Paul CARAT1921 - 2021
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3943
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1952 - 1960 (Hanoi)
- 1961 - 1976 (Kontum)
Biographie
[3943] CARAT Paul est né le 23 juin 1921 à Charmes-sur-l’Herbasse (Drôme).
Ordonné prêtre le 28 mars 1948, il part le 3 octobre 1952 pour Hanoi (Vietnam).
Il commence l’étude du vietnamien à Phu-yen et à Phu-gia, puis il est curé de Thuong-Thuy, (1954-1957) et vicaire à Ham-long (1958-1959).
Expulsé du nord-Vietnam, il part pour la mission de Saigon, où il est nommé curé de Loc-ninh (1961), curé de Dien-binh dans le diocèse de Kontum (1962-1972) et curé de Hoai-an (1972-1975).
Expulsé du Vietnam en 1976, il est chargé du service de l'accueil à Paris (1976-1983), puis économe de la maison de Paris (1983-1996). Il s’installe à Die (Drôme) où il est prêtre permanent jusqu’en 2013.
Il se retire ensuite à Saint-Donat-sur-L’Herbasse auprès de sa famille.
Il meurt le 24 novembre 2021 à Lauris, à l'âge de cent ans.
Nécrologie
Paul CARAT est né le 23 juin 1921 dans une famille d’agriculteurs à Charmes-sur l’Herbasse, une petite commune du département de la Drôme et du diocèse de Valence. Ses parents, Henri Carat et Léonie Fombonne, ont donné la vie à six enfants (4 garçons et 2 filles) dont Paul est l’aîné. Paul est baptisé dans l’église du village le 3 juillet 1921 et confirmé aussi dans la même église une dizaine d’années plus tard, le 3 mai 1931. Paul fait ses études primaires dans son village natal de 1928 à 1934. Pour ses études secondaires (1934-1942), il fréquente quelque temps la Maîtrise de Saint-Apollinaire à Valence et surtout le petit séminaire de Valence.
En 1942 il commence son grand séminaire à Chabeuil. Mais c’est le temps de l’occupation de la France par l’Allemagne. Paul est envoyé faire du STO (Service du Travail Obligatoire) en Allemagne. Il est affecté dans le Chemin de Fer, au déchargement des wagons. Le 16 février 1945 il est finalement libéré par l’Armée Rouge et doit alors effectuer une longue marche de 185 km jusqu’à Breslau. Ce n’est que le 20 juin qu’il pourra repartir pour la France à travers l’Allemagne, la Hollande, la Belgique, pour arriver à Paris le 27 juillet 1945.
En octobre de la même année il décide de retourner au grand séminaire et de poursuivre sa voie vers la prêtrise. Il entre au grand séminaire de Valence et est ordonné prêtre le 28 mars 1948, jour de Pâques, en la Cathédrale de Valence, par Mgr Pic. Alors qu’il n’était encore que diacre, Paul Carat avait fait sa demande pour entrer aux Missions Étrangères. Mais Mgr Pic exige qu’il travaille d’abord quelques années dans le diocèse de Valence. Alors Paul est d’abord nommé vicaire à La Motte-Chalençon (1948-1949), puis curé de la paroisse de Chavannes. En 1951 Mgr Pic le laisse enfin partir. Paul rentre aux Missions Étrangères le 15 septembre 1951 pour une année de formation, au terme de laquelle, le 15 juin 1952, il reçoit sa destination pour Hanoi au Vietnam. Il part pour sa mission le 3 octobre 1952. De Novembre 1952 à octobre 1954, il se consacre à l’étude de la langue et fait ses premières expériences de missionnaire à Phu-Gia. D’octobre 1954 à décembre 1957, il est curé de la paroisse de Thoung-Thuy qui regroupe divers villages. De janvier 1958 à février 1960, il est vicaire à Ham-Long, avant d’être expulsé du Nord-Vietnam le 19 février 1960. Toute cette période au Nord-Vietnam a été difficile et mouvementée à cause de la guerre civile et des persécutions du régime communiste. Il est témoin de l’évolution de l’idéologie communiste et de la mise en place de la réforme agraire qui devient un prétexte pour la persécution des chrétiens dans le pays.
Il revient alors en France pour un temps de repos et part pour le Sud-Vietnam où il arrive à Saigon le 20 février 1961. Il est ensuite envoyé en mission dans le diocèse de Kontum où il arrive en janvier 1962. Mgr, Seitz, alors évêque de Kontum, le nomme au poste de Dien Binh, sur les Hauts-Plateaux du Vietnam. De 1962 à 1972, il est en charge de ce village nouvellement créé et de toute la vallée composée d’une vingtaine de villages. La tâche pastorale est grande, avec en plus la construction d’églises, de presbytères, d’écoles, d’un centre ménager et agricole, d’un dispensaire, tout cela dans un contexte de guerre et de destructions, surtout à partir de 1966. Mais les conversions sont nombreuses et la communauté chrétienne grandit rapidement. Le 6 mai 1972 il est arrêté par les communistes et emmené dans la forêt avec le Père Gabriel Brice. Il n’est cependant pas maltraité et survit grâce aux pouces de bambou. Il est libéré le 17 juillet et rejoint Kontum le 27 août. Il part alors se reposer en France et revient à Kontum en mai 1973. Il est alors nommé au poste de Hoai-An où il construit l’église, un presbytère et une salle de catéchisme. Mais le 17 mars 1975, à cause de la guerre il doit partir pour Saigon. Il est alors aumônier des Sœurs de Saint Paul-de-Chartres et en charge de la Procure jusqu’en juillet 1976 où il est expulsé du Vietnam pour la seconde fois.
De janvier 1977 à septembre 1983, Paul est en charge de l’Accueil à la rue du Bac. Puis, de septembre 1983 à 1995 il est en charge de l’Économat. Ensuite, de 1995 à juin 2002 il reprend du service à l’Accueil. Beaucoup se souviennent de trajets épiques avec lui, où il n’hésitait pas à emprunter au volant d’une voiture les trottoirs de la capitale pour éviter les embouteillages !... Puis il rejoint son diocèse de Valence pour la retraite et rend des services à la paroisse de Die. Enfin en mars 2013 il se retire à Saint Donat-sur-l’Herbasse, où il est entouré de sa famille. Il aime bien de temps à autre faire des escapades jusqu’à la rue du Bac à Paris. Mais sa santé décline lentement, et surtout sa vue. Le 11 janvier 2018 il entre à la maison de Lauris où il y fête ses 70 ans de sacerdoce le 25 avril de la même année. Il rejoint la maison du Père le 24 novembre 2021, cinq mois après avoir fêté ses 100 ans, le 23 juin 2021.
Avec le départ du Père Carat, c’est tout un pan de l’histoire du Vietnam qui se referme pour les Missions Étrangères. Depuis sa retraite en 2013, il aimait beaucoup parler de sa vie et de son expérience, que ce soit l’histoire de sa libération de l’Allemagne nazie par l’Armée rouge et les diverses péripéties qui s’en sont suivies, ou divers épisodes de sa vie au Vietnam. Il était intarissable pour raconter toute cette expérience vécue qu’il a relatée dans plusieurs livres.
Paul a mené une vie simple, conviviale et fraternelle. Il était généreux et a vécu très proche du peuple vietnamien qu’il affectionnait beaucoup. A son retour dans la Drôme pour sa retraite, lorsqu’il invitait, il aimait préparer des repas vietnamiens. Il laisse le souvenir d’un homme bon, ayant toujours le souci d’apaiser craintes et conflits.