Jean PEINAUD1922 - 2006
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3765
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Autres informations
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1947 - 1948 (Malacca)
- 1972 - 1974 (Malacca)
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1948 - 1951 (Hong Kong)
Biographie
[3765] PEINAUD Jean est né le 21 août 1922 à Montrouge (Hauts-de-Seine).
Ordonné prêtre le 21 décembre 1946, il est affecté au service des Procures en 1947.
D’abord assistant procureur à Singapour, il est ensuite assistant à Hong-Kong (1948-1951) et à San Francisco (1951-1961), avant d’être nommé procureur en titre à San Francisco (1961-1963).
En 1963, il est rappelé en France pour y exercer la charge d’économe général à Paris (1943). En 1969, il est aumônier à l'école Saint-Laurent, à Lagny. En 1971, il est de retour à Paris.
Après un bref séjour à la procure de Singapour (1972), il travaille au secrétariat international de l'enfance missionnaire (1974-1983), puis se consacre au service de la chapelle. En 1995, il se retire dans la résidence Ma Maison, rue Notre-Dame des Champs.
Il meurt le 16 décembre 2006 à Paris.
Nécrologie
Jean PEINAUD est né le 21 août 1922 à Montrouge, dans les Hauts de Seine, dans une famille de huit enfants, quatre garçons et quatre filles. Son père, qui était ouvrier et artisan, n’était sans doute pas très fortuné et Jean Peinaud fut ainsi dès l’enfance à bonne école pour apprendre la vie simple et le détachement dont il fit preuve plus tard tout au long de sa carrière. Baptisé à Montrouge le 17 septembre de la même année 1922, il grandit au foyer de ses parents à Palaiseau puis, après ses études secondaires au collège saint Charles de Juvisy, de 1933 à 1937, il entra au petit séminaire Théophane Vénard de Beaupreau d’abord puis, à partir de 1940, au séminaire des Missions Étrangères à Paris. Ordonné prêtre le 21 décembre 1946, il fut alors affecté au service des procures chargées de la gestion des finances de la Société.
Jean Peinaud, qui était un homme de devoir, toute sa vie le montrera, rejoignit sans murmurer le premier poste qu’on lui assigna, la procure de Singapore. Mais il est probable qu’il fut un peu déçu de n’avoir pas été envoyé d’abord dans un territoire de mission au contact direct de non-chrétiens et de catéchumènes à évangéliser. Il avait sans doute rêvé comme beaucoup d’autres de marcher sur les traces des grands missionnaires du passé, arpentant les campagnes à la recherche d’hommes et de femmes à baptiser.
Et voilà qu’on lui demande de se consacrer à des tâches d’administration, indispensables sans doute pour assurer la bonne marche de ce grand ensemble qu’est la Société des MEP mais aussi parfois bien austères. Il fallut sans doute du courage au P. Peinaud pour partir pour Singapore. Nous savons que son confesseur au petit séminaire de Beaupreau lui avait donné à lire l’ouvrage écrit jadis par le P. Aubry, missionnaire MEP ayant donné sa vie pour le Christ en Chine, Le radicalisme du sacrifice, On peut penser que la lecture de ce livre contribua à orienter toute sa vie : dès le départ et bien souvent par la suite il sut faire preuve d’esprit de sacrifice.
Au service des procures
Entrer au service des procures c’était rejoindre un groupe de confrères qui, à Paris et ailleurs, en différents lieux pouvant changer selon les circonstances, travaillaient sans relâche à pourvoir aux besoins matériels des missionnaires et des diocèses dont la Société avait la charge. Collecte et gestion des fonds nécessaires, comptabilité nécessitant des compétences particulières, contrôle des opérations bancaires, répartition des aides suivant les directives données par le conseil central, acheminement de dons en nature vers leurs destinataires, accueil des confrères en transit, achat et réservation de billets d’avion ou de bateau pays aux frais de la Société.... tout cela à une époque où on ne jouissait pas encore des facilités que donne l’usage de l’informatique et, pour partie, au service de missionnaires vivant en des lieux difficiles d’accès. Travail de bureau le plus souvent, abondante correspondance à tenir à jour mais aussi nombreuses courses à faire pour des achats destinés à des confrères..... Sans oublier les démarches auprès des services d’immigration que nécessitent souvent les passages de missionnaires. Les procureurs devaient se consacrer exclusivement à toutes ces tâches matérielles, avec la satisfaction certes de se sentir utiles mais ils souffraient souvent de ne pouvoir exercer un autre ministère. Pendant longtemps les anciens responsables avaient estimé que le service des procures était incompatible avec toute autre forme d’activité. Les missionnaires sur le terrain savaient mais ne se rendaient peut-être pas toujours suffisamment compte de tout ce qu’ils devaient au dévouement inlassable et au travail désintéressé des procureurs.
Le P. Peinaud quitta donc Paris le 6 mai 1947 pour arriver à Singapore le 29 du même mois. Il commença là l’apprentissage de son nouveau métier comme assistant du procureur en titre. Il passera là plus d’un an à l’école du Père Héribert Duquet. Ensuite, à partir du 11 décembre 1948, transféré à la procure de Hongkong il exerça, là aussi, la fonction d’assistant du procureur, le Père Tournier, jusqu’au 21 septembre 1951, où il s’embarque sur le Président Wilson à destination de la procure de San Francisco, pour devenir assistant du Père Arvin-Bérod, avant de succéder à ce dernier comme procureur titulaire en juin 1961. Les comptes rendus de l’époque signalent que partout il remplissait ses fonctions à la satisfaction de tous.
Quelques unes des lettres écrites par le P. Peinaud au fil des ans pendant toute cette période ont été conservées. Ces lettres montrent bien non seulement le souci qui l’animait de rendre service à ses correspondants mais aussi son désir de contribuer à sa façon à l’oeuvre d’évangélisation, alors même que ses obligations le retenaient à son bureau, au moins en priant pour eux et à leurs intentions. Il a été tout le contraire d’un simple prestataire de services indifférent aux difficultés rencontrées par ceux qui recouraient à lui. Même en traitant avec eux de questions financières ou administratives il savait toujours manifester l’intérêt qu’il portait à leur travail et glisser un mot d’encouragement à ceux qui en avaient besoin. Quand il lui arrive de parler des autres procureurs à l’occasion d’un départ à la retraite ou d’un changement de poste, il se montre toujours déférent avec les anciens et bienveillant pour tous, parlant plus volontiers de leurs mérites que d’éventuels défauts qu’il aurait pu remarquer.
Devenu procureur titulaire à San Francisco en 196I, le P. Peinaud, aidé par les conseils donnés par son prédécesseur, prit donc le contrôle de la gestion du portefeuille. Il dira plus tard que les douze années passées aux États Unis lui permirent d’acquérir une bonne pratique de l’anglais qu’il mit à profit en rendant service dans les paroisses des environs de la procure. Il s’acquitta si bien de la tâche qu’on lui avait confiée que, deux ans plus tard, le 14 septembre 1963, il fut nommé Économe général de la Société par le supérieur de l’époque, le P. Maurice Quéguiner, succédant à ce poste au P. Pierre Moreau récemment décédé à Hongkong. Le P. Quéguiner savait que la conscience professionnelle et la compétence avec lesquelles le P. Peinaud exerçait ses fonctions étaient reconnues par ses pairs.
Économe général
Rentré à Paris, où il choisit de résider, le P. Peinaud devait s’en absenter souvent dans la suite, aussi bien pour rencontrer les procureurs en poste en Extrême Orient et les économes des différentes missions que pour visiter parfois à l’occasion les missionnaires sur le terrain. Certains s’adressaient à l’Économe général pour obtenir des subsides. Les archives de Paris ont gardé quelques doubles des réponses qu’il envoyait aux quémandeurs. Il doit leur rappeler de temps en temps, qu’il n’est pas habilité à prendre lui-même la décision de leur venir en aide et que c’est du ressort du conseil central de le faire, mais on sent en le lisant qu’il prend leur cause à coeur, sympathisant avec eux et cherchant à mieux connaître leur situation. Quand il doit faire une remarque à un confrère trop dépensier de l’argent de la Société, il sait trouver les mots justes et se montrer fraternel.
Une lettre adressée par lui à un confrère à l’occasion d’un échange de voeux de nouvel an montre bien dans quel esprit il se dévouait à sa tâche. Le travail d’évangélisation, écrit- il, « est un rude labeur tant pour l’apôtre qui y est attaché que pour ceux qui soutiennent ce travail. Sans doute la fécondité de l’apostolat est à chercher dans les moyens surnaturels : “ cherchez d’abord le royaume de Dieu et le reste vous sera donné par surcroit “. Il n’en reste pas moins vrai que “ l’intendance “ à aussi son rôle à jouer, important comme chacun sait. Et tous ceux qui sont dans l’intendance en sont conscients et s’emploient de leur mieux à faire face.»
Et un peu plus loin dans la même lettre il montre bien comment il conçoit sa fonction d’intendant, en disant à la fois son désir de voir régler par le conseil central une affaire en suspens : selon le souhait de son correspondant “ de manière avantageuse pour vous “, mais aussi avec le souci d’éviter les dépenses inconsidérées “ et, j’ose l’espérer, de manière pas trop onéreuse pour la Société parce que nos ressources ne sont pas illimitées. “
Ailleurs on sent pointer son indignation quand il constate ici ou là un manque de rigueur dans la gestion d’une maison de Société en mission : « Pour ma part je regrette que l’Économe général n’ait pas barre directement sur les économes locaux. Je ne suis pas un adjudant par tempérament, mais je crois qu’en certains cas je n’hésiterais pas à dire leur fait à certains par trop franc-tireurs. »
A un correspondant qui lui a fait part des difficultés qu’il rencontrait et dit sa hâte de voir arriver la fin de son mandat de supérieur régional, le P. Peinaud répond : « Je comprends vos réactions et vos répugnances à un second mandat. Ce dont vous souffrez, j’en souffre bien plus encore, moi qui suis au centre et dans une fonction terriblement lourde. Plus d’une fois j’ai été tenté d’envoyer tout promener. Mais ni vous ni moi, me semble-t-il, n’avons le droit d’abandonner la partie....Mieux vaut, je crois, au milieu des difficultés et parfois des incompréhensions....et des lenteurs d’une administration sans doute peu efficace, voir irritante, placer notre peine sur la patène quotidienne, la mêler dans le calice au sang du Christ, pour la rendre aussi rédemptrice. »
Telle sera la ligne de conduite à laquelle il se tiendra pendant tout le temps qu’il sera Économe général : se montrer toujours disposé à prendre en compte les difficultés auxquelles se heurtent ceux qui demandent de l’aide, mais savoir aussi leur rappeler que les fonds disponibles ne sont pas inépuisables. Et cela en gardant toujours la conviction que son travail est un véritable ministère et qu’il doit offrir dans la prière les soucis qu’il lui cause parfois.
En parlant d’une fonction “terriblement lourde” le P. Peinaud faisait-il aussi allusion à la fatigue et à des ennuis de santé ? On ne sait, mais à partir de l’année 1966 il commence à en parler clairement. « Je serai absent jusqu’au 8 septembre : un long repos prescrit par le médecin. La santé va toujours cahin-caha et j’ai peut-être trop tendu la corde...» et, un peu plus tard la même année, Il écrit à un ami « Je suis rentré de vacances il y a une dizaine de jours seulement. Je vais d’ailleurs repartir pour trois semaines. Il faut bien obéir au médecin qui, en juin dernier, m’a prescrit deux mois de repos. Je me sens moins fatigué qu’alors, mais ce n’est pas la pleine forme, tant s’en faut !....» En réalité son état continue à s’aggraver, à tel point qu’au mois d’octobre de cette même année 1966 il décide de demander à être déchargé de sa fonction d’Économe général. Il s’en explique avec un confrère qui lui a témoigné de le sympathie : « Un chapitre est clos. Une page est tournée. Le médecin a exigé un changement complet d’emploi : suppression totale des charges administratives et financières. J’ai fait jusqu’ici ce que j’ai pu avec les moyens que j’avais. J’ai d’ailleurs plus conscience de ce que je n’ai pas fait que de ce que j’ai pu accomplir. Si vraiment j’ai été utile aux Missions et à mes confrères j’en remercie le Seigneur qui m’a donné ce qu’il fallait pour ce service. Et humblement je Lui demande d’être miséricordieux avec moi qui n’ignore pas mes négligences et toutes les occasions manquées d’être pleinement à son service.»
Ministère en France
Son état de santé ne permettant pas au P. Peinaud d’envisager un départ en Extrême Orient, il se voit contraint de trouver du travail en France. Un concours de circonstances imprévu fait qu’il rencontre le chanoine Caffarel, fondateur et animateur du mouvement des Équipes Notre Dame. Pendant un certain temps il travaillera au service de ce mouvement, en divers lieux, semble-t-il, mais les ennuis de santé ne le lâchent pas. Alors qu’il est en visite chez les soeurs des Missions Étrangères à la Motte, dans une lettre datée du 13 juin 1967 il écrit à un ami : « Le médecin a constaté que j’ai perdu douze kilos. Il m’a prescrit un traitement qui m’a passablement fatigué et m’a contraint à une vie
quasi végétative..... Je dois revoir le spécialiste dans quelques jours. Que me conseillera- t-il ? Je crains qu’il insiste pour un repos prolongé. Ce qui ne m’enthousiasme aucunement mais puis-je raisonnablement aller contre son avis ?»
Un peu plus tard, parce qu’il lui semble impossible de suivre en résidant rue du Bac le régime alimentaire très strict dont il a besoin, il envisage de mettre une annonce dans le journal La Croix en vue de trouver une aumônerie pour assurer la messe quotidienne à une communauté. « Je serai ainsi au pair. Il faut bien vivre et je n’ai aucun moyen financier. N’en déplaise à certains qui pensent le contraire, j’ai été vingt ans au service de la Société et des Missions et cela ne m’a pas rapporté un sou. J’aurais honte d’ailleurs s’il en était autrement. » Il dit qu’il prendra une décision en fonction de l’avis du médecin et il ajoute : « Pour le moment je prie l’Esprit Saint d’éclairer ma route et de me faire connaître ce que je dois faire. Car, bien entendu, il ne peut être question de manquer de fidélité au Seigneur. »
On ne sait si c’est grâce à une annonce parue dans le journal ou plutôt parce qu’un confrère lui a indiqué cette possibilité, toujours est-il qu’à partir de l’automne 1969 le P. Peinaud devient aumônier au collège Saint-Laurent à Lagny, dans le diocèse de Meaux, école tenue par les frères Maristes, où il restera jusqu’au mois de juin 1971, tout en assurant le service d’une petite paroisse voisine, la paroisse de Montévrain.
Le temps passe et sa santé s’améliore progressivement, suffisamment pour qu’il puisse envisager de repartir en mission en Asie. Il demande donc au supérieur général, le P. Quéguiner, de prévoir pour lui une nouvelle affectation. « J’ai une petite santé, je le sais, mais j’apprends chaque jour à l’utiliser au mieux des exigences du ministère. Ma démarche est motivée par le seul souci d’être fidèle à celle vocation missionnaire qui est le tout de ma vie. Je sais aussi que l’obéissance à la volonté de Dieu, qui s’exprime par les supérieurs, est l’expression même de la fidélité. Alors je serai dans la paix, quoique vous décidiez.»
Retour en Asie
Des démarches sont alors entreprises pour lui donner satisfaction. L’évêque de Penang et du Père Gauthier, supérieur régional de Malaisie-Singapore, ayant donné leur accord, il peut aller, comme il le dit lui-même, « reprendre sa place parmi les ouvriers apostoliques » en Asie. Au Père Gauthier il écrit : « Mon séjour en Asie a été court, pas même cinq ans.....J’ai appris un peu de malais et de cantonnais jadis, mais j’ai pratiquement tout oublié. Je veux espérer qu’avec le temps j’arriverai à parler une peu la langue malaise. J’ai 49 ans et la mémoire n’a plus l’élasticité d’autrefois. Toutefois mes douze années passées aux U.S.A. me permettent de parler l’anglais avec aisance. Aussi je pense être à même de travailler immédiatement..Je ne m’inquiète nullement de l’avenir. Je me veux tout à fait disponible. »
Il fallut de longs mois pour obtenir un visa d’entrée en Malaisie, et c’est seulement le 21 juillet 1972 que le P. Peinaud arriva enfin à Singapore. Il s’était dit prêt à rendre service : voilà qu’on lui demande d’accepter le poste d’assistant procureur en remplacement du Père Magnin. Les temps ont changé. Il constate que maintenant la procure de Singapore n’est plus en fait qu’une “agence” de la procure de Hongkong. Le procureur n’est guère plus que le fondé de pouvoir de celui de Hongkong, en l’occurrence le Père Caminondo, pratiquement pour signer les chèques. Dans ces conditions il arrivera au P. Peinaud de regretter que ses attributions soient mal définies, d’écrire même que, pour lui “ce n’est pas une situation très plaisante”. Il est surtout occupé par les nombreuses commissions demandées par les uns et les autres, en particulier par les prêtres de Birmanie. Il rend service régulièrement dans la paroisse du Père Amiotte en y célébrant deux messes le dimanche et en écoutant les confessions. Il souhaiterait pouvoir mieux organiser son service pour être à même de faire davantage de ministère, apparemment sans y
parvenir. Et il le déplore : « Il y a pourtant beaucoup de gens en quête de Dieu et les prêtres ne sont certainement pas assez nombreux, ni peut-être assez disponibles, pour répondre à cette situation. »
Le P. Peinaud ne ménage pas sa peine. Il passera beaucoup de temps en formalités administratives pour régler des questions de droit de propriété..... le genre de travail que, dans le passé, le médecin lui avait déconseillé. Il semble avoir eu assez vite, dès l’année 1973, de nouveaux problèmes de santé, auxquels il fait allusion parfois dans sa correspondance. A un confrère, il écrira le 30 août 1973 : « Mon re-départ a été une erreur d’aiguillage et Dieu seul sait comment cela finira.» Et après quelques mois il se confirme qu’il devra se résigner à rentrer en France. Après entente avec les supérieurs il regagne Paris au mois de juin 1974, non sans avoir au préalable réglé consciencieusement toutes les affaires dont il avait la charge.
Dernières années en France
De retour à Paris le P. Peinaud fut bientôt nommé assistant du Secrétaire général de l’Oeuvre Pontificale de l’Enfance Missionnaire, fonction qu’il exerça pendant neuf ans, de novembre 1974 à août 1983. Il lui en avait beaucoup coûté d’avoir à quitter l’Asie. Il eut du moins ainsi la satisfaction d’être affecté à un poste où il serait au service de la Mission. Il assuma là, avec Mgr Gouet et Mgr Bodet, la responsabilité de directeur du personnel avec un dévouement exemplaire. Bien que son travail à ce poste n’ait pas toujours été très gratifiant pour lui, il l’a laissé entendre une fois ou l’autre, il s’en est toujours acquitté avec beaucoup de soin. C’est à ce titre qu’en 1986 il reçut de Rome la Croix pro Ecclesia et Pontifice.
A partir du mois de septembre 1983, il fut chargé du service de la chapelle du 128 rue du Bac et remplit très régulièrement et consciencieusement cette charge jusqu’en 1993. Il prit à coeur notamment le ministère de la réconciliation demandant l’aide de confrères disponibles pour y consacrer du temps et passant lui-même presque quotidiennement des heures au confessionnal. Les ennuis de santé l’obligèrent à renoncer à cette responsabilité en 1993. Et en 1998, après un séjour à l’hôpital, il se retira chez les Petites Soeurs des Pauvres, rue Notre Dame des Champs. C’est là qu’il est décédé, le samedi 16 décembre 2006.
Chez les Petites Soeurs des Pauvres il ne recevait que de rares visites mais ne se plaignait jamais. « Je sais encore qui je suis. Je suis bien où je suis. Je ne m’ennuie jamais », disait-il. Un séminariste du diocèse de Paris, qui avait été en stage dans la maison des Soeurs, a tenu, quand il a appris la mort du P. Peinaud, à lui rendre hommage : « Comment vivre quand on voit tout ou partie de ses facultés intellectuelles s’amoindrir, qu’on en est conscient ? Comment vivre quand son corps vous abandonne et que l’on doit s’en remettre à un autre pour ses plus simples fonctions vitales ? Comment vivre cela comme chrétien, comme prêtre ? Le Père Peinaud a été un malade comme on aimerait qu’ils le soient tous, ne se plaignant que très rarement et donnant son sourire autant qu’il le pouvait. Et c’est à travers les simples gestes du quotidien, des petits déplacements, en échangeant quelques mots avec lui, que j’ai rencontré un prêtre vivant son ministère dans la pauvreté la plus austère de sa tête et de son corps capricieux, toujours tourné vers le Seigneur, dans une certaine joie ou peut-être une certaine candeur que facilite la maladie. Il était attentif à tous ses gestes pour déranger le moins possible, attentif aux personnes qui s’occupaient de lui, d’une grande et humble obéissance. Je ne sais rien, ou pas grand chose, de la vie et du caractère du Père Peinaud avant sa maladie, mis je crois avoir rencontré un homme dont l’exercice de la charité, une vie durant, a pétri l’être au point que chacun de ses gestes, y compris les plus désordonnés, transpirait de cette charité, donnant tout son sens à une fin de vie si difficile. Quel exemple ! Portant sa croix jusqu’au bout il est resté, à quelques centaines de mètres à peine de sa communauté, le missionnaire qu’il a dû être à l’autre bout du monde. »
Les frères et soeurs du P. Peinaud ont dit, eux aussi, avoir été édifiés par son courage face à l’adversité. Depuis son retour en France il allait volontiers leur rendre visite. Ils ont été impressionnés par son énergie et par le désir qu’il a toujours gardé de rester fidèle jusqu’au bout à sa vocation missionnaire. Le P. Peinaud a été inhumé au cimetière de Palaiseau où repose sa mère.