Antoine HENRIOT1924 - 2016
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3787
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1948 - 1953 (Nanning)
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1953 - ? (Malacca)
Biographie
[3787] HENRIOT Antoine est né le 13 février 1924 à Montbéliardot (Doubs).
Ordonné prêtre le 29 juin 1947, il part le 16 janvier 1948 pour la mission de Nanning (Chine). Il étudie la langue chinoise et commence son apostolat à Nanning, mais il est expulsé de Chine en 1953.
Il reçoit alors une nouvelle affectation pour la mission de Malaisie. Il est d’abord envoyé à Mantin, dans le Negri Sembilan, pour étudier la langue, puis il est chargé des paroisses de Kuantan (1963-1970), Mentakat(1971-1976) et Kajang(1977-1991) et Setapak près de Kuala Lumpur (1991-2004).
En 2004, il se retire dans la maison Saint François-Xavier des Petites Sœurs des Pauvres de Kuala Lumpur, dont il devient l’aumônier. Il s’occupe également de la communauté francophone de la ville. En 2011, il perd l’usage de ses membres et de la parole suite à un accident cérébro-vasculaire.
Il meurt le 13 avril 2016 à Kuala Lumpur. Il est inhumé au cimetière chrétien de Katjang.
Nécrologie
[3787] HENRIOT Antoine (1924-2016)
Notice nécrologique
Antoine Charles Marie Henriot vit le jour le 13 février 1924 à Montbéliardot, un hameau d’une centaine d’habitants du canton du Russey, dans le pays de Maîche (Doubs). Il était le troisième enfant de ses parents, Charles Henriot et Célestine Nappey. Tous deux étaient de Fournet-Blancheroche, bourg situé à une quinzaine de kilomètres à l’est de Montbéliardot, sur la frontière suisse, qui compte aujourd’hui environ 370 habitants. Ils s’y étaient mariés le 26 juin 1920. Monsieur et Madame Henriot étaient cultivateurs à Mont-de-Prel de Fournet-Blancheroche par Charquemont. Ils eurent quatorze enfants, dont deux morts-nés, et ils en élevèrent douze, cinq fils et sept filles. Leur fille aînée décéda à l’âge de 6 ans d’une méningite. Une de leurs autres quatre filles deviendra religieuse de la congrégation des Sœurs de la Charité de Sainte Jeanne-Antide Thouret sous le nom de Sœur Marie Antoine et elle en sera la supérieure générale de 1990 à 2000. Une sœur de Monsieur Henriot était la mère du P. Michel Maillot, mep (1927-2013). Monsieur et Madame Henriot étaient de fervents chrétiens. Madame Henriot se rendit en pèlerinage à Lourdes en 1923 et offrit l’enfant qu’elle portait, Antoine, pour le service du Royaume de Dieu. En 1980 l’archevêque de Kuala Lumpur, Mgr Dominic Vendargon (1909-2005), fait membre honoraire de la Société en 1984, se rendra chez eux pour célébrer leurs noces de diamant. Baptisé dans l’église du Luhier le 16 février 1924, Antoine Henriot fut confirmé en l’église du Russey le 6 mai 1936. De 1935 à 1941, il fit ses études secondaires au petit séminaire de Consolation (Doubs), avec une aide financière des religieuses de la Retraite du couvent des Fontenelles, dans le Doubs, qui désiraient reconstituer la Société des Pères de la Retraite. Ensuite il étudia deux années la philosophie au grand séminaire de Faverney (Haute-Saône). Désirant devenir missionnaire, le jeune homme entre au Séminaire des Missions Etrangères en septembre 1943. Il sera formé pendant quatre ans rue du Bac en ces temps difficiles de la guerre et de l’après-guerre. Les étapes se succèdent sans interruption car, étant né en 1924, son service national se limitera à une préparation militaire. Tonsuré le 3 juin 1944, Antoine Henriot est institué lecteur le 17 mars 1945, acolyte le 8 juillet 1945, sous-diacre le 29 juin 1946. Enfin il est ordonné diacre le 21 décembre 1946 et prêtre le 29 juin 1947 dans la chapelle du Séminaire des Missions Etrangères, à l’âge de 23 ans. Dans ses lettres au supérieur du Séminaire s’affirment déjà les traits marquants de sa personnalité spirituelle. Il écrit, fin mai 1945 : « tendre au Sacerdoce du Christ, réaliser au Séminaire avec Marie pour maman la vie de Jésus à Nazareth, voilà ma devise » ; puis, un an plus tard : « Je veux être tout entier à Dieu et aux âmes. Et j’espère qu’avec la grâce de Dieu je deviendrai un excellent et saint prêtre et un bon missionnaire, à l’exemple du Grand Missionnaire par excellence, Notre-Seigneur Jésus-Christ » ; en novembre 1946 : « accepter la Croix du Christ, vivre de la vie du Christ, faire tout reposer sur le Christ et la Sainte Vierge, ma chère maman, voilà ma résolution. Doux Cœur de Jésus, soyez mon amour, Doux Cœur de Marie, soyez mon salut » ; et fin avril 1947 : « Connaître et aimer le Christ, faire connaître et faire aimer le Christ partout où mes Supérieurs jugeront bon de m’envoyer, telle sera ma devise de missionnaire ». Destiné à la mission de Nanning, dans le Guangxi, au sud de la Chine, le jeune P. Henriot est agrégé temporairement à la Société le 14 novembre 1947 et il s’embarque le 16 janvier 1948 à Marseille sur le « André Lebon », les grèves dans les transports maritimes l’ayant empêché de partir plus tôt en mission. Au bout d’un voyage de trois semaines de Marseille, il débarque à Hongkong, se rend par le train à Canton, puis il gagne Nanning par bateau sur un frêle caboteur. Il y est accueilli par l’archevêque de Nanning, Mgr Paulin Albouy, mep (1880-1954) qui le confie P. Edouard Giraud, mep (1914-1995), qu’il vient de nommer curé de la cathédrale. Arrivé à Nanning en 1946, le P. Giraud comprend bien les difficultés d’un jeune missionnaire qui doit apprendre la langue locale et il saura encourager le P. Henriot. Pendant six mois, celui-ci apprend le cantonais avec l’aide d’un jeune. Il n’existe alors pas d’école de langue. Au terme de ces six mois, le P. Giraud lui fait donner son premier sermon et il continuera à apprendre la langue en la pratiquant. De février 1948 à décembre 1949, le P. Henriot mène à Nanning « une vie de liberté, de joie, de paix » dans un pays très pauvre mais où les gens sont sympathiques et très serviables. Il fonde une chorale pour laquelle il transcrit en solfège local les notations grégoriennes et indique la prononciation du latin au moyen de caractères chinois. Il prend part de manière croissante aux activités paroissiales : catéchisme des enfants et des adultes, visite des chrétiens, de non chrétiens intéressés par la foi, Légion de Marie. Il effectue ses déplacements quotidiens en bicyclette, parfois dans la boue des chemins de rizière. Il dessert le dimanche une chapelle dans la banlieue de la ville. L’évêché est attenant à la paroisse, les prêtres y prennent leur repas, y rencontrent l’évêque pour l’administration de la paroisse. Le P. Henriot conduit la jeep américaine de l’évêque lors de ses visites pastorales. Il rencontre régulièrement à Nanning un autre confrère franc-comtois, le P. Elie Maillot, mep (1904-1986), oncle de son cousin Michel, qui faisait la navette avec son camion entre la ville et la léproserie de Ting Leung dont il avait la charge. Mais de décembre 1949 à juillet 1953 l’atmosphère sera tout autre sous le régime communiste. Après une phase d’observation, les communistes passent à l’action pour contrôler la société et toutes ses composantes, dont l’Eglise. C’est la triste époque des procès populaires. A Nanning les communistes essaient de gagner le plus possible de chrétiens contre les missionnaires, mais sans succès, toutefois un catéchiste se pliera à leur jeu. Une nuit de 1952 à 3 h du matin ils investissent le presbytère de la cathédrale, arrêtent le P. Giraud et l’emmènent en prison. Ils y resteront pendant trois jours, fouillant tout, sondant même les murs de l’église, puis ils se retirent. Ensuite, un soir ils arrêtent l’évêque, Mgr Albouy. Tous deux passeront en jugement populaire et seront chassés du pays via Hongkong en tant qu’impérialistes amis des Américains. Le tour du P. Henriot viendra ensuite. Un jour de 1953 il est convoqué par la police qui lui donne l’ordre de quitter le pays immédiatement. Il prend le train jusque Hongkong, accompagné jusqu’à la gare de Nanning par des chrétiens, et dans le train, par des communistes. Il écrira plus tard : « Nous avons vécu trois ans et demi vraiment dans l’attente de donner notre vie pour la Chine. C’était un enfer avec toujours la peur d’être arrêté un jour ou l’autre ». Le P. Henriot gardera Nanning et la Chine dans son cœur jusqu’à son dernier souffle. Lorsque le P. Henriot est expulsé de Chine, il n’a que 29 ans. Les supérieurs de la Société lui donnent comme nouvelle destination la mission de Malacca. Il y arrive en 1954, dans la partie de son territoire qui deviendra en 1955 le diocèse de Kuala Lumpur, et il y demeurera. Les autorités malaisiennes lui donneront un permis de séjour permanent parce qu’il était installé dans le pays avant l’indépendance acquise en 1957. De décembre 1954 à juillet 1957, le P. Henriot est en poste à Seremban, capitale de l’état de Negeri Sembilan, où il apprend l’anglais (il n’avait étudié que l’allemand au petit séminaire) et s’occupe de la communauté de langue cantonaise. Puis, toujours dans l’état de Negeri Sembilan, il travaille à Mantin, de juillet 1957 à décembre 1962. Il y rénove l’église Saint Aloysius et ouvre une nouvelle école secondaire. L’évêque le nomme successivement dans deux paroisses de l’état de Pahang, Kuantan et Mentakap. A Kuantan, de décembre 1963 à juin 1970, le P. Henriot a pour base l’église Saint Thomas mais il se rend chaque semaine à Sungai Lembing, Pekan, Romping Mining et Kemaman pour y donner les sacrements aux fidèles. Il construit une nouvelle église à Kuantan. A Mentakap de 1971 à juin 1976, le P. Henriot mènera notamment à bien l’agrandissement d’un jardin d’enfants. Les quinze années suivantes de son ministère se dérouleront à Kajang, dans l’état de Selangor. Il y rénove l’église de la Sainte Famille, fait construire un nouveau hall et agrandir le jardin d’enfants paroissial. De 1980 à 1986, il est de surcroît chargé de la paroisse de Mantin, où il avait travaillé de 1957 à 1962 et où un carmel s’installe en 1982. De février 1991 jusqu’à septembre 2004, la dernière paroisse que servira le P. Henriot sera la paroisse du Bon Pasteur à Kuala Lumpur. Comme partout où il avait été envoyé, il y améliorera l’état et l’aménagement des locaux, mais surtout il se dévouera avec zèle au « soin des âmes », notamment par la visite des gens chez eux, à l’hôpital, en prison, par la formation et le soutien des communautés ecclésiales de base voulues par l’épiscopat de Malaisie, par sa disponibilité à donner les sacrements. Ses paroissiens fêteront avec lui son jubilé d’or en 1997, puis le P. Henriot aura la joie de présider l’eucharistie le 6 juillet 1997 en l’église de Fournet-Blancheroche, 50 ans jour pour jour après y avoir célébré sa première messe. Dix ans plus tard il y rendra grâce encore, le 8 juillet 2007, pour ses 60 ans de prêtrise. En septembre 2004, le P. Henriot, âgé de 80 ans, se retire dans la maison Saint François-Xavier des Petites Sœurs des Pauvres de Kuala Lumpur, dont il devient l’aumônier. Il s’occupe également de la communauté catholique francophone de la ville. Tant que sa santé le lui permettra, il travaillera. La nation française reconnaîtra ses mérites en le décorant de la Légion d’honneur, par décret du Président de la République du 21 mars 2008. En 2011 le P. Henriot perd l’usage de ses membres et de la parole suite à un accident cérébro-vasculaire. Les Petites Sœurs des Pauvres l’ont fidèlement soigné et accompagné jusqu’à son décès survenu au matin du 13 avril 2016. Durant ces longues années où il souffrit de la paralysie, de la dépendance et de l’impossibilité de communiquer, le P. Henriot garda un visage paisible, ancré qu’il était dans la foi et l’espérance. En février 2014, sa plus jeune sœur et filleule, Jeanne, est allée fêter avec lui ses 90 ans, accompagnée du P. Bernard Doucet, prêtre de la paroisse de Maîche. Après ses obsèques, qui eurent lieu le 15 avril en l’église de la Sainte Famille de Kajang, son ancienne paroisse, son corps fut inhumé au cimetière chrétien de Kajang. Que le Seigneur lui ouvre grand la porte de la Vie éternelle !