Albert MOLLARD1916 - 2007
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3695
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1946 - 1962 (Qui Nhon)
Biographie
[3695] MOLLARD Albert est né le 30 mai 1916 à Ontex (Savoie).
Ordonné prêtre le 20 mars 1943, il part le 3 février 1946 pour la mission de Quin-hon (Vietnam).
Il est d’abord aumônier militaire, avant de gagner sa mission en 1947, puis il étudie le vietnamien à Nha-trang et à Binh-cang. Il est ensuite nommé au petit séminaire de Phan-rang (1948), devient vicaire à Tra-kieu (1950) et est chargé du poste de Quang-Nam (1951). Il retourne ensuite à Nha-trang, où il est nommé professeur et économe du nouveau petit séminaire.
Il remplit cette charge jusqu’en 1962, puis il rentre en France pour raison de santé. Il se retire quelque temps chez les enfants du Bocage à Chambéry, puis il devient aumônier de la maison de retraite des Sœurs de Saint-Joseph à Venthon (1970-1988). Il dessert ensuite la paroisse de Queige jusqu’en 1994 et se retire à Lauris.
Il meurt le 22 janvier 2007. Il est inhumé au cimetière de Lauris.
Nécrologie
Albert MOLLARD
(1926-2007)
Albert Mollard, né le 30 mai 1916 à Ontex, dans le canton de Yenne en Savoie, était le fils de Jules Mollard et de Julie Dupasquier. Baptisé le 11 juin suivant dans l‘église de Ontex, il sera confirmé douze ans plus tard, le 8 octobre 1928, à Chambéry, siège de l’évêché du diocèse dont dépend Ontex. Ses parents étaient cultivateurs. Albert avait deux frères et cinq soeurs. Dès sa petite enfance, ayant entendu parler d’un oncle missionnaire, le Père Georges Mollard (1849-1923) missionnaire au Tonkin, Albert disait vouloir être missionnaire lui aussi. Ce qui semblait être alors une simple velléité d’enfant devait par la suite devenir une ferme résolution. C’est au moment de recevoir la confirmation qu’il demanda à faire des études pour se préparer à suivre sa vocation.
Après ses études primaires à l’orphelinat du Bocage à Chambéry, reçu en octobre 1928 comme postulant aux Missions Étrangères Albert Mollard passa quatre ans à l’école Saint Paul d’Issy-les-Moulineaux avant de rejoindre en 1932 le petit séminaire Théophane Vénard à Beaupréau. Au terme de ses études secondaires, il sera admis le 7 mai 1934 au séminaire de Bièvres, qu’il intégrera effectivement le 14 septembre de la même année après avoir obtenu le baccalauréat de philosophie. Les appréciations du supérieur de Beaupréau le concernant sont particulièrement élogieuses, le présentant comme un excellent sujet digne de toute confiance.
Après deux années passées à Bièvres vint le temps du service militaire. En 1936 Albert Mollard se retrouve dans un régiment en garnison à Chambéry, dont l’aumônier dira avoir beaucoup apprécié l’aide apportée par le séminariste au Foyer du soldat. Alors qu’à l’époque la durée du service est normalement de deux ans, il sera en fait retenu cinq mois de plus en raison des tensions avec l’Allemagne provoquées par la crise de la Ruhr. Il ne gardera pas un bon souvenir de son expérience de la vie militaire, qui se prolongera quand il sera à nouveau mobilisé avant la déclaration de guerre. Affecté à une division alpine, il a été envoyé successivement en Alsace, en Savoie, puis en Norvège, où il a subi les bombardements de l’armée allemande. Revenu en France, après un seul jour de combat il est fait prisonnier et expédié en Allemagne. Il n’y restera pas longtemps : relâché parce que, dira-t-il plus tard, les Allemands, le voyant complètement épuisé et inutilisable, le renvoyèrent à Paris.
C’est ainsi qu’il put reprendre le cours de ses études au séminaire de la rue du Bac. Il sera ordonné prêtre le 20 mars 1943, avant de recevoir en juin sa destination pour la mission de Quinhon au Vietnam. À l’époque la guerre fait rage en Extrême Orient. On ne trouve pas de bateau pour se rendre au Vietnam. Il se met alors pour un temps au service de son diocèse d’origine et devient vicaire de la paroisse de Lémenc à Chambéry. Il restera là jusqu’en janvier 1946.
En 1946 le Vietminh, qui avait formé le premier gouvernement vietnamien l’année précédente et qui avait d’abord composé avec la France, prend la tête d’une insurrection contre les forces françaises. La France envoie alors un corps expéditionnaire en Indochine pour contrer la révolte. Le supérieur général de la société des Missions Étrangères, le Père Robert, décide de profiter de l’opportunité que donne la reprise des transports maritimes pour envoyer une vingtaine de missionnaires en Asie. Albert Mollard est du nombre de ces missionnaires et c’est comme aumônier militaire qu’il part enfin pour Quinhon en janvier 1946. Il sera démobilisé sur place en juillet 1947.
La situation dans le vicariat apostolique de Quinhon est alors loin d’être normale. Toute la partie centrale du territoire est occupée par les guérilleros vietminh. Ces derniers ont emprisonné ou mis en résidence surveillée plusieurs des missionnaires qui y travaillent, les autres ayant dû se replier dans le sud de la mission. C’est là au sud, à Nhatrang, que s’est établi le vicaire apostolique, monseigneur Piquet. qui ne peut plus se rendre au nord.
Albert Mollard va habiter un temps avec monseigneur Piquet puis il commencera en août 1947 l’apprentissage de la langue à Binhcang, et cela dans de bien mauvaises conditions : ni livres, ni dictionnaires, ni professeur qualifié, tout juste un petit séminariste à qui le missionnaire donne des leçons de français en échange des rudiments de vietnamien que celui-ci est censé lui enseigner.
À l’époque on est pressé d’envoyer les nouveaux missionnaires sur le terrain et de les affecter à un poste. C’est avec des capacités très limitées en langue vietnamienne qu’après six mois seulement d’étude Albert Mollard est envoyé au petit séminaire de Phankang. Il y passera un an en 1948-1949, chargé d’enseigner, en français, ce qui n’aide guère à progresser en vietnamien. Puis en 1950 il est envoyé plus au nord dans une zone déjà infiltrée par les vietminh, où les chrétiens, au nombre d’environ trois mille, munis de fusils fournis par l’armée française, pratiquent l’autodéfense. Il sera vicaire du Père Jeanningros à Trakyeû. Alors qu’il était tout juste à même de se débrouiller pour les choses courantes mais bien incapable de lire les journaux ou d’écouter la radio, ne comprenant pas les trois quarts des mots, il fallait prêcher le dimanche et entendre les confessions. Les gens comprenaient ce qu’ils pouvaient, et le Père Mollard encore moins. Bien plus tard, de retour en France, ce dernier reconnaissait avoir souffert de cette impréparation et la déplorait.
La chrétienté de Trakyeû est parfois la cible des attaques vietminh. Un jour, un obus étant tombé tout près, quelques hommes essayent de le déplacer et provoquent une explosion qui fait une trentaine de morts sous les yeux des missionnaires. On vit dans l’inquiétude et dans un climat d’insécurité qui est éprouvant pour tous.
En 1951 Albert Mollard est nommé curé de Vinhdien, un village dont seulement une moitié de la population est chrétienne. L’église a été brûlée, les bâtiments appartenant à la mission ont été saccagés par les vietcong. Il faut tenter de reconstruire. Albert Mollard s’attèle à la tâche et, avec l’aide des légionnaires, rebâtit l’église et un cabanon.
En 1952 il est de retour à Nhatrang, où l’évêque vient d’acquérir un terrain pour y construire un petit séminaire. Albert Mollard est appelé là pour surveiller les travaux. Alors qu’il reconnaît lui-même n’avoir aucune compétence particulière le qualifiant pour ce faire, il doit s’occuper de tout : système d’adduction d’eau, construction de réservoirs, aménagement de la maison. Nommé économe, il doit aussi enseigner dès que les travaux sont terminés. Au bout d’un certain temps toute cette activité et ces responsabilités l’épuisent et, fin 1954, “très fatigué” dit-il, il rentre en France pour un congé qui durera plus d’un an.
De retour à Nhatrang en 1956 il reprend ses fonctions au petit séminaire et donne des cours de français, d’histoire et de géographie, mais après quelque temps il se sent de nouveau très fatigué. Il se plaint souvent d’avoir le système nerveux à plat, en vient à prêter une attention maniaque à son régime alimentaire, sans trouver malheureusement personne qui puisse le soigner. Malgré cela il résiste à la tentation du repli et reste fidèle à son poste jusqu’en 1962 où, à bout de forces, il retourne en France.
Il trouve alors refuge à l’orphelinat du Bocage à Chambéry où, pendant huit ans, il se sentira, selon ses propres termes, “incapable de faire quoi que ce soit”. Il connaît une longue période de dépression dont il sortira lentement jusqu’à pouvoir chercher et obtenir, en 1970, un poste où rendre quelques services. En 1970 il est nommé aumônier de la maison de retraite des religieuses de Saint Joseph à Venthon dans le diocèse de Tarentaise. Les relations de l’aumônier avec les religieuses ne sont pas toujours très faciles, mais Albert Mollard restera là de longues années. À partir de 1984 il desservira la paroisse de Queige dans le Beaufortain en Savoie. et cela pendant dix ans. En 1994 il se retirera à Lauris où il est décédé le 24 janvier 2007.