Olivier DESCHAMPS1921 - 2007
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3895
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Identité
Naissance
Décès
Biographie
[3895] DESCHAMPS Olivier est né à Paris le 19 avril 1921.
Ordonné prêtre le 28 mai 1950, il part le 14 octobre suivant pour la mission de Kontum (Vietnam). Après l’étude du vietnamien à Phuong-hoa, il est envoyé à Kon Hra Kotu pour y apprendre le bahnar. Il est ensuite nommé curé à la cathédrale de Kontum. Il réside à Kontum Kopong, tout en étant chargé de cinq villages dans les environs de Kontum. Il passe ensuite deux années à Pleiku pour se perfectionner en vietnamien.
Expulsé du Vietnam en 1975, il part pour la Nouvelle-Calédonie. Il est nommé vicaire à Ton Touta (1976), puis à La Foa et à l’évêché de Nouméa (1989).
En 1992, il se retire au sanatorium de Montbeton pour raisons de santé. Il meurt le 28 janvier 2007. Il est inhumé à Montbeton.
Nécrologie
MÉMORIAL
Père Olivier DESCHAMPS (1921-2007)
Le Père olivier Deschamps naquit, le 9 avril 1921, à Paris XVII° arrondissement. Son père, Henri Alexandre Deschamps, médecin, était alors âgé de 42 ans et sa mère, Marguerite-Marie Mogniat, de 27 ans. Olivier était le huitième d’une famille de dix enfants. Il fut baptisé le 22 mai 1921, à la paroisse Saint-Ferdinand-Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, à Paris.
Il fit ses études primaires et secondaires jusqu’à la première inclusivement, au Cours Saint-Louis, 17 rue de Monceau, Paris VIII°. Il reçut le sacrement de confirmation des mains du cardinal Verdier, dans la chapelle du Cours Saint-Louis, avec ses condisciples, le 29 octobre 1932. Il quitta le Cours en juillet 1938. Plus tard, en 1945, le Directeur du Cours, dans une lettre adressée au Supérieur du Séminaire des Missions Étrangères, déclare qu’Olivier Deschamps « a donné toute satisfaction par son travail et sa conduite » (8 juin 1945). Il étudia ensuite au Collège Fénelon, de La Rochelle, où il résida trois mois. Puis il commença à étudier pour travailler dans les Assurances.
La guerre (1939-1945) bouleverse son programme. En janvier 1940, il s’engage volontairement pour la durée de la guerre, mais il est démobilisé le 7 juillet 1940. Il reprend alors du travail dans les Assurances. Désigné pour le S.T.O. (service de travail obligatoire) en Allemagne, il reste caché dans les montagnes de l’Ardèche, à Saint-Cirgues en Montagne et travaille dans une famille paysanne. Rentré à Paris, après la Libération, il rend encore quelques services dans son ancien collège, puis il fait sa demande d’admission au Séminaire des Missions Étrangères.
Dans une lettre adressée au Supérieur du Séminaire (2 juillet 1945) il déclare :
« Je suis bien résolu à observer de mon mieux le règlement établi et aussi à travailler de tout mon coeur en vue d’acquérir cette science morale et intellectuelle qui me seront nécessaires dans les Missions ».
Après cinq années d’études philosophiques et théologiques, à la rue du Bac, il fut ordonné prêtre le 28 mai 1950 et reçut sa destination pour la Mission de Kontum, sur les hauts Plateaux du Vietnam, le 29 juin 1950.
Mission à Kontum
Au Vietnam, la première Guerre d’Indochine avait débuté le 19 décembre 1946, à Hanoï, après l’échec de la conférence de Fontainebleau. Les délégations françaises et vietnamiennes (Viet Minh) se heurtèrent sur la question des Trois Ky, c’est-à-dire l’unité du Tonkin, de l’Annam et de la Cochinchine. Hô chi Minh exigeait l’unité du Vietnam, les délégués français voulaient maintenir une autonomie de la Cochinchine.
Mgr Sion était alors le Vicaire apostolique de Kontum ; la Mission des Hauts Plateaux comprenait les ethnies Bahnar, Rongao, Sedang, Jordi et Rhadès. Les Bahnars étaient en majorité catholiques, les Sedang, en voie de christianisation, les Joraï en majorité non-chrétiens. Une mission, dirigée par le Père Bianchetti, venait d’être fondée à Ban Me Thuôt, chez les Rhadés. Il y avait déjà des catéchumènes dans plusieurs villages.
Le Père Olivier Deschamps arrive à Kontum à la fin de 1950. Il est d’abord nommé à Kontum, à la paroisse vietnamienne de Phuong Hoa, vicaire d’un curé vietnamien. Il commence à s’initier à la langue vietnamienne. Puis il réside en milieu Bahnar à Kon Hra koth. Enfin, il est nommé curé de Kontum, pour la mission des Bahnars, à la cathédrale de l’Immaculée-Conception. La cathédrale accueillait deux ethnies, Montagnards et Vietnamiens. Olivier est curé pour les Bahnars et il est chargé de 5 villages Bahnars des environs de Kontum. Il réside à Kontum Kopong.
Deux ans après l’arrivée du Père Deschamps, un nouvel évêque venait d’être nommé et sacré à Hanoï, le 3 octobre 1952. Il s’agit du Père Paul Seitz. Il avait fondé à Hanoï un Centre d’accueil pour les enfants abandonnés, victimes de la guerre, la cité du Christ-Roi. Le nouveau vicaire apostolique (évêque de Catula) donna une nouvelle impulsion à la Mission, tout en recevant un grand nombre de prêtres et de séminaristes réfugiés du Nord-Vietnam. D’autre part, de plus en plus de Vietnamiens s’installaient par villages entiers dans les Hauts Plateaux.
Le Père Olivier Deschamps restera chargé durant 21 ans des Bahnars de Kontum.
En 1952, une terrible inondation ravagea les champs proches du fleuve Bla et les bâtiments de la Sainte-Enfance.
En 1954, le Père Deschamps fait bâtir une nouvelle chapelle dans un village Bahnar.
Le 26 janvier 1954, Kontum est directement menacé par l’armée Viet Minh et, l’évacuation des civils est exigée. Mgr Seitz décide alors d’envoyer les Pères résidant à Kontum vers Pleiku. Puis l’armée franco-vietnamienne revient. Mais pas pour longtemps. Le 5 février 1954, l’ordre d’évacuation est de nouveau donné. Mgr Seitz s’installe à Ban Mê Thuôt. Un groupe de Pères s’installe à la Maison Régionale de Saïgon. Le Père Deschamps devient aumônier des Sœurs de Saint-Vincent de Paul à Thu Duc.
Après les Accords de Genève (juillet 1954), les pères reviennent à Kontum.
Le Père Olivier Deschamps s’attache avec foi et persévérance à la formation de ses ouailles. Il organise de nombreux groupes de formation, avec des œuvres multiples : catéchèse des enfants, œuvres pour l’éducation des jeunes gens et des jeunes filles, réunions pour les parents chrétiens. En particulier, il anime la Légion de Marie et l’apostolat de la prière. Il est aussi très assidu au Confessionnal pour administrer les sacrements de Pénitence. Il est très exigeant au sujet des pénitences.
En 1965, le district de Kontum (Montagnards) compte 1893 baptisés et seulement 18 catéchumènes. Le Père Deschamps est très exigeant pour la préparation du baptême. Il est assisté par le père Raymond Wolff récemment arrivé.
À partir de 1966, le Père Deschamps se spécialise dans la prédication de retraites fermées, par groupes, hommes, femmes mères de famille et enfants.
Il réside toujours au Centre de la Mission, à proximité des fondations les plus importantes. D’abord l’école des catéchistes, à proximité de la cathédrale, entièrement reconstruite sous la direction du Père Vacher, devenu entrepreneur. Puis le Petit Séminaire pour les Vietnamiens occupe le grand ensemble construit par Mgr Jamin. Et l’évêché avec de nouveaux bâtiments annexes. : Procure et hôtellerie pour les Pères de passage (vietnamiens, français). Il ne reste plus qu’un seul prêtre Ba Nhar.
En 1967, la Mission est divisée avec la création du nouveau diocèse le Ban Mê Thuöt, dirigé par Mgr Pierre Nguyen Huy Mai et comptant 52929 catholiques et 52 prêtres, dont 6 prêtres MEP.
Après la division, le diocèse de Kontum, en 1970, est peuplé de 665000 habitants, dont 79945 catholiques et 3072 catéchumènes. Le presbyterium est important : 664 prêtres, dont 34 prêtres vietnamiens et un prêtre montagnard.
Le Père Deschamps a toujours beaucoup d’activités pastorales : Direction d’écoles, prédication de retraites. Il obtient l’aide du Père Thomann ; pour les écoles, heureusement, il y a la présence des Sœurs de Saint Vincent de Paul, des Sœurs de la Médaille miraculeuse (sœurs vietnamiennes et montagnardes) des Sœurs de Saint Paul de Chartres. Les Sœurs de la Médaille gèrent un orphelinat. Il est surtout préoccupé de l’évolution des jeunes Bahnars qui sont très touchés par l’urbanisation de Kontum, la présence de nombreux militaires, à cause de l’intensification de la guerre. Étant très perfectionniste, il considère cela comme « un échec total » avec la recrudescence de l’alcoolisme et la fréquentation des militaires vietnamiens ou américains.
Déjà, lors de la grande offensive du Têt (février 1968) Kontum avait été en partie conquis par les Viet Công, puis repris, après de violents combats par les armées conjointes de Saïgon et des Américains. Mis une partie des districts Bahnar ou Sedang, sont sous le contrôle des Viet Công. La situation politique devient inquiétante pour a mission ;
Survient alors une nouvelle offensive du F.L.N. et du G.R.P. au printemps 1972. Kontum est directement attaqué, mais les Viet Công sont repoussés. Durant cette période, Olivier se retrouve deux ans, à Plei Ku, dans une paroisse dirigée par un prêtre vietnamien. Puis il retourne dans sa paroisse Bah Nar. Le kontum et les événements se précipitent.
Kontum est occupé par les forces du F.L.N. et les Nord Viet Namiens fin mars 1975. Sous le nouveau régime les difficultés commencent. Le mardi 12 août 1975, Mgr Seitz est arrêté ainsi que tous les autres Pères MEP et les religieuses étrangères. L’évêque, les Pères et les religieuses sont conduits sous escorte policière à Saïgon. Ils sont isolés à l’hôtel Caravelle, puis expulsés le vendredi 15 août vers la France. Le Père Olivier Deschamps est du nombre. Après 21 années relativement stables dans sa paroisse, en dépit de déménagements rapides à cause des incursions Viet Công, il se retrouve en France où il jouit d’un repos bien mérité.
Mission en Nouvelle-Calédonie
Le Supérieur général Léon Roncin, avait proposé aux confrères expulsés du Vietnam, du Cambodge, puis du Laos, d’autres destinations.
Avec un groupe de confrères, il opte pour la Nouvelle Calédonie. Deux secteurs missionnaires sont confiés à nos confrères, le secteur de La Foa et celui de Canala.
Le Père Henry Cuenot, alors professeur au Séminaire de Phnom Penh, avait fait quelques séjours en Nouvelle-Calédonie, et après les événements de 1975, il s’installa, avec l’autorisation de Mgr Klein, archevêque de Nouméa, à la paroisse du Christ-Roi. La présence du Père Cuenot facilita l’arrivée des Pères optant pour la Nouvelle-Calédonie.
Finalement, les Pères Olivier Deschamps et Denys Cuenot sont coresponsables du secteur de Ca Foa.
Ce district est très étendu avec une surface de 2000 km2, s’étendant du nord au sud sur 78 km, avec de nombreuses vallées remontant à l’intérieur de l’île. La Foa est relié par une route transversale, longue de 60 km du district de Kanala. La Foa compte environ 3600 habitants, en majorité catholiques, regroupés en quatre communes. Les différentes ethnies y résidant sont marquées par l’intérêt de la colonisation et des migrations. Coexistent les Calédoniens blancs, les Mélanésiens (dans les tribus Kanak) Wallisiens (venant de Wallis et Futuma) et des émigrés récents, Vietnamiens ou Javanais.
Depuis 1976, le Père Olivier Deschamps est titulaire de la paroisse et il s’y est retrouvé seul en mi-février 1978. Toujours soucieux de présence pastorale effective, il s’efforce d’assurer la messe dans chaque desserte, au moins une fois par mois. Il s’oblige à rester une fois par an dans chacun des centres (2) ou tribus (10), du lundi au samedi, pour prêcher une retraite et mettre à jour le « status animarum ».
Tous les lundis, il se rend à Boulouparis (34 km) pour y assurer, avec sept dames mélanésiennes catéchètes, la catéchèse à un groupe d’enfants de CM2.
Fidèle à sa pastorale à Kontum, il assure une retraite annuelle de trois jours pleins.
Pour la catéchèse, les dossiers ont été préparés pour tout le diocèse. Avant la première communion, il faut suivre trois années de catéchèse. La préparation pou le baptême des petits enfants exige, pour les parents, à assister à trois séances pour qu’ils comprennent la signification du sacrement et de leur engagement à assurer à leurs enfants une éducation chrétienne.
Le Père Olivier est toujours chargé de nombreuses œuvres ou association. L’A.C.A.P.A. (association calédonienne de l’Aide aux Personnes Agées), réuni, une fois par semaine, à la salle paroissiale, un groupe de personnes âgées. Il existe encore un groupe charismatique. Avec son exigence d’une préparation parfaite, le Père Deschamps est toujours très occupé.
Le Père Henri Radelet, responsable de groupe, déclare dans le compte rendu 1980-1982 (p. 293) :
« Le Père Olivier Deschamps reste tout seul à La Foa et c’est dommage, car le travail ne lui manque pas et il a du mal à tempérer son zèle. Lui trouvera-t-on de l‘aide ? »
En fait, un ancien du Viet nam, le Père Paul Bardet, étai venu pour la Mission en Nouvelle-Calédonie et il avait assisté trois mois le Père Deschamps. Mais en février 1983, il est nommé curé de l‘église du Vœu, à Nouméa. Mais, en parlant des tribus, le Père Deschamps trouve que la situation politique n’est pas bonne. Aussi, recommande-t-il de prier avec ferveur surtout la veille du premier vendredi du mois en participant à l’adoration du Saint-Sacrement pour la paix et la réconciliation dans l’île.
Dans les années 80, il insiste toujours sur l’importance des écoles catholiques et sur l‘apostolat des religieuses. À La Foa, il y a une école tenue par deux Sœurs Salésiennes missionnaires et le foyer des Vocations Dominique Savio, avec une quarantaine de jeunes gens. Un Sœur Salésienne missionnaire assure la catéchèse en brousse. Mais on remarque un manque d’assiduité chez les catéchistes, peut-être à cause de la situation politique.
Le Père Deschamps continue à assurer la catéchèse dans trois Centres, au sud de La Foa, mais il ne peut se rendre que dans un seul à cause de la situation politique.
Après tant de persévérance, le Père Olivier obtient quelques résultats encourageans. Deux jeunes résident au Foyer des Vocations de Païta, un Mélanésien et un Wallisien. Trois jeunes filles, Mélanésiennes et Wallisiennes se préparent à se consacrer au Seigneur. Il se réjouit de l’effort fait par le diocèse pour l’acquisition de Missels et de la Bible de Jérusalem :
La fatigue se faisant de plus en plus sentir, le Père Olivier Deschamps, a dû quitter sa paroisse pour se soigner et prendre quelque repos. Mais, rentré en vacances, il remplace un Père sur la Côte Est.
À la fin de 1989, il réside, en convalescence à l‘évêché de Nouméa, jusqu’en 1992. Puis, pour raison de santé, il retourne en France, le 3 décembre 1992 et se retire à la Maison de retraite MEP, à Montbeton, près de Montauban.
Pendant encore de longues années, à Montbeton, il donne un témoignage de foi, d’accueil des confrères, d’une piété solide, et d’une présence assidue aux prières.
Il nos a quittés pour rejoindre la Maison du Père, le dimanche 28 janvier 2007. La célébration des obsèques se fit dans la chapelle de Montbeton, et il fut inhumé dans le cimetière des Pères, dans le Parc de Montbeton.
P. Claude Cange