se réfugia avec les rescapés de sa paroisse à Cam-lo, sur la route qui même de Dong-Ha au Laos, prêt à recommencer, le sourire aux lèvres, communiquant à ceux qui l’entouraient son courage et sa foi.
Le vendredi saint de cette année, alors que le Père Audigou et sa chrétienté étaient à l’office, on vint appeler le Père, pour transporter à l’infirmerie du district, distante de 1.200 mètres à peine, un enfant malade. Le Père prit dans sa voiture l’enfant malade et sa mère, un blessé et son jeune serviteur. 300 mètres plus loin, la mère fit arrêter la voiture, son enfant étant sur le point de mourir. Dès qu’elle fut descendue, la voiture repartit. C’est alors qu’une grenade jetée dans la voiture tua sur le coup ses trois occupants. Au bruit de l’explosion, les chrétiens accourus ne purent que constater leur décès. Ils transportèrent les corps à la résidence du père. Après avoir revêtu le corps du père Audigou de ses ornements sacerdotaux, les chrétiens déposèrent son corps dans un cercueil qui fut ensuite enseveli devant son Eglise.
Le 16 avril à 18 h. un service fut célébré à Lannion, à la mémoire du disparu. Plus de 40 prêtres et une foule nombreuse participèrent à cette émouvante cérémonie. Après l’Evangile, le Père Guennou, ancien compagnon de captivité du P. Audigou à Vinh, retraça les grandes étapes de la vie du disparu. Une dizaine des confrères dont Mgr. Berthold et le Père Itçaina, représentaient les MEP à cette belle manifestation de foi et d’estime pour la mission lointaine et ceux qui s’y consacrent, en risquant souvent leur propre vie. Une autre célébration, plus simple, rassembla les aspirants et les CC MEP à Bièvres, le samedi 22 avril, (ainsi que quelques membres de la famille du père Audigou) c’est le père Espie, professeur au consortium, qui assura l’homélie en retraçant le portrait du disparu tel qu’il était resté dans la mémoire des profes¬seurs et élèves avec lesquels il avait vécu pendant 5 ans.
Références
[3540] AUDIGOU Guy (1911-1972)
Références biographiques
AME 1935 p. 237 + photo.
CR 1935 p. 241. 1940 p. 94. 1957 p. 40. 1958 p. 52. 1960 p. 46. 1961 p. 54. 56. 95. 1962 p. 107. 1967 p. 61. 62.+ 1969 p. 65. 66. 67.
BME 1929 p. 576. 1935 p. 623. 827. 899. 1936 p. 376. 1937 p. 205. 287. 663. 1938 p. 546-7. 770. 1939 p. 513. 664. 737. 874. 1940 p. 214. 1941 p. 56. 196. 492. 632. 1938 photo p.403. 1948 p. 127. 1949 p. 246. 1951 p. 505. 1952 p. 647 1953 p. 625. 655. photo p. 693. 724. 1954 p. 788. 911. 1018. 1144. 1955 p. 343. 1956 p. 185. (note). 1005. 1957 p. 262. 266. 968. 971. 1958 p. 787. 855. 976. 1959 p. 90. 170. 444-5-6. 640. 866-7. 1960 p. 733. 1027. 1961 p. 679. 697. 774. 873.
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EC RBac N°180. 318. 321. 462. 541. 543. 565. 604. 678. 680. 686. 700. 701. 703. 704. 721.
N°S 1P 3. - 2P 47. 48. - 5P 138. 139. - 6C 3. 7P 202. - 10P 289. - 11P 322. - 13P 397. - 14P 437. - 16/C2. - 16P 50. - 25P 338. 36P 292A?. - 52/C 2.+ P 143. - 53P 175. 179. 181. - 56P 274. - 60P 50. 68. 308. 75P 174.