Maurice SURMON1922 - 2009
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3775
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1947 - 1953 (Kunming [Yunnanfu])
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1953 - 2009 (Malacca)
Biographie
[3775] SURMON Maurice est né le 10 décembre 1922 à Tourcoing (Nord).
Il est ordonné prêtre le 21 décembre 1946 aux MEP et part le 29 avril 1947 pour la mission de Kunming (Chine).
Après l’étude du chinois, il est affecté aux postes de Tien Fong et de Lohe, avant d’être expulsé de Chine en 1953.
Il reçoit une nouvelle affectation pour la mission de Malaisie-Singapour. De 1953 à 1957, il est envoyé à Kota Baru, de 1958 à 1970 à Penang, de 1970 à 1978 à Telok Intan, de 1978 à 1986 à Kota Baru et Kuala Trengganu, de 1986 à 1997 à Taiping et Kuala Kangsar. Il assure en outre le service des réfugiés vietnamiens de 1976 à 1986 à Pulau Bidong. Il est ensuite nommé dans la paroisse de Taïping (1986-1996), tout en s’occupant à partir de 1992 de la paroisse de Kuala Kangsar. A partir de 1996, il est aumônier de l’hôpital Fatimah à Ipoh. En 2007, victime d’une hémorragie cérébrale, il est lui-même soigné dans cet hôpital.
Il meurt le 29 janvier 2009. Il est incinéré à Ipoh, ses cendres sont au Columbarium de la paroisse Saint-Michel.
Nécrologie
[3775] SURMON Maurice (1922-2009)
Notice nécrologique
Il a belle allure l’ami Maurice ! Habillé avec goût, mais sans recherche, le cheveu ondulé, un sourire accueillant, “comment vas-tu aujourd’hui ,” et toujours un petit air de mystère qu’il entretient avec une histoire, ou avec des nouvelles souvent imaginées. Aussi son vieil ami, le Père Le Dû, après s’être fait prendre plusieurs fois, précise toujours: “selon radio Surmon ...”.
Isolé sur la côte est où il passe 11 ans en deux séjours, au coeur du diocèse à Penang où il bâtit une église ronde qui est maintenant la cathédrale du Saint-Esprit, en paroisse dans plusieurs petites villes et finalement aumônier d’hôpital avant d’y devenir un résident, il est au service du Seigneur et de son peuple avec une priorité pour les isolés et ceux qui souffrent. Le tout avec discrétion car avec les “boat people” de Pulau Bidong, les détenus politiques de Kamunting, ou dans les rencontres avec les diverses instances de l’Islam, il faut du doigté et de la patience.
Il est un semeur sur des terrains qui peuvent sembler arides, mais ses années en Chine dans les montagnes du Yunnan, lui ont appris que le Seigneur est toujours présent pour faire grandir ce qui a été mis en terre. Aussi nous étonne-t-il parfois par sa créativité ou son imagination. Qui a pu deviner qu’il était si bien au courant de l’Islam ? Ses livres qu’il souligne, ses notes qu’il rédige sont là pour le prouver ! Les chemins à frayer, ignorés par la plupart : voilà ce qui lui plaît, y compris dans ses présentations de la Foi. Et il a su en aider beaucoup à découvrir et suivre Jésus-Christ en particulier par sa catéchèse auprès des jeunes et du milieu médical.
Les années en famille
Né à Tourcoing le 10 décembre 1922, Maurice Surmoin est le deuxième d’une famille de six enfants, quatre filles et deux garçons. Son père est ingénieur ICAM et sa mère au foyer prend soin de tout ce monde.
Dès l’âge de neuf ans, il avait dit à son instituteur : “quand je serai grand, je serai missionnaire”. Ce désir fut communiqué à ses parents qui, à cette époque, recevaient souvent la visite des Pères Pirot et Kerouanton, tous deux des Missions Étrangères. Il fut décidé que Maurice irait au petit séminaire de Loos chez les Lazaristes, près de Lille. Il y resta deux ans et de 1937 à 1941 continua ses études à Beaupréau, où il apprécia beaucoup la formation donnée là et l’enthousiasme du Père Davias. Il noua avec lui une amitié profonde qui dura de longues années.
Ayant obtenu son baccalauréat en philosophie, il rentre à la rue du Bac en février 1942 et y fait ses études jusqu’en février 1946 dans un séminaire où ils sont deux par chambre jusqu’à la réouverture de Bièvres en 1946. Il est ordonné prêtre en décembre 1946 à l’église Saint Ignace par Monseigneur Lemaire, nouveau supérieur général, une ordination de plus de quarante prêtres, car il y a les anciens prisonniers.
En cours de séminaire, il a du se cacher en Bretagne pour éviter le travail obligatoire en Allemagne, ce qui explique qu’il ne finit ses études qu’en février 1947 recevant alors sa destination pour le Yunnan en Chine.
La Chine : Kumming 1947-1952
Il embarque sur l’André Lebon, le 29 avril 1947 avec seize autres confrères. De juillet 1947 à juin 1948, il apprend le chinois au petit séminaire de PE-LONG-TAN dans le faubourg Nord de Kunming, avec l’aide d’un prêtre chinois bientôt nommé dans un district de l’Ouest de la mission à YEN-FONG. Il l’y suivra pour quelques mois, visitant la région, allant jusqu’à TALY, aller et retour à pied !
En février 1949, il prend part à la retraite des confrères dans la mission voisine de Sichang et bientôt devient vicaire du P. Burger dans un gros district au nord du fleuve bleu. Dix à douze jours de voyage depuis Kunming à pied et à cheval avec des caravanes. Mais le voilà abandonné à mi-route car les caravaniers, ayant appris qu’une bande de bandits avait traversé le fleuve, vendent leurs marchandises et repartent vers la capitale. Voilà notre jeune seul, heureux d’être hébergé dans une école protestante. La bataille fait rage et il utilise son petit bagage de médicaments pour soigner les blessés. C’est son premier voyage : un bon début !
Après quelques mois, le Père Burger ouvrant un nouveau district à Huaping à 35 kms de Machang, le Père Le Dû devient responsable de cette petite ville et Maurice s’installe à Lohe.
Tous les trois vont travailler là jusqu’à leur expulsion en 1952. Souvent isolés de Kunming, “trois mois sans voir le facteur”, ils sont bientôt occupés par des armées de diverses obédiences qui dévalisent leurs résidences et pillent les médicaments. Impossible de visiter les stations de campagne.
En 1950, les troupes communistes imposent leur règle : défense de réunir les chrétiens à l’église, ou de sortir à plus d’un km !
Le P. Burger est gardé à vue. Arrêtés une première fois pour trois semaines, ils sont ensuite enfermés dans une résidence attendant de paraître devant le tribunal du peuple. Début 1951, le jugement populaire a lieu sur le terre-plein de l’église devant la grotte de Notre-Dame de Lourdes : cinq heures sur une estrade en plein soleil !
Maurice est condamné à mort et passe vingt-cinq jours en cellule ... mais on n’exécute pas les étrangers. C’est alors le camp de travail où il aura à transporter des baquets d’eau puisée à la rivière à plus de 2 kms, mais il est à l’air libre. Le Père Le Dû réussit à lui faire passer nourriture et nouvelles.
Finalement, c’est l’expulsion début 1952 : sept jours à pied en hiver à travers les montagnes jusqu’aux portes du Tibet, puis camion et avion qui sera pris dans une tempête de neige : Taly, Kunming, Chungking : partis le 7 janvier, ils arrivent à Hong-Kong le 12 mars ayant descendu le fleuve en bateau.
Maurice le discret ne parlera jamais de tout cela. J’ai du lui demander expressément ces détails ! Il a alors 30 ans !
Un nouveau départ
Malacca-Kota Bahru
Après quelques mois de repos, le Père Surmon reçoit une nouvelle destination : Malacca, un diocèse qui va de Singapour à la frontière de Thaîlande, plus de 1000 kms, avec des populations mélangées : chinoises, malaises, indiennes ...
Il est impératif de bien connaître l’anglais qu’il étudie à la paroisse de l’Assomption à Penang. Il est près du P. Le Dû, son vieil ami, professeur au Collège général.
En août 1953, il est envoyé à Kota Bahru sur la côte Est du pays, en plein milieu malais musulman. L’église, bien développée sur la côte Ouest où réside la majorité de la population, n’a qu’un prêtre résidant sur la côte Est à Kuantan, 400 kms au sud de Kota Bahru.
Maurice sera en fait le prempier prêtre résident dans cet état de Kelantan où, en dehors de l’église juste terminée, tout est à mettre sur pied. Les chrétiens, en grande majorité chinois, ne sont pas nombreux (autour de 200) et beaucoup sont là de passage travaillant dans l’administration ou l’éducation, souhaitant retourner au plus tôt sur la côte Ouest. Il n’est pas facile de bâtir une communauté. Maurice, qui vient passer quelques jours à Penang tous les trois mois (liaison uniquement par avion), y est heureux et essaie sans succès d’obtenir de commencer une école. Ce sera pour plus tard. Il part en congé en juin 1957 après dix années bien mouvementées.
Penang : le bâtisseur 1958-1970
Le Père J. Tavennec, ancien de Chine aussi, l’ayant remplacé à Kota Bahru, Maurice réside pour un temps à la cathédrale de l’Assomption à Penang s’occupant de catéchèse dans les écoles catholiques et commençant le processus pour la construction d’une église à Green Lane, un nouveau quartier qui grandit très vite. C’est la mission que lui a confié l’évêque. En 1960, il remplace le P. Auguin, décédé, comme aumônier des Petites Soeurs des Pauvres.
Il se trouve ainsi dans le quartier de la future église et, le dimanche, célèbre deux messes au couvent de Green Lane. Cela rassemble quelques dizaines de chrétiens mais le nombre augmente vite et le projet prend corps. il est patient, établit un comité, ramasse des fonds et achète un terrain bien situé au coeur du nouveau quartier. Il continue à aider pour la catéchèse car il a un charisme pour les jeunes, s’occupe de la formation des novices des Petites Soeurs et donne volontiers retraites et cours d’Écriture Sainte. Le P. Davias, revenu pour un temps à Penang, prend la responsabilité de l’aumônerie et Maurice peut se donner à plein temps à la construction d’une église moderne-une église ronde - l’église du Saint-esprit qui sera bénie en juin 1969. Il en devient le premier curé entouré de paroissiens très actifs, fiers de leur nouvelle communauté.
Après douze ans dans l’île de Penang et mission accomplie, l’évêque envoie Maurice dans le sud du diocèse, à Telok Intan, paroisse de tradition tamoule où il va servir de 1970 à 1978. Il a plusieurs postes secondaires à visiter et le prêtre le plus proche est à 40 kms. Mais il voyage facilement et se retrouve avec le P. J. Ciatti ou le P. J. Tavennec qui sont à deux ou trois heures de chez lui. Telok Intan, la baie de diamants, paroisse traditionnelle où il s’investit dans la formation biblique de ses gens. Un congé de quelques mois l’a ramené en France en 1975.
Un changement d’évêque, accompagné de plusieurs transferts de prêtres, l’envoie de nouveau à Kota Bahru en 1978.
Kota Bahru et les réfugiés 1978-1986
Il se retrouve dans une paroisse qui a grandi, avec un jardin d’enfants, très apprécié, mais surtout avec une commmunauté de religieuses franciscaines missionnaires de Marie qui veulent être une présence dans ce milieu très musulman. En outre, la venue des réfugiés vietnamiens regroupés dans l’île de Pulau Bidong, apporte une nouvelle dimension à son apostolat. Il écrit en 1981 :
“Mes efforts actuels : 1) créer des foyers centrés sur le Christ ; 2) grouper ces foyers en communauté de base ; 3) faire découvrir le Christ comme une personne vivante, dans ce but : trois étapes
- la Bible
- l’Eucharistie
- le service des autres
La présence des réfugiés vietnamiens a aidé à réveiller chez les jeunes la dimension chrétienne du service ... le mouvement charismatique les aide à découvrir le Christ : parole et pain de vie”.
Pendant plusieurs années, il sera avec les réfugiés du lundi au jeudi, emportant avec lui des quantités de nourriture, de vêtements et surtout des lettres qui lui ont été adressées par les familles des réfugiés. Il doit ruser avec la police qui veut tout contrôler et spécialement les lettres qui, souvent, contiennent de l’argent. Il fait 160 kms en voiture jusqu’à Kuala Trengganu et, de là, prend le bateau pour Pulau Bidong. Il s’y retrouve souvent avec des confrères : P. Gauthier, P. Bretaudeau, G. Griffon qui partagent la même mpission. Il faut aider à faire les demandes d’admission vers des pays accueillants, écouter beaucoup, célébrer l’Eucharistie et repartir avec des lettres (ce qui est illégal et pourrait créer bien des ennuis). Il fait tout cela avec tact et discrétion.
Il n’en parlera que longtemps après.
Pour lui, ces huit années sur la côte Est sont parmi les plus fécondes de son apostolat et il porte dans sa prière tous ces “boat people” qui ont péri en mer ou qui sont tombés dans les mains des pirates. Pendant un temps, il résidera même à Kuala Trengganu pour être plus près des réfugiés.
Il est temps pour lui de prendre un congé avec la famille.
Taïping et Kuala Kangsar 1986-1997
À son retour, l’évêque le nomme à la vieille paroisse de tradition chinoise à Taïping - la grande paix - ville coquette à 70 kms au sud de Penang et où se trouve aussi une autre paroisse de tradition tamoule, avec comme curé, le P. Decroi.
Il continue son apostolat biblique et avec discrétion noue des liens dans le milieu malais musulman. Il devient à sa manière un spécialiste du monde islamique. À Penang, il était très présent dans l’oecuménisme, ici c’est le dialogue interreligieux.
En même temps, il prend soin des détenus politiques qui sont en détention dans le petit village de Kamunting à 30 kms de Taïping. Là aussi, il a besoin de beaucoup de discrétion. Il gagne la confiance des autorités et, pendant plus de dix ans, pourra continuer cet apostolat. La plupart des détenus sont des non-chrétiens qui apprécient les paroles de confiance et d’espoir qu’il leur apporte.
Après les détenus de Pulau Bidong, les détenus politiques : voilà une marque typique de l’apostolat de Maurice. La Chine l’y avait préparé. Du point de vue paroissial, en entente avec le P. Decroix, ils travaillent au rapprochempent des deux communautés, chinoise et tamoule, qui ont tendance à s’ignorer ou à s’opposer. Depuis longtemps, on parle de Taïping : les deux églises ....
En mai 1992, il lui est demandé de prendre la responsabilité de la paroisse de Kuala Kangsar à quelques trente kms au sud de Taïping. Il n’y a pas beaucoup de catholiques car il s’agit de la capitale de l’État de Perak avec résidence officielle du sultan et le collège malais où sont éduqués les élites des familles royales ou nobles. Mais l’église y est appréciée, nombre d’enfants malais fréquentent le jardin d’enfants et la paroisse. Et Maurice mobilise les bonnes volointés pour remplacer les bâtiments en bois et créer de nouvelles facilités. Il s’occupe en même temps de deux autres communautés majoritairement chinoises à quelques 20 et 35 kms plus au sud : Chemor et Sungei Siput où se trouve un couvent de Soeurs Canossiennes qu’il apprécie beaucoup. Les années passent : en 1996, il approche de ses cinquante ans de sacerdoce et demande un ministère moins exigeant, ce qui lui est accordé avec sa nomination d’aumônier de l’hôpital Fatimah à Ipoh, animé par la congrégation allemande des Frères de la Merci. Il y succède au P. Georges Belleville rentré en France.
Et doucement .... 1996-2009
À Fatimah, il célébre d’abord son jubilé et prend rapidement sa vitesse de croisière très apprécié et épaulé par le Frère Patrick, un Chinois, docteur en médecine et directeur de l’hôpital. Il réside à l’aumônerie avec un bureau spacieux où il reçoit visiteurs et parents des malades. Il s’occupe de la formation biblique des infirmières, va toujours au camp de Kamunting et aide dans les paroisses voisines. Mais le centre de son apostolat, c’est l’hôpital.
“La première leçon que j’ai apprise comme aumônier, c’est de savoir sourire. Un sourire est un langage universel. Les langues peuvent être des barrières, un sourire est un pont apportant espérance et sécurité ! Si tu ne sais pas sourire, ne travaille pas dans un hôpital !
Je visite trois fois par jour les malades en soins intensifs, m’arrêtant à chaque lit pour une courte prière, demandant à Jésus de faire de chaque lit un nid d’amour et de guérison.
Puis je fais le tour des pavillons, je prie avec les catholiques et m’arrête à chaque lit pour échanger quelques mots ou dire une prière avec les non-catholiques. Chaque malade visité est la clef d’une maison où nous serons les bienvenus. Je m’efforce de garder le contact avec des malades sortis de l’hôpital et qui souhaitent être accompagnés spirituellement.
Ayant du temps libre plus que par le passé, j’accorde plusieurs heures à la prière tous les jours. Étant conscient de la lourde charge financière que quelques patients doivent assumer, je suis heureux de pouvoir leur offrir une aide modeste. Etre avec chaque personne ce que je souhaiterai qu’on soit avec moi !”
Dans ces lignes écrites en 1999, Maurice se laisse connaître et nous fait confiance.
Combien de personnes a-t-il aidé financièrement ? Combien ont abusé de sa générosité, venant l’importuner jusque sur son lit d’hôpital ?
Pendant dix ans, il se donne entièrement à ce ministère. On ler sent ralentir, il a passé 80 ans. En 2007, une hémporragie cérébrale fait de lui un patient de l’hôpital dont il était l’aumônier.
Pendant deux années, il est semi-grabataire, s’enfermant parfois dans un mutisme semi-conscient, reconnnaissant ou ne reconnnaissant pas ses visiteurs. En chaise roulante, on l’amène à la chapelle, il fait le tour de l’hôpital, mais il vit de plus à l’intérieur de lui-même. La visite d’une nièce et d’une petite-nièce fait de lui un vivant pour quelques jours, puis nous quitte deux jours après leur départ le 29 janvier 2009.
Ses obèques furennt célébrées à Saint Michel à Ipoh, présidées par l’archevêque de Kuala Lumpur, Mgr Pakiam, accompagné de nombreux prêtres et ses cendres furent installées au columbarium de la paroisse.
Il désirait finir sa vie en Malaisie, comme il l’avait dit à sa famille, et avait demandé à être incinéré.
Maurice le discret
Après avoir longtemps cherché, je pense que cette épithète le décrit assez bien. Il n’est pas cachottier. Comme beaucoup de sa génération, il ne livre pas ses états d’âme et les histoires qu’il aime inventer et raconter sont comme un écran de fumée filtrant ce qu’il veut dire.
Cette discrétion fait de lui un directeur spirituel recherché tant chez les religieuses que chez les laïcs. Pendant des années, il anime sessions et retraites, insistant sur une bonne formation biblique. Sans avoir fait d’études spéciales, il devient au cours des années un expert de la parole de Dieu et, fin pédagogue, sait faire accepter le message. Il vit dans la paix les changements du Concile et s’adapte sans heurt, sans hâte, expliquant bien à ses gens ce que vit alors l’Église.
Il n’est pas l’homme qui se met en avant. Dans les réunions, il écoute, donne son avis avec mesure, mais n’a pas de grands plans à proposer. Cela lui donne une liberté dont il a besoin et dans les communautés où il sert, il y a quelque chose “à la Surmon” quelque chose de familial, on s’y sent à l’aise. Il donne au grain de sénevé le temps de grandir. Il aide à guérir les blessures de la vie.
Il ne partage guère sur sa famille et c’est dans ses dernières années que l’on découvre combien il y est présent.
Pour eux il est “Rico” et sa présence apporte joie et paix. Il sait se faire accepter et apprécier par les nouveaux membres qu’il rencontre à l’occasion de ses congés. Il écoute et soutient ceux qui sont dans l’épreuve : “nous avons beaucoup apprécié les moments de confiance échangés”. Mes filles ont trouvé en lui le confident idéal, un appui important. Rico m’a toujours soutenue”. ”C’est cette nièce qui est venue le visiter deux semaines avant son décès.
Lorsqu’elle l’a appelé Rico, il est sorti de sa léthargie et de son mutisme, il est devenu vivant, communictif, il a même passé un moment avec des amis autour d’un repas qu’il ne pouvait partager car nourri par sonde.
Profondément blessé par une brouille de famille, il s’est fait artisan de paix. “Je ne repartirai que lorsqu’ils seront réconciliés”. Il a fallu du temps, écouter beaucoup mais il a eu la joie de partager le repas où les deux familles se retrouvèrent.
Un jour, Maurice dit à sa soeur qui pense à la vie religieuse “Rentre au Carmel”, là on prie pour les missionnaires”. La soeur rentra chez les Franciscaines Missionnaires de Marie et encore aujourd’hui vit la mission à Jérusalem. Ils se retrouveront pour quelques jours à Beyrouth : Prière et Mission.
Un dernier point à souligner : la fidélité de Maurice à sa vocation missionnaire. Dans les années 1960, un peu en roue libre à Penang, tâtonnant avec ce projet de nouvelle paroisse, il est tenté de rentrer en France pour joindre un ordre religieux. Rien de bien précis, mais un de ses bons amis, ancien de Chine, vient de quitter la Malaisie pour faire cela. C’est le P. Davias, l’ami fidèle qu’il entoure d’attentionns filiales, qui l’encourage à rester et l’aide à trouver de nouvelles voies pour vivre sa vocation à plein.
Le P. Davias a de l’enthousiasme et une volonté de fer, il sait soutenir Maurice et l’aiguiller vers les non-chrétiens. C’est là le choix prioritaire le coeur de sa vie missionnaire. Révéler un Dieu Père dans l’amour de Jésus : dans les écoles : il demande à s’occuper spécialement de ceux et celles qui cherchent le Seigneur, les classes dites de “catéchumènes”. Sa présence sur la côte Est pendant 12 ans dans un milieu musulman qu’il tient à connaître et à apprécier, dans lequel il se fait de nombreux amis, son art pour préparer les adultes au baptême, tout cela, c’est Maurice “Ad Gentes” l’envoyé aux nations !
Oui, il y a loin de Tourcoing 1922 à Ipoh 2009 en passant par les montagnes du Yunnan et les rives du Yangtze.
Soixante-deux ans au service de ceux qui attendent le Christ et cela avec le sourire !
Et le Seigneur lui-même accueille Maurice avec le sourire ....!