Roger FAVIER DU NOYER1919 - 2004
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3788
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1948 - 1952 (Yibin [Suifu])
- Pays :
- Madagascar
- Région missionnaire :
- 1961 - 1975
Biographie
[3788] Roger FAVIER DU NOYER été missionnaire en R. P. de Chine, et à Madagascar au milieu du XXe siècle.
Il naît le 12 avril 1919 à Grenoble (Isère). Ordonné prêtre le 29 juin 1947, il part le 16 janvier 1948 pour la mission de Xichang (Sichang) dans le Sichuan en Chine.
R. P. de Chine (1948-1952)
Il vient d’arriver à son poste et commence à maîtriser la langue chinoise quand il est expulsé de Chine en 1952.
France (1952-1961)
Il revient alors en France et est nommé professeur au Séminaire des MEP, puis supérieur de ce Séminaire de 1957 à 1961.
Madagascar (1961-1975)
Il part ensuite pour Madagascar et se met au service du diocèse de Fianarantsoa pendant six ans, en tant que supérieur de la mission de Mananjary. De 1969 à 1975, il occupe la charge de Secrétaire de la Commission épiscopale d’Action sociale et caritative et de Secrétaire général de Caritas Madagascar.
Italie - Rome (1975-2004)
Il est ensuite appelé à Rome où il remplit pendant treize ans la fonction de Sous-Secrétaire puis de Secrétaire du Conseil Pontifical “Cor Unum”, avant de devenir aumônier des Petites Sœurs des Pauvres à Saint-Pern (Ille-et-Vilaine) de 1988 à 2004.
France (2004)
En octobre 2004, il se retire chez les Petites Sœurs des Pauvres de Saint-Malo, où il meurt le 28 novembre 2004.
Nécrologie
[3788] FAVIER DU NOYER Roger (1919-2004)
Notice nécrologique
Roger, Marie, Joseph FAVIER DU NOYER , Fils de François,Marie, Henri et de Thérèse, Françoise, Marie, Joseph De Boutiny, son épouse , naquit le 12 avril 1919, à Grenoble, département de l'Isère. Il fut baptisé le 14 avril 1919, en la paroisse Saint Joseph de Grenoble, diocèse du même nom. Mais il appartenait au diocèse de Chambéry ; la famille installée en cette ville, se composait de six enfants, deux garçons et quatre filles.
L'une d'elles Jeanne-Antide fit choix de l'état religieux dans la Congrégation des Sœurs de la Charité de la Roche sur Foron, dans le diocèse d'Annecy ; elle fut missionnaire à Thakhek, au Laos, et provinciale des Sœurs de la Charité, en ce pays ; le 15 février 1954, remontant à Thakhek, elle fut prise dans une embuscade viêtminh en même temps que Mgr.Arnaud, MM.Mainier, Malo et Cozien. Elle fit partie de ce groupe de prisonniers emmenés en "rééducation " au Nord Viêtnam, au prix d'une marche forcée de 1.400 kms. M. Malo mourut en route le 28 mars 1954 ; la captivité des quatre autres prisonniers restant ne prit fin que le 15 octobre 1954. Après un temps de repos en France, Jeanne-Antide repartit au Laos, pour y continuer la formation des Sœurs Laotiennes. Elle mourut à Bonneville, en Savoie, emportée par un cancer, le 5 janvier 1970.
Roger acheva ses études primaires au Collège St. François de Sales, à Chambéry, durant l'année scolaire 1927-28 ; c'est dans cet établissement qu'il fut confirmé le 17 mai 1928. En octobre 1928, il commença ses études secondaires à Notre Dame de la Villette, à la Ravoire, proche de Chambéry, et y resta jusqu'à la fin de l'année scolaire 1933-34. En octobre 1934, il se dirigea vers le Petit Séminaire Théophane Vénard à Beaupréau où il termina le cycle des études secondaires en Juin 1936, sa place d'excellence étant de 18 sur 28 élèves. Le 3 juillet 1936, le Supérieur de la maison, M. Jean Davias-Baudrit inscrivait l'appréciation suivante au bas du bulletin de son élève : .." M. du Noyer est un bon élève qui a généralement donné satisfaction, pendant les deux années qu'il a passées au Petit Séminaire Théophane Vénard…"
Dans sa lettre du 3 juillet 1936, rédigée au Petit Séminaire Théophane Vénard et adressée au Supérieur Général des Missions Étrangères, M. Roger Favier du Noyer, postulant missionnaire, présentait sa demande d'admission au Séminaire de Bièvres, et exposait brièvement le cheminement qui avait été le sien : …" C'est après deux années de postulat à Beaupréau que je viens, avec l'assentiment de mes supérieurs, solliciter de vous mon admission au Grand Séminaire des Missions Étrangères.
Ce m'est une grande joie de pouvoir enfin, si vous m'y autorisez, devenir un aspirant de cette Société, à la lourde tâche de laquelle je désire tant collaborer.
Plus de dix ans sont déjà écoulés depuis le jour béni où je ressentis l'appel de Dieu vers le Sacerdoce, pour la première fois. Mais avec l'aide de mon directeur de conscience, j'ai étudié ma vocation ; et après plusieurs années, j'ai compris que c'était aux Missions que le Bon Dieu m'avait destiné. La question se posait alors de savoir pour quelle Congrégation ou quelle Société j'opterais. C'est alors que j'eus l'immense bonheur, et j'en remercie la Providence, de faire la connaissance du bon Père Depierre, qui me fit connaître cette Société des Missions Étrangères de Paris, dont tous les membres, sans exception, étaient destinés aux Missions d'Extrême-Orient. Et depuis ce jour, tant au Petit Séminaire de Chambéry qu'au Petit Séminaire Théophane Vénard j'ai orienté toute ma vie vers cet idéal, à la réalisation duquel, avec votre permission, mon Très Révérend Père, j'espère arriver un jour…."
A cette lettre de demande, M.Jean Davias-Baudrit, Supérieur du Petit Séminaire Théophane Vénard, joignait ce témoignage : .." Roger du Noyer que je viens vous présenter pour le séminaire de Bièvres est un bon élève capable de donner entière satisfaction….La bonne volonté de cet aspirant est certaine et son bon esprit permet de lui faire confiance.."
Admis le 7 juillet 1936, M. Roger Favier du Noyer se présentait au Séminaire de l'Immaculée Conception à Bièvres, le 14 septembre 1936. Au terme de ses deux premières années d'études, il reçut la tonsure; le 17 décembre 1938. Mais le 3 septembre 1939, commença le second grand conflit mondial. Appelé sous les drapeaux en 1939, il ne fut libéré de ses obligations militaires qu'en 1942, probablement au moment de la dissolution de l'armée d'armistice, le 27 novembre 1942. Il reprit alors le chemin du séminaire. Il reçut les ordres mineurs d'exorciste et d'acolyte au séminaire des Missions Étrangères, le samedi des Quatre-Temps d'hiver, 22 décembre 1945. Sous-diacre, le samedi 29 juin 1946, diacre le 21 décembre 1946, il fut ordonné prêtre le 29 juin 1947, et le soir de ce jour, il reçut sa destination pour le service du diocèse de Sichang (Kientchang). C'était la mission dans laquelle avait travaillé Mgr.Jean Budes de Guébriant, qui fut le premier vicaire apostolique du Kientchang. Avec 27 de ses confrères, M.Roger Favier du Noyer fut agrégé à la Société des Missions Étrangères, le 14 novembre 1947. Enfin, le 16 janvier 1948, il quittait Paris pour s'embarquer à Marseille en vue de rejoindre sa mission.
En juillet 1946, des jeunes missionnaires commencèrent à rejoindre les diocèses auxquels ils étaient destinés. Pour leur permettre une bonne initiation à la langue et à la culture chinoise, les quatre missions de Chungking, Kweiyang Kunming, Anlung ouvrirent une école de langue dans les locaux de l'école probatoire de la mission de Kweiyang. Le site offrait des conditions de silence, de tranquillité et de bon air .A un certain moment, l'effectif des missionnaires étudiants en langue atteignit le chiffre de 12. C'est en souvenir des 12 maréchaux de l'Empire, que cette école reçut le nom de "Ecole des Maréchaux". Mais située en pleine campagne,à une dizaine de kms de la ville de Kweiyang, il devint difficile de trouver des professeurs, et de maintenir en ce lieu le nombre suffisant de maîtres et de répétiteurs. L'École réorganisée par Mgr. Jantzen, qui en confia la direction à M. Joseph Bourgeois, se transporta alors à ChungKing ; elle devint "École des Amiraux". Installée dans un local aménagé au temps de la guerre par l'Ambassade de France, entre le Consulat et l'hôpital catholique, elle dominait la vallée du Yang-tsé.
C'est là, à Chungking que M. Roger Favier du Noyer s'arrêta et durant plusieurs mois, commença ses études en langue chinoise ; il avait projeté d'aller passer le temps des grandes vacances à Sichang ; à cette fin, il avait pris son billet d'avion, le 8 juin 1948, mais, à cause des pluies très abondantes, le service d'avion de Chungking à Sichang se trouva interrompu pendant plusieurs semaines. Ce ne fut que le 5 septembre 1948 qu'il arriva par avion à Sichang, centre de la mission.
Dans la présentation du parcours missionnaire du défunt prononcée au jour de sa sépulture, le Supérieur Général des Missions Étrangères, qui connaissait bien M. Roger Favier Du Noyer pour l'avoir eu "comme professeur et comme directeur spirituel pendant tout le temps de sa formation au séminaire de Paris" et " avoir gardé des relations fraternelles" avec lui , résumait ainsi l'état de fait dans lequel se trouvaient le Sichuan, et la mission de Sichang au moment où celui-ci y posait ses pieds :… "Il rencontra une situation déjà troublée où des factions armées opposées se battaient les unes contre les autres, parfois dans la même ethnie, en particulier cette ethnie des Lolos dont parlent les chroniques de ce temps là, alors que des brigands profitaient de ce manque d'ordre et de gouvernement. La société chinoise devenait ainsi une proie facile pour les troupes de Mao, lorsque enfin Tchang Kaï-Check avec ses troupes s'est retiré à Taïwan, laissant la place libre au régime communiste…" Mais, sorti de "l'École des Amiraux" de Chungking, son évêque, Mgr. Stanislas Baudry le jugea assez fort en chinois pour entreprendre, sans retard, un ministère pastoral. Il le nomma professeur de latin au petit séminaire Sainte Anne, et en même temps procureur de la Mission, en remplacement de M.Emile Le Bouetté, vicaire général, rentré en France pour soigner sa vue.
Après la retraite spirituelle des missionnaires au début de janvier 1949, M. Roger Favier du Noyer passa les fêtes du nouvel an chinois, à Yangsaopa, une communauté chrétienne établie au nord de la ville de Sichang et dont M. Henri Bocat, ancien supérieur du petit séminaire, avait alors la charge. En février 1949, quatre Frères Maristes "sortis" de Péking le 11 janvier 1949, arrivaient à Sichang pour prendre la direction d'un collège secondaire fondé par Mgr. Stanislas Baudry. En attendant l'ouverture de cet établissement en septembre 1949, ils assurèrent les cours au petit séminaire.
De ce fait, au début d'avril 1949, M.Roger Favier du Noyer, se rendit à Hweili, un vaste district au sud de la Mission. Il y avait là un hôpital et des dispensaires très fréquentés. La Mission y avait construit des habitations permettant d'accueillir à proximité de l'église une trentaine de familles. Il y accueillit Monsieur le Consul de France à Kunming et Mme de Curton qu'accompagnait M. Charles Belmont, de la mission du Yunnan, toute proche. Le 1er mai 1949, la communauté chrétienne de Hweili solennisait sa fête patronale de Notre Dame du Bon Conseil. M. Roger Favier du Noyer avait invité ses confrères voisins pour rehausser l'éclat des cérémonies.
Voilà que le 27 mars 1950, à quatre heures de matin, sans coup férir, les forces communistes libérèrent la ville de Sichang, centre de la Mission. La nuit précédente les troupes nationalistes avaient pris le maquis dans les montagnes environnantes. Les aborigènes Lolos tuèrent un certain nombre de soldats nationalistes, désarmèrent les autres les dépouillant même de leurs vêtements. Pendant la période d'installation du nouveau pouvoir, et la prise en main de la population, les missionnaires en district purent rester dans leurs postes et continuer sans trop de difficultés, leur ministère pastoral. Mais rapidement, dans le pays, apparurent insécurité, famine, pillages. Des taxes exorbitantes furent imposées à la Mission incapable de les acquitter. La situation devenant de plus en plus incertaine, et afin de parer à toute éventualité, en 1950, Mgr. Stanislas Baudry nomma deux vicaires généraux : MM. Philippe Carriquiry et Roger Favier du Noyer.
Au début du mois d'août 1950, les quelques trois cents professeurs d'écoles secondaires furent rassemblés à Sichang pour suivre des "cours de rééducation" ; les Frères Maristes n'en furent pas exemptés. Cependant, par faveur, on leur permit de rentrer chez eux, le soir. Mais pendant la semaine des fêtes en l'honneur de l'armée rouge, ils furent contraints à participer aux campagnes de propagande, à prêcher la nouvelle doctrine en ville et dans les environs, à proclamer les bienfaits du nouveau régime. Quant à M. Roger Favier du Noyer, il profita des vacances du petit séminaire pour aller visiter M.Gournay à Yentsing, chrétienté à cinq journées de route au sud ouest de Sichang. Pour ce déplacement, il ne s'était muni d'aucun passe-port. Les militaires qui gardaient le passage du fleuve Yalong, à deux jours de Sichang, faillirent bien faire quelque difficulté à ce voyageur étranger sans papier. Celui-ci arriva à les persuader que, selon les tout derniers règlements de Pékin ou de Sichang, les missionnaires étaient dispensés de toute formalité pour parcourir la Mission.
Le nouveau pouvoir jugea très vite que la présence des missionnaires était gênante et pour le moins inutile. Chacun fit l'expérience de l'expulsion programmée, mais exécutée plus ou moins rapidement. C'est ainsi que le 12 mars 1952, arrivaient à Hong-Kong, une dizaine de confrères sortis de Chine. Parmi eux, M. Roger Favier du Noyer. Il quittait des communautés chrétiennes courageuses, un pays qu'il avait aimé, en raison de son riche patrimoine humain, culturel et spirituel. Il en avait appris la langue, s'était initié à leurs usages, à leur histoire ; il y avait découvert des chrétiens fidèles et généreux malgré les persécutions.
Rappelé en France pour faire des études supérieures à Rome, M. Roger Favier du Noyer quittait Hong-Kong, le 12 avril 1952 ; il arrivait à Paris le 19 mai 1952. En mars 1953, il était nommé directeur au séminaire de Paris, et était chargé de préparer, d'organiser et d'assurer l'enseignement d'un cours spécial de dogmatique destiné aux aspirants de dernière année de théologie. En 1954, à son travail ordinaire, il ajoutait celui de donner des "cours particuliers" aux aspirants dits "extravagants" c'est-à-dire ceux qui travaillaient sur un traité de théologie qui ne rentrait pas cette année là, dans le cycle commun. Le 15 septembre 1956, il fut nommé vice supérieur du séminaire de Paris, tout en assurant la direction des prêtres étudiants. Enfin, le 4 septembre 1957, succédant à M. François Haller qui s'en retournait en Corée, il était appelé à la charge de supérieur du séminaire de Paris. En 1960, en tant qu'ancien missionnaire de Chine, il fut élu comme délégué des confrères du premier groupe de Chine ; à ce titre, il prit part à l'Assemblée Générale de la Société qui s'ouvrit à Bièvres le 2 août 1960.
Après l'Assemblée Générale, lors de rentrée de septembre 1960, les deux sections du séminaire. furent réunies à Bièvres, en une seule communauté, dont l'effectif atteignait le chiffre de 121 aspirants inscrits. En ce début d'année scolaire, 82 étaient présents et 35 au service militaire. M. Roger Favier du Noyer était nommé supérieur du Séminaire, charge qu'il garda jusqu'au 15 juillet 1961. Dans la présentation du parcours missionnaire du défunt prononcée le jour de ses funérailles, furent évoquées rapidement quelques difficultés devant lesquelles il fut placé, en ces temps difficiles de changement : …" Il [ M.Du Noyer] fut envoyé à Rome pour des études en théologie et de là nommé directeur au Séminaire des Missions Étrangères à Paris. En 1957, il en fut nommé supérieur jusqu'en 1961; et ce fut encore là, sans doute une période d'épreuves car déjà on sentait venir cette crise que l'on a nommée, plus tard, du nom de mai 68, mais qui se préparait déjà de longue date et qui touchait également les séminaires. Il a été donc confronté à une contestation qui a pu le faire souffrir, et c'est sans doute avec beaucoup de joie qu'il accepta de partir pour une nouvelle mission – un nouveau commencement encore – à Madagascar, pour la formation d'un nouveau diocèse, celui de Mananjary…"
Mais M. Roger Favier du Noyer était aussi un prédicateur appréciée. On faisait souvent appel à ses services et à son dévouement. Ainsi, en 1953, en l'église Saint Michel des Batignolles, il parla de l'Indochine, lors d'un triduum consacré à la prière pour nos frères persécutés en Extrême-Orient. Le 16 novembre 1953, jour de la traditionnelle cérémonie de départ pour leur mission en l'Extrême Orient de six jeunes confrères, présidée par Mgr. Paulin Albouy, ancien évêque de Nanning, il prit la parole pour les assurer de la prière de tous pour la fécondité de leur apostolat. En 1954, dans le cadre de la semaine de prière pour l'Unité, l'Oeuvre de la Propagation de la Foi avait organisé une cérémonie pour les Missions, en la Basilique de Notre-Dame des Victoires. Il parla de l'immensité du monde des Missions et des problèmes qui s'y posent pour l'Église ; il évoqua la leçon des Martyrs de l'Unité en Chine. En 1959, les confrères de Montbeton firent appel à lui pour leur retraite spirituelle annuelle.
M. Roger Favier du Noyer avait étudié à Rome. Il fut certainement très heureux de revenir au centre de la Chrétienté, le 21 novembre 1954, comme membre de l'importante délégation MEP qui s'y rendait ce jour là, et comme ancien missionnaire de Chine. En effet, Le Saint Père Pie XII proclamait bienheureux M Jean-Martin Moÿe, (1730-1793), missionnaire au Se-tchoan, puis fondateur de la Congrégation des Sœurs de la Providence de Portieux. Ensuite, en l'honneur de son 17ème Bienheureux, les 6,7,8 mai 1955, La Société des Missions Étrangères organisa un triduum solennel, dans la chapelle du séminaire. M.Roger Favier du Noyer prit la parole pour faire revivre la figure de ce prêtre missionnaire. D'autres triduum suivirent pour retracer la vie et célébrer les vertus de ce prêtre lorrain. En son honneur, deux confrères MEP présentèrent à Metz, dans le cadre de la Foire Exposition de Pâques 1955, une exposition missionnaire qui connut un remarquable succès.
Lors de le mise sur pied de sessions, on faisait appel à la compétence de M.Roger Favier du Noyer. La XXVIIème semaine de Missiologie tenue à Louvain du 27 au 30 août 1957, avait pour thème : "Missions et Communisme". Un dernier rapport intitulé : "En regardant vers l'Avenir" fut présenté par M. Roger Favier du Noyer . …"Regardons disait il, cet avenir en chrétiens, en missionnaires, et demandons nous objectivement ce qu'il réclame de nous..." Son exposé se divisait en trois points : …"Il nous faut d'abord CONNAÎTRE LE MARXISME en sa théorie et ses méthodes ; puis, -et ce devoir est très grave- FORMER profondément ceux dont Dieu, par l'Église, nous commet la charge spirituelle ; enfin, organiser au mieux notre apostolat et nous UNIR …" Et de conclure :…"Mon humble souhait est qu'aucun de nous n'ait peur de regarder vers l'avenir, cet avenir qui est à Dieu ; mais comme toujours Dieu le remet pour une part entre nos mains…"
Il reprit le même thème, dans son exposé du vendredi 5 septembre 1958, "Préparation face au danger communiste", au cours de la session d'information et d'études, organisée par la Société à l'intention des confrères en congé et tenue à Bièvres du 30 août au 6 septembre 1958. L'année suivante, il représenta la Société au Congrès International d'Études sur la Liturgie en pays de Mission. Ce Congrès se tint à Nimègue du 12 au 19 septembre 1959, sous la présidence de S. Em. Le cardinal Gracias, archevêque de Bombay; il réunissait une quarantaine d'évêques de pays de mission, et près de cent missionnaires ou spécialistes de liturgie et de missiologie. Les conférences étaient suivies de travaux en groupes. M. Roger Favier du Noyer assistait le président du groupe d'études francophones. Pendant l'été 1960, du 21 au 28 juillet, il fut l'un des représentant de la Société pour participer au Congrès ayant pour thème "Mission et Catéchèse". Ce Congrès se tint dans la petite ville de Eichstatt, à 120 kms de Munich dans la riche vallée du Danube.
Un nouveau commencement ! Le 15 juillet 1961, MM. Roger Favier du Noyer, supérieur du séminaire des Missioons Étrangères à Bièvres, ayant remis sa charge à M. Guy Audigou, arrivé au terme de ses fonctions de supérieur régional à Saïgon, et M. Louis Hoffmann professeur à Beaupréau, devenu libre en raison de la fermeture du Petit Séminaire Théophane Vénard, tous deux se mirent à la disposition du Supérieur Général. Celui-ci leur proposa une nouvelle destination pour le service de l'archidiocèse de Fianarantsoa, à Madagascar.
Au début de juillet 1961, M. Maurice Quéguiner, Supérieur Général de la Société s'était rendu à Rome ; il y avait rencontré les hautes autorités de la S.C. de la Propagande auxquelles, entre autres, il venait présenter l'acceptation, par la Société des Missions Étrangères, de l'envoi de missionnaires pour le service de l'archidiocèse de Fianarantsoa, à Madagascar. En effet, Mgr.Thoyer,s.j., archevêque de cet archidiocèse avait proposé, depuis quelques temps déjà, au Supérieur Général de la Société des Missions Étrangères la prise en charge, par celle-ci d'une partie de son vaste territoire, qui par sa division ultérieure, pourrait donner naissance à un nouveau diocèse. De par ailleurs, en 1953, à la demande des évêques malgaches, s'était déjà implanté et fonctionnait, à Tamatave, le Centre Catholique Chinois (C.C.C.), fondé par M.Henri Cotto, ancien missionnaire de Pakhoi, expulsé de Chine en 1952. Cette équipe de missionnaires était aussi chargée de s'occuper des quelque 20.000 chinois dispersés dans l'Île.
La S.C. de la Propagande avait approuvé la proposition présentée par Mgr. L'archevêque de Fianarantsoa, et l'acceptation de la Société des Missions Étrangères. M. Georges Cussac, vicaire général de la Société, se rendit sur place, le 19 septembre 1961, pour rencontrer Mgr. L'archevêque, reconnaître et visiter la région de Mananjary qui allait être confiée à nos confrères. Un mois plus tard, le 16 octobre 1961, descendaient de l'avion les deux "nouveaux", les deux premiers missionnaires destinés à Mananjary. C'étaient MM. Roger Favier du Noyer et Louis Hoffmann, qu'accompagnait M. Georges Cussac. Ils furent chaleureusement accueillis par leur Archevêque, les missionnaires dont ils allaient partager et continuer l'apostolat, et les confrères. Deux jours plus tard, M. Georges Cussac repartait pour Paris ; les deux arrivants restaient une semaine à Tamatave, puis sans tarder, sous la direction d'un professeur malgache,M. Arthur Randriafanomezana, ils se mettaient avec courage à l'étude de la langue malgache. Pour cela, ils se rendirent chez les Pères Jésuites, à Ambositra où fonctionnait une école de langue. Ils redevinrent étudiants en même temps que d'autres missionnaires de toutes congrégations et nationalités. Ambositra est une ville située à 1350 mètres d'altitude ; à cette époque, sa population était estimée à quelques 10.000 habitants dont 4.000 catholiques environ.
En 1962, Son Exc. Mgr. Gilbert Ramantoanina,s.j., devint archevêque de Fianarantsoa ; il succédait à Mgr.Thoyer . Cet archidiocèse comptait 313.711 catholiques sur une population totale de 775.000 habitants, répartis sur une superficie de56.627 km². La partie de cette circonscription ecclésiastique destinée à être confiée aux MEP consistait en un territoire au relief assez tourmenté, s'étendant sur quelque 9.000 kms², le long de la côte est de l'île et du canal des Pangalanes, et remontant vers l'ouest, dans la région forestière, jusqu'à 600 mètres d'altitude. La ville de Mananjary dont la population était estimée à environ 14.000 habitants était le centre administratif et le siège d'une préfecture civile. Le réseau routier de la province était peu développé, et mis à mal par les pluies abondantes et fréquentes durant la saison chaude, d'octobre à avril. Une route de 542 kms reliait Mananjary, centre de la nouvelle mission, à la capitale Tananarive. Il fallait parcourir 192 kms pour se rendre à Fianarantsoa.
Sur ce territoire étaient installés quatre groupes ethniques principaux : les Antaimoro au sud, les Tanala à l'ouest, les Antambahoaka en ville et en banlieue de Mananjary, et les Betsimisaraka au nord et au nord-ouest. Le commerce était surtout entre les mains des Chinois, des Pakistanais et des Mérina, appelés encore Hova. Des Betsileo pratiquaient surtout l'agriculture.
Lors de l'arrivée de nos deux confrères, la mission de Mananjary avait pour supérieur le P.Jean Leroy, s.j. Dès 1962, ils furent associés au travail de district des Pères Jésuites, ces derniers devant se retirer progressivement à mesure que le groupe des missionnaires MEP s'étofferait, et serait à même de prendre en main la direction des divers districts. Ainsi en1962, M. Roger Favier du Noyer travaillait dans la paroisse de Antsénavolo, au sud ouest de Mananjary. En 1964, avec l'aide de M. Robert Chapuis, il dirigeait ce même district qui comptait 3.520 catholiques sur une population de 26.578 habitants. Nos deux confrères firent porter leurs efforts sur le sens du dimanche,et la manière dont les croyants sanctifient ce jour du Seigneur. Ils donnèrent beaucoup de leur temps à l'organisation des catéchuménats d'adultes et à la formation des catéchistes. A la manière des apôtres, et pour répondre aux désirs des jeunes missionnaires, ils travaillaient en équipe de deux. Cela leur permettait de ménager les santés ; chacun pouvait consacrer un peu plus de temps à la prière et au travail intellectuel ; il devenait ainsi possible d'assurer une présence presque permanente de l'un d'eux, au centre du district.
En octobre 1964, en raison de son mauvais état de santé, le P. Jean Leroy s.j., supérieur de la mission de Mananjary, fut contraint de prendre un temps de repos en France. Ce départ non programmé conduisit Mgr. l'Archevêque de Fianarantsoa à confier plus tôt que prévu la région de Mananjary aux M.E.P et il en nomma M. Roger Favier du Noyer supérieur ecclésiastique, le 7 octobre 1964. Celui-ci laissant son district entre les mains de M. Robert Chapuis, quitta Antsénavolo et s'installa l'année suivante à Mananjary, centre de la Mission. Le changement de supérieur de Mission s'opéra sans à-coups ; en effet, la plus grande charité avait toujours régné entre les Pères de la Compagnie et les confrères MEP ; ceux-ci gardaient en mémoire l'accueil chaleureux et l'aide fraternelle dont ils avaient été entourés, ainsi que le détachement avec lequel les fils de Saint Ignace leur avaient transmis la responsabilité pastorale de cette région.
Un autre évènement important pour ce petit groupe missionnaire fut la visite du Supérieur Général de la Société, du mardi 8 au mercredi 23 juin 1965. Celui-ci désirait se rendre compte par lui-même des conditions de vie et du travail apostolique de chaque confrère, en se rendant chez chacun d'eux. Alors, M. Louis Hoffmann fut nommé supérieur délégué pour les confrères de la Société travaillant dans le secteur missionnaire de Mananjary.
En juillet 1965, Mgr. Gilbert Ramanantoanina, archevêque de Fianarantsoa fit de M. Roger Favier du Noyer, son vicaire général pour tout le district de Mananjary. En plus de son travail pastoral ordinaire, il lui revenait d'organiser la pastorale d'ensemble de la région, d'accorder une place importante à la préparation minutieuse des réunions mensuelles, celles-ci étant à la fois, temps de ressourcement spirituel, d'échanges et de partage au plan du travail missionnaire et rencontre fraternelle. Nommé responsable de l'Action Catholique des adultes, il multipliait aussi ses visites en brousse, à l'occasion des réunions trimestrielles des hommes dans chaque district. Regardant vers l'avenir, et ancien supérieur de séminaire, il veillait à la bonne marche du petit séminaire récemment ouvert, dont l'effectif était encore bien modeste : 24 élèves en octobre 1965. et dont la direction spirituelle était confiée à un Père Jésuite malgache.
En plus de ses soucis de chef de la Mission, il s'occupait activement de la construction d'une nouvelle résidence pour les missionnaires à Mananjary. Jusqu'alors, ces derniers avaient un pied à terre dans un bâtiment contiguë au Collège des Sœurs de Saint Joseph de Cluny, en bordure de mer. Mais peu à peu, le nombre des missionnaires augmentait ; les sœurs désiraient également développer et agrandir leur Collège. De par ailleurs, la mission de Mananjary était appelée dans un avenir plus ou moins proche à être détachée de l'archidiocèse de Fianarantsoa. A l'automne de 1965; décision fut donc prise de bâtir. Cette nouvelle résidence MEP fut placée sous le patronage de Saint François Xavier ; on désirait ainsi marquer le lien fraternel existant entre la Compagnie de Jésus et la Société des Missions Étrangères. Mais, ce ne fut que dans les derniers jours d'octobre 1966 que les confrères purent s'installer dans un premier bâtiment. M. Louis Hoffmann fut le premier supérieur de cette résidence.
Le 7 octobre 1964, la mission de Mananjary, dont le P. Jean Leroy,s.j. était le supérieur, fut remise officiellement entre les mains de M. Roger Favier du Noyer nommé supérieur ecclésiastique de cette portion de l'archidiocèse de Fianarantsoa . Le groupe missionnaire MEP qui y travaillait depuis 1961, la prenait donc en responsabilité. Le 16 mai 1968, le Saint Siège érigeait ce territoire en nouveau diocèse auquel était donné le nom de Mananjary, la ville de la résidence épiscopale. En cette même ville, le 23 juin 1968, Mgr. Robert Chapuis recevait la consécration épiscopale, et la charge pastorale de cette nouvelle circonscription ecclésiastique. Il nommait vicaire général, M. Louis Hoffmann, curé de la paroisse Saint Augustin, et le jour de l'érection du diocèse, cette église paroissiale était élevée au rang de cathédrale. Quant à M. Roger Favier du Noyer détaché à Tananarive où il fixait sa résidence, il prenait le poste de secrétaire de la Commission Épiscopale d'Action Sociale et Secrétaire général de "Caritas Madagascar", charge qu'il assuma jusqu'en octobre 1975.
Chacun sait ce que furent les évènements de Mai 1968 en France, et leur répercussion sur la génération montante, la formation des clercs et la vie de l'Église. A Madagascar en 1972, un mouvement de contestation mis en marche par les jeunes, particulièrement les étudiants de Tananarive aboutit à la journée révolutionnaire et sanglante du 13 mai. Le Président Tsiranana fit appel au général Ramanantsoa auquel il remit les pleins pouvoirs. Celui-ci mit en place un gouvernement apolitique mais à majorité militaire qui mena nouvelle politique intérieure et extérieure avec son incidence dans les domaines économique, social et culturel.
Cette situation nouvelle amena la révision des accords de coopération avec la France, la nationalisation de certaines entreprises privées, la création de circuits de commerce d'état, le départ d'un nombre assez important d'Européens, mais surtout elle donna force à un fort courant de malgachisation des cadres dans le secteur privé et étranger ainsi que dans l'enseignement ; le français passait au rang de langue étrangère. Ce mouvement était soutenu par de nombreux journaux malgaches, et autres médias. L'Église et les missionnaires étrangers travaillant dans ce pays, sans être surpris, ne pouvaient pas ne pas être questionnés par ces changements, et influencés par les arguments plus ou moins réfléchis qui étaient avancés.
Ainsi, en raison de la force de ce courant, en novembre 1973, M. Roger Favier du Noyer, secrétaire national de la "Caritas Malagasy" présentait sa démission à la Conférence Épiscopale, pour permettre la malgachisation du poste. Démission refusée, il fut reconduit dans ses fonctions. Dans le même temps, le Centre Catholique Chinois de Tamatave, par contrat entre le consulat français et M. Henri Cotto le fondateur, devenait lycée français. Le fondateur du C.C.C. y était nommé aumônier, et y avait sa résidence.
Entre temps, en 1973, dans le jeune diocèse de Mananjary, Mgr. Robert Chapuis se démettait de sa charge pastorale ; huit confrères Mep, ainsi que les coopérants rentraient en France ; cette nouvelle situation entraîna la fermeture d'un certain nombre d'écoles de brousse, d'œuvres sociales, du centre de formation apostolique et celui de la formation pour les jeunes ruraux. Mais, malgré toutes ces sérieuses difficultés qui attristaient profondément le cœur de M. Roger Favier du Noyer, la mission continuait. Pour en témoigner, le Saint Siège nomma Mgr. Gilbert Ramanantsoa, archevêque de Fianarantsoa comme administrateur apostolique du diocèse de Mananjary, le 19 octobre 1973. Celui-ci confia la charge de vicaire général à M. Louis Hoffmann, curé de la cathédrale de Mananjary. En 1974, 10 confrères Mep étaient présents dans le diocèse de Mananjary. Le 15 décembre 1975, le Saint Siège nommait le P. Xavier Tabao Manjarimanana, originaire de la tribu Antambahoaka, évêque du diocèse de Mananjary. En cette ville, il reçut sa consécration épiscopale, le 21 mars 1976, devant une foule de 5.000 fidèles, 12 évêques, 110 prêtres et 150 religieuses.
Le 14 octobre 1975, le Saint Père, estimant que M. Roger Favier du Noyer avait "les qualités requises pour continuer au niveau de l'Église Universelle le service de la Mission qu'il a réalisé à Madagascar" l'appelait au poste de sous-secrétaire du Conseil Pontifical "Cor Unum" à Rome. Crée en 1971 par Paul VI, "Cor Unum" avait comme but de coordonner les initiatives socio-caritatives nées dans l'Église ; il avait pour mission de traduire concrètement l'amour que l'Église porte aux pauvres, aux démunis, aux réfugiés, à toutes les victimes des famines, des catastrophes. Plus tard, parlant de son activité caritative à "Cor Unum", lors d'une causerie, M. Roger Favier du Noyer déclarera : .. "Plus on donne, plus on reçoit…Ce sont souvent des petites sommes…Les chrétiens ont un cœur en or.."
Une nouvelle étape de son parcours missionnaire commençait. Dans une lettre du 26 octobre 1975, écrite à Tananarive, il écrit : " C'est au cours d'une tournée à plus de 600 kms d'ici que j'ai appris ma nomination de Sous-secrétaire au Conseil Pontifical Cor Unum… Je devrais être à Rome avant le 20 novembre .." Sans tarder, il quitta Madagascar pour se rendre à sa nouvelle affectation. Il allait continuer à travailler toujours au service de la Mission, mais avec une dimension nouvelle, sous la direction du cardinal Villot président de "Cor Unum", avec Mgr. Gantin vice-président, et le P. de Riedmatten, secrétaire.
Le 26 juillet 1977, tout en gardant ses responsabilités antérieures, il reçut une nouvelle fonction. Le Saint Père le nommait Consulteur de la Commission Pontificale "Justice et Paix", pour une période de cinq ans. Le 1er décembre 1979, il devint secrétaire du Conseil Pontifical "Cor Unum" succédant à ce poste au P. de Riedmatten décédé, et peu après il était fait consulteur de la Commission Pontificale pour l'Amérique Latine. Dans cet apostolat missionnaire, à travers les nombreuses responsabilités qui avaient été les siennes, il avait donné le meilleur de lui-même pour le service de tous. Voilà pourquoi, le 2 janvier 1983, M. Roger Favier du Noyer était promu chevalier de la Légion d'Honneur.
Après la Chine, Paris, Madagascar, Rome, M. Roger Favier du Noyer, prenait le chemin de la Bretagne, dont il disait avec cet humour qui lui était propre : " Soleil assuré à partir de 18 heures .." Nous sommes au 25 février 1988. Depuis Rome, il adresse ce jour là, une lettre au Supérieur Général de la Société pour lui faire part de ses projets. ."Après plus de 12 ans au service du Conseil Pontifical Cor Unum, je viens enfin d'être autorisé à y cesser mes fonctions à la fin du mois de mars prochain ; ce ne sera public que le 1er mars.
Depuis un certain temps, la Supérieure Générale des Petites Sœurs des Pauvres m'avait demandé si, lorsque je serai disponible, j'accepterais de remplacer un de leurs aumôniers à la Maison-Mère et pour l'un de leurs Noviciats. Je viens d'écrire à l'Archevêque de Rennes pour lui offrir mes services dans ce ministère, s'il juge cela souhaitable…"
Répondant à la proposition qui lui avait été faite, avec l'accord de son Supérieur Général des Missions Etrangères et de Mgr. l'Archevêque de Rennes, le jeudi de Pâques 7 avril 1988, M. Roger Favier du Noyer, arrivait à la Tour Saint Joseph à Saint Pern, à environ une trentaine de kms au nord-ouest de Rennes, sur les frontières du département de l'Ile et Vilaine et des Côtes d'Armor. Il y prenait ses nouvelles fonctions d'aumônier de la Communauté et des jeunes en formation, à la Maison Mère des Petites Sœurs des Pauvres. Cette période fut pour lui, un temps de service intense, qu'il mena en collaboration avec d'autres prêtres dont son confrère M. Michel Etchébéhère. Dans ce ministère, il fut fort apprécié en raison de sa ponctualité, de son dévouement, de la qualité de son enseignement solide au plan doctrinal, de sa direction spirituelle. Il appréciait le climat international de la Communauté. Mais il avait aussi côtoyé tant de peuples divers ; de ce fait, il savait faire partager sa riche expérience missionnaire, sa connaissance des cultures s'exprimant à travers des croyances et des rites variés, ainsi que son ouverture sur le monde chrétien des cinq continents.
C'est à la Tour Saint Joseph, à Saint Pern qu'il célébra ses noces d'or sacerdotales. La fête débuta le vendredi 27 juin 1997, avec la présentation des souhaits de la Communauté, accompagnée de chants et de l'offrande de cadeaux, dont une belle étole rouge brodée par un couple âgé de Hong-Kong. La Mère Générale donna lecture de la bénédiction spéciale que le Pape Jean-Paul II avait adressée au Jubilaire et signée de sa main. Le lendemain, quatre prêtres, dont trois ordonnés en juin 1947, concélébraient la messe d'action de grâces. Il revint au doyen d'âge des jubilaires, le P Eugène Pellois, du diocèse de Rennes, de présider la concélébration, mais on confia à M. Roger Favier du Noyer le soin d'assurer l'homélie. Celui-ci ne fit aucune allusion à son ministère propre, mais invita son auditoire à une profonde et solide méditation sur le sacerdoce, attestant que : …"Lorsqu'un prêtre célèbre l'anniversaire de son ordination sacerdotale, quand il revoit, même rapidement, ces cinquante dernières années de sa vie, il ne peut que rendre grâce à Dieu….Il médite ces paroles que St Paul adressait à ses chrétiens de Corinthe :" Qu'on nous regarde donc comme des serviteurs du Christ, et des intendants du Mystère de Dieu. Or, en fin de compte, ce qu'on demande à des intendants, c'est que chacun soit trouvé fidèle…" (1 Cor.4,1-2) Un tel anniversaire est surtout une célébration intime pour l'âme qui revoit devant Dieu cinquante années de sa vie. "
Le 30 septembre 2004, laissant son poste d'aumônier de la maison Mère des Petites sœurs des Pauvres, à Saint Pern, entre les mains du P.Bernard Tenailleau, spiritain, M. Roger Favier du Noyer quittait la Tour Saint Joseph pour se retirer à "Ma Maison" à Saint Servan-sur-mer, sur la commune de Saint Malo. Il y retrouva plusieurs prêtres résidents qu'il connaissait bien, un lieu qui lui était familier, et une ambiance qu'il appréciait. Mais sa santé déclina assez rapidement. Le 28 novembre 2004, 1er dimanche de l'Avent, il fut pris d'un grave malaise à la fin de l'Eucharistie qu'il concélébrait en fauteuil roulant, avec d'autres prêtres de "Ma Maison". Transporté d'urgence à l'hôpital de Saint Malo, il entrait dans son éternité, ce même jour, à treize heures dix minutes.
M. Roger Favier du Noyer avait demandé que ces obsèques soient célébrées à Saint Pern, dans la chapelle de la Maison Mère des Petites Sœurs des Pauvres. Le mercredi 1er décembre 2004, elles furent présidées par Mgr. François Saint Macary archevêque de Rennes, assisté de Mgr.Karel Kasteel, secrétaire du Conseil Pontifical "Cor Unum" venu spécialement de Rome; le célébrant était entouré de 34 prêtres dont M. J.B. Etcharren, Supérieur des Missions Étrangères, de deux confrères, et du P.Bernard Tenailleau, spiritain, aumônier de la Maison Mère. M.Roger Favier du Noyer réunissait autour de lui une quarantaine de membres de sa famille venus de Savoie, de Paris, du Mans de la région ouest. De nombreuses connaissances et amis s'était joints à la Communauté des Sœurs.
La cérémonie liturgique, animée par la Maîtrise des Petites Sœurs des Pauvres, s'ouvrit par la présentation du Parcours Missionnaire du défunt qu'en fit le Supérieur Général de la Société des Missions Étrangères. Il concluait : .." Voilà donc une vie très pleine, une vie sans répit, une vie parsemée d'épreuves, mais des épreuves qui , à chaque fois, ont donné au Père du Noyer l'occasion de montrer sa détermination et son courage… Aujourd'hui, je voudrais de la part de la Société lui rendre hommage pour l'exemple qu'il nous laisse, un exemple dont nous pouvons aujourd'hui encore parler à nos jeunes, à nos séminaristes, à ceux qui se préparent à partir.."
"
Mgr. L'Archevêque de Rennes donna lecture du message qu'il avait reçu du Saint Père, à l'annonce de ce décès. Le P. Bernard Tenailleau assura l'homélie, évoquant ainsi le témoignage de vie sacerdotale et missionnaire donné par M. Roger Favier du Noyer "prêtre jusqu'au bout, jusqu'à son dernier souffle…Si nous voyons partir un visage qui nous est cher et dont la présence pastorale a été très forte, ici à la Maison Mère des Petites Sœurs des Pauvres, la liturgie est là pour nous redire : la mort n'a jamais le dernier mot. Quand nous mourrons, nous allons à la rencontre du Dieu Trinitaire dont Saint Jean nous dit qu'il est Amour …"
M. Roger Favier du Noyer avait demandé à être inhumé dans le petit cimetière de la Communauté de la Tour Saint Joseph. Il y fut conduit accompagné d'une longue procession priante et chantante. Il repose à l'endroit réservé aux prêtres, à la place qu'il s'était choisie, proche de son confrère et ami : M. Michel Etchébéhère.
En terminant, voici le témoignage que le P. Antonio Bucoli, vicaire général et Mgr. José Alfredo Caires de Nobrega, évêque de Mananjary, à la date du 3 décembre 2004, adressait avec leurs condoléances, au Supérieur Général des Missions Etrangères . .."Par le P.Jean Yves Lhomme, nous avons appris le départ vers le ciel du Rev. P. Roger Noyer, chargé d'ans et après une vie très féconde dans l'Église. La plupart des Pères et Sœurs du diocèse n'ont pas eu le loisir de le connaître ; mais les quelques uns qui l'ont connu gardent de lui le souvenir d'un homme sage, sérieux, actif équilibré. Arrivé en 1962, avec le P. Louis Hoffmann, il fut nommé vicaire général pour toute la zone de Mananjary en 1965 pour préparer le futur diocèse, qui devait voir sa création en 1968. Tout le monde voyait en lui le futur premier Évêque du nouveau diocèse, à part plusieurs jeunes prêtres MEP qui s'opposèrent farouchement à sa nomination. Avec lui, l'histoire du diocèse aurait pu être différent. Reste de lui, le bâtiment qui abrite depuis l'Évêché et ses services, ainsi que logement des Prêtres du Diocèse ; deux longs corps de bâtiments avec la chapelle entre les deux. Nous ferons prier dans la paroisse de la ville et nous prierons tous pour son âme lors de la réunion des Pères la semaine prochaine (6-8 décembre )
Veuillez agréer, mon Rev .Père, nos sentiments fraternels de condoléance pour toute la Société.."
Hirondelle
Le Père Roger du Noyer a été rappelé à Dieu, le 28 novembre 2004. Il avait vu le jour le 12 avril 1919 à Grenoble, dans une famille de six enfants. Il avait fait ses études secondaires à Saint François de Sales à Chambéry (1927-1928), puis à Notre Dame de la Vilette (1928-1934), avant d'arriver à Beaupréau (1934-1936). Il effectua son service militaire (1939-1942) et fut admis aux Missions Étrangères de Paris en 1938 où il se prépara au sacerdoce.
Ordonné le 29 juin 1947, il partit pour la Chine le 18 janvier 1948 (diocèse de Sichang, proche du Tibet). Il en devint le Vicaire Général en 1950 avant d'en être expulsé en févier 1952. De retour en France, il enseigna au séminaire des MEP à Paris avant d'en devenir le supérieur (1953-1961).
Il fut ensuite envoyé à Madagascar en 1961. Il travailla dans le diocèse de Fianarantsoa (1961-1968) dont il devint le Vicaire Général en 1965. Supérieur de la Mission de Mananjary, il fut également nommé Secrétaire de la Commission Épiscopale d'Action Sociale et Secrétaire Général de Caritas Madagascar (1969-1975).
Appelé à Rome au Conseil Pontifical "Cor Unum" (1975-1988) –crée par le Pape Paul VI pour apporter de l'aide aux plus démunis-, il en devint le sous-secrétaire en 1975, puis le secrétaire en 1979.
Aumônier de la maison mère des Petites Sœurs des Pauvres de Saint Pern (Ille-et-Vilaine) depuis avril 1988, il y fêta ses cinquante ans de sacerdoce en 1997, puis se retira en octobre 2004, chez les Petites Sœurs des Pauvres de Saint-Malo. C'est là qu'après avoir concélébré, en fauteuil roulant, la messe du dimanche 28 novembre, il fut transporté d'urgence à l'hôpital où il succomba.
À sa demande, ses obsèques furent célébrées à Saint Pern, à la chapelle de la maison mère des Petites Sœurs des Pauvres, dont il avait été l'aumônier, depuis le mois d'avril 1988 jusqu'en octobre de cette année.
Elles furent présidées par Monseigneur François Saint Macary, archevêque de Rennes, assisté de Monseigneur Karel Kasteel, secrétaire du Conseil Pontifical "Cor Unum", du Père Etcharren, notre Supérieur Général, ainsi que du P. Bernard Tenailleau, Spiritain, son successeur comme aumônier des Petites Sœurs, qui donna l'homélie. Une trentaine de prêtres du diocèse, dont trois MEP, garnissaient le chœur. La chapelle était bien remplie par les Petites Sœurs, la famille et les amis ainsi que par des fidèles de la région.
Au début de l'Eucharistie, le Père Etcharren évoqua, en le développant brièvement, le parcours missionnaire du Père, tel qu'il nous a été rappelé dans l'Hirondelle précédente.
Belle et sobre célébration pascale, animée par la Maîtrise des Petites Sœurs.
Le Père ayant demandé à être inhumé au cimetière de la Communauté, il y fut conduit par la plupart des fidèles présents, en une longue procession priante et chantante. Il repose à l'endroit réservé aux prêtres, là où se trouve déjà notre confrère , le Père Michel Etchebehère.
( Hirondelle N° 495 du 29 novembre 2004 et N° 496 du 13 décembre 2004)