Louis LOISEAU1926 - 2018
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3890
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Birmanie
- Région missionnaire :
- 1951 - 1966 (Yangon [Rangoun])
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1968 - 2018 (Malacca)
Biographie
[3890] Louis Joseph Auguste Paul LOISEAU est né le 25 juin 1926 à Trémentines, une petite commune du Maine-et-Loire, dans le diocèse d’Angers et l’arrondissement de Cholet. Il est le 2ème enfant d’une fratrie de cinq, deux garçons et trois filles, nés de Louis Abel Loiseau et de Marguerite Levron, cultivateurs. Il fut baptisé deux jours après sa naissance, le 27 juin, dans l’église du village, et fut aussi confirmé à Trémentines en mai 1946.
Il fit ses études primaires au village de Trémentines et ses études secondaires au collège Mongazon à Angers de septembre 1937 à juin 1944. Il pensa tôt à devenir prêtre, dès l’âge de 7 ans, et entra au Grand Séminaire d’Angers dès septembre 1944 où il fit ses deux années de philosophie. Le 25 juin 1946 il fit sa demande pour entrer au Grand Séminaire des Missions Etrangères. Il fut rapidement accepté et fit donc son entrée au Séminaire de la rue du Bac le 30 septembre 1946. Mais de décembre 1946 à août 1947 il dut faire son service militaire. Il fut même rappelé de décembre 1947 à février 1948. Il termina son séminaire à la rue du Bac et fut ordonné prêtre à Paris le 28 mai 1950, jour de la Pentecôte, et devint le 16ème prêtre de sa famille. Il fut destiné à la mission de Rangoon en Birmanie le 29 juin 1950. En attendant son visa pour la Birmanie, il passa sept mois en Angleterre à étudier l’anglais; puis il prit le bateau à Marseille le 4 décembre 1951 pour rejoindre sa mission qu’il atteint le 2 janvier 1952. Il se mit immédiatement à l’étude du Birman à Myaungmya.
De 1952 à 1955 il est professeur au séminaire de Mayanchaung, puis de 1955 à 1966 il construit le petit séminaire de Rangoon dont il sera le recteur. Au printemps 1966 il est expulsé de Birmanie comme beaucoup de missionnaires à l’époque. Alors, du mois d’août 1966 à juillet 1967, il est économe au Grand Séminaire MEP de Bièvres. Puis du mois d’août 1967 à octobre 1968, il est assistant du Procureur de San Francisco. En 1968 il est affecté à la mission de Singapour et devient vicaire à la paroisse Sainte Bernadette de la Cité Etat. Mais son adaptation à Singapour est difficile et en mai 1969 il doit revenir en France pour se faire soigner.
En 1971 il retourne à Singapour et est nommé vicaire, puis curé de la paroisse du Cœur Immaculée de Marie. Il y restera jusqu’à la fin de l’année 1981. De janvier 1982 à 1990 il est vicaire, puis curé de la paroisse Notre-Dame du Perpétuel Secours. En 1991 il devient vicaire à la paroisse du Christ Ressuscité (Risen Christ) et aumônier de la Conférence de Saint Vincent-de-Paul. Il résidera dans cette paroisse comme vicaire jusqu’en 2015, puis comme prêtre résident. En même temps que vicaire de cette paroisse, il est aussi aumônier de la communauté francophone de Singapour, officiellement jusqu’en 2003, mais continuera à accompagner cette communauté jusqu’en 2008 en l’absence d’autre prêtre pour cette communauté.
A partir de 2016 ses séjours à l’hôpital sont de plus en plus nombreux. En octobre 2016 il devient pensionnaire du Assisi Hospice pour malades en fin de vie. Il décède à l’hôpital Mount Alvernia le 26 janvier 2018 dans sa 92ème année.
Le Père Loiseau était un prêtre zélé qui vivait dans une grande simplicité et dans une grande proximité avec les gens. C’était un bon serviteur de Dieu et des hommes, humble et sans prétention.
Nécrologie
Louis LOISEAU
1926-2018
Grand, carré d’épaules, bien planté sur des pieds de taille respectable, pointure 47, difficile à trouver en Asie, il est le jeune dont son père a besoin pour l’aider dans les travaux de la ferme. Mais voilà, dès l’âge de sept ans, Louis Loiseau a déclaré vouloir devenir prêtre.
Il y a en lui une timidité et une certaine étiquette ecclésiastique qui lui a été inculquée par ses formateurs sulpiciens. Il nous salue d’un « Bonjour, cher confrère » accompagné d’une inclinaison de tête, nous tendant une main qui ne serre pas. Et lorsqu’il ne veut pas répondre à nos questions, il dit simplement « Je ne me rappelle pas !» Or, nous admirons tous son excellente mémoire.
Habillé simplement, il y a en lui dignité et retenue : pour les dimanches il a une soutane de meilleure coupe et qualité. Il n’est pas l’homme des éclats de rire et des débordements. Les sujets qu’il aborde sont en général sérieux et religieux, ce qui agace les confrères qui aimeraient se relaxer dans nos réunions hebdomadaires. Et très souvent nous entendons « Chez nous en Birmanie… », même après avoir vécu plus de quarante ans à Singapour.
Il sait en même temps apprécier un bon repas entre nous, les « cheese parties » du Père Saussard, et parle volontiers du vin d’Anjou. L’Anjou, sa paroisse Trémentines, il y reste très attaché et comprend difficilement les changements qui s’y produisent. Oui c’est le prêtre sérieux qui en intimide certains mais en qui beaucoup ont confiance. Il se donne sans compter et va vers les gens, devinant leurs besoins.
Enfance et formation
Louis est né le 25 juin 1926 à Trémentines, second d’une fratrie de cinq frères et sœurs, deux garçons et trois filles. Ses parents, Louis Abel et Marguerite Levron, y cultivent une ferme assez isolée, La Lande. Le plus proche voisin est à un kilomètre et le bourg à deux kilomètres cinq.
Baptisé dès le 27, il étudie à l’école paroissiale jusqu’à l’âge de onze ans et sa sœur aînée Yvonne s’occupe beaucoup de lui, car la santé de la maman a des hauts et des bas.
Trémentines est alors un gros village d’environ quinze cent habitants et la pratique religieuse y est fervente. Trois prêtres sont au service de la paroisse.
Voulant être prêtre, son curé, ancien élève de cette institution, le fait admettre au collège petit séminaire de Montgason à Angers, où d’habitude on ne prend que les fils de familles bourgeoises. Il parlera souvent de ce qu’il considère comme un privilège, en étant à la fois étonné et fier.
Il y étudie de 1937 à juin 1944, y obtenant son baccalauréat. Il continue pour deux ans au grand séminaire tenu par les Sulpiciens qui lui inculquent les bienséances ecclésiastiques, un vernis qu’il gardera toute sa vie. C’est durant ces années que se précise sa vocation missionnaire qui s’est manifestée vers 15-16 ans. Un prêtre des Missions Étrangères, le Père Collet, ordonné en 1943 et destiné à la mission de Lanlong en Chine, avait été vicaire à Trémentines en attendant son départ. D’autres aspirants sont aussi bien connus comme R. Challet, L. Nicolas, et leurs exemples en inspirent d’autres dans un diocèse aux vocations nombreuses. Il précisera lors de son 80ème anniversaire : « Les récits des martyrs de la Révolution, en 1793, puis ceux de Mexico en 1932 et d’Espagne en 1936, tout ce que j’ai pu lire sur eux m’a certainement fait grandir dans ma vocation ».
Aussi en septembre 1946, il entre aux Missions Étrangères. Le Supérieur d’Angers le recommande ainsi : « Je ne peux que vous dire du bien de Louis Loiseau, très bon séminariste dont la vocation nous semble sérieuse. Il a une bonne santé et je me réjouis de penser que l’Église trouvera en lui un bon apôtre. »
Mais il n’a pas encore fait son service militaire et est incorporé en Allemagne, à Baden Baden, dans la Forêt Noire, dès novembre 1946. Il est, de suite, destiné au peloton des élèves officiers. Il inspire confiance et respect. Mais une fièvre scarlatine sérieuse le garde à l’hôpital pendant quarante jours et il est détaché comme secrétaire de l’aumônier de la place. De retour à Paris en août 1947, il devra réintégrer l’armée pour une période de trois mois de décembre 1947 à février 1948.
Enfin libre de poursuivre ses études, il est l’aspirant digne de tout éloge, sérieux, ponctuel, bonnes manières, et les supérieurs en font un sacristain, fonction que l’on confie aux meilleurs.
Les études se déroulent sans histoire et il apprécie spécialement le P. Dedeban. Ordonné prêtre par Mgr Lemaire le 23 mai 1950, dimanche de la Pentecôte, il reçoit sa destination pour Rangoon (Birmanie) le 29 juin. Une première messe à Trémentines avec une célébration familiale très réduite, une épidémie dans le bétail a presque ruiné ses parents, et le voilà prêt à partir. Oui, mais les visas tardent à venir.
De retour à Paris, le P. Jacquemart, nouveau venu dans le staff, lui donne des cours d’anglais, ainsi qu’à A. Kelbert et J. Cormerais, et puis lui trouve une place en Angleterre dans la banlieue de Londres. Finalement il s’embarque pour la Birmanie sur l’André-Lebon le 5 décembre 1961 et arrive à Singapour le 29. On le transfert sur l’heure sur un bateau pour Rangoon, car les vaisseaux sont rares et, s’il ne profitait pas de l’occasion, il pourrait avoir à attendre des semaines avant de trouver un nouveau transport. Jusqu’à la fin de sa vie Louis grognera : « Premier contact avec Singapour, une heure… on rembarque les colis ! ».
La Birmanie 1952-1966
Il débarque à bon port le 2 janvier 1952. Personne ne l’attendait car on n’était jamais sûr des bateaux. Arrivé de nuit à l’évêché, lui et ses compagnons de voyages vont avaler quelque chose dans une boutique chinoise.
C’est la fin de l’épiscopat de Mgr Provost. Il mourra en septembre 1952. Après six semaines à l’évêché, il est envoyé à Myaugmya, à l’est du pays auprès du Père M. Narbaitz pour y apprendre le birman. Il y reste jusqu’en décembre 1952 et est nommé au collège secondaire petit séminaire de Mayanchaung, à 8 km de Bassein, pour y remplacer le Père V. Lahitte. Le Père V. Bazin en est le supérieur en même temps que supérieur régional des confrères. Louis sera là jusqu’en 1955 avec le Père M. Duhart et deux prêtres du clergé local.
En 1953, le vicariat de Rangoon est divisé. Mgr V. Bazin devient vicaire apostolique de la capitale et un évêque carian est nommé à Bassein. La hiérarchie sera instaurée en 1955 et Rangoon alors devient archevêché.
Louis, que son nouvel évêque a tenu à garder, est chargé d’établir le petit séminaire de Rangoon, d’abord dans l’ancienne procure, puis d’ériger un nouveau bâtiment dans l’ensemble de l’évêché. Il en sera le supérieur de 1955 à 1966, « Father Rector » comme l’appellent les élèves. Les Pères. J. Jeannequin, J. Mottin et des prêtres du pays sont ses collaborateurs.
Il faut d’abord apprendre l’anglais à ces garçons venus des villages, les envoyer au collège Saint- Paul, tenu par les Frères de la Salle, jusqu’à leur « matriculation », puis leur enseigner le latin avant de les diriger vers le grand séminaire tenu par les Jésuites américains. Un travail très prenant, d’autant que le P. Recteur est l’homme de confiance de son archevêque qui le consulte souvent et le charge de divers projets. Il devient vite supérieur local et est choisi pour représenter les confrères à l’assemblée générale de 1960. À 34 ans, il y est l’un des plus jeunes membres.
Tout marche bien, les vocations sont nombreuses et une profonde amitié s’établit entre Louis et son archevêque. Il se sent compris, apprécié ; il a la confiance dont il a besoin. Mais en 1966, coup d’état du gouvernement qui refuse de renouveler les permis de séjour des étrangers venus en Birmanie après l’indépendance. Dans les 230 missionnaires doivent quitter le pays, Louis, qui a alors 85 jeunes au petit séminaire, part le 30 avril, pris par surprise et pas mal secoué, emportant une petite valise. Il atterrit à Paris vêtu d’une soutane blanche, et un employé de l’aéroport qui attend l’arrivée d’un malade l’interpelle : « Et vous l’infirmier… ». Ce n’est pas fait pour lui remonter le moral.
Un temps de recherche 1966-1971
Le Père Loiseau n’est pas l’homme des vacances et du farniente. Avant d’y voir plus clair, les supérieurs en font, pour un an, l’économe de Bièvres. Le Père Jean-Paul Bayzelon en est le supérieur. Cela lui permet d’avoir du temps pour voir souvent sa maman. Puis, il est nommé assistant procureur à San Francisco. Il est l’homme intègre sur lequel on peut compter. Il y reste d’août 1967 à octobre 1968. Mais il n’a pas le charisme des finances. Toutes ces affaires d’argent l’inquiètent et lui posent des problèmes de conscience. Il demande à être affecté dans une mission et Singapour devient son champ d’apostolat. Il y arrive fin 1968 et est nommé à la paroisse Sainte-Bernadette comme vicaire d’un prêtre originaire de Chine, charmant confrère très attentionné. Le Père Jean Charbonnier y est aussi, s’occupant en priorité du mouvement familial et social dans la ligne de Vatican II.
Mais la dépression dont il essaie de se remettre s’aggrave. Il est désorienté. Malgré les apparences de calme et de sérieux, Louis a besoin de soutien et d’affirmation. À Rangoon, il était le bras droit de Mgr Bazin qui lui faisait toute confiance. À Singapour, il se sent perdu. En mai 1969 il rentre en France pour se soigner. Deux ans dans la paroisse de Viroflay auprès de Mgr Assemaine, ancien vicaire général de Versailles, et de ses collaborateurs, vont le remettre sur pieds. En novembre 1971, il est de retour.
Paroisse du Cœur Immaculé de Marie 1971-1981
Nommé vicaire du Père H. Berthold, vicaire général, à la paroisse du Cœur Immaculé de Marie, il s’y trouve vite à l’aise.
C’est une paroisse fondée en 1953, une des premières après la guerre, et son curé fut un prêtre chinois au caractère volcanique et aux méthodes dictatoriales. Un changement pour le meilleur se réalise avec le Père Berthold ; initiative, créativité, la communauté s’épanouit et grandit. Les paroissiens, d’éducation anglaise en majorité, sont de classe moyenne et la plupart vit dans des maisons individuelles.
Le curé ayant des problèmes de santé, en 1972, Louis lui succède. Il se donne à plein, s’appuyant sur la Légion de Marie et la Société de Saint Vincent de Paul, en bonne entente avec ses vicaires successifs. Pour lui, qui va missionner pour 47 ans à Singapour, quand il dit « ma paroisse » il s’agira toujours de cette première paroisse et pourtant ce n’est qu’un début, car il y fait cavalier seul.
En 1981, Louis, lui-même, parle de transfert. Il souhaite, pour le bien des gens, d’avoir un curé parlant un dialecte chinois ; lui peut servir ailleurs.
L’archevêque apprécie et en juin 1981 il va comme vicaire à la grosse paroisse de Notre-Dame du Perpétuel Secours dans l’est de l’île.
Notre-Dame du Perpétuel Secours 1981-1990
Après un an, il est nommé curé, remplaçant le Père M. Arro alors élu supérieur régional des confrères des Missions Étrangères. Et pour neuf ans, c’est en avant toute.
Les trois paroisses du district travaillent ensemble sur plusieurs plans pour un nombre d’années. Les prêtres préparent leur homélie ensemble, changent de paroisse pour le week-end et partagent le ministère de la prison.
Les communautés de quartier, commencées en 1977 dans les trois paroisses, sont en plein essor, une nouvelle ville satellite, Tampines, se construit, on se prépare à y bâtir un ensemble paroissial, le catéchuménat d’adultes est florissant – 120 à 150 baptêmes par an à Notre-Dame du Perpétuel Secours. Une communauté de 4000 à 5000 paroissiens s’y réunit pour les messes du dimanche. Les sessions de formation sont bien suivies : « Nouvelle image de la paroisse », « Renouveau paroissial » et l’eucharistie est régulièrement célébrée lors des réunions de quartier.
Louis coordonne les initiatives et apprend à travailler avec des laïcs pleins d’allant, même si parfois ça le dérange. Il était déjà animateur des week-end pour couples, pour fiancés, pour jeunes et il a des responsabilités sur le plan diocésain – le sénat, le tribunal des mariages – et dans le groupe Missions Étrangères.
De temps en temps un mutisme prolongé laisse deviner qu’il a peut-être trop à faire ; mais il n’est pas un homme de bureau, il visite, il est présent aux réunions, vivant et vivifiant. Il a besoin d’être occupé.
En 1991, après un congé en France, il devient vicaire à la paroisse du Christ ressuscité.
Toa Payoh : paroisse du Christ Ressuscité 1991-2016
Toa Payoh, « le grand marécage », des jardins chinois au centre de l’île, transformés en ville satellite où le Père Pierre Abrial a bâti en 1971 un ensemble paroissial imposant, une église de plus de 1500 personnes, la première à être climatisée, avec 6000 à 7000 personnes pour les messes du week-end.
On dit à Louis, « dans ce bureau que vous occupez, en général, les prêtres ne restent pas longtemps. » Il l’occupera pendant 25 ans…
Son curé est un prêtre chinois qui apprécie les initiatives de ce vicaire d’âge mûr et son ministère extra paroissial - la Légion de Marie - il sera l’aumônier de six praesidia et les malades sont sa priorité. Il est toujours prêt pour animer un week-end du Mariage Rencontre et, à partir de 1991, succède au P. René Nicolas comme aumônier des francophones. Il s’y donne à plein et ça devient « sa paroisse » bien organisée, avec catéchèse pour plus de 300 enfants et plusieurs groupes de formation. Il sait être un pasteur pour tous, unissant des groupes aux sensibilités différentes. Pour lui, c’est son jardin, bien à lui. En 2008, notre confrère Paul Ngo lui succèdera. C’est alors une communauté bien organisée et fervente avec autour de 700 personnes aux messes dominicales. Du Loiseau cousu main…
Avec les années des problèmes de santé se manifestent. Il lui faudrait subir un pontage, mais ses artères trop étroites ne le permettent pas. Avec un soin médical régulier, les docteurs lui recommandent la marche, et c’est à pied qu’il visite les malades.
Il célèbre ses 60 et 65 ans de sacerdoce, mais les séjours à l’hôpital se font plus fréquents. Il tient à célébrer la messe du matin et se veut présent le soir pour les confessions. Le docteur lui dit que son état devient sérieux ; aussi invite-t-il sa sœur à venir le visiter sans tarder. Il se déplace en taxi, s’aidant d’une canne ; mais en 2016 il est hospitalisé pour de longs mois, puis prend résidence à la maison Sainte-Thérèse pour personnes âgées et handicapées. Il ne peut plus lire, somnole beaucoup, apprécie encore gâteaux et crèmes glacées, priant le Seigneur de l’appeler à lui sans tarder. Les paroissiens de Tao Payoh et des couples Mariage Rencontre sont présents auprès de lui jusqu’à ses derniers moments. Le Seigneur l’appelle à lui le 26 janvier 2018 et ses funérailles rassemblent des milliers de fidèles à l’église du Christ Ressuscité.
Selon ses volontés, il est incinéré et ses cendres reposent au columbarium de l’église Sainte-Thérèse.
Louis de Trémentines, de Birmanie…de Singapour ?
Après plus de 45 ans à Singapour, Trémentines et la Birmanie sont encore ses points de référence. Ses racines sont fortes et profondes. Le village de sa naissance, il nous en parle souvent regrettant de ne plus y trouver ce qu’il y avait aimé et ce qui avait été son milieu de vie. Une église, qui était trop petite, est devenu trop grande. Il n’y a plus cette ferveur religieuse qui l’avait nourri, et les vocations… Ils étaient seize prêtres dans la famille et au séminaire d’Angers, ils étaient plus de 200, mais maintenant… Et il ne voit guère de signes prometteurs d’une nouvelle vitalité. Il est mal à l’aise. Trémentines et l’Anjou ont par trop changé.
Et puis, Louis le Birman : seize ans en Birmanie, là où il a grandi et s’est épanoui dans son être missionnaire. Il s’y est investi avec la fougue d’un jeune, il rêvait d’y passer sa vie. Il trouve Mgr Bazin, un évêque, qui l’apprécie, l’encourage et lui donne l’appui dont il a besoin. Il est « Father Rector », il est le supérieur local des confrères, il est celui à qui on fait confiance. Un ensemble qu’il ne retrouvera pas. Comme tous les autres, il sent venir l’orage, mais l’expulsion en 1966 le traumatise et la blessure restera.
Bien qu’on l’y ait invité, il ne reviendra jamais en Birmanie pour une visite. Plusieurs autres le font, lui, non. Pourquoi ? Il donne bien des raisons qui n’en sont guère et finalement nous dit qu’il ne pourrait pas y retrouver sa Birmanie.
Mais il aime recevoir des visites de ses anciens et encourage la venue à Singapour d’un prêtre birman pour s’occuper d’un groupe croissant de travailleurs immigrés.
Il reste très présent à sa famille. Séminariste, il prenait sa part des travaux à la ferme durant les vacances. Il tiendra à rassembler les siens pour fêter ses cinquante ans de sacerdoce. C’est auprès de ses sœurs qu’il passe ses congés. Il reviendra même en France pour deux semaines pour être auprès d’un beau-frère mourant.
Toujours présent à nos réunions, il aime échanger, discuter, argue sur des questions pastorales ou théologiques. Il revient sur les effets négatifs du Concile, la baisse des naissances, le manque de dévotion dans les paroisses et les séminaires… Il dit souvent : « Que pensent nos supérieurs ? » mais, il continue sa route et devient facilement « ego contra » dans nos échanges. Aux paroissiens, il présente plutôt le Dieu des dix commandements et il insiste sur la pratique religieuse. En même temps, il est patient, plein de compassion pour les paumés et les égarés, toujours là comme confesseur qui redonne espoir.
Garder les divorcés remariés en dehors de la communion eucharistique le chagrinait beaucoup, il suggérait des solutions. Trop mal en point, il ne pourra apprécier les ouvertures de Amoris laetitia.
Là où il se trouve à l’aise et débarrassé de toute raideur, c’est avec les couples du Mariage Rencontre et les malades. Les gens découvrent ses états d’âme, sa bonté, son beau sourire. Il sait être tout près d’eux, l’un d’eux. Louis relaxe, Louis spontané, Louis qui écoute et compatit.
Venu en Asie en 1950, il y sera missionnaire jusqu’en 2018. Après des années d’insécurité, de troubles politiques, déraciné de Birmanie, cherchant sa voie, le Seigneur lui donne un nouveau champ d’apostolat, Singapour où il sert pendant 48 ans dans la paix et la sécurité. C’est là que maintenant il repose.
Louis se posait bien des questions sur le ciel et la béatitude. C’est au Seigneur de lui en donner l’expérience et de lui faire découvrir que c’est encore mieux que la Birmanie.
M. Arro