Jean URKIA1918 - 2011
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 3659
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Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Charges
Autres informations
Biographie
[3659] URKIA Jean est né le 27 novembre 1918 à Espelette (Pyrénées-Atlantiques).
Ordonné prêtre aux MEP le 29 juin 1942, il est affecté au service des procures.
En raison de la guerre, il ne peut partir que le 16 janvier 1946, en tant qu’aumônier au 2ème régiment étranger.
En 1947, il rejoint la procure de Saigon (Vietnam).
À sa demande, il part ensuite pour le Laos en 1953.
Il étudie le laotien à Thakhek et à Siangvang, puis il est nommé curé de Tha Ngarn (1954) et de Siangvang (1957), avant d’être nommé supérieur de l’école préparatoire au petit séminaire de Thakhek (1960-1965) puis de revenir à Siang-vang.
De 1967 à 1976, il est vicaire apostolique de Pakse, puis il est expulsé du Laos.
En 1977, il repart en mission au Brésil. Après l’étude du brésilien à Rio de Janeiro, il est nommé curé à Pérola (1977), puis de Santa Eliza (1983).
En 1989, il revient en France, où il est nommé supérieur du sanatorium de Montbeton. En 1993, il devient aumônier de la maison Saint-Jean-de-Dieu à Marseille.
En 1994, il se retire à Montbeton, où il meurt le 21 décembre 2011.
Nécrologie
[3659] URKIA Jean Pierre (1918-2011)
Notice nécrologique
Jean-Pierre Urkia est né le 27 novembre 1918 à Espelette dans les Pyrénées-Atlantiques. Ses parents, Félix Urkia et Anna Harriaque, étaient cultivateurs. Il avait une soeur, plus âgée que lui. Après ses études primaires faites à Espelette, il entra en 1928 au petit séminaire d’Ustaritz, puis en 1935 au grand séminaire de Bayonne, où il passa deux ans avant d’être admis, le 13 septembre 1937, au séminaire des Missions Étrangères à Paris.
Il poursuivit là sa préparation au sacerdoce pendant quatre ans, interrompus par le temps du service militaire, fait à Pau et à Bayonne, et le départ, après la déclaration de guerre, sur le front de Lorraine avec le 18ème régiment d’infanterie. Blessé en juin 1940 sur le champ de bataille à la frontière belge, après avoir été soigné il fut démobilisé et put regagner le séminaire en octobre de la même année pour achever ses études. Ordonné diacre le 20 décembre 1941, il fut ensuite ordonné prêtre dans la chapelle de la rue du Bac le 29 juin 1942. Il reçut alors sa destination pour le service des Procures à Saïgon.
En raison de la guerre qui se poursuit et qui fait rage en Extrême-Orient il est alors impossible de partir pour Saïgon. Le Père Urkia doit donc commencer à exercer son ministère en France. De 1942 à 1945 il sera vicaire en Champagne, dans une paroisse du diocèse de Troyes, à Bar-sur-Aube, et c’est seulement après la fin de la guerre qu’il peut se préparer à gagner le poste que lui a assigné le supérieur général trois ans plus tôt. Mais les liaisons maritimes civiles avec l’Asie ne reprennent alors que très lentement et difficilement. Aussi, comme plusieurs autres confrères MEP à cette époque, il s’engage comme aumônier militaire de l’armée française et c’est à ce titre qu’il pourra embarquer à Marseille sur le paquebot Pasteur le 16 janvier 1946 pour la région du Centre Vietnam.
Le Père Urkia exerce donc la fonction d’aumônier au 2ème régiment étranger pendant près de deux ans avant de quitter l’armée en 1947 pour se rendre à la Procure MEP de Saïgon, où il devient le second du Père Moreau. Il se dévouera là pendant plusieurs années au service des confrères de la région pour le compte desquels il faut faire des achats, à qui il faut expédier toutes sortes de matériel et de médicaments commandés par eux, à qui il faut envoyer parfois des subsides, sans oublier de tenir la comptabilité des entrées et sorties d’argent nécessaires. Le travail des procureurs est loin d’être une sinécure et leur demande beaucoup d’abnégation. Le Père Urkia ne ménage pas sa peine pour donner satisfaction à ceux qui ont recours à lui. Toute sa vie il aura la réputation, bien méritée, d’être un confrère serviable et attentif aux besoins des autres. Sa fonction à Saïgon lui permet d’avoir des relations avec des missionnaires qu’il admire, en particulier au Laos, dont il apprend à mieux connaitre la situation. Et l’envie lui vient peu à peu de pouvoir les rejoindre. Il fait alors part aux supérieurs de Paris de son désir de quitter le service des Procures et d’être affecté à la mission du Laos pour exercer son ministère en vivant plus proche de ces gens dont lui parlent ses correspondants sur le terrain. À force d’insistance il finira par obtenir satisfaction et en 1953 il part pour le Laos.
Arrivé à Thakek, c’est d’abord là qu’il commence l’apprentissage de la langue laotienne
pour continuer un peu plus tard à Siengvang, où il exerce sa première charge pastorale en devenant vicaire du responsable du secteur. Et en 1956 il est nommé curé de Thangam et de Siengvang. En 1960 il devient supérieur du probatorium, l’école Gouin, qui est une école préparatoire au petit séminaire de la mission, et il gardera cette fonction pendant cinq ans, jusqu’en 1965 où il redevient curé de Thangam et de Siengvang. Au service des élèves du probatorium comme au service des communautés paroissiales qui lui étaient confiées le Père Urkia donna le meilleur de lui-même, cherchant à toujours mieux connaitre chacun de ceux avec qui il avait affaire. Il avait l’art de comprendre les préoccupations des gens et savait leur manifester sa sympathie. Dans les rapports qu’il avait avec eux il ne faisait pas de distinction entre les baptisés et ceux qui ne l’étaient pas. Il voulait être le pasteur de tous. En poste à Thangam et à Siengvang il était souvent sur les routes pour rencontrer les fidèles éloignés du centre, qui étaient parfois comme des brebis perdues, mais aussi les non chrétiens qu’il espérait voir devenir des catéchumènes. Il eut d’ailleurs la joie d’en introduire quelques dizaines dans l’Église au fil des ans. Son zèle, que tous admiraient, semblait le rendre infatigable. Il avait ardemment désiré ce genre de ministère. Il était donc heureux mais il avait dû faire beaucoup d’efforts pour s’adapter à un milieu bien différent de ceux qu’il avait connus jusqu’alors. Ceux qui le voyaient vivre s’en rendaient compte. Il a dû s’habituer au rythme vie tranquille des habitants de la campagne laotienne qui, eux, ne comprennent pas pourquoi les Occidentaux sont toujours si pressés. On lui a bien dit qu’au Laos on prend le temps d’écouter le riz pousser avant de s’agiter pour la moisson mais, lui, le dynamisme personnifié, le Basque bondissant comme le surnommait un de ses voisins, toujours impatient d’aller plus loin, il doit faire violence à son tempérament pour s’accommoder de l’apparente indolence et de la placidité des paysans autour de lui. Il aura sans doute eu un certain mérite à devenir laotien avec les Laotiens mais ces derniers lui savaient gré des efforts qu’il faisait pour se maîtriser et il a été payé de sa peine par le respect et l’attachement que lui vouaient les amis qu’il s’est fait parmi eux.
En 1967 le vicariat apostolique de Savannaketh est divisé en deux. Le Saint Siège établit un nouveau vicariat apostolique dans la province de Champassak au Sud Laos, le vicariat de Paksé, et le pape Paul VI confie cette nouvelle circonscription au Père Urkia qui est nommé vicaire apostolique de Paksé, avec le titre d’évêque de Mascliane. Le 27 septembre 1967 Mgr Urkia reçoit l’ordination épiscopale à Paksé des mains de Mgr Arnaud, vicaire apostolique de Thakek, assisté de Mgr Claudius Bayet, MEP, évêque d’Ubon-Ratchathani, et de Mgr Langer, MEP, évêque de Nakhon-Sawan. Cette promotion ayant eu lieu après les consultations d’usage, elle n’a pas étonné les confrères MEP ni non plus les quelques prêtres laotiens travaillant dans la région, qui admiraient tous son zèle et sa simplicité. Ils ne devaient jamais regretter par la suite d’avoir dit qu’ils avaient confiance dans le Père Urkia. Devenu évêque, tout en se comportant comme un vrai pasteur soucieux de l’ensemble du troupeau, ce dernier n’en resta pas moins un simple frère pour tous, toujours disposé à partager les soucis de chacun. Il prit à coeur sa responsabilité, s’efforçant de visiter régulièrement tout au long de son mandat les postes et les communautés chrétiennes du vicariat et de prêter main forte à ceux qui avaient besoin d’aide. Tous les témoins qui ont connu cette époque signalent que Mgr Urkia était non seulement respecté mais aussi aimé par les prêtres, dont il savait se faire des amis sans pour autant jamais oublier sa responsabilité d’évêque.
En 1975 les communistes ont pris le pouvoir au Vietnam et au Cambodge. De même, au Laos le parti communiste laotien parvient à éliminer les autres composantes du gouvernement d’union nationale qui dirigeait alors le pays avec lui et se retrouve seul maître à bord. La monarchie est abolie et le pays du Million d’Éléphants devient la république démocratique populaire lao. Les mesures que prennent bientôt les autorités du nouveau régime pour restreindre la liberté religieuse incitent Mgr Urkia à présenter sa démission au pape pour lui permettre de nommer un prêtre local à sa place. Sa démission est acceptée le 26 juillet 1975. C’est alors que le Père Thomas Khamphan est désigné pour lui succéder. Mgr Urkia quitte alors Paksé et se retire dans la paroisse de Talan dans la province de Champassak, où il exerce la fonction de curé et d’aumônier de religieuses. Mais cette semi-retraite ne suffit pas à le mettre en règle avec ceux qui le surveillent. Bientôt, prétextant de leur incapacité à assurer la sécurité des missionnaires étrangers, les autorités demandent à ces derniers de quitter le pays. Mgr Urkia doit obtempérer comme tous les autres et le 25 février 1976 il part pour la France, le coeur navré par la séparation qui lui est imposée.
Après un temps de repos en France, Mgr Urkia demande à repartir en mission. À l’époque les Pères de Saint Jacques avaient proposé aux missionnaires expulsés du Vietnam et du Cambodge un travail en commun avec eux au Brésil. Déjà le Père Jean-Louis Purguy, un ancien de Kontum, avait accepté la proposition et d’autres songeaient à le faire. Mgr Urkia
éprouvait un certain attrait pour le Brésil. Il avait appris l’espagnol dans sa jeunesse et pensait que cette expérience lui faciliterait l’apprentissage du portugais. Sa qualité d’évêque ne devait pas l’empêcher de travailler comme un simple prêtre dans un diocèse du Brésil sous l’autorité de l’Ordinaire du lieu. Alors qu’il était âgé de 59 ans il repartit en mission avec le même enthousiasme que lors de ses débuts dans la carrière. En janvier 1977 il prit l’avion pour Rio de Janeiro où il séjourna quelques mois pour apprendre le portugais et fut envoyé ensuite au diocèse d’Umuarama dans l’état du Parana. L’évêque le nomma d’abord vicaire puis, quelques mois plus tard, curé de la paroisse de Perola. Et six ans plus tard, en 1983 il le nommera curé de Santa Eliza.
En 1989, après douze ans passés au Brésil, Mgr Urkia revient en France à la demande du supérieur général pour devenir supérieur de la maison de retraite de Montbeton. Un changement qui exigera de lui un nouvel effort d’adaptation. Il a été habitué jusqu’ici à parcourir de grands espaces pour visiter les ouailles qui lui étaient confiées au Laos et au Brésil. Il devra désormais exercer son ministère dans un cadre plus restreint en acceptant les contraintes d’une vie sédentaire dans une communauté de confrères âgés et malades pour la plupart. En esprit de service il a accepté sans se faire prier la mission qui lui est confiée mais on peut penser qu’il lui en a coûté de devoir renoncer à poursuivre son travail à Santa Eliza. Homme de devoir, à Montbeton aussi il se donna sans réserve à la tâche, se montrant fraternel avec tous et faisant tout son possible pour rendre service aux confrères. Au terme du mandat de trois ans prévu au départ, un confrère, en l’occurrence le Père Vignalet, étant disponible pour prendre sa succession, en août 1993 il quitta Montbeton pour assurer l’aumônerie d’une autre maison de retraite, la maison saint Barhélémy tenue par les Frères de saint Jean-de-Dieu à Marseille, là aussi au service des personnes âgées. Le Père André Marty, MEP, un ancien du Vietnam, expulsé en 1975 avait tenu ce poste pendant plusieurs années mais avait dû se retirer pour cause de maladie. Les Frères qui avaient apprécié son dévouement avaient demandé au supérieur de la Société des Missions Étrangères de lui trouver un successeur. Mgr Urkia accepta la proposition que lui fit ce dernier d’aller tenir la place. Il se rendit donc à Marseille, où il resta un peu plus d’un an. En novembre 1994, un jeune Frère de la communauté ayant été ordonné prêtre qui, pense-t-il, pourra le remplacer, estimant que sa présence à Marseille n’est plus nécessaire, il demanda à pouvoir se retirer à son tour et à regagner Montbeton. Il a alors soixante-seize ans. De retour à Montbeton il allait passer là les dix-sept dernières années de sa vie en rendant tant qu’il a eu la force de le faire de multiples services aux confrères plus handicapés que lui.
Homme de prière, toujours attentif aux besoins des autres, Mgr Urkia vécut désormais son ministère d’évêque sur un mode diaconal. Jusqu’à l’âge de 89 ans il garda des capacités physiques et intellectuelles intactes mais en 2007 un accident cérébro-vasculaire l’affaiblit considérablement et ses forces diminuèrent progressivement au cours des quatre dernières années de sa vie, épreuve à laquelle il fit face avec beaucoup de courage et de foi.
Tous ceux qui ont rencontré Mgr Urkia gardent le souvenir d’une forte personnalité, impressionnante par son dévouement et sa capacité à se montrer aimable avec tous, par son humilité aussi et sa simplicité de vie en toutes circonstances. Il a vécu comme un vrai missionnaire, un vrai prêtre, et comme un évêque fidèlement attaché à son peuple, les Laotiens qu’il eut la douleur de devoir quitter et de voir souffrir mais qu’il eut aussi la joie de savoir qu’ils persévéraient dans la foi. Il a été un pasteur courageux face aux épreuves et soucieux de servir le Christ partout selon les besoins de son Église sans jamais rechercher les honneurs ni quelque avantage que ce soit. Rappelé à Dieu le 21 décembre 2011 à Montbeton, il a été enterré dans la cimetière de la maison saint Raphael.